Agnès VardaAgnès Varda Agnès Varda en 1962 (Sacem)
Prononciation Tombe d'Agnès Varda et de Jacques Demy au cimetière du Montparnasse (division 9). Agnès Varda, née Arlette Varda le à Ixelles (Belgique) et morte le à Paris 14e, est une cinéaste, photographe et plasticienne franco-belge. Proche du mouvement dit « Rive Gauche » contemporain de la Nouvelle Vague, Agnès Varda signe la réalisation de films notables comme La Pointe courte en 1955 et Cléo de 5 à 7 en 1962, qui la rendent célèbre. Sa carrière prend corps au cours des années 1960 et 1970. Par la suite, sa production est plus ciblée, avec des courts-métrages comme Ulysse en 1984 qui reçoit le César du meilleur court métrage documentaire et Sans toit ni loi en 1985, couronné d'un Lion d'or à la Mostra de Venise. En souvenir de son compagnon le réalisateur Jacques Demy, elle signe le nostalgique Jacquot de Nantes en 1991. Engagée dans différents combats, elle réalise Les Glaneurs et la Glaneuse en 2000, Deux ans après en 2002, Les Plages d'Agnès en 2008, qui reçoit le César du meilleur film documentaire, puis Visages, villages en 2017. Par la suite, elle se tourne vers l'expression artistique et les installations d’œuvres spectaculaires et parfois éphémères. Son œuvre cinématographique est récompensée par un César d'honneur en 2001, par le prix René-Clair de l'Académie française en 2002, par un Léopard d'honneur au Festival de Locarno 2014, par une Palme d'honneur au Festival de Cannes 2015, par un Oscar d'honneur reçu en 2017[1] et par la Caméra de la Berlinale en 2019. BiographieEnfance et adolescenceAgnès Varda naît Arlette Varda le à Ixelles (Belgique) d'un père grec, Eugène Varda, et d'une mère française[2], Christiane Pasquet. Elle grandit à Ixelles rue de l'Aurore, avec ses quatre frères et sœurs, Lucien et Hélène ses aînés, Jean et Sylvie ses cadets. À cause de la guerre, sa famille fuit la Belgique le pour s'installer à Sète, où elle passe son adolescence, sur un bateau amarré au port à quai, qu'elle reconstituera le temps de quelques plans dans Les Plages d'Agnès. Dans ce film autobiographique, elle affirme avoir été prénommée Arlette en hommage à la ville d'Arles, commune où elle aurait été conçue. Afin de rendre hommage aux origines grecques de son père, elle décide d'adopter le prénom d’Agnès à l'âge de 18 ans, choix validé par un tribunal[3]. Durant sa jeunesse elle fait partie comme « éclaireuse », de la FFE de Sète[3]. Après l'arrivée des Allemands en zone libre à partir du , sa famille fuit la ville de Sète en 1943 et s’installe à Paris, où la jeune fille passe son baccalauréat[4]. En 1947, âgée de 19 ans, elle fugue pendant trois mois, par volonté d'indépendance. Préparant longuement et méticuleusement son coup, elle affirme avoir fui en voyageant par train jusqu'à Marseille puis en bateau jusqu'en Corse et avoir travaillé sur des bateaux de pêche[3]. Études et travail de photographeÀ l'issue de cette fugue, elle rejoint Paris et suit des études à l'École technique de photographie et de cinématographie de l'École Vaugirard ainsi qu’en histoire de l'art à l'École du Louvre[5]. Après l'obtention de son CAP de photographe en 1949, elle se met à son compte et devient photographe professionnelle indépendante. En 1951, elle achète deux boutiques délabrées situées au 86, rue Daguerre dans le 14e arrondissement de Paris, que son père qualifie d'écuries[3]. Elle y installe son atelier-laboratoire de photographie[6]. Parmi d'autres clients, Agnès Varda collabore avec les Galeries Lafayette sur un stand installé dans le magasin parisien, en photographiant jusqu'à 400 enfants chaque jour, ainsi qu'avec la Société nationale des chemins de fer français pour réaliser des clichés promotionnels de gares et équipements roulants[3]. En 1948, le metteur en scène Jean Vilar – dont elle connaît l'épouse, Andrée, depuis son adolescence sétoise – lui offre un emploi de photographe au Festival d'Avignon puis au Théâtre national populaire, qu'il