Michel Colombier

Michel Colombier
Michel Colombier en 1963. Photo d'identité (Sacem)
Fonction
Chef d'orchestre du Concours Eurovision de la chanson (d)
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Décès
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Michel Jean Pierre ColombierVoir et modifier les données sur Wikidata
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Michel Colombier et son orchestre (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Michel Colombier, né le à Lyon 7e[1] et mort le , à Santa Monica aux États-Unis, est un compositeur de musiques de film et arrangeur français.

Biographie

Enfance et formation

Michel Jean Pierre Colombier[2],[1] naît le , rue de Marseille dans le 7e arrondissement de Lyon, au sein d'une famille très mélomane[3],[4]. Sa mère se souvenait qu'à l'âge de deux ans, le tout jeune Michel pleurait d'émotion quand il entendait la musique de Jean-Sébastien Bach diffusée à la radio[5],[3].

Natif de Lyon et décédé en 1996[6], son père Pierre Colombier[3] a joué un rôle essentiel dans l'éducation du compositeur, même s'il n'a jamais voulu reconnaître la valeur du jazz ou de la musique pop[7]. Quittant son village à l'âge de 17 ans, ce dernier a d'abord gagné sa vie en tant que cordonnier[8],[9]. Il a ensuite travaillé dans une école de fabrication de souliers pour se payer des cours particuliers de violon afin de devenir lui-même un musicien professionnel[3]. Passionné de musique classique, Pierre Colombier a fini par intégrer le Conservatoire de Lyon, avant d'apprendre le trombone et d'être recruté par l'orchestre du Théâtre de la Sinne à Mulhouse en tant que tromboniste en 1948[3]. Fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale, il n'a pas pu voir grandir son fils, et quand il revint de captivité en , il commença d'abord par vérifier si le jeune Michel, âgé de six ans, avait l'oreille absolue[3]. Persuadé qu'il deviendra un brillant musicien, il lui enseigne le piano en l'astreignant à une discipline particulièrement sévère : le futur compositeur devait jouer trois heures les jours d'école et pas moins de huit heures chaque jeudi et tous les dimanches[3]. En plus du piano, son père lui apprend également le contrepoint, l'harmonie et la direction d'orchestre, sans oublier l'art du plain-chant, ainsi que d'autres instruments comme l'orgue liturgique et le trombone[3],[10]. Le garçon suivra tout de même un cursus plus académique en intégrant durant un an le conservatoire Huguette Dreyfus de Mulhouse à l'issue duquel il obtient un premier prix de piano[3]. En dehors de Jean-Sébastien Bach, il est particulièrement sensible à l'esthétique romantique de Frédéric Chopin, un compositeur qui va beaucoup l'influencer[11]. Dès l'adolescence, Michel Colombier s'intéresse aussi à l'improvisation puis, quelques années plus tard, il se passionne pour le jazz et commence à écrire ses premiers arrangements pour des combos et des big bands[3],[10],[12].

En 1958, juste après son service militaire, il entre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe supérieure de piano d'Aline van Barentzen[13]. Mais à cause de ses absences répétées et de son peu d'enthousiasme pour les cours, il est renvoyé deux ans plus tard[14],[13].

Débuts comme pianiste et arrangeur (1960-1963)

Portrait de profil en noir et blanc de Michel Magne en 1980
Portrait de trois quarts en noir et blanc d'Eddie Barclay en 1954
Il fut l'assistant de Michel Magne (à gauche) qui le présenta à Eddie Barclay (à droite) dont il devient le directeur musical en 1962.

En 1960, après son exclusion du conservatoire, Michel Colombier fait ses débuts comme pianiste à Paris dans des combos de jazz ainsi que dans le big band du percussionniste Benny Bennet[13]. À cette époque, il accompagne aussi l'humoriste Raymond Devos et fait même un arrangement sur un titre du super 45 tours Le Disque officiel des 6 jours, enregistré l'année suivante par le compositeur et accordéoniste Francis Lai. Il joue parfois dans une discothèque située au rez-de-chaussée des studios Barclay et dans le cabaret Au Pichet du Tertre situé place du Tertre dans le quartier de Montmartre[15]. C'est dans ce lieu très prisé de la faune artistique qu'il retrouvera son ami harpiste Jean-Claude Dubois, un ancien camarade de conservatoire, qui fondera une dizaine d'années plus tard, le Studio de la Grande Armée[15].

Grâce à Jean-Claude Dubois, il parvient à décrocher en un poste de pianiste-répétiteur pour un spectacle du compositeur Michel Magne à l'Olympia[16],[17]. Ce dernier, charmé par les idées audacieuses et le dynamisme du jeune homme, l'embauche d'abord comme pianiste puis comme assistant[20] afin qu'il puisse l'aider dans les arrangements de ses musiques de films[21]. En , il réalise son premier travail pour le cinéma en assistant Magne pour les orchestrations de la bande originale de Gigot, le clochard de Belleville réalisé par Gene Kelly et dont les thèmes musicaux avaient été composés par Jackie Gleason[21],[22]. L'année suivante, il élabore les arrangements de nombreuses bandes originales de films populaires comme, entre autres, Un singe en hiver de Henri Verneuil ou Le Repos du guerrier de Roger Vadim[8]. Ce dernier film comportait un thème néo-classique inspiré de la Passion selon saint Jean de Bach et un autre thème nettement plus moderne lorgnant du côté de l'esthétique jazz bebop[21],[25].

