Cité internationale universitaire de Paris
La Cité internationale universitaire de Paris (CiuP) est une fondation qui, au sein de ses 40 maisons parisiennes, accueille près de 6 000 étudiants, chercheurs, artistes et sportifs de haut niveau du monde entier[2]. Ces résidences universitaires sont presque toutes situés dans le sud du 14e arrondissement, dans le quadrilatère de 34 hectares que délimitent le boulevard périphérique et le boulevard Jourdan, entre la porte de Gentilly et la porte d'Orléans. Trois résidences sont en dehors de ce quadrilatère (« hors les murs ») : la Fondation Haraucourt est sur l'Île-de-Bréhat, en Bretagne ; la Résidence Lila, inaugurée en 2005 [3] est avenue René-Fonck, dans le 19e arrondissement parisien ; la Résidence Quai de la Loire, inaugurée en 2007, est à la Villette, également dans le 19e arrondissement. Une vingtaine de ces résidences sont dites « rattachées » : elles sont gérées directement par la CiuP. Les autres résidences, comme les maisons « de pays », sont dites « non rattachées » : dotées d'une personnalité juridique propre, elles sont gérées par des États étrangers, des établissements d'enseignement supérieur ou d'autres partenaires publics. Un décret du [1] reconnaît d'utilité publique cette fondation de droit privé français. En 2015, le guide vert Michelin attribue à la Cité internationale universitaire de Paris une première étoile[4]. HistoriqueLe projet d'une résidence pour étudiants venus du monde entier naît au début des années 1920[5] de « la conjugaison de préoccupations hygiénistes et pacifistes au sortir de la Grande Guerre »[6]. Le ministre Honnorat et le recteur Appell répondent à la fois au traumatisme de la Première Guerre mondiale et à la crise du logement (notamment estudiantine) qui sévit à Paris à cette époque[réf. souhaitée]. En construisant une résidence universitaire internationale, l’ambition est « d’offrir à des étudiants français et étrangers des conditions de logement et d’études de qualité, mais également un cadre de vie propice aux rencontres et aux échanges multiculturels quotidiens »[6]. Le terrain choisi pour la réalisation du projet se situe au sud de la capitale, sur la ceinture de l'enceinte de Thiers édifiée en 1845. « Leur déclassement, voté en 1919, doit permettre l’extension de la ville : lotissement de l’emprise du rempart et aménagement d’une ceinture d’espaces verts autour de la ville (parcs, jardins, terrains de sport, etc.) »[7]. Après de longues tractations, une convention est finalement signée en 1921[5]. Celle-ci prévoit la création de la « Cité universitaire » et définit ses espaces : seuls 9 hectares seront constructibles, le reste du territoire se voyant attribuer le statut non aedificandi dans le but d'accueillir un grand parc afin de préserver les zones de verdures parisiennes chères aux hygiénistes. La genèse de la Cité : 1925-1938La première résidence pour étudiants ouvre ses portes en 1925 grâce à Émile Deutsch de la Meurthe, homme d’affaires lorrain à la tête des Pétroles Jupiter : la Fondation Deutsch de la Meurthe (inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis 1998). Industriel philanthrope, celui-ci avait exprimé son intention de construire des « hameaux-jardins » permettant d’accueillir 350 étudiants méritants mais peu fortunés dans des « logements salubres et aérés encadrés de verdure »[8]. En faisant don de 10 millions de francs-or, Émile Deutsch de la Meurthe devient ainsi le premier mécène[8] de la Cité. Bien vite, d'autres maisons viennent la compléter : dès 1927, la moitié du domaine est déjà construite, financées par des mécènes, des industriels et des gouvernements étrangers. En moins de 15 ans, 19 maisons sont ainsi édifiées, dans des styles révélateurs de l’éclectisme architectural de l’entre-deux-guerres et de la politique de métissage conduite à la Cité. À la veille de la guerre, le nombre de résidents s’élève à 2 400, représentant 52 nationalités : la Fondation Biermans-Lapôtre, la Maison des étudiants canadiens, le Collège d'Espagne, la Maison du Japon, la Maison de l'Argentine, le Collège néerlandais, la Fondation suisse… au centre desquelles domine la Maison Internationale, bâtie grâce au concours de John Rockefeller Jr. Pour augmenter les capacités d’accueil de la Cité, la hauteur maximale des bâtiments passe alors de 4 à 10 étages. En parallèle, la Fondation nationale (qui gère la Cité internationale universitaire de Paris[9]) s’attelle à l’extension du domaine initial, vers l’est, le sud et le nord, pour porter la surface totale à près de 40 hectares en 1930. À noter que le poète Edmond Haraucourt lègue également à la Cité une résidence sur l'île de Bréhat, au large de la Bretagne, où les étudiants peuvent toujours prendre des vacances. Aucun lieu de culte ne pouvant être bâti sur le domaine des pavillons – pour des raisons de laïcité et de neutralité – l'Église catholique construit également en 1936 l'église du Sacré-Cœur de Gentilly, dans la ville de Gentilly, à proximité de la Cité (affectée depuis 1979 à la communauté catholique portugaise). L'éclatement de la Seconde Guerre mondiale en 1939 marque un coup