L'action se déroule dans des contrées reculées, un royaume fictif sur lequel règne un tyran oriental Atar jaloux de la popularité du soldat Tarare. À la fin, Atar est renversé et Tarare est couronné par le peuple (malgré lui).
Le prologue, partie la plus subversive de l’œuvre met en scène des allégories, la Nature, le Génie du Feu... et évoque des concepts tels que l’égalité et son dévoiement par la société, ceci deux ans avant la Révolution.
Arthenée (grand prêtre de Brahma et père d'Altamort)
basse
Martin-Joseph Adrien
Altamort (général d'Atar)
basse
M. Châteaufort
Urson (capitaine des gardes d'Atar)
basse
M. Moreau
Un paysan, un eunuque, une bergère
Histoire et réception
Deux ans avant le début de la Révolution, traiter le sujet de l'absolutisme était périlleux. Peu de compositeurs français auraient osé porter au théâtre un livret qui fut qualifié par la critique de « monstre dramatique et lyrique »[5].
Le livret exotique de Tarare, d'après Beaumarchais, réussit à Salieri et connut un vif succès, concrétisé par trente-trois représentations pour la seule année 1787[7] et organisé par la publicité de l'écrivain, notamment avec des répétitions publiques (payantes)[8], ainsi qu'un luxe de décors et de costumes[9] — au coût de plus de 30 000 livres et 20 000 livres respectivement[7].
« Jamais l'Opéra n'eut rien d'aussi attachant, d'aussi divertissant, en donnant à ce mot la signification d'amusement complet. La musique en est délicieuse, et on la trouve telle, sans connaissance de l'art. »
Si la version italienne en quatre actes[5], est jouée quarante fois à Vienne[11], la version française connut de nombres reprises et révisions, suivant en cela le goût du politiquement correct. Après des empêchements pour le , l'opéra est redonné remanié, le , sous un nouveau titre, Le Couronnement de Tarare. Le public est nombreux. Un spectateur note qu'« Il existe une différence d'opinion entre le parterre et les loges. Chacun respectivement siffle ce que l'autre applaudit »[12].
En 1795, l'Opéra reprend Tarare avec de nouveaux remaniements et où « le peuple d'Ormuz proclamait la république » à la place de mettre Tarare sur le trône[13]. En 1802, reprise sous le règne du Premier Consul et après la mort de Beaumarchais. La version de 1813 au Théâtre Italien, suit la version italienne, Axur, dont da Ponte a éliminé les provocations et sa dangereuse urgence. Pendant la Restauration, en 1819, Tarare est repris à l'Opéra : « Atar ne se tue pas, il est restauré par Tarare, et le peuple lui prête serment »[14].
La version italienne, Axur sur un texte de da Ponte, est souvent donnée à Vienne et fait notamment partie des manifestations liées au couronnement de Léopold II en 1790. En Pologne, elle est donnée en 1793, dans une traduction. C'est encore Axur qui fait le tour de l'Europe, de Lisbonne à Saint-Pétersbourg (première en 1803) et Moscou (1806) et même à Rio de Janeiro en 1813, où s'est réfugiée la famille royale portugaise. En Allemagne l'opéra est joué jusqu'au milieu du XIXe siècle. La version italienne est reprise à Poznań en , en version de concert à Vienne en 1987 et Sienne en 1989[17].
« Tarare, parfaite synthèse du style italien et de la manière française, se ressent aussi de l'esthétique du lied allemand. L'ouvrage a le pathétique de Gluck, l'élégance de Grétry, Méhul ou Dalayrac. Il ouvre la voie à Cherubini, Spontini et Rossini »[5].
Tarare - Howard Crook, (Tarare) ; Jean-Philippe Lafont, baryton-basse (Atar) ; Anna Caleb, (Spinette) ; Eberhard Lorenz, (Calpigi) ; Hannu Niemelä, (Altamort) ; Nicolas Rivenq, (Arténée) ; Jean-François Gardeil, (Urson) ; Zehava Gal, (Astasie) ; Gabriele Rossmanith, (la Nature) ; Klaus Kirchner, (le Génie du Feu) ; Deutsche Händel Solisten, dir. Jean-Claude Malgoire et mise en scène, Jean-Louis Martinoty (festival de Schwetzinger 1988, DVD Arthaus Musik 100 557)[18] (OCLC611338150)
Axur, rè d'Ormus - Andrea Martin ; Curtis Rayam ; Eva Mei ; Ettore Nova ; Chœur Guido d'Arezzo ; Orchestre philharmonique russe, dir. René Clemencic (concert Sienne, Teatro dei Rinnovati, 19-, 3 CD Nuova Era 6852/54 / 2CD 223298) (OCLC51475126)
Beaumarchais, Tarare, opéra en cinq actes, avec un prologue : représenté pour la première fois, sur le théâtre de l'Academie Royale de Musique, le vendredi 8 juin 1787. Paroles de M. Caron de Beaumarchais. Musique de M. Sallieri, maître de musique de S.M. Impériale, Lausanne, Mourer, , 74 p. (lire en ligne)
Beaumarchais, Tarare [version août 1790], P. de Lormel, , 168 p. (lire en ligne)
Gudin de La Brunellerie et Maurice Tourneux (éd.), Histoire de Beaumarchais, Paris, E. Plon, Nourrit, , xxviii-508 (lire en ligne), p. 365.
Études modernes
(de) Rudolph Angermüller, « Beaumarchais und Salieri », dans Carl Dahlhaus et Hans Joachim Marx (éds.), Bericht über den internationalen musikwissenschaftlichen Kongress, Bonn, (OCLC611050741), p. 325–327.
Jacques Joly, « Un fol opéra, Tarare de Beaumarchais et Salieri », dans Jean-Paul Capdevielle et Peter-Eckhard Knabe (éds.), Les écrivains français et l’opéra — colloque du 27-30 janvier 1986 (COlogne), Cologne, Dme-Verlag/Mölich/ Institut français de Cologne, coll. « Kölner Schriften zur romanischen Kultur » (no 7), , 306 p. (ISBN3-922977-25-1, OCLC21753735), p. 95–108
Paul Prévost et Antonio Braga, « Tarare », dans Marc Honegger et Paul Prévost (dir.), Dictionnaire des œuvres de la musique vocale, t. III (P-Z), Paris, Bordas, , 2367 p. (ISBN2040153950, OCLC25239400, BNF34335596), p. 2017–2018.
(de) Andreas Hoebler, Antonio Salieris Opéra Tarare und die Umarbeitung in die Opera tragicomica Axur, rè d'Ormus : Parallelität und Divergenz zweier Bühnenwerke, Tönning, Der Andere Verlag, , xxiii-512 (ISBN3-89959-496-7, OCLC216932175, BNF40212802)
Benoît Dratwicki, L'Œuvre : Antonio Salieri (1750-1825), Tarare : Les Talens Lyriques, Christophe Rousset – mercredi 28 novembre 2018 (programme de la version de concert), 24 p. (lire en ligne [PDF]), p. 4–9.
↑Alexandre Choron et François Fayolle, Dictionnaire historique des musiciens : artistes et amateurs, morts ou vivans : qui se sont illustrés en une partie quelconque de la musique et des arts qui y sont relatifs, Paris, Valade, (lire en ligne).