Le trifluorure de plutonium PuF3, l'oxalate de plutonium Pu2(COO)2 et le dioxyde de plutonium PuO2 donnent également de l'hexafluorure de plutonium PuF6 lorsqu'ils sont placés dans un flux de fluorure d'hydrogène HF et d'oxygène O2 aux environs de 700 °C[10]. Le tétrafluorure de plutonium PuF4 réagit quant à lui avec l'oxygène pour former du PuF6 à 800 °C[11] :
L'hexafluorure de plutonium condensé à −180 °C et scellé sous vide est une substance cristallisée incolore semblable à l'hexafluorure d'uranium UF6, mais qui vire au brun-rouge à température ambiante[4]. Il fond à 52 °C et bout à 62 °C à pression atmosphérique. Le point triple, auquel les trois étatssolide, liquide et gazeux coexistent à l'équilibre, se trouve à 51,58 °C et 71 kPa[2] : à une pression inférieure, l'hexafluorure de plutonium passe directement de l'état solide à l'état gazeux par sublimation. La volatilité du PuF6 est semblable à celles de l'UF6 et du NpF6. L'entropie de formation S0m du PuF6 solide vaut 221,8 ± 1,1 J/K/mol tandis que celle du PuF6 gazeux vaut 368,9 ± 1,0 J/K/mol. Le PuF6 solide est paramagnétique, avec une susceptibilité magnétiquemolaireχmol de 173 × 10−6 cm3/mol à 22 °C[16].
L'hexafluorure de plutonium est stable au contact de l'air sec mais réagit très violemment au contact de l'eau, et donc de traces d'humidité, en donnant du fluorure de plutonyle PuO2F2 avec libération de fluorure d'hydrogène HF[5],[18] :
Il peut être conservé très longtemps à température ambiante dans des ampoules en verre de quartz ou en pyrex scellées si l'on s'est préalablement assuré d'en avoir éliminé toute trace d'humidité, que le verre lui-même est exempt de toute inclusion gazeuse et que toute trace de fluorure d'hydrogène a été supprimée[9]. Il peut être entièrement réduit en PuO2 par le monoxyde de carbone CO issu d'une flamme de méthane dans l'oxygène[19].
L'hexafluorure de plutonium intervient dans l'enrichissement du plutonium en isotope fissile239Pu, dont la demi-vie est de 24 110 ans[30], à partir d'uranium irradié. De plus, afin de produire du plutonium de qualité militaire, il est nécessaire d'éliminer les impuretés de 241Pu, dont la demi-vie est de 14,35 ans, car ce dernier génère suffisamment de neutrons par fission spontanée pour déclencher des réactions en chaîne de fission nucléaire intempestives, et forme par radioactivité β de l'américium 241, émetteur de rayons γ. La séparation du plutonium de l'américium est réalisée par réaction avec le difluorure de dioxygène O2F2. Le PuF4 stocké est fluoré à température ambiante afin d'obtenir du PuF6 gazeux qui est séparé et réduit ultérieurement en PuF4 : l'AmF4 stocké avec le PuF4 initial n'est pas converti en composé gazeux et enrichit donc en américium la fraction de plutonium solide qui n'a pas été préalablement fluorée[31].
L'hexafluorure de plutonium intervient également dans la séparation du plutonium et de l'uranium par les procédés de traitement du combustible nucléaire usé[32],[33],[34],[35]. À partir de sels fondus contenant de l'uranium et du plutonium, il est possible d'éliminer l'essentiel de l'uranium sous forme d'UF6 par fluoration car ce dernier est plus stable à haute température et seule une faible fraction de plutonium est perdue sous forme de PuF6[36].
Sécurité
L'hexafluorure de plutonium agit principalement de trois façons sur le corps humain[24] :
c'est une substance très agressive qui attaque tous les tissus. Lors du contact du gaz avec des liquides organiques, il forme de l'acide fluorhydrique HF, ce qui provoque des brûlures sur la peau, les muqueuses et les voies respiratoires. L'exposition des humains au gaz agit d'abord sur les yeux et les voies respiratoires et provoque irritation, perte de la vision, toux, hypersialorrhée (production excessive de salive) et expectorations. Une exposition prolongée conduit à une pneumopathie et un œdème aigu du poumon et peut entraîner la mort.
il est très toxique par inhalation et par ingestion. Il peut également s'accumuler dans le corps humain, ce qui affecte principalement le foie et les reins.
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