dirige à partir de 1951[7]. Parmi cette troupe, elle fait la connaissance du comédien Antoine Bourseiller, avec lequel elle noue une relation éphémère. Le , Agnès Varda donne naissance à leur fille, Rosalie Varda, laquelle va devenir costumière de cinéma. Souhaitant élever son enfant seule, Agnès Varda profite d'un déplacement professionnel du père pour faire enregistrer son enfant « né de père inconnu » dans les registres d'état civil de la Mairie du 14e. Agnès Varda élève d'abord sa fille seule quelques années avant de vivre avec Jacques Demy[3]. À cette époque, elle compte parmi ses voisins et modèles les artistes Alexander Calder, Brassaï, Simon Hantaï, etc. Débuts au cinémaDurant l'été 1954, s'inspirant de la structure des Palmiers sauvages de William Faulkner[8], en fondant sa société Tamaris Film pour l'occasion et en recourant à un financement coopératif, elle parvient à tourner son premier long métrage de fiction, à Sète (Hérault). Le film La Pointe courte est incarné par le duo d'acteurs Philippe Noiret et Silvia Monfort. Ce film marque les critiques et le public. André Bazin le qualifie de « libre et pur »[9], « miraculeux »[10]. Dans le quotidien Le Monde, le critique Jean de Baroncelli prophétise « Le premier son de cloche d'un immense carillon »[11]. Ce premier long-métrage apporte un nouveau souffle de liberté dans le cinéma français, comme le souligne la Revue belge du cinéma[12] : « Tout le nouveau cinéma est en germe dans La Pointe courte — film d'amateur, tourné en 35 mm, avec des moyens de fortune, hors du circuit économique traditionnel. […] Chronique néo-réaliste d'un village de pêcheurs et dialogues d'un couple qui fait le point. Toutes les caractéristiques de la jeune école du cinéma se trouvent réunies dans La Pointe courte et Alain Resnais, qui en fut le monteur, n'a jamais caché l'influence que ce film a eue sur lui. » Varda rencontre le réalisateur et son futur époux Jacques Demy, au Festival de Tours en 1958. L'année suivante, Demy s'installe chez elle, rue Daguerre. Ils mettent au monde Mathieu Demy, né le . Durant cette période, Jacques Demy adopte légalement Rosalie Varda[13]. Dans le film Les Plages d'Agnès (2008), la réalisatrice révèle qu'elle a quatre petits-fils : les enfants de Rosalie, Valentin, Augustin et Corentin, ainsi que Constantin, fils de Mathieu, lequel aura ultérieurement une fille, prénommée Alice, de son union avec Joséphine Wister Faure. RévélationEn 1961, elle réalise Cléo de 5 à 7, film retraçant une heure et demie de la vie de la belle Cléo, chanteuse à la mode incarnée par Corinne Marchand[14]. Le entre 17 h et 18 h 30, Cléo erre dans Paris. Craignant d'être atteinte d'un cancer, elle recherche le soutien de son entourage, en attendant de connaître ses résultats d'analyses médicales. Le film est sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes et à la Mostra de Venise. Il remporte le prix Méliès et le prix Fipresci en 1963[15]. Il marque aussi l'entrée d'Agnès Varda dans le courant de la Nouvelle Vague qu'elle a déjà inauguré avec La Pointe courte. En 1964, Varda se lance dans la réalisation du film Le Bonheur, son premier long-métrage en couleurs, suivi par Les Créatures en 1966. Dans les années 1960, ses productions artistiques originales font d'elle l'une des premières représentantes du « jeune cinéma » français. En marge de la Nouvelle Vague, les médias évoquent plutôt à son sujet, comme pour Jacques Demy, Chris Marker ou Alain Resnais, un « cinéma de la Rive gauche », afin de marquer une différence sociologique car ces cinéastes habitent du côté la Seine considéré comme plus intellectuel et surtout marqué politiquement à Gauche. Les États-UnisAgnès Varda séjourne deux fois aux États-Unis. Entre 1968 et 1970, elle accompagne Jacques Demy à Los Angeles et réalise un film hippie hollywoodien intitulé Lions Love. Elle signe également plusieurs courts documentaires, dont Black Panthers en 1968. Lors de ce premier voyage, elle