d'arrêt dans le développement de la Cité internationale. L’expansion de la Cité : 1952-1969Durant la Seconde guerre mondiale, le site a été occupé par les armées allemandes puis américaines : les dégradations sont importantes. Au sortir de la guerre, la Cité internationale universitaire de Paris lance une vaste campagne de restauration de son domaine. Ainsi, la Cité internationale universitaire de Paris retrouve son état d’avant-guerre à la fin des années 1950[10]. Avec Raoul Dautry, qui succède à André Honnorat à la présidence de la Fondation nationale en 1948, la Cité internationale s’engage rapidement dans une nouvelle ère de construction : 12 maisons sont construites dans les années 1950, suivies de 5 autres dans les années 1960. Ces 17 maisons portent la capacité d’accueil à 5 500 lits, soit le double de celle atteinte à la fin de première période de construction (1925-1938)[2]. Cette période d'expansion voit se déployer le style international, à travers des constructions signées par des architectes et urbanistes célèbres : Charlotte Perriand, Le Corbusier, Lucio Costa, Claude Parent[10]… Néanmoins, à la fin des années 1950, la construction du boulevard périphérique vient bouleverser la physionomie du site et contrarier durablement les ambitions d’extension de la Cité[10]. La Cité est ainsi amputée d’une frange de 60 mètres de large sur toute sa longueur, la privant de 2 hectares de terrains constructibles. Le domaine est aussi disloqué : les deux bâtiments de la Maison des élèves ingénieurs Arts et Métiers se trouvent séparés de part et d'autre du boulevard périphérique. De plus, beaucoup d'équipements sportifs doivent être supprimés ou réaménagés pour libérer la bordure sud de la Cité[10]. Dès lors, la Cité internationale universitaire de Paris (nommée ainsi à partir de 1963) n’a plus la possibilité de s’étendre, et c’est avec la Maison de l’Iran, inaugurée en 1969, que s’achève le deuxième cycle de construction. La Cité internationale universitaire de Paris est toutefois complétée par deux maisons hors les murs, dans le 19e arrondissement de Paris. La résidence Lila et la résidence Quai de la Loire, plus récente, inaugurée en 2007. Il faudra attendre 2012 et les échanges fonciers pour entrevoir de nouvelles perspectives de développement[11].
L'heure du renouveau pour la Cité : 2012-2020La Cité internationale universitaire de Paris n'ayant plus assez d'espaces disponibles pour accueillir la construction de nouveaux logements, une solution complexe, qui mettra plusieurs années à aboutir, est mise en place. Les terrains de la Cité internationale universitaire de Paris, répartis au sein d'un maillage foncier complexe, et appartenant à la fois à la Ville de Paris, à la Chancellerie des Universités de Paris et à l’État français, sont échangés entre les parties prenantes afin de dégager un espace constructible suffisant. Cette convention d'accord foncier est signée en 2012 et marque le coup d'envoi du projet de développement de la Cité internationale prévu jusqu'en 2020[12]. En 2013, au cœur de la cité historique, l'ambassade de l'Inde ouvre le nouveau bâtiment de la Maison de l'Inde, qui est le premier bâtiment en France en structure bois sur 7 étages. Il est réalisé par l'agence Lipsky-Rollet architectes. Le , le maire de Paris Bertrand Delanoë et le chancelier des Universités de Paris François Weil signent avec Marcel Pochard, président de la fondation nationale Cité internationale universitaire de Paris, la convention Cité 2025, qui approuve le plan d’aménagement proposé par la fondation et la désignant comme maître d’ouvrage de l’opération[11]. Ce projet de développement est retenu pour être l'un des 13 projets parisiens de l’opération Plan Campus, et est donc financé par le ministère de l’Enseignement supérieur[13]. En juin 2014, le groupement de Bruno Fortier / TN + a été désigné comme maître d’œuvre de l’opération d’aménagement de la Cité[14]. Il est chargé de la maîtrise d’œuvre urbaine, paysagère et architecturale ainsi que de la coordination architecturale de l’opération. Trois nouveaux pays auront la possibilité d’édifier leur maison (650 logements) sur le parc Est de la Cité internationale, et d’accroître ainsi leur rayonnement universitaire et culturel à Paris. Le premier pays à s’être officiellement engagé dans ce projet est la Corée du Sud. Le 17 mars 2014, une convention relative à la construction d’une Maison de la Corée a été signée par tous les partenaires : le Ministère de l’Éducation de la République de Corée, l’association Maison de la Corée de la Cité internationale universitaire de Paris, la Chancellerie des universités de Paris et la Cité internationale universitaire de Paris. L’ouverture de la maison est prévue fin 2017. Quatre autres maisons (750 logements) seront construites sur le parc Ouest, à l’horizon 2017-2020, permettant de nouer des partenariats avec des universités et pays étrangers. Par ailleurs, 2 maisons (situées au 156 PVC et sur la Parcelle B) seront construites et une maison sera réhabilitée par la Ville de Paris (le Pavillon Victor Lyon). Livrées à partir de 2017, elles offriront 300 