Puis, en , Michel Magne présente Colombier à son vieil ami Eddie Barclay qui le recrute très vite comme directeur musical pour sa maison de disques[21],[8]. À seulement vingt-trois ans, le jeune musicien, qui a arrêté sa collaboration avec Magne, a alors l'opportunité de réaliser les arrangements et orchestrations de The Time is Now, un album anglophone de Charles Aznavour produit par Quincy Jones et destiné au marché américain[26],[27]. Multipliant les expériences, il travaille pour des artistes aussi différents que Jean-Jacques Debout[28], Sacha Distel[29], Danyel Gérard[29] ou la chanteuse de jazz Chris Connor pour son album A Weekend in Paris, enregistré en 1963[28].

Premières collaborations d'un « homme de l'ombre » (1963-1970)

Avec Serge Gainsbourg

Portrait colorisé de Serge Gainsbourg souriant lors d'un passage en Italie.
Son travail pour Serge Gainsbourg contribuera à sa renommée.

En 1963[28], l'arrangeur et chef d'orchestre Alain Goraguer décide de stopper sa collaboration avec Serge Gainsbourg, en lui recommandant de prendre contact avec Michel Colombier[28] : « Je lui ai conseillé un jeune type très doué […] à l'aise dans la chanson comme dans la musique de film »[30].

De culture plus « pop » que son prédécesseur, Colombier permettra à Gainsbourg de se débarrasser de son étiquette de chanteur « rive gauche » et de toucher un public plus large[31]. Il débute sa collaboration en écrivant en 1963 les arrangements de la musique du film Comment trouvez-vous ma sœur ? de Michel Boisrond, puis il réalise un important travail d'orchestration pour habiller les chansons de Gainsbourg pour plusieurs émissions de variété dont, entre autres, le Sacha Show[32]. On lui doit aussi les arrangements de plusieurs succès de Brigitte Bardot comme Harley Davidson, Contact et Bonnie and Clyde [33]. Il sera également le maître d'œuvre de la première mouture du sulfureux Je t'aime… moi non plus[14],[33].

À partir de 1966, Colombier et Gainsbourg décident d'unir leurs talents de compositeurs en co-signant plusieurs bandes originales de films comme Carré de dames pour un as de Jacques Poitrenaud ou L'Espion de Raoul Lévy, puis ils imaginent un thème instrumental pour L'Horizon de Jacques Rouffio, qui deviendra la célèbre chanson Élisa[33]. Parmi leurs nombreuses productions, se détachent les partitions écrites pour Le Jardinier d'Argenteuil de Jean-Paul Le Chanois et la comédie musicale télévisuelle Anna de Pierre Koralnik, arrangée par Colombier[34],[33]. En 1968, les deux hommes écrivent le Requiem pour un con, une chanson extraite du film Le Pacha de Georges Lautner, dont le breakbeat marquera plusieurs générations de musiciens, notamment dans le hip-hop et la pop internationale[19],[14]. La même année, ils signent la bande originale de Manon 70 de Jean Aurel qui constitue sans doute l'un des sommets de leur collaboration[33],[19]. Partition symphonique au lyrisme morose teinté parfois d'un subtil impressionnisme, Manon 70 sera totalement écourtée au mixage et il n'en restera qu'un infime fragment dans le film[36],[39]. Néanmoins, Gainsbourg conservera la chanson titre Manon (prévue initialement pour le générique de fin et qu'il interprète lui-même[35]) qui figurera sur l'album Jane Birkin - Serge Gainsbourg publié l'année suivante chez Fontana Records[40].

En fin d'année 1968, après un dernier travail en commun sur le loufoque Mister Freedom de William Klein[34] (qui sort sur les écrans en janvier de l'année suivante), Michel Colombier décide d'arrêter leur collaboration afin de privilégier sa carrière personnelle[33]. Par la suite, les deux hommes resteront amis, Gainsbourg écrira deux textes pour le premier album solo de Colombier[33], et les spectateurs retrouveront même leurs deux signatures à l'occasion de la revue Zizi je t'aime de Roland Petit avec Zizi Jeanmaire en 1972[41],[42].

Interrogé avant sa mort par Stéphane Lerouge, le compositeur déclara :

« Nos qualités respectives étaient vraiment complémentaires : sur la toile, Serge ébauchait le dessin, traçait les lignes, dressait les perspectives ; puis j'arrivais pour y rajouter les couleurs. Nous nous stimulions l'un et l'autre »[35]

— Michel Colombier, Livret du CD Manon 70.

Avec Barbara

Portrait en noir et blanc de Barbara derrière son piano lors du Grand Gala du Disque Populaire en 1968.
La chanteuse Barbara à l'époque où Michel Colombier était son chef d'orchestre.

Dans les années 1960, Michel Colombier est encore un « homme de l'ombre »[43] mais sa personnalité s'affirme[44], et sa maîtrise des arrangements est de plus en plus recherchée par un nombre croissant de chanteurs et d'interprètes[45].

