Fauré aimait les poèmes de Silvestre et en a mis plusieurs en musique[n 1]. Le poème qui va devenir un madrigal, intitulé Pour un chœur alterné, est issu du recueil de Silvestre de 1878, La chanson des heures. Avec le sujet du poème, de jeunes hommes et femmes s'accusent mutuellement d'égoïsme et de cruauté dans des affaires de cœur, Fauré fait de cette chanson un cadeau de mariage malicieux pour son ami et ex-élève André Messager, qui en est le dédicataire[n 2].
Ce madrigal est écrit pour être chanté par un quatuor vocal ou un chœur, avec piano ou — l'année suivante — un accompagnement orchestral. Il est réutilisé en 1919 dans les Masques et bergamasques du même compositeur.
La particularité de cette pièce est que le début de la mélodie n'est autre que celle de la cantate no 38 de Jean Sebastien Bach, Aus tiefer Not schrei ich zu dir, ainsi que sa fugue no 8, ce qui reste unique parmi les compositions de Fauré[3]. Le pianiste et universitaire Graham Johnson commente que la chanson a « la vivacité et la suggestivité d'un discours du témoin lors d'un mariage[4] ».
↑Le Grove liste dix autres arrangement des poèmes de Silvestre par Fauré, composés entre 1878 et 1904[2].
↑Cadeau humeur de mariage, car Fauré donna une composition entièrement différente pour la dernière strophe Un même destin nous poursuit. Avec une beauté exceptionnelle de cette partie, l'œuvre peut être considérée comme épithalame d'humeur, ce qui peut expliquer la circonstance de composition.