Adélaïde Gavaudan

Adélaïde Gavaudan
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie-Françoise-Adélaïde GavaudanVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
SpinetteVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Fratrie
Autres informations
A travaillé pour
Théâtre Feydeau (-)
Théâtre-Italien (d) ()
Académie royale de musique (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Tessiture

Marie-Françoise-Adélaïde Gavaudan dite Mlle Gavaudan cadette[note 1] et surnommée Spinette, née en [note 2] et morte en , est une artiste lyrique française.

Biographie

Adélaïde Gavaudan est la fille de Denis[note 3] Gavaudan et de Catherine Calmen[1], donc sœur d’Anne-Marie-Jeanne, de Jean-Baptiste-Sauveur et d’Émilie Gavaudan, belle-sœur d'Étienne Lainez, Pierre Gaveaux et Alexandrine-Marie-Agathe Ducamel (dite « Madame Gavaudan »), ainsi que tante maternelle[note 4] de Bosquier-Gavaudan et des sœurs Jeanne-Marie-Françoise Gontier-Gavaudan (1784 - après 1834) (dite « Aglaë Gavaudan cadette ») et Louise Élisabeth Gontier-Gavaudan (dite d'abord « Rosette Gavaudan l'aînée ») : ils sont tous des représentants, de droit ou d'acquis, de la famille Gavaudan, très active sur la scène lyrique et théâtrale parisienne dans les décennies avant et après la Révolution, tant à l'Opéra que dans les milieux de l'Opéra comyque et du Théâtre des Variétés.

Son père, maître de musique en province, entre en 1778 au Concert Spirituel et au chœur de l'Académie Royale de Musique comme haute-contre, rejoignant sa fille Anne-Marie-Jeanne admise l'année précédente. Presque tout de suite, pourtant, il meurt prématurément et l'institution engage Adélaïde dans le chœur et un autre fils comme danseur. Quelques ans plus tard, une troisième fille, Émilie, rejoindra également le chœur et le plus jeune des fils, Jean-Baptiste-Sauveur, sera embauché d'abord comme commis[2].

En 1780, elle est engagée avec sa sœur Émilie, par Madame Marie-Anne Donvilliers, du théâtre des « Jeunes Comédiens du roi » de la Muette[3].

Le 18 juillet 1782, « la sœur de la Dlle Gavaudan, de l'Opéra » débute au Théâtre italien de Paris, par le rôle de Mme Saintclair, dans une reprise de La Fausse Magie de Gretry. Le commentateur anonyme du « Journal de Paris » exprime son appréciation positive pour les compétences artistiques de la jeune débutante (aussi bien pour la voix, « très-agréable et très-flexible », que pour « la finesse » et « l'expression » de « la figure »), tout en ne cachant pas des doutes sur son aptitude à tenir l'emploi des duègnes auquel on semble vouloir l'affecter à la Comédie Italienne[4]. D'après Arthur Pougin, elle aborde aussi tout de suite les rôles d'Alix, dans Les Trois fermiers de Dezède, et d'Aline, dans La Belle Arsène de Monsigny[note 5], mais elle n'est pas engagée par cette troupe[5] et revient donc au chœur de l'Opéra, où elle est déjà annoncée, pour le 24 septembre, comme l'une des quatre nymphes de l'acte de ballet Daphné et Apollon d'Anton Mayer[6].

« Les Spectacles de Paris » l'indiquent dans le statut de coriphée en 1784, dans celui d'« adjointe », parmi les artistes solistes, deux ans plus tard. 1787 est son « année de merveilles » grâce surtout à deux rôles brillants et spirituels : celui de l'impertinente et gracieuse Aglaé dans l'opéra-féerie Alcindor de Dezède et Floquet, et celui de l'« intrigante et coquette » Spinette dans Tarare de Salieri, qui lui vaudra le sobriquet définitif de Spinette[7].

Dans les années qui suivent, elle est très active à l'Opéra et, contrairement à sa sœur aînée, sa carrière continue de progresser jusqu'à ce qu'en février 1791, elle assume son premier rôle titulaire dans Cora de Méhul. Après cette date, probablement en lien avec les événements de la Révolution, elle s'enfuit brièvement en Allemagne, mais seulement pour en revenir bientôt à Paris[7], où elle se voit confier divers rôles dans la nouvelle production lyrique révolutionnaire (dans laquelle, d'ailleurs, les personnages féminins sont résolument manquant). Elle incarne Laurette dans Le Triomphe de la République (Gossec), début 1793[8], Télèphe dans Miltiade à Marathon (Lemoyne), en novembre de la même année[9], et une des vieilles mères de famille dans La Rosière républicaine (Grétry), le 2 septembre 1794[note 6]. En mars 1793 elle avait aussi joué le rôle de Suzanne dans un arrangement bizarre des Noces de Figaro de Mozart en français[note 7]. Elle sera encore sur la brèche en 1797 apparaissant sur scène dans le rôle mineur de Cléone dans une reprise de Castor et Pollux de Rameau[10].