Le , à l'occasion de la 36e édition du Gala de l'Union des artistes à l'opéra Garnier, Colombier fait la rencontre de la chanteuse Barbara après qu'elle ait interprété Yesterday des Beatles accompagnée par une chorale en robe de bure[46]. Barbara lui propose alors de travailler pour elle, et dès l'année suivante, il devient son arrangeur et chef d'orchestre lors de ses concerts à l'Olympia, ainsi que sur les albums Ma plus belle histoire d'amour et Le Soleil noir[45]. Pour ce dernier disque, Barbara accepte même de chanter Plus rien, un de ses textes qu'il a mis en musique[47].

Pour son onzième album de 1970, Barbara a besoin d'un titre supplémentaire afin de graver le disque, elle déniche alors un morceau plus ancien qu'elle avait enregistré sur une cassette qu'elle donne à son chauffeur. Ce dernier l'apporte à Colombier en lui disant : « il faut que vous en fassiez un tube. La patronne en a besoin »[46]. Le morceau deviendra le fameux L'Aigle noir et donnera son titre à un album qui sera également orchestré et dirigé par le compositeur[45].

Barbara devient une amie intime du musicien[48], et elle lui confie l'année suivante le soin d'orchestrer La Fleur d'amour, puis Seule au début de la décennie suivante.

Colombier n'avait que des louanges à son sujet :

« Le talent de Barbara est inclassable, incomparable […] ce fut une collaboration merveilleuse. [Elle] me laissait carte blanche. En général, elle était toujours d'accord avec ce que je lui proposais. »[46]

— Michel Colombier, Propos recueillis par Valérie Lehoux dans Chorus no 23.

Au cinéma, pour le ballet et le théâtre

En plus de ce travail d'arrangeur, Michel Colombier se lance dans l'écriture de bandes originales pour des films comme L'Amour avec des si de Claude Lelouch (pour lequel il arrange une musique de Danyel Gérard)[49], Coplan, agent secret FX 18 de Maurice Cloche, et L'Arme à gauche de Claude Sautet (les deux co-composés avec Eddie Barclay), ou encore Une souris chez les hommes de Jacques Poitrenaud (avec Guy Béart)[32]. Il travaille également pour le cinéma transalpin en composant la musique du film Un monde nouveau de Vittorio De Sica[32].

Puis il collabore avec le compositeur de musique concrète Pierre Henry sur la Messe pour le temps présent de Maurice Béjart, une création chorégraphique pour laquelle il imagine quatre jerks électroniques, dont le célèbre Psyché Rock qui marquera de son empreinte la scène techno[19] et des DJ comme Fatboy Slim (qui en fera une version remix)[45],[27],[50]. Colombier écrira par la suite plusieurs autres musiques de ballets, entre autres pour les danseurs et chorégraphes Jean Babilée[14], Mikhaïl Barychnikov (à partir du milieu des années 1980)[49] puis Twyla Tharp à New York[45],[42], sans oublier des travaux pour le théâtre comme sa version modernisée de la musique de scène qu'avait écrite Jean-Baptiste Lully pour Le Bourgeois gentilhomme de Molière, dans une nouvelle mise en scène de Jean-Louis Barrault à la Comédie-Française en [51].

Autres collaborations et premier disque solo

Parallèlement à ses travaux pour Serge Gainsbourg et Barbara, il est contacté par Charles Trenet afin d'orchestrer huit titres de l'album Rachel, dans ta maison[52] publié chez Barclay en 1966[45]. Cette même année, il concocte des arrangements très pop pour le disque Maman j'ai peur[53] du duo Brigitte Fontaine et Jacques Higelin[54], et contribue aussi à moderniser le son des EP Saucisson de cheval[55] et L'été où est-il ?[56] du fantaisiste Boby Lapointe[57]. Le titre Saucisson de cheval atteindra d'ailleurs la 13e place dans les hit-parades de l'époque[57].

Il arrange par ailleurs de très nombreux disques d'artistes à succès comme, entre autres, Dalida[29], Pascal Danel[29] (pour diverses chansons des années 1960 comme celles du EP Avec un bout de crayon[58]), France Gall[29], Juliette Gréco[29], Gérard Lenorman[59], Guy Marchand[59] ou Dario Moreno[59]. Il mettra également son talent au service de chanteuses nettement moins connues telles que Agnès Loti[59], Marjorie Noël[59] ou Mary Christine[59] (Tchad) (pour une poignée de titres enregistrés dans les années 1964-65 dont le EP C'est l'amour qui veut ça[60]). Il signe aussi les orchestrations de deux chansons de Claude Nougaro sur son album Petit Taureau en 1967[61], dont la fameuse chanson titre[62], avant de le retrouver sur le disque Pacifique en 1989[62].

En plus de ses prestations en tant que chef d'orchestre pour l'Eurovision[63],[64] ou à l'occasion des émissions de variétés à l'ORTF[65], la fin des années 1960 marque une étape importante dans l'itinéraire de Michel Colombier qui sort son premier album en solo Capot pointu, publié en 1969 par la maison de disques La compagnie[66]. Ce disque offre un aperçu de toutes les facettes du musicien et propose un contenu éclectique qu'il a toujours revendiqué : « je ne suis pas complètement un homme de jazz, ni de rock, ni de classique mais un peu tout à la fois »[67].

