Après le succès rencontré par sa première sonate pour violon et piano (HN 980), il allait de soi que Fauré devait poursuivre avec la composition d'œuvres de musique de chambre. En 1880, il écrit une petite pièce pour violoncelle et piano qui était censée devenir le mouvement central et lent d'une sonate[1]. Fauré abandonne son projet initial, au lieu de cela, publie la pièce, chez Julien Hamelle en (puis chez Durand), sous le titre d'Élégie[1].
« Selon toute vraisemblance, l'oeuvre fut donnée en première audition privée avant sa publication, le 21 juin 1880 lors d'une des soirées que donnait Saint-Saëns dans son domicile de la Rue Monsieur-le-Prince. Une lettre de Fauré à Julien Hamelle datée du 24 juin 1880 mentionne en effet que son «morceau de violoncelle» fut joué à titre privé chez Saint-Saëns et reçut un accueil très favorable[1],[2]. »
Jules Loeb, dédicataire de la première version.
Pablo Casals, pour la seconde version (orchestrale).
Le compositeur a 38 ans le jour de sa création à Paris, le lors d'un concert de la Société nationale de musique. La partition est interprétée par Jules Loëb, professeur au Conservatoire de Paris, qui est aussi son dédicataire[1], accompagné par le compositeur au piano. L'œuvre connaît un tel succès que l'éditeur l'encourage à écrire de nouvelles pièces pour cette forme instrumentale (ce qu’il fera avec deux sonates pour violoncelle et piano).
Le chef d'orchestre Édouard Colonne lui passe également une commande, mais cette fois une version pour violoncelle et orchestre (deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons, quatre cors et cordes)[3], créée en sous la direction du compositeur lors d'un concert de la Société nationale de musique, avec Pablo Casals en soliste.
« En 1880, Fauré s'autorise, pour la dernière fois, l'expression directe de sentiments pathétiques, et l'on verrait volontiers dans cette belle page l'une des dernières manifestations du postromantisme musical en France. »
Cette œuvre présente une ouverture triste et sombre, et culmine dans une section intense et très lente, qui symbolise le désespoir amoureux. De forme ternaire ABA, le thème, lent et grave, est une longue descente expressive suivie d'un magnifique crescendo mêlant fougue et expression. Ce passage rapide, très technique, ne laisse jamais l'auditeur insensible. Le thème est annoncé à trois reprises par le violoncelle et est développé le long de l'œuvre :
Utilisation
L'œuvre est utilisée dans de nombreux films pour illustrer, très souvent, des moments mélancoliques ou tristes.
Cette œuvre connaît de très nombreux enregistrements, dont :
Gabriel Fauré, Élégie, op. 24, Monique et Guy Fallot (piano et violoncelle), (Disques Ducretet Thomson, 450 C 085, 1957)[1] ;
par Paul Tortelier (violoncelle) et Jean Hubeau (piano), avec les deux sonates pour violoncelle et piano, « disque constituant une absolue référence de haut lyrisme et de style[8] » ;
↑Vincent Penot, Les classiques de la clarinette basse pour clarinette basse et piano, vol. 1 (les sonates), Clarinet Edition Corinne Detiange, chap. CE.VP.B1.
↑« JO de Pékin : Papadakis et Cizeron, l’or et la manière », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )