La maison de La Baume — La Baume de Montrevel ou La Baume-Montrevel (parfois La Beaume) — est une illustre famille bourguignonne d'extraction chevaleresque originaire de la Bresse. Citée dès le XIIe, avec une filiation suivie à partir du XIVe siècle, elle s'est éteinte en 1794 avec la décapitation du maréchal des camps et armées du roi, Florent-Alexandre-Melchior de La Baume, dernier comte de Montrevel, marquis de Saint-Martin, etc.
La famille de La Baume est originaire de la Bresse et elle est considérée comme l'une des plus anciennes de la province. Cependant son origine ultime n'est pas claire. Le généalogiste Samuel Guichenon, dans son Histoire de la Bresse et du Bugey (1650), rappelle dans les premières lignes dédiées à la famille les différentes hypothèses, plus ou moins légendaires, avancées par ses prédécesseurs, sans apporter de conclusion[1], se limitant à introduire son étude par cette observation « d'où que soit venue la maison des comtes de Montrevel, elle a eu des prérogatives d'honneur peu communes et des marques de grandeur qui se trouvent rarement ailleurs de grandeur que je ne vois point ailleurs »[1]. On retrouve cette formulation chez le Père Anselme et reprise notamment par François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois (1757)[2].
Certains auteurs ont voulu attacher à cette famille les La Baume-Suze (Dauphiné), mais Samuel Guichenon, dans son Histoire de la Bresse et du Bugey (1650), prouve qu'il n'en est rien[3]. Et le même Samuel Guichenon distingue cette famille des La Baulme, seigneurs de Fromentes, de la Balme sus Cerdon et de Perés, comtes de Saint-Amour[4],[5]. Information que l'on retrouve chez l'érudit Edmond Révérend du Mesnil (1872), citant aussi Jean-Aimar Piganiol de La Force qui affirmait que la famille de La Balme, ou La Baume de la Balme (Bugey)[6], dont est issue une branche dite de La Baulme-Saint Amour, et qui porte d'or à la bande d'azur, était distincte de celle-ci (même si ce blason apparaît très proche des armes des La Baume de Montrevel ; mais ces dernières ont pu être confectionnées pour créer un lien avec les La Balme en Bugey, famille plus vieille d'un siècle au moins, et donc plus prestigieuse à l'origine)[7],[8],[9]. La Chenaye-Desbois les distingue également dans son dictionnaire[2]. Enfin, Adolphe Rochas, dans sa Biographie du Dauphiné (1860), rappelle que « Quelques généalogistes ont avancé que la maison de La Baume était une branche cadette de celle de La Baume-Montrevel, mais nous ne pensons pas que cette assertion soit suffisamment justifiée »[10].
Premiers membres
Le premier membre connu serait Sigebald(e) ou Sigebaud de La Baume (Sigibaldus de Balma), chevalier qui vivait entre 1140 et 1160 (Guichenon[11], repris par Révérend du Mesnil). Il aurait, toujours selon Guichenon, fait une ou plusieurs donations à l'abbaye d'Ambronay (Bugey)[11],[7]. Il aurait eu trois fils, dont Bernard, l'aîné qui hérite à son père[11]. Ce dernier, chevalier, en accord avec ses frères, aurait fait des dons à la chartreuse de Seillon[11]. Bernard de La Baume aurait eu deux fils dont Ismio, chevalier, qui serait un bienfaiteur de la chartreuse de Meyriat (Moyria)[11]. Ismio de La Baume aurait eu six enfants, dont Étienne (I), chevalier qui serait le père de Pierre, par lequel Henri Jougla de Morenas, dans son Grand armorial de France (1939), fait débuter la filiation prouvée de cette famille (XIVe siècle)[12].
Gustave Chaix d'Est-Ange, dans la notice familiale, indique l'existence, à partir du XIXe siècle, d'une famille de la Baume-Montrevel en Languedoc, mais sans aucun lien avec l'illustre famille bressane[19].