Installation temporaire aux États-Unis (1970)

Michel Colombier, qui avait déjà réalisé des orchestrations pour la chanteuse Petula Clark[68], est invité en fin d'année 1968 par cette dernière afin de l'accompagner en tant que directeur musical à Los Angeles, pour un spectacle destiné à la chaîne de télévision NBC[69],[42]. Mais pour des raisons familiales, le compositeur doit rester plus de temps que prévu aux États-Unis où il travaille là-bas en tant qu'arrangeur pour des interprètes américains comme Paul Anka[59], et surtout en écrivant ses premières musiques pour la télévision et le cinéma américain[69]. En 1970, il signe notamment la bande originale du film de science fiction Le Cerveau d'acier réalisé par Joseph Sargent[10]. Il fait aussi des orchestrations pour Liza Minnelli[59], et arrange trois titres de l'album Sunflower du groupe californien The Beach Boys[70].

Wings (1971)

Portrait en noir et blanc de Petula Clark sur scène à Zurich en février 1966
Portrait en noir et blanc de trois-quarts de Herb Alpert le 17 septembre 1974
La chanteuse Petula Clark (à gauche) le présente à Herb Alpert (à droite), l'un des co-fondateurs de A&M Records.

Après que Colombier ait dirigé l'orchestre de Petula Clark sur le show télévisé The Brass Are Comin' du trompettiste Herb Alpert, la chanteuse le présente à ce dernier, et les deux hommes deviennent très rapidement les meilleurs amis du monde[69],[68]. Herb Alpert découvre dans la foulée son premier album Capot pointu et propose à son associé Jerry Moss (co-fondateur avec lui du label A&M Records) de produire un nouveau disque métissant de la même façon musique symphonique, jazz rock et musique pop mais avec des moyens plus importants[69]. Pour la première fois de sa carrière, Colombier a « carte blanche » et un budget quasi illimité pour déployer toute sa créativité musicale[5]. Il lui faut plusieurs mois pour trouver l'inspiration et écrire la musique de cet album très ambitieux qui prendra le titre de Wings (« ailes »)[71]. L'enregistrement aura en partie lieu à Paris avec plus de cent musiciens (cordes, bois, cuivres et percussions), auxquels s'ajoutent des chœurs[71] et de nombreux invités comme le chanteur Paul Williams (futur compositeur du fameux Phantom of the Paradise de Brian De Palma) qui signe toutes les paroles des chansons[72], mais aussi Bill Medley et même le trio à cordes du violoniste de jazz Jean-Luc Ponty[73].

L'album Wings se vendra peu, mais connaîtra un grand succès critique sur le plan international[71]. Parfois qualifiée de « symphonie pop »[27],[50], l'œuvre obtiendra même le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros en 1971[2]. Certaines chansons comme All in All ou We Could Be Flying seront reprises par plusieurs interprètes[74], dont le chanteur anglo-saxon Scott Walker[75]. Quant au morceau instrumental Emmanuel, l'avant-dernier titre de l'album, il servira d'indicatif[76] pour le premier générique d'ouverture et de fermeture d'antenne de la chaîne de télévision Antenne 2, diffusé de 1975 à 1983[77]. Inspiré de l'adagio du Concerto pour hautbois en ré mineur d'Alessandro Marcello[77], il accompagne les images d'un film d'animation d'une minute vingt-neuf secondes réalisé par Jean-Michel Folon, représentant des « bonshommes volants », apparaissant, puis disparaissant dans un ciel étoilé[76]. Michel Colombier a intitulé cette musique Emmanuel en souvenir de son fils mort en bas âge[14],[79].

Collaborations avec Jean-Pierre Melville et Philippe Labro (1971-1975)

En 1971, Michel Colombier rentre en France. Il est alors contacté par le réalisateur Jean-Pierre Melville qui cherche un nouveau compositeur pour son prochain long-métrage[68]. Le musicien lui fait écouter la bande magnétique de son album Wings que le cinéaste trouve « remarquable »[80]. Puis ce dernier le recrute pour écrire la musique de son film Un flic qui sort en 1972[68]. Très influencée par le jazz, cette bande originale est essentiellement composée de pistes atmosphériques à la limite de l'abstraction[81],[82] qui sont à peine audibles dans le film[84],[85]. La partition comporte aussi le morceau Un monsieur distingué, qui emprunte à la piste Emmanuel de Wings ses couleurs orchestrales et un phrasé de hautbois particulièrement mélancolique[81],[19],[65], sans oublier la chanson C'est ainsi que les choses arrivent, que l'on entend dans le générique de fin et dont les paroles ont été signées par Charles Aznavour[86],[87].

Portrait de trois-quarts de Philippe Labro en smoking posant pour la séance photos du Festival automobile international en 2012.
Le compositeur a travaillé à trois reprises pour le réalisateur Philippe Labro.

Jean-Pierre Melville le recommande ensuite à son jeune ami Philippe Labro qui avait précédemment réalisé Sans mobile apparent[68]. Labro rencontre Colombier, puis il lui confie la musique de son troisième long-métrage L'Héritier. Pour ce film, le cinéaste désirait que le musicien écrive une partition qui reflète la personnalité à la fois puissante et fragile de l'homme d'affaires Bart Cordell, joué à l'écran par Jean-Paul Belmondo[88]. Le courant passe très rapidement entre les deux hommes : ils sont de la même génération et apprécient tous deux le rock et le mode de vie américain[88].

La bande originale de L'Héritier se compose de « coups de poing » musicaux[83], qui oscillent entre un thème de jazz planant joué aux claviers[82] et des riffs violents de cuivres accompagnés par une rythmique puissante propulsée par la basse du jeune Jannick Top (alors débutant) et la guitare électrique de Claude Engel[88],[89]. Le film obtient un vif succès public[88], et fort de cette réussite, Labro fait encore appel à Colombier pour Le Hasard et la Violence dont la partition lyrique à base de cordes est très différente de celle de L'Héritier[88]. Malgré une chanson de générique interprétée par le chanteur italien Drupi (très populaire à cette époque), Le Hasard et la Violence est un échec, mais Labro confiera tout de même à Colombier la musique de L'Alpagueur, son long-métrage suivant qui met à nouveau en vedette Belmondo[88]. La musique de ce film est plus percussive et repose, comme celle de L'Héritier, sur un thème très énergique écrit dans un style rock[82]. Après L'Alpagueur, qui a rencontré un succès mitigé, Philippe Labro se détourne du monde du cinéma pour plusieurs années et les deux hommes se perdent de vue[88].

Entre temps, en , le compositeur fait la rencontre de Jacques Demy et commence à écrire le mois suivant la musique d'un projet de film musical qui deviendra Une chambre en ville[90]. Il écrit également la bande originale des Onze Mille Verges, un film érotique de Éric Lipmann d'après Guillaume Apollinaire, qui sortira en 1975.

Installation définitive à Los Angeles (1975)

Au printemps 1975[91], Michel Colombier décide de s'installer définitivement dans la ville de Los Angeles[92],[19], après que d'autres compositeurs de musique de film comme Maurice Jarre ou Michel Legrand aient sauté le pas quelques années avant lui[92],[9]. À l'époque, le musicien rencontrait des difficultés conjugales et vivait « des moments difficiles » dans son pays natal. Il a tout naturellement profité des opportunités que lui offrait l'industrie du cinéma hollywoodien pour s'« en échapper »[93] et entamer une seconde carrière[91].

Le compositeur éprouvait aussi le besoin de mieux vivre de son métier en déplorant le peu de moyens mis à la disposition des musiciens de cinéma en France dans les années 1970, comparé aux meilleures conditions de travail octroyées par les studios américains[94].

Retour aux arrangements et troisième album solo (1976-1980)

À partir de la fin des années 1970, Michel Colombier revient de plus en plus rarement en France[92], mais il réalise de nombreuses orchestrations pour des artistes de variétés internationaux. Il écrit notamment les arrangements de l'album Even in the Quietest Moments... (1977) du groupe Supertramp[65], puis fait la rencontre du chanteur Michel Polnareff, lui aussi installé depuis plusieurs années à Los Angeles[95], et pour qui il orchestre la chanson-titre de l'album Coucou me revoilou (1978)[65]. Deux ans plus tard, Colombier retravaillera avec Polnareff, sous le pseudonyme de Michael Dove, sur l'album Ménage à trois également enregistré à Los Angeles avec des musiciens de studio locaux[65].

En 1979, il enregistre son troisième album solo sobrement intitulé Michel Colombier, et publié par Chrysalis Records, avec des vedettes du jazz comme le claviériste Herbie Hancock, les guitaristes Larry Carlton et Lee Ritenour, le bassiste Jaco Pastorius, le saxophoniste Michael Brecker, sans oublier l'Orchestre symphonique de Londres[96]. Plus ancré dans son époque que Wings[96], le disque se compose essentiellement de pistes jazz-funk, entrecoupées parfois de morceaux symphoniques[65].

Une chambre en ville (1981-1982)

Vue en plan large de la Maison de la Mutualité à Paris en 2018.
La musique symphonique du film Une chambre en ville a été enregistrée au Palais de la Mutualité.

Après avoir réalisé les arrangements de l'album Seule (1981) de son amie Barbara ; Michel Colombier orchestre pendant l'hiver 1981-1982[97] l'ambitieuse partition du film musical Une chambre en ville tourné par Jacques Demy, avec qui il avait travaillé durant un an au cours de la décennie précédente[98], après le refus de Michel Legrand d'en écrire la musique[90]. Puis il l'enregistre à Paris en [97], en grande partie au Palais de la Mutualité où s'effectue la prise de son de l'orchestre symphonique dirigé par Colombier lui-même[96].

Considéré par plusieurs spécialistes comme le chef d'œuvre de la carrière filmique de Michel Colombier[99],[100],[101],[9], Une chambre en ville propose une musique variée balançant entre envolées symphoniques marquées par l'opéra romantique italien et chansons influencées par la musique pop[102], mais ses dissonances et l'âpreté de ses cassures rythmiques ont désarçonné les spectateurs plus habitués aux mélodies séduisantes d'un Michel Legrand[100].