fait connaissance de Jim Morrison, chanteur du groupe The Doors qui a lui-même obtenu un diplôme en cinématographie à l'UCLA en 1965. Elle fait partie des rares personnes à l'avoir vu mort chez lui et à avoir assisté à son enterrement, au cimetière du Père-Lachaise[16]. Elle rencontre également le jeune acteur débutant Harrison Ford, repéré par Jacques Demy pour jouer dans Model Shop mais refusé par des producteurs qui estiment que le futur interprète d'Han Solo et d'Indiana Jones « n'a aucun avenir dans la profession »[3]. Après sa séparation avec Jacques Demy, elle retourne à Los Angeles entre 1979 et 1981. Sur place, elle réalise un documentaire sur les peintures murales des habitants chicanos, Mur murs, et une fiction inspirée de sa vie quotidienne à Venice, Documenteur, dans laquelle elle fait jouer son fils Mathieu Demy. Consécration et œuvres engagéesEn 1972, elle ambitionne de réaliser un film très militant consacré aux conditions des femmes, intitulé Mon corps est à moi, avec Delphine Seyrig pour le rôle principal. Ces deux féministes engagées ont signé l'année précédente le manifeste des 343. Ce projet ne voit pas le jour mais cette idée se concrétise cependant dans son film féministe et optimiste L'une chante, l'autre pas, sorti en 1977. Elle y aborde notamment la lutte pour le droit à l'avortement[17] en relatant le combat de plusieurs femmes pour avoir des enfants désirés. Enceinte de son fils Mathieu, elle manifeste pour le droit à l'IVG en 1972, un an après avoir signé le manifeste des 343[18] et confie dans Les Plages d'Agnès qu'elle a prêté par deux fois sa maison pour des avortements clandestins. En 1983, elle fait partie du jury des longs métrages du 40e Festival de Venise. En 1985, son film Sans toit ni loi met en vedette Sandrine Bonnaire et lui vaut le Lion d'or à la Mostra de Venise 1985. Ce long-métrage représente son plus grand succès en salles. En 1987, elle filme les états d'âme de l'actrice et chanteuse Jane Birkin, laquelle, venant de franchir la barre des 40 ans, vit de douloureux moments professionnels et intimes ; Varda en tire deux œuvres de fiction, les films Jane B. par Agnès V. et Kung-Fu Master[19]. Les années 1990 et la trilogie Jacques DemyÀ la fin des années 1980, se sachant atteint du sida, Jacques Demy rédige ses souvenirs d'enfance, intitulés Une enfance heureuse (inédit). Agnès Varda lui suggère d'en faire un film, ce à quoi Demy lui répond de s'en occuper elle-même[3]. Elle écrit alors le scénario de Jacquot de Nantes, docu-fiction retraçant l'enfance de son époux. Le film se déroule en trois temps simultanés : la reconstitution en noir et blanc de l'enfance de Jacquot, la réutilisation de scènes des films de Demy et plusieurs plans sur le cinéaste, alors en fin de vie. Le tournage s'organise de façon à permettre la présence de Jacques Demy, dont la santé s'affaiblit. Plusieurs membres de sa famille, dont son frère et sa mère, viennent également assister à certaines prises[3]. Le dernier plan est tourné le , dix jours avant le décès de Jacques Demy qui s'éteint à son domicile, le . Après la mort de Jacques Demy, Agnès Varda rend hommage à sa carrière en réalisant deux autres films documentaires : Les demoiselles ont eu 25 ans et L'Univers de Jacques Demy. Avec sa société de productions Ciné-Tamaris, elle se lance également dans le rachat des droits producteurs et la restauration de l'intégralité des films de Jacques Demy puis fait répertorier ses archives[20]. Une décennie plus tard, elle supervise leur sortie en vidéo et les coffrets DVD sous le titre Demy tout entier. En 1994, pour célébrer le 40e anniversaire du tournage de son premier film, La Pointe courte, elle publie son autobiographie en forme de kaléidoscope, sous le titre Varda par Agnès (Éditions Cahiers du cinéma), accompagnée d'une filmographie détaillée de Bernard Bastide. En 1995, pour le centième anniversaire du cinéma, avec l'appui de l'Association Premier Siècle de cinéma