Après une introduction jouée à l'orgue (ou au piano), le chœur entre pupitre par pupitre. À la quarantième mesure, après un pont instrumental, une partie centrale modulante intervient en la bémol majeur (puis si bémol mineur), où l'œuvre atteint son plus haut niveau expressif. Par un retour lent et solennel, la pièce évolue ensuite vers son caractère initial mais transfiguré.
Dédiée à César Franck, la partition obtint le premier prix de composition au concours de sortie de l'École Niedermeyer de Paris, dont Fauré était élève.
Le texte de Jean Racine (1639-1699) est une paraphrase (dans un sens non péjoratif : les paraphrases sont, au XVIIe siècle, des « transpositions libres » plutôt que de « traductions exactes » de textes religieux, notamment des hymnes[2]), de l'hymneConsors paterni luminis datant du IVe siècle. Attribuée à Ambroise de Milan, Père de l'Eglise, cette hymne religieuse était chantée au début des matines (ou vigiles) de la férie tierce (c'est-à-dire du mardi).
Le dernier couplet (ou doxologie) présente la variante suivante:
Praesta, Pater Piissime,
Patrique, compar Unice,
Cum Spiritu Paraclito
Regnans per omne sæculum.
Amen.
Description
On peut percevoir dans la paraphrase française un jansénisme latent : la paternité divine n'est pas mentionnée explicitement chez Racine alors que l'original en parle deux fois. Là où l'hymne exhorte le croyant à se réveiller au cœur de la nuit pour prier et chasser la pesanteur d'un sommeil pouvant mener à l'acédie, Jean Racine y voit le poids du péché. Enfin, si la lumière baigne la première strophe latine, écho du lumen de lumine du Credo, le texte français n'évoque que le jour éternel. Ces différences font ressentir un salut moins proche et un Dieu plus lointain dans la bouche de l'auteur du XVIIe siècle que dans l'original paléochrétien (IVe siècle après Jésus-Christ).