Elle reste dans la troupe de l'Opéra, dans les diverses nouvelles dénominations assumées par l'ancienne Académie Royale de Musique, jusqu'en 1799, date à laquelle elle obtient une pension de 1000 livres[7]. Après quoi, on dit souvent qu'elle se produirait quelques années au Théâtre Feydeau[note 8], mais cela semble plutôt improbable. Les sources ne donnent aucun nom de productions lyriques auxquelles elle aurait participé, et la situation est rendue plus compliquée par le fait que la troupe de l'époque comprenait déjà sa sœur Émilie et deux de ses nièces, qui portaient le patronyme Bousquier, mais qui avaient pris les noms de scène de Rosette et Aglaë Gavaudan et que l'on appelait souvent « Mlle Gavaudan aînée » et « Mlle Gavaudan cadette », tout comme jadis leurs tantes à l'Opéra[11].

Afin d'éviter les malentendus, dans les livrets du Théâtre Feydeau les chanteuses de la famille Gavaudan sont souvent indiquées avec leurs noms et prénoms professionnels[12], mais il y a aussi des cas où l'on n'écrit que « Gavaudan cadette »[13]. Cependant, il s'agit très probablement d'Aglaë : pour Adélaïde l'appellation de « cadette » avait déjà été abandonnée dans les derniers livrets de l'Opéra après les adieux de sa sœur aux scènes (quand il n'y avait donc plus de risque de confusion); et il est concevable qu'au Théâtre Feydeau elle aurait été appelée par son prénom et son nom, comme on le faisait déjà pour sa sœur Émilie.

Après sa retraite, Adélaïde retourna probablement en Allemagne, où elle mourut à Hambourg en 1805[14].

Création

À l'Académie royale de musique

Notes

  1. Les données personnelles de la chanteuse sont conformes à celles indiquées dans le Dictionnaire de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime (article : « Gavaudan (la cadette), Marie-Françoise-Adélaïde », p. 804). Le site de l'Almanacco di Gherardo Casaglia lui attribue plutôt les noms d'Alexandrine-Adelaïde Gavaudan-Ducamel et d'Alexandrine-Adelaïde Gavaudan-Joinville, mais ils dérivent évidemment d'un mélange impropre entre la chanteuse elle-même et deux collègues contemporaines : sa belle-sœur Alexandrine-Marie-Agathe Gavaudan-Ducamel, soprano de l'Opéra-comique, et Suzane Joinville (1758 - 1804), soprano de l'Opéra de Paris qui avait fait ses débuts avec sa sœur Anne-Marie-Jeanne.
  2. Adélaïde serait née en 1762 selon (de) Karl-Josef Kutsch et Leo Riemens, Großes Sängerlexikon, Walter de Gruyter, (ISBN 978-3-598-44088-5, lire en ligne)
  3. Selon le Dictionnaire de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime, le nom du père aurait été Joseph, mais l'acte de baptême de Jean-Baptiste-Sauveur, disponible en ligne, atteste plutôt « Denis ».
  4. Le nom de la quatrième sœur Gavaudan, Jeanne-Marie-Émilie, dont nulle activité théâtrale n'est connue, figure dans l'acte de baptême de Bosquier-Gavaudan. L'« extrait des registres de l'église Notre-Dame-Des-Tables, à Montpellier », est rapporté (p. 296) en Edmond-Denis de Manne et Charles Ménétrier, Galerie historique des Comédiens de la Troupe de Nicolet : Notices sur certains acteurs et mimes qui se sont fait un nom dans les annales des scènes secondaires depuis 1760 jusqu'à nos jours, Lyon, Scheuring, (lire en ligne), « Jean-Sébastien-Fulchran Bousquier, dit Bosquier-Gavaudan (1776 – 1843) », p. 296-300
  5. Le 24 juillet, le « Journal de Paris » annonce pourtant que ce même jour, outre La belle Arsène, l'« Actrice nouvelle » jouera également un autre rôle de duègne (évidemment celui de Jacinte) dans Le Peintre amoureux de son modèle de Duni (no  205, Mercredi 24 Juillet 1782, Spectacles. Théâtre Italien, p. 842 [lire en ligne]).
  6. La Rosière républicaine aurait dû être jouée en 1793 sous le titre de la Raison, dont le livret est disponible sur Gallica - B.N.F [lire en ligne].
  7. Il s'agissait d'un « tripatouillage » (comme les appelait Émile Bergerat) en 5 actes où le texte original de Beaumarchais était joué en le mêlant aux airs, duos, trios et cœurs de Mozart retraduits en français (Félix Gaiffe, Le Mariage de Figaro, Amiens, Malfère, 1928, p. 129 [lire en ligne]). Un examen contemporain de ce spectacle se trouve sur « Affiches, annonces et avis divers, ou Journal général de France », Suhplément  [sic] du Vendredi 22 Mars 1793, Spectacle, pp. 1217-1218 [lire en ligne]
  8. France Marchal-Ninosque aussi, dans son récent article du Dictionnaire de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime, crédite la thèse du passage de la chanteuse au Théâtre Feydeau, de 1799 « au moins jusqu'en 1802 » (p. 804), mais sans vraiment citer aucune source significative