Héraldique
La Baume-Montrevel : D’or, à la bande vivrée d’azur[1],[7],[12]
Le chevalier - Sigebald(e) ou Sigebaud de La Baume, fl. au XIIe siècle entre 1140 et 1160, bienfaiteur d'Ambronay, est généralement donné comme la souche des La Baume. Père de - Bernard de La Baume, chevalier (fl. 1190), père lui-même - d'Ismio de La Baume (fl. 1215), chevalier, qui enfanta entre autres enfants - Etienne Ier de La Baume († ap. 1272), marié à Martine de La Ba(u)lme, dont : - Pierre de La Baume († ap. 1308) [frère entre autres de Guichard, chanoine-comte de Lyon en 1275, chanoine de St-Just et de St-Paul, † v. 1309], sgr. de Valusin, bailli de Bresse, Bugey et Novalaise (cf. l'article Avant-Pays savoyard), lié au comteAmédée V, marié à Marguerite de Vassalieu († 1348 ; fille d'Etienne de Vassalieu et veuve de Josselin de Grolée), d'où :
Jacques de La Baume († v. 1466), seigneur de L'Abergement, fidèle de Jean sans Peur et du duc de Savoie, lieutenant-général et bailli de Bresse, Maître des Arbalétriers de France en 1418, chevalier de l'Annonciade : Postérité éteinte avec sa fille Françoise († 1459 ; fille de sa 1re femme Catherine, fille de Gérard de Thurey sgr. de(s) Noyers et de Morillon ; mariée sans enfant en 1439 à Jean de Seyssel, maréchal de Savoie) ; Antoinette de La Baume, dame d'Attalens et de Sermoyer (x 1403 Antoine de St-Trivier, issu des St-Trivier-en-Dombes de Branges et Sandrans) ; Jeanne de La Baume (∞ son petit-cousin Claude de L'Aubespin de St-Amour, petit-fils de Simon ∞ Béatrix de La Baume ci-dessus) ; Pierre de La Baume-St-Sorlin ci-dessous ; et leur frère aîné,
Bonne de La Baume-Montrevel, dame de Ligny, 1re femme en 1488 de son cousin - Marc de La Baume-(Mont-St-Sorlin) de Bussy, 5e comte de Montrevel ci-dessous : Postérité. À la fin du XVe siècle le comté de Montrevel passe, à la mort de Jean (II ou III) après 1490 semble-t-il, à son grand-cousin - Guy de La Baume-Mont-St-Sorlin ci-dessous, père de Marc.
(du 3°) autre Françoise de La Baume († 1605), marquise de Saint-Martin-le-Châtel, dame de Pesmes et de L'Abergement, ∞ 1° 1548 son cousin - François de La Baume du Mont-St-Sorlin, 7e comte de Montrevel ci-dessous, et 2° 1566 François de Carnavalet, surintendant de la Maison du duc d'Anjou : Postérité des deux mariages
- François de La Baume († 1565), 7e comte de Montrevel en 1552 en succession de son beau-père Jean (III ou IV) dont il épouse en 1548 la fille, Françoise († 1605), marquise de St-Martin, dame de Pesmes et de L'Abergement. Il suit Charles Quint au siège de Metz en 1552, et devient gouverneur de Savoie, Bresse, Bugey et Valromey en 1561, chevalier de l'Annonciade. Père de :
- Antoine de La Baume (1557-† au siège de Vesoul en 1595), 8e comte de Montrevel, marquis de St-Martin-le-Châtel, Gentilhomme ordinaire de la Chambre de Charles IX et 1er Gentilhomme de la Chambre du duc de Savoie, capitaine de 30 lances d'ordonnance sous Henri III (en 1579), ∞ 1583 Nicole, fille de Philibert de Montmartin et Claudine de Pontailler-Flagy, dont :
Philibert de La Baume (né en 1586), marquis de St-Martin-le-Châtel, ∞ 1609 Lambertine, fille de Lamoral, prince de Ligne (remariée en 1640 à son beau-frère Jean-Baptiste, qui suit) : d'où Lambertine-Marie de La Baume, ∞ 1° Ernest-Christophe de Rietberg et d'Ost-Frise, maréchal de camp des Impériaux, et 2° 1642 son cousin Charles de La Baume de St-Martin de Pesmes ci-dessous ; Jean-Baptiste de La Baume (1593-1641), dit le baron de La Baume, seigneur de St-Romain, baron de Montmartin, marquis de Saint-Martin, gouverneur du comté de Bourgogne, ∞ 1640 sans postérité sa belle-sœur Lambertine de Ligne ; Claudine-Prospère de La Baume (née en 1588), ∞ 1608 Claude de Rye de Balençon, gouverneur de Bréda et du comté de Namur ; Marguerite de La Baume, abbesse de St-Andoche (née en 1590, fl. 1632) ; et leur frère aîné,
- Ferdinand de La Baume (1603-1678), 10e comte de Montrevel, sgr. de Savigny, chevalier des Ordres du roi en 1661, conseiller d'État, maréchal des camps et armées, lieutenant-général en Bresse et Charolais, ∞ 1623 Marie Ol(l)ier de Nointel (née v. 1605-† v. 1663 ; tante de Charles), d'où, entre autres enfants :