et l'aide de nombreuses vedettes (parmi lesquelles Michel Piccoli, Robert De Niro, Marcello Mastroianni, Julie Gayet, Catherine Deneuve ou encore Alain Delon), elle signe Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma, fantaisie faite de clins d'œil et de références au septième art mais qui n'obtient pas le succès commercial attendu. Du propre aveu de la cinéaste, « le film a fait plouf »[3]. Retour en force dans les années 2000Après cet échec, elle s'éloigne du cinéma durant quelques années. Elle revient en salle avec son film Les Glaneurs et la Glaneuse (2000), inspiré par un homme mangeant du persil qu'elle a vu glaner dans les restes d'un marché[21]. Elle raconte l'histoire du glanage, depuis les peintures de Jean-François Millet jusqu'à ce qu'elle appelle le « glanage de rue », revenant notamment sur la législation française à ce sujet. Cette démarche représente pour la cinéaste l'occasion de capter les premières traces de sa propre vieillesse. Elle filme notamment ses cheveux grisonnants, qu'elle coiffe face caméra, et ses mains tachées essayant de capturer l'image furtive des camions qui roulent sur l'autoroute. Ce film est également motivé par la volonté de tester son dernier investissement, une caméra numérique légère et compacte qui lui permet de réaliser seule ce documentaire à moindres frais et d'être ainsi au plus près de ceux qu'elle filme. Elle adopte définitivement cette technique et s'intéresse au montage de ses propres films jusqu'alors confié à des monteurs professionnels, comme Alain Resnais ou Sabine Mamou. Le film est bien accueilli par les critiques et un certain public. Agnès Varda lui donne une suite, deux ans plus tard, sous le titre Deux ans après, documentaire pour lequel elle retrouve plusieurs protagonistes des Glaneurs. Ceux-ci expriment comment leur vie s'est déroulée ainsi que leur avis sur le premier film. En 2004, elle réalise le court-métrage documentaire Ydessa, les ours et etc. puis, l'année suivante, elle signe La rue Daguerre en 2005, film qui fait suite 30 ans plus tard, à Daguerréotypes. En 2005, elle expose avec Michelangelo Pistoletto et Éric Sandillon[22]. À l'approche de ses 80 ans, Agnès Varda ressent le besoin de produire une nouvelle œuvre pour franchir ce cap. Ainsi, elle réalise Les Plages d'Agnès, son autobiographie filmée, dans laquelle elle retrace sa vie personnelle et artistique, à travers notamment celle des autres. Le titre provient d'un constat, établi dès l'ouverture du film : « Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages. Moi, si on m'ouvrait, on trouverait des plages. » Le film est un grand succès et il est récompensé du César du meilleur film documentaire de 2009. En 2011, reprenant la lignée des Plages d'Agnès, elle réalise une série en six épisodes, Agnès de ci de là Varda, diffusée sur Arte. Elle décrit dans ces films ses différents voyages à travers le monde pour présenter ses œuvres et elle revient sur ses amis artistes, parmi lesquels Chris Marker et Manoel de Oliveira. En parallèle, elle réalise les multiples suppléments pour la sortie du DVD de collection Cléo de 5 à 7 et Daguerréotypes et supervise la restauration de ses films, lesquels sont progressivement édités en vidéo et coffrets. Carrière de Visual ArtistEn 2003, à l'invitation de la Biennale de Venise, elle organise une installation autour de la pomme de terre : trois écrans géants affichent des films de patates germées et au sol, à leurs pieds, 700 kg de vraies pommes de terre sont disposées. Pour attirer les visiteurs vers son travail, Agnès Varda se promène dans les allées, déguisée en « patate sonore », vêtue d'un costume de pommes de terre où sont fixés plusieurs haut-parleurs qui énumèrent les différentes variétés de pomme de terre. L'installation est saluée par la critique[23]. Ayant fait son entrée dans le domaine de l'art plastique à 75 ans, elle se définit comme « vieille cinéaste, jeune plasticienne ». En 2006, elle est invitée