Références

  1. (en) « Family tree of Adélaïde Gavaudan », sur Geneanet (consulté le )
  2. Dictionnaire de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime : divers articles sur les membres de la famille Gavaudan (pp. 802 et suiv.).
  3. « Bulletin de la Société historique d'Auteuil et de Passy », sur Gallica, (consulté le )
  4. « Journal de Paris », no  201, Samedi 20 Juillet 1782, Spectacles. Théâtre Italien, p. 821 [lire en ligne].
  5. « Le Ménestrel », sur Gallica, (consulté le )
  6. a et b Représenté comme le troisième acte d'un « spectacle coupé » ou de « Fragments », comprenant l'acte du Feu de Destouches (à l'origine la troisième entrée du Ballet des Élemens) et Ariane, dans l'Isle de Naxos de Jean-Frédéric Edelmann (cf. livret original du spectacle [lire en ligne]).
  7. a b et c Fr. Marchal-Ninosque, « Gavaudan (la cadette), MarieFrançoise-Adélaïde », dans le Dictionnaire de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime, II, p. 804.
  8. cf. livret original [lire en ligne].
  9. cf. livret original [lire en ligne].
  10. Castor et Pollux : tragédie-lyrique, en cinq actes, représentée sur le Théâtre de la République et des arts (Le poëme est de Bernard. La musique est de Rameau), Paris, Roullet, An V de la République [lire en ligne]).
  11. Pougin (1875), « Une Dynastie de chanteurs », III, p. 157 e suiv.
  12. cf. Jean-Baptiste , opéra comique en prose et en un acte... paroles et musique du Cousin Jacques, Paris, Moutardier, 1798 [lire en ligne]
  13. cf. :
    • Marcelin, opéra en 1 acte et en prose; musique de Lebrun, Paris, Huet/Charon, An VIII (1800), où la « cadette » joue le rôle travesti minuscule, presque impensable pour Adélaïde, de Jacquinet, un jeune garçon fils du protagoniste [lire en ligne];
    • Ziméo, opéra en trois actes...Les paroles sont du cit. Lourdet de Santerre. La musique est du citoyen Martini, Paris, Magasin de rue des Prêtres St. Germain-l'Auxerrois, 44, An IX (1800), où la « cadette » chante en tant que coriphée [lire en ligne].
  14. Pitou, p. 241.
  15. « Phèdre - Spectacle - 1786 », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  16. « Les Horaces - Spectacle - 1786 », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  17. « Tarare - Spectacle - 1787 », sur data.bnf.fr (consulté le ).

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : documents utilisés comme source pour la rédaction de cet article :

  • Le Ménestrel, Paris, 1833-1940 (lire en ligne), lire en ligne sur Gallica,
    1872 : n°32, 7 juillet; n°33, 14 juillet; n°34, 21 juillet; n°35, 28 juillet; n°36, 4 aout lire en ligne.
  • Arthur Pougin, Figures d’Opéra-Comique : Mme Dugazon, Elleviou, la tribu des Gavaudan, Paris, Tresse, 1875, p. 143-157 [lire en ligne].
  • François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. Deuxième édition, tome 3, Paris, 1860-1881, 508 p. (lire en ligne), p. 428.
  • Sylvie Bouissou, Pascal Denécheau et France Marchal-Ninosque, Dictionnaire de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime : (1669-1791), t. II – D-G, Paris, Classiques Garnier, coll. « Dictionnaires et synthèses », , 935 p..
  • (en) Spire Pitou, The Paris Opéra : An Encyclopedia of Operas, Ballets, Composers, and Performers – Rococo and Romantic, 1715-1815, Westport/London, Greenwood Press, (ISBN 0-313-24394-8)

Liens externes