Malgré un accueil critique particulièrement enthousiaste, le mélodrame désenchanté de Demy est un échec public retentissant[103]. Interrogé en 2001 par Christophe Conte, le musicien prendra cependant la chose avec philosophie :

« Une chambre en ville a été un film incompris, les gens pensaient qu'il n'était question que de grèves. […] En même temps, il y a eu cette défense du film très touchante par […] les intellectuels à l'époque, on parlait de la profondeur de ma musique, et finalement […] je m'en sortais plutôt bien. »[104]

— Michel Colombier

Dernier album solo (1983)

En 1983, il prolonge l'esprit jazz fusion de Wings en élaborant son quatrième et dernier album solo Old Fool Back On Earth, qui est publié la même année sous la forme d'un double 33 tours par Columbia Records. Ce disque fait intervenir à nouveau l'Orchestre symphonique de Londres avec des solistes américains comme le saxophoniste Ernie Watts[96], et propose aussi plusieurs pièces appartenant plus spécifiquement à la musique classique comme les pistes Dolorosa[105], Nightbird[105] ou Nuit et solitude (un nocturne post-romantique[106], qui sera créé sous une forme concertante par le trompettiste Thierry Caens à Lyon en 2004[107]).

Moins connu que Wings, Old Fool Back On Earth va pourtant marquer plusieurs musiciens dont Michel Magne, l'ancien maître de Michel Colombier, qui lui écrira une lettre lui disant toute l'admiration qu'il portait à cette œuvre qui le rendait « jaloux comme un tigre », tout en lui donnant envie de composer à nouveau[108],[110]. Un autre admirateur de cet album, Maurice White, fondateur et leader du groupe Earth, Wind and Fire, contacte Colombier pour qu'il participe à l'écriture de leur album Electric Universe qui sortira la même année[78].

Un « Funky Frenchman » à Hollywood (1984-1999)

Portrait de Maurice White avec Earth, Wind, and Fire lors d'un concert à Rotterdam en 1982
Portrait en pied de Prince avec une guitare dans le dos lors d'un concert en Irlande en 2007
C'est grâce à Maurice White (à gauche), qu'il participe à la bande originale du film Purple Rain avec Prince (à droite).

Selon ses proches mots, Colombier travaillait en France « à la bonne franquette » et lorsqu'il s'est installé aux États-Unis, il a découvert un univers beaucoup plus organisé[68]. Le compositeur estimait qu'en plus du fait d'être de nationalité française, les Américains appréciaient son « côté inclassable » et son éclectisme[94]. Il affirmait aussi avoir d'excellents rapports avec les musiciens afro-américains car ceux-ci trouvaient, entre autres, qu'il avait « un bon sens de la rythmique »[94] ; ce qui lui vaudra d'être qualifié de « Funky Frenchman » (un « Français funky »)[82],[78],[42].

En 1984, il débute une collaboration avec le chanteur espagnol Julio Iglesias[111], et participe à l'album Emotion (en)[112] de Barbra Streisand grâce à l'appui de Maurice White[78]. Et c'est encore par l'intermédiaire de ce dernier que Colombier écrit la très grande majorité de la musique instrumentale[115] du film Purple Rain, mettant en scène le célèbre chanteur Prince (qui en signe toutes les chansons)[78],[82]. La même année, il co-écrit, avec le guitariste Larry Carlton, la bande originale souvent mélancolique du film Contre toute attente de Taylor Hackford[82]. L'année suivante, le même réalisateur lui confie aussi la musique du drame Soleil de nuit, pour lequel il fait une adaptation orchestrale de la Passacaille et fugue en do mineur de Jean-Sébastien Bach, pour illustrer le ballet Le Jeune Homme et la Mort[116] au début du film[11].

À partir du milieu des années 1980, il va signer de nombreuses bandes originales de films et téléfilms, dotés souvent de budgets élevés, mais dont très peu étaient de qualité[117]. Mais il se montre autant à l'aise dans des comédies comme Golden Child ou Y a-t-il quelqu'un pour tuer ma femme? que dans des thrillers comme Dernière Limite, ou bien dans des séries d'épouvante comme Les Contes de la crypte[82]. Parallèlement, il n'oublie pas qu'il est aussi un musicien de tradition classique, notamment en orchestrant plusieurs pièces de compositeurs comme Debussy, Fauré ou Stravinsky pour le saxophoniste soprano Branford Marsalis et l'ensemble English Chamber Orchestra en 1986[96],[118].

Contacté par des producteurs de la société Warner Brothers pour écrire la partition très funky[82] du film d'action New Jack City (1991), il sympathise avec son réalisateur Mario Van Peebles[119] qui l'engage également sur La Revanche de Jesse Lee (1993)[78], un western dont la bande originale comporte, quant à elle, un important orchestre symphonique pour les scènes les plus spectaculaires, auquel s'ajoutent des sons synthétiques et un hymne traduit dans plusieurs langues africaines[119].

Dernières années et redécouverte (2000-2003)

Photo en couleur du groupe Air avec leurs instruments en concert à Londres en 2010.
Le groupe Air collabore avec le musicien peu avant sa mort.

