Le prélude à l'écriture complexe et audacieuse, est noble et pathétique. Il est suivi d'une double-fugue, la première du recueil, brillante et redoutable par son mouvement perpétuel à l'intense agitation.
Prélude
Le prélude, noté , totalise 62 mesures.
Développé sur trois pages parfaitement structurées, c'est un prélude de longueur exceptionnelle[1], « noble et pathétique, d'écriture complexe et audacieuse »[2]. Ses trois voix sont si mêlées qu'on ne distingue plus qu'une seule mélodie continue. C'est l'occasion pour le musicien d'exprimer des sentiments passionnés, « d'une intensité inégalable » et parmi les plus profondes exprimées par Bach[3]. Le dessin mélodique initial subit toute sorte de métamorphoses, alors que d'autres se fondent sur les premières notes de la basse (mesure 27)[4].
Fugue
Caractéristiques
3 voix — , 71 mes.
fugue en style de danse
⋅ 15 entrées du sujet
⋅ réponse réelle
La fugue à trois voix, est notée et totalise 71 mesures.
C'est une double-fugue, la première du cahier, portée par une gigue italienne[1] au mouvement perpétuel[3].
Le sujet est continu, comme dans certaines toccatas et deux fugues en la mineur (BWV 894 — également à et BWV 944). Au sein du Clavier, il n'y a que celles en mi mineur (volume I) et sol majeur (volume II)[5]. La contrepartie de ses sujets étant la monotonie, et cette fugue peut « encourir un tel reproche »[6].
Le second sujet (ou second contre-sujet tellement il est uni au sujet principal) est assez lisse. Il apparaît à la mesure 35, mais il avait été énoncé transformé en diminutions dès la mesure 27, et déjà présent à l'état d'ébauche à la basse (mesure 17) et au soprano (mesure 20)[6],[7].
Le sujet se trouve renversé à la mesure 24. Le second sujet présenté mesure 35 est combiné au premier mesure 48.
Sergueï Taneïev rend hommage à cette fugue en ut-dièse mineur, en reprenant la même mesure dans la fugue de son prélude et fugue opus 29 (1910)[12], dont le sujet est aussi ondoyant que celui de Bach.
Bibliographie
(en) Hugo Riemann (trad. de l'allemand par John South Shedlock), Analysis of J.S. Bach's Wohltemperirtes clavier [« Katechismus der fugen-komposition »], vol. 2, Londres, Augener & Co., (1re éd. 1891 (de)), 234 p. (lire en ligne)
(en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Study of its Aim, Historical Significance and Compiling Process, Leeds, University of Leeds, (OCLC246834603, lire en ligne [PDF])
(en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Critical Commentary, vol. 2 : All the extant manuscripts, Leeds, Household World Publisher, , 1033 p. (ISBN978-0-9521516-7-8, OCLC313150901, lire en ligne [PDF]), p. 57–62.
Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN2-221-05017-7), p. 215.