Ferdinand-François de La Baume, marquis de Savigny, prédécédé en 1662 ;
Esprit de La Baume († 1721), abbé de Saint-Cernin et de Saint-Germain, au diocèse d'Autun ; et leur frère (puîné de Ferdinand-François),
Jacques-Marie de La Baume (né au château de Lugny le 20 août 1649, tué à Neerwinden le 29 juillet 1693), 11e comte de Montrevel, comte de Brancion et marquis de St-Martin, ∞ Adrienne-Philippine-Thérèse († 1710), fille de François, comte de Lannoy (1608-1693) et Mechthilde de Berghes de Trips, dont entre autres enfants :
Nicolas-Auguste (II) de La Baume (1680-† 1701, tué en Italie), 12e comte de Montrevel, et son frère :
Charles de La Baume (né en 1611 ; frère puîné du comte - Ferdinand), marquis de St-Martin, baron de Pesmes et de Caromb, demeuré du côté des Habsbourg, gouverneur de Dole en 1658, ∞ (1) (1642) sa cousine Lambertine-Marie de La Baume, fille de Philibert et petite-fille du 8e comte Antoine (d'où François-André de La Baume, † en bas âge), ∞ (2) (1663) Thérèse-Anne-Françoise, fille de Gillion-Othon, marquis de Trazegnies, d'où (du 2°) :
Marie-Françoise/Jacqueline de La Baume, ∞ (1684) François-Joseph de Damas du Breuil, marquis d'Antigny, baron de Ruffey et de Chevreaux (arrière-grands-parents maternels de Talleyrand) ; Albertine-Brigitte de La Baume, ∞ (1687) Charles de Gaucourt de Cluys-Dessus, lieutenant-général en Berry ; et leur frère,
Charles-Antoine (1670-1745), marquis de St-Martin, baron de Pesmes et de Caromb, ∞ (1689) Marie-Françoise, fille de François-Ferdinand de Poitiers-Vadans de Rye, dit le comte de Poitiers, dont :
Charles-Frédéric-Eugène de La Baume, dit le comte de la Baume (le cadet ; † sans alliance en 1735) ; et son frère aîné, Charles-Ferdinand-François de La Baume (1695-1736), marquis de St-Martin, baron de Pesmes et de Caromb, ∞ (1723) Elisabeth-Charlotte, fille de Marc de Beauvau-Craon et d'Anne-Marguerite de Ligniville d'Houécourt, d'où :
Jeanne-Marguerite de La Baume (1728-1808), dame-chanoinesse de Remiremont, puis héritière en partie en 1754/1755 des terres familiales : marquise de St-Martin et dame de Caromb, ∞ (1758) son grand-cousin Eugène-François-Pierre-Joseph de Ligniville d'Houécourt (1728-1778) ;
Henri-Gabriel-Marc de La Baume (1724 † 1734 prédécédé) ; et Esprit-Melchior-Emmanuel de La Baume (1733-1754), marquis de St-Martin, baron de Pesmes et de Caromb, marquis de Montrevel en 1754[25].
Titres et seigneuries
Edmond Révérend du Mesnil rappelle quelques-unes des principales possessions de cette famille[7] :
seigneurs de Valusin (1308), Curtafray (1363), Saint-Denis-le-Chausson (1383, Broces (1347), Chastenay, Attalens et Sermoyé (1403), Bonrepos et Pesmes (1404)
seigneurs puis comtes (1418) puis marquis de Montrevel ;
sires et barons de Pesmes (alliance de 1467), puis marquis de La Baume-Montrevel (à Pesmes) en 1754 ;
marquis de Saint-Martin (1584), au profit de Françoise de La Baume, dame de Carnavalet.
seigneurs du Mont-Saint-Sorlin, d'Aiguebelle, d'Apremont, d'Avressieux, de Chaffardon, de Château-Gaillard, de Corgenon, d'Entremonts, de Gemillieux, de Longefoy, de La Molière, de Monthoux, de Montpascal, de Montribloud, de Puisgros, de Roasson, de Roche, de Saint-Denis.
Claude de La Baume, troisième fils du précédent et héritier, maréchal de Bourgogne, conseiller et chambellan de l'Empereur Charles-Quint, chevalier de la Toison d'Or, pour le chapitre de Tournai (1531)[33],[32] ;
Jeanne-Marguerite de La Baume-Montrevel (1728-1808), comtesse, marquise de Saint-Martin, baronne de Caromb, Rougemont, Saint Hyppolyte, etc., ainsi que marquise de Lignéville et d'Houécourt, comtesse de Tumejus, princesse de Conca et de Vénafro, duchesse de Mignano à la suite de son mariage avec son cousin-germain Eugène-François-Pierre de Ligniville et d'Houécourt (1728-1778). La marquise de Ligniville est protectrice des arts et des lettres, l'exemple le plus marquant étant son hôtel de Besançon, l'Hôtel de Ligniville. Elle protège Johann Melchior Wyrsch et Luc Breton ainsi que l'architecte Bertrand.