À partir des années 2000, il est redécouvert par plusieurs producteurs et artistes plus jeunes qui n'hésitent pas à le solliciter. En 2000, c'est notamment lui qui se charge des arrangements de cordes sur le single Don't Tell Me, extrait de l'album Music de Madonna, qu'elle co-produit avec Mirwais[120]. Le compositeur gardera une immense fierté d'avoir été choisi par Madonna[24]. La star fera aussi appel à lui pour écrire la musique de la comédie romantique À la dérive (2002) de Guy Ritchie, dans laquelle elle joue le rôle principal. Même si ce remake du film italien Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été de Lina Wertmüller est un échec cuisant, sa bande originale, qui évoque le flux et le reflux des vagues méditerranéennes fait partie des réussites du compositeur qui renoue ici avec sa veine la plus classique[121]. Parallèlement, Madonna lui confie également les arrangements de cordes de son album American Life[65],[14].

En 2001, un des producteurs des studios Paramount lui offre l'opportunité de travailler sur la musique de la série télévisée Largo Winch d'après un personnage imaginé par Jean Van Hamme, qui avait déjà donné lieu à des romans et des bandes dessinées très populaires[122],[29].

Lors d'un passage à Los Angeles, le compositeur français Christophe Chassol l'appelle par téléphone pour lui demander conseil sur les techniques d'écriture musicale[123]. Puis, en 2003, c'est Nicolas Godin, grand admirateur de la bande originale de L'Héritier et membre du groupe français Air, qui cherche à retrouver un son de trombone typique de Colombier pour leur prochain disque[65]. Le groupe contacte ensuite le compositeur qui, après écoute, accepte de participer à leur album Talkie Walkie[65]. Au final, il a non seulement composé tous les arrangements de cordes présents sur l'enregistrement, mais également joué du piano sur le titre Biological[29].

Décès et hommages

Il meurt à son domicile le à Santa Monica des suites d'un cancer, alors qu'il n'avait que 65 ans[59],[9], et est inhumé au Westwood Village Memorial Park Cemetery[124].

Le quotidien Le Monde rapporte qu'avant sa mort, il avait réalisé ses dernières orchestrations pour cordes pour l'album Let's Bottle Bohemia du groupe de rock irlandais The Thrills[125], et venait d'achever un Concerto pour deux pianos et orchestre, destiné aux concertistes Katia et Marielle Labèque[14].

Quelques jours plus tard, l'hebdomadaire Courrier international publie plusieurs hommages de la presse américaine dont le Los Angeles Times qui indique qu'il était considéré comme « le parrain de la fusion française », grâce à sa grande faculté d'adaptation[126]. Jean-Claude Dubois, fondateur du Studio de la Grande Armée, a salué quant à lui, un « musicien d'exception, très en avance sur son temps »[127].

Vie privée

Il a six enfants, issus de différentes unions. À sa mort, il lègue intégralement son héritage à sa dernière épouse et à ses deux dernières filles par un trust familial, un partage possible par la loi californienne. Les quatre autres enfants contestèrent cette disposition et utilisent les moyens judiciaires pour percevoir la réserve héréditaire. Ils sont déboutés par la Cour de cassation en 2017, marquée par l'évolution du droit sur ce sujet. La procédure influence aussi celle concernant Maurice Jarre[128].

Discographie

(hors musique de films)

Filmographie

Cinéma

Longs métrages

Courts métrages

Télévision

Téléfilms

Séries télévisées

Notes et références

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  19. a b c d e f et g Conte 2018, p. 48.
  20. Plutôt qu'assistant, il affirmait avoir été son « nègre » dans plusieurs de ses interviews[18],[19],[9],[8].
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  25. Ces deux thèmes ont fait l'objet à l'époque d'une publication sur le 45 tours de la bande originale du film[23]. Interrogé par Philippe Monthaye dans le magazine Cinéfonia, l'historien de la musique de film Stéphane Lerouge a expliqué que Michel Colombier avait envoyé à son père un exemplaire de ce disque, mais que ce dernier avait collé un bout de ruban adhésif sur la surface correspondante au titre jazz afin de ne pas pouvoir l'écouter. Preuve de son refus absolu d'accepter que la musique puisse évoluer et se moderniser[24],[21].
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  35. a b et c Livret du CD Manon 70, Serge Gainsbourg / Michel Colombier, 2007, Stéphane Lerouge, EmArcy Records, 530 394-6.
  36. Malgré une approbation de principe, Jean Aurel était en désaccord profond avec Serge Gainsbourg sur l'esthétique musicale de la bande originale. Sans l'avertir, il a préféré utiliser des extraits de concertos d'Antonio Vivaldi à la place de l'ambitieuse partition orchestrale d'une demi-heure ciselée par Colombier[35].
  37. « Bulletin de déclaration "Manon 70" », sur musee.sacem.fr, (consulté le ).
  38. Rémi Foutel et Julien Vuillet, Jean-Claude Vannier : L'arrangeur des arrangeurs, Le mot et le reste, (ISBN 978-2360545117), p. 131.
  39. Concernant la musique de Manon 70, et même si le bulletin de déclaration Sacem[37] mentionne les deux co-compositeurs, Michel Colombier avait confié à Stéphane Lerouge (au début des années 2000) qu'il avait à lui seul composé intégralement la partition car Gainsbourg était à l'époque en pleine rupture avec Brigitte Bardot[38].
  40. (en) « Jane Birkin - Serge Gainsbourg », sur Discogs.
  41. En réalité, le biographe Frédéric Régent, spécialiste de l'œuvre de Serge Gainsbourg, avait indiqué que Michel Colombier avait composé les partitions de la revue avant leur séparation[33].
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  43. Interrogé par Christophe Conte en 2001, il n'hésitait pas à revendiquer : « Je me suis fait à l'habitude de rester dans l'ombre […] le manque de notoriété ne m'a jamais frustré. […] Mon père avait des principes très stricts, […] il disait que l'artiste est au service de l'Art et non l'inverse »[19].
  44. Rémi Foutel et Julien Vuillet, Jean-Claude Vannier : L'arrangeur des arrangeurs, Le mot et le reste, (ISBN 978-2360545117), p. 115.
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  47. Alain Wodrascka (préf. Jacques Higelin, William Sheller), Barbara : Parfums de femme en noir, éditions Didier Carpentier, (ISBN 978-2841675104), p. 284.
  48. Il confiera à la journaliste Valérie Lehoux que la chanteuse l'avait aidé, lui et sa femme, lors de la mort de son très jeune fils en s'occupant de toutes les formalités et en choisissant elle même le cimetière où l'enfant a été inhumé[46].
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  79. Le , le compositeur avait confié à Gérard Dastugue :