à investir la Fondation Cartier pour l'art contemporain dans une exposition qu'elle intitule L'Île et Elle, autour de l'île de Noirmoutier. L'exposition se compose de différentes installations. Le Passage du Gois comporte notamment une barrière qui ne s'ouvre qu'aux heures de la marée et un rideau de plastique que le visiteur traverse. On découvre aussi La Grande Carte Postale, de Souvenirs de Noirmoutier, du Tombeau de Zgougou, film projeté au sol sur du sable, présentant la tombe de sa chatte Zgougou, recouverte de coquillages. Le Ping Pong Tong et Camping rend hommage aux objets en plastique que l'on utilise sur une plage et à leurs couleurs vives ou passées. Elle installe également sa première « Cabane », élaborée à partir du film Les Créatures. Ce film ayant été un échec commercial, elle surnomme cette œuvre Ma cabane de l'échec. L'installation Les Veuves de Noirmoutier est également exposée, pour la seconde fois depuis 2005[24]. En 2007, en hommage à Jean Vilar, elle expose ses photos du festival d'Avignon à la Chapelle Saint-Charles, où certaines figurent dans un format géant. En 2014, le LACMA lui donne carte blanche pour une installation intitulée Agnès Varda in Californialand[25]. En 2018, elle installe sa troisième cabane, intitulée La Serre du Bonheur, à la galerie Galerie Nathalie Obadia. La cabane est cette fois constituée de la pellicule complète de son film Le Bonheur, de planches de bois et de faux tournesols. Sont également exposés un agrandissement de 27 photogrammes du film, la maquette de la cabane réalisée en pellicule Super-8 et une arche composée de boîtes de fer ayant servi pour entreposer les films d'Agnès Varda et de Jacques Demy. Sa dernière exposition se tient au domaine Chaumont, où elle expose trois œuvres : la Serre du Bonheur (2018), Trois pièces sur cour et L'arbre de Nini (2019). Le vernissage a lieu le , soit quelques heures après l'annonce de sa mort. Reconnaissance de la professionEn 2005, elle fait partie du jury des longs métrages au Festival de Cannes 2005 et la Cinémathèque québécoise lui rend hommage par une rétrospective filmographique et une exposition photographique. Le , elle reçoit le prix Henri-Langlois d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, à l'occasion des Rencontres internationales du cinéma de patrimoine et de films restaurés de Vincennes. Lors du Festival de Cannes 2013, elle est présidente du jury de la Caméra d'or. En 2014, lors du 67e Festival international du film de Locarno, elle reçoit le Léopard d'honneur[26]. En 2015, la palme d'honneur du Festival de Cannes lui est décernée[27]. Elle la reçoit comme un prix de « résistance et d'endurance », dit-elle dans son discours[28]. En 2016, le musée de sa commune de naissance à Ixelles organise une exposition en son honneur[29]. En , elle obtient un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, remis par l'actrice, productrice et réalisatrice Angelina Jolie[30]. Dernières œuvresEn juin 2015, elle élabore avec le photographe JR un projet qui soulève la polémique. Intitulé AV et JR deux artistes en goguette, il engendre incompréhension et critiques acerbes car, porté par des artistes reconnus, il fait appel à la générosité publique par le biais de la plateforme de financement participatif KissKissBankBank — type de financement habituellement réservé au lancement de nouveaux artistes. Les médias qualifient le projet et sa démarche au mieux de candides et maladroits, au pire de condescendants et démagogiques[31],[32]. Toutefois, le financement participatif remporte un certain succès et le projet débouche finalement sur le long-métrage documentaire Visages, villages, qui reçoit L'Œil d'or (prix du documentaire) au festival de Cannes 2017 puis rencontre un accueil favorable à la fois critique et public lors de sa sortie au début de l'été de la même année. Le film est également nommé pour le César du meilleur film documentaire, ainsi que pour l'Oscar du meilleur