Claude de La Baume (1534-1584), fils du chevalier Pierre de La Baume, seigneur de Saint-Sorlin, neveu du précédent, cardinal, archevêque de Besançon (1545-1584) ;
La famille et ses branches compteraient huit chanoines-comtes, au sein du Chapitre de Saint-Jean de Lyon, entre les XIIIe et XVIe siècles[35]. Les notices d'Adolphe Vachet comportent cependant des erreurs.
Possessions
Liste non exhaustives des possessions tenues en nom propres ou en fief de la famille de La Baume :
↑Edmond Révérend du Mesnil, Armorial historique de Bresse, Bugey, Dombes, Pays de Gex, Valromey et Franc-Lyonnais, d'après les travaux de Guichenon, d'Hozier, Lyon, impr. Aimé Vingtrinier, , sur books.google.fr (lire en ligne), p. 59, « La Balme ».
↑Gustave de Rivoire de La Bâtie, L'armorial de Dauphiné : contenant les armoiries figurées de toutes les familles nobles & notables de cette province, accompagnées de notices généalogiques complétant jusqu'à nos jours les nobiliaires de Chorier et de Guy Allard, Lyon, impr. de L. Perrin, (lire en ligne), p. 54, « Baulme & Balme (&) ».
↑Adolphe Rochas, Biographie du Dauphiné : contenant l'histoire de tous les hommes remarquables de cette province dans les lettres, les sciences, les arts, etc. (tome 2), vol. 2, Paris, Charavay, , 504 p. (lire en ligne), p. 256.
↑Donald Lindsay Galbreath, « Les baillis du Chablais de 1351 à 1536, leurs sceaux et armoiries », dans collectif, Mélanges d'histoire et de littérature offerts à Monsieur Charles Gilliard ... à l'occasion de son soixante-cinquième anniversaire, Lausanne, Publications de la Faculté des lettres, Université de Lausanne, , 718 p., p. 234-250.
↑François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, et Jacques Badier, Maison de La Baume-Montrevel, in Dictionnaire de la Noblesse, généalogique, héraldique, chronologique et historique (t.II), Paris, Schlesinger frères, (lire en ligne), p. 528-544
↑« Maison de La Baume-Montrevel, p. 42-55 », sur Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, t. VII, par les Pères Anselme, Ange et Simplicien, et Honoré Caille du Fourny, à la Compagnie des Libraires associés, à Paris, 1733
↑« Catalogue des abbés de Pignerol (p. 103-107), p. 105 », sur L'abbaye de Ste-Marie de Pignerol au bourg de Saint-Veran, par l'abbé Joseph Croset-Mouchet, chanoine de Pignerol, chez Joseph Lobetti-Bodoni, à Pignerol, 1845
↑Les scellés furent apposés au château, « dans toutes les chambres et spécialement dans celle du trésor où sont les papiers et effets plus précieux de la dite maison », le , lendemain de sa mort. D'après Frédéric Lafarge, « Un château en Mâconnais : Lugny », Images de Saône-et-Loire, no 212, , pp. 2-7.
↑Société d'Emulation du Doubs, série 5, vol. IX, 1884, p. 163 (lire en ligne).
↑Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 102. (lire en ligne).
↑ a et bJean-Marie Cauchies, Fêtes et cérémonies aux XIVe — XVIe siècles : rencontres de Lausanne, 23 au 26 septembre 1993, vol. 34, Centre Européen d'Études Bourguignonnes, coll. « Publication du Centre Européen d'Études Bourguignonnes », , 239 p., p. 171.
↑ a et bRaphaël De Smedt, Les Chevaliers de l'Ordre de la Toison d'or au XVe siècle : notices bio-bibliographiques, vol. 3, t. Kieler Werkstücke, Peter Lang, , 224 p. (ISBN978-3-631-46567-7), p. 178.
↑C. Lemaire, « Guillaume de La Baume, seigneur d'Irlain, chevalier de la Toison d'or et bibliophile », inBulletin du Centre européen d'études bourguignonnes, 29, juin 1998, pp. 6-8.
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Samuel Guichenon, Histoire de la Bresse et du Bugey. Troisième partie. Contenant les généalogies des familles nobles de Bresses et de Bugey, Lyon, Jean Antoine Huguetan & Marc Ant. Ravaud, (lire en ligne), p. 12-21, « La Baume. Comtes de Montrevel, Marquis de Saint-Martin »
François Perraud, Le Mâconnais historique, Mâcon, Protat Frères,