logements[15]. La région Île-de-France livre, quant à elle, en septembre 2017[16], une résidence de 142 logements répondant à un objectif environnemental dit « ZEN » (Zéro énergie net)[17]. La première pierre de l'édifice est posée le 19 mai 2015 en présence d'Isabelle This Saint-Jean, vice-présidente du Conseil régional d'Île-de-France, Marie-Christine Lemardeley, adjointe à la Maire de Paris, François Weil, recteur de l’académie et Chancelier des universités de Paris, Nicolas Michelin, architecte et Marcel Pochard, président de la Cité internationale universitaire de Paris[18]. En 2016, via un contrat de performance énergétique (de 8 millions d’euros) la cité va améliorer l'efficacité énergétique de son patrimoine bâti ancien, en s'équipant de panneaux solaires, en rénovant une quinzaine de chaufferies, en isolant des combles et en centralisant mieux son système de gestion de l'énergie. Elle espère ainsi économiser 4 400 mégawatt-heure sur les 17 211 mégawatt-heure qu'elle consomme par an. Les résidents seront aussi sensibilisés aux économies d’énergie[19]. L'un des bâtiments expérimente en 2016 un chauffage solaire de l'eau de 142 chambres avec stockage inter-saisonnier dans deux cuves de plus de 15 m de haut[20]. Étudiants et chercheurs en mobilitéAvec ses 5 600 lits, la Cité internationale universitaire de Paris est aujourd'hui le plus important lieu d'accueil des étudiants et chercheurs étrangers d'Île-de-France. Fidèle à son esprit de brassage, elle favorise les échanges entre étudiants du monde entier. 141 nationalités différentes[21] s'y côtoyaient en 2009. Fondation privée reconnue d’utilité publique, elle leur offre un lieu d'hébergement privilégié au sein de ses quarante résidences. Attachées à des pays ou à des grandes écoles, elles ont accueilli plus de 200 000 étudiants en quatre-vingts ans. Plus qu’un simple lieu d’hébergement, la Cité internationale universitaire de Paris se distingue par la qualité et la diversité de son offre de services, dédiés à la communauté universitaire mais aussi au grand public : accueil des chercheurs et des étudiants en mobilité, bibliothèques, théâtres, salles d’expositions, installations sportives, restaurants… Elle est toute l'année un lieu d'intense vie culturelle grâce aux expositions, concerts, conférences, projections de films et autres manifestations organisées au sein de ses maisons. ThéâtreLa Cité universitaire possède plusieurs théâtres, qui constituent un des foyers de la vie culturelle parisienne. En 1968 est nommé à leur direction André-Louis Perinetti et lors de la décennie suivante y travaillent les artistes comme Victor Garcia et Jérôme Savary. Entre 1991 et 2008, l'ensemble est dirigé par Nicole Gautier, puis de 2008 à 2014 par Pascale Henrot. Ces théâtres ont un statut particulier puisqu'ils dépendent directement de la Fondation de la Cité internationale et non de la direction de la création du ministère de la Culture ou de la ville de Paris. La cité consacrait jusque 2015 2,3 % de son budget à ces théâtres, qui doivent faire face depuis à la perte de la moitié de leurs subventions jusque 2018 et n'ont toujours pas de nouveau directeur. Après une campagne de rénovation entre 2002 et 2004, ils disposent de trois salles modernes, un bar accueillant des studios de musiques et des ateliers d'artistes[22]. RésidencesEn juin 2011, la CIUP a lancé une opération originale intitulée Une chambre à votre nom[23] dont l'objectif est de collecter des fonds pour rénover les résidences et améliorer le confort des chambres. En échange de leur don, les mécènes peuvent faire apposer une plaque nominative à l'entrée des chambres. Quelques anciens résidents célèbres
Films tournés à la Cité internationale universitairePlusieurs scènes de Elisa, film de Jean Becker datant de 1995, ont été tournées à la Fondation Biermans-Lapôtre. Le moyen métrage Mods de Serge Bozon, sorti en salles en 2003, a été tourné à l'été 2002 à la Cité internationale universitaire[33]. On y reconnaît en particulier, dans les extérieurs, le jardin de la Fondation Émile et Louise Deutsch de la Meurthe et dans les intérieurs, le Collège néerlandais[34]. La Maison internationale a servi de décor pour le tournage du film Divorces en 2009, où le bâtiment est représenté comme étant un palais de justice. En 2010, c'est le film les Émotifs anonymes qui utilise comme décor la Fondation Émile et Louise Deutsch de la Meurthe. Les Garçons et Guillaume, à table !, sorti en 2013, utilise la piscine de la Maison Internationale et le grand salon de la Fondation Émile et Louise Deutsch de la Meurthe comme décor. Certaines scènes du film Friendzone, sorti en 2021, sont tournées à la Maison du Mexique. Le film Le Comte de Monte Cristo, sorti en 2024, utilise la Maison internationale comme décor. L'émission de télé-réalité The Cerveau est tournée à la Fondation Émile et Louise Deutsch de la Meurthe et à la Maison internationale, en 2024. AccèsLa Cité internationale universitaire de Paris est desservie à proximité par :
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Filmographie
Liens externes
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