    « Quand j'ai fait Wings, j'ai eu tout à coup cette inspiration d'une musique très pure avec ce solo de hautbois. J'ai perdu un de mes fils à l'âge de cinq ans et j'ai donc dédié le morceau à sa mémoire ; il porte son nom : Emmanuel. »[78]

    — Michel Colombier

  80. Melville précisait toutefois qu'il trouvait l'album remarquable « dans le sens étymologique du mot »[68].
  81. a et b Livret du CD L'Ainé Des Ferchaux / Un Flic, Georges Delerue / Michel Colombier, 2013, Stéphane Lerouge, EmArcy Records, 372 086 3, p. 7.
  82. a b c d e f g et h Hischak 2015, p. 134.
  83. a et b Lacombe et Hennebelle 1975, p. 15.
  84. Interrogé par Alain Lacombe quelques années plus tard, le compositeur avait indiqué avoir écrit « beaucoup de musique » que les spectateurs n'entendaient pas, car le cinéaste l'avait délibérément sous-mixée dans le montage final[83].
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  116. Dansé par Mikhail Baryshnikov, le ballet de Roland Petit est montré au tout début du film, mais Michel Colombier a complètement ré-arrangé la première orchestration initiale, due à la plume de Respighi, de la Passacaille et fugue en do mineur de Bach[114],[105].
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  122. Conte 2018, p. 402-403.
  123. Gilles Médioni, « Christophe Chassol: "Mon projet avec Laurie Anderson sur le 11 septembre" », L'Express,‎ (ISSN 2491-4282, lire en ligne Accès payant).
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Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Ouvrages

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  • Gérard Dastugue, « Entretien avec Michel Colombier », dans Jérôme Rossi (dir.), La musique de film en France : courants, spécificités, évolutions, Symétrie, (ISBN 978-2-914373-98-2), p. 397-403. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Serge Elhaïk, Les Arrangeurs de la chanson française : 200 rencontres, Textuel, (ISBN 978-2-84597-655-9), « Michel Colombier », p. 528-547. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) Thomas Hischak, The encyclopedia of film composers, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-1442245495), « Michel Colombier », p. 133-136.
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  • Alain Lacombe et François Porcile, Les musiques du cinéma français, Bordas, , 328 p. (ISBN 978-2-04019-792-6).
  • Vincent Perrot, B.O.F. : Musiques et compositeurs du cinéma français, Dreamland, , 304 p. (ISBN 2-910027-93-7).

Articles

  • Michel Chion, « Profession, compositeur : entretien avec Michel Colombier », Cahiers du cinéma, no 342,‎ , p. III-V (ISSN 0008-011X) — paru dans l'encart Le Journal des Cahiers du cinéma, no 29.
  • Christophe Conte, « L'aventurier : rencontre avec Michel Colombier », Les Inrockuptibles, hors-série « L'histoire des musiques de films »,‎ , p. 48-49 (ISSN 0298-3788, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Alain Lacombe (dir.) et Guy Hennebelle, « Table ronde : cinéastes et musiciens, avec Michel Colombier, Georges Delerue et Jacques Demy », Écran, no 39,‎ , p. 11-16.
  • Valérie Lehoux, « Dossier spécial Barbara : Interview de Michel Colombier », Chorus, no 23,‎ , p. 89 (ISSN 1241-7076). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Stéphane Lerouge, « Michel Colombier : de Paris à L.A., un voyage intérieur », Notes, la revue de la Sacem, no 151,‎ , p. 34-35.
  • Philippe Monthaye, « Michel Colombier, la dernière séance », Cinéfonia Magazine, no 10,‎ , p. 70-72.
  • (en) Thomas Sanfilip et Jörg Kremer, « Interview with Michel Colombier », Film Score Monthly, no 71,‎ , p. 8-11 (lire en ligne).

Liens externes

 

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