Une ménaquinone, ou vitamine K2, est une naphtoquinone pourvue d'une chaîne latérale isoprénique de typiquement 4 à 7 unités.
Une ménaquinone à n unités isoprène est notée MK-n, de sorte que les molécules les plus courantes sont MK-4 (chez les animaux) et MK-7 (chez certaines bactéries).
Neuf molécules biologiquement actives appartiennent à cette sous-famille de la vitamine K, utilisée notamment comme antihémorragique et adjuvant thérapeutique pour traiter les douleurs induites par l'ostéoporose.
Apports alimentaires
La vitamine K (K1 et toutes les formes de K2) est absorbée dans l'intestin grêle, tout comme les graisses alimentaires, et est transportée par voie sanguine par les chylomicrons. La forme MK-4 est majoritairement transportée par des lipoprotéines riches en triglycéride (ou triacylglycérol) et rapidement éliminée par le foie, comme la vitamine K1. Seule une faible quantité est transportée par les molécules de cholestérol (LDL, HDL) et reste plus longtemps en circulation. Les ménaquinones à longue chaîne sont plus efficacement redistribuées par le foie, surtout transportées par le LDL, qui a une longue demi-vie de circulation, résultant en une biodisponibilité plus importante pour les tissus extrahépatiques que celle de la forme MK-4 (et de la vitamine K1)[2].
Sources
La forme MK-4 est synthétisée par les tissus animaux. On en trouve dans la viande, et notamment le foie, dans les œufs et les produits laitiers[2],[3].
Les formes à longue chaîne sont synthétisées par diverses bactéries durant des processus de fermentation. On en trouve dans le nattō (soja fermenté par Bacillus subtilis, source de MK-7) et dans le fromage (source de MK-8 et MK-9 par la fermentation, et source également de MK-4 (2 à 7 %) de par son origine animale)[2],[4].
Aux Pays-Bas, les questionnaires de fréquence alimentaire suggèrent qu'environ 75 % des apports en vitamine K2 se font sous les formes MK-5 à MK-9, et environ 25 % sous la forme MK-4[2].
La plupart des analyses alimentaires ne sont capables de mesurer que les ménaquinones pleinement insaturées[2].
En 2012, la naturopathe canadienne Kate Rhéaume-Bleue a suggéré que les apports journaliers recommandés (AJR) pour les vitamines K (de 80 à 120 µg) seraient trop faibles[9]. En effet, les AJR, datant de 1998, sont basés uniquement sur les besoins hépatiques, et non les besoins du reste du corps[10],[11]. En effet, chez une majorité de la population occidentale, une part importante des protéines extrahépatiques est sous-carboxylée. Ainsi, tous les facteurs de coagulation sont activés, mais il semble manquer de vitamine K2 pour permettre la carboxylation de l'ostéocalcine dans les os et de la protéine matricielle gla dans le système vasculaire[12],[13].
Une méta-analyse et une revue systématique semble étayer l'hypothèse selon laquelle la vitamine K2 joue un rôle important dans le maintien et l'amélioration de la densité minérale osseuse, et qu'elle diminue l'ostéocalcine sous carboxylée et augmente significativement l'ostéocalcine lors d'un suivi à long terme[14]. La supplémentation en vitamine K2 est bénéfique et sûre dans le traitement de l'ostéoporose chez les femmes ménopausées[14].
Aucune dose de vitamine K2 n'a été associée à une toxicité quelconque[15].
Effet sur la santé
La supplémentation en vitamine K2 réduit la fréquence, la sévérité et la durée des crampes nocturnes chez les personnes âgés, sans effets indésirables observés[16].
↑Sonya J. Elder, David B. Haytowitz, Juliette Howe et James W. Peterson, « Vitamin K Contents of Meat, Dairy, and Fast Food in the U.S. Diet », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 54, no 2, , p. 463–467 (ISSN0021-8561, DOI10.1021/jf052400h, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Yoshinori Tsukamoto, Hideyuki Ichise, Hiroyuki Kakuda et Masayoshi Yamaguchi, « Intake of fermented soybean (natto) increases circulating vitamin K2 (menaquinone-7) and γ-carboxylated osteocalcin concentration in normal individuals », Journal of Bone and Mineral Metabolism, vol. 18, no 4, , p. 216–222 (ISSN0914-8779 et 1435-5604, DOI10.1007/s007740070023, lire en ligne, consulté le ).
↑ abcdefghij et kKate Rhéaume-Bleue, Vitamin K2 and the Calcium Paradox : How a Little-Known Vitamin Could Save Your Life, Harper, , 66–67 p. (ISBN978-0-06-232004-9 et 0-06-232004-1)
↑(en) Sarah L. Booth et J. W. Suttie, « Dietary Intake and Adequacy of Vitamin K1 », The Journal of Nutrition, vol. 128, no 5, , p. 785–788 (ISSN0022-3166 et 1541-6100, PMID9566982, lire en ligne, consulté le )
↑Leon J. Schurgers et Cees Vermeer, « Differential lipoprotein transport pathways of K-vitamins in healthy subjects », Biochimica et Biophysica Acta (BBA) - General Subjects, vol. 1570, no 1, , p. 27–32 (DOI10.1016/S0304-4165(02)00147-2, lire en ligne, consulté le )
↑(en) L. C. Hofbauer, C. C. Brueck, C. M. Shanahan et M. Schoppet, « Vascular calcification and osteoporosis—from clinical observation towards molecular understanding », Osteoporosis International, vol. 18, no 3, , p. 251–259 (ISSN0937-941X et 1433-2965, DOI10.1007/s00198-006-0282-z, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Louisa Plantalech, Marc Guillaumont, Philippe Vergnaud et Michel Leclercq, « Impairment of gamma carboxylation of circulating osteocalcin (bone gla protein) in elderly women », Journal of Bone and Mineral Research, vol. 6, no 11, , p. 1211–1216 (ISSN1523-4681, DOI10.1002/jbmr.5650061111, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bMing Zhou, Shiliang Han, Wenpeng Zhang et Dan Wu, « Efficacy and safety of vitamin K2 for postmenopausal women with osteoporosis at a long-term follow-up: meta-analysis and systematic review », Journal of Bone and Mineral Metabolism, vol. 40, no 5, , p. 763–772 (ISSN1435-5604, PMID35711002, DOI10.1007/s00774-022-01342-6, lire en ligne, consulté le )