documentaire, en 2018. Agnès Varda ne pouvant se déplacer cette année-là jusqu'au Beverly Hilton de Los Angeles en raison d'un impératif qui la retenait à Paris, elle fait parvenir une figurine de carton grandeur nature d'elle-même. Cette image, qui voyage en cabine et non en soute, pose pour les photographes de presse avec les autres personnalités (dont Meryl Streep et Steven Spielberg) nommées aux Oscars, à l'occasion du repas qui précède la cérémonie[33],[34]. Lors du festival de Cannes de 2018, quelques mois après l’affaire Weinstein et avec l’apparition du hashtag #MeToo, 82 femmes du cinéma montent ensemble les marches du Festival, menées par Cate Blanchett, présidente du jury, et Agnès Varda, membre du jury. Elles lisent publiquement un appel à « organiser activement la parité et la transparence dans les instances de décision » et à « l’équité et la réelle diversité » dans leur milieu professionnel[35],[36],[37]. Le , Arte diffuse son dernier long-métrage, Varda par Agnès, divisé en deux films d'une heure chacun. Ces documents sont élaborés à partir des masterclass — qu'elle préfère appeler « causeries » — qu'elle a produites au cours de ses dernières années, notamment au festival Premiers Plans à Angers. La cinéaste revient en détail sur sa filmographie et apporte un témoignage sur chacun de ses films[38]. Maladie, mort et hommagesElle meurt à son domicile rue Daguerre à Paris, à l'âge de 90 ans, dans la nuit du 28 au , des suites d'un cancer[39]. De nombreuses personnalités réagissent à son décès en saluant son travail, parmi lesquelles Ava Duvernay ou encore Martin Scorsese[40],[41]. Le à 11 heures, un hommage public lui est rendu à la Cinémathèque française, laquelle a organisé une rétrospective complète de ses films en sa présence deux mois auparavant, en présence de sa famille et de ses proches. On note parmi les nombreuses personnalités Catherine Deneuve, Sandrine Bonnaire qui a incarné Mona dans Sans toit ni loi, Dany Boon qui a participé à la production de Varda par Agnès, JR avec lequel elle a co-réalisé Visages, villages. Au total, près de 650 personnes y assistent[42]. Une salle d'étude de l'Ecole du Louvre dont elle fut élève porte désormais son nom, ainsi qu'une école parisienne, 46 rue Boulard[43]. Elle est inhumée le même jour dans la 9e division du cimetière du Montparnasse (14e arrondissement de Paris), auprès de son époux Jacques Demy. FilmographieLongs métrages de fictionLongs métrages documentaires
Courts et moyens métrages documentaires
Courts et moyens métrages de fictionTélévision
Autres
PhotographieEn 1955, Agnès Varda participe au réaménagement intérieur de l'église Saint-Nicolas de Fossé, dans les Ardennes, en réalisant les photographies du chemin de croix et en photographiant l'avancement des travaux conduits par Pierre Székely, Vera Székely et André Borderie. Le chemin de croix a été détruit par des paroissiens rendus furieux par les représentations des artistes[45]. Arts plastiques« Jeune plasticienne » selon ses propres termes, Agnès Varda propose des cabanes sous forme d'installations.
DistinctionsDécorations
Titres honorifiques
RécompensesL'Internet Movie Database recense plus de 80 récompenses remises à Agnès Varda[56]. Parmi celles-ci, figurent :
Nominations
SélectionFestival de Cannes 2019 : l'affiche de la 72e édition rend hommage à la témérité d'Agnès Varda (au sens propre comme au figuré) qu'on voit juchée sur le dos d'un technicien lors d'une prise de vue de son premier long métrage La Pointe courte (graphisme de Flore Maquin)[58]. DiversVincent Delerm rend hommage à Agnès Varda dans la chanson Vie Varda de son album Panorama (2019)[59]. Le 13 décembre 2023, Google lui rend hommage avec un « Doodle »[60]. Plusieurs lieux portent son nom en France :
Vidéographie
Publications
Notes et références
Voir aussiBibliographieTravaux universitaires
Autres
ConférenceLiens externesNotices et bases de données
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