Lexique du hongroisLe lexique du hongrois est formé pour 8 % de mots hérités, pour 7 % d’emprunts, pour 80 % de mots formés sur le terrain du hongrois et pour 5 % de mots d’origine inconnue. La plupart des emprunts sont d’origine slave (27 %), suivis dans l’ordre de leur importance par ceux d’origine latine (25 %), allemande (17 %) et turcique (16 %)[1], mais il y en aussi de langues iraniennes et romanes (italien, français, roumain), ainsi que de l’anglais. Les calques sont également un moyen important d’enrichissement du lexique hongrois. Les moyens internes d’enrichissement du lexique sont les plus importants. Parmi ceux-ci, les plus productifs sont la création spontanée de mots (interjections, mots onomatopéiques, créations expressives), la formation spontanée de mots par dérivation et par composition, ainsi que la création consciente de mots par dérivation et par composition. Par rapport au français, la composition spontanée et la création consciente de mots ont un poids beaucoup plus grand. Fonds héritéConsidéré comme hérité est tout mot d’origine ouralienne, qu’il remonte à l’époque du finno-ougrien commun (Néolithique tardif) ou seulement à l’époque ougrienne (entre 1900 et 500 av. J.-C.), retenu depuis environ le milieu du Ier millénaire av. J.-C. où l’union ougrienne s’est dissoute[2]. Le fonds hérité, sans compter les dérivés et composés, ne représente que 8 % du lexique du XXIe siècle, mais il s’agit de mots fréquents, polyvalents et qui, par dérivation, composition et d’autres procédés, sont très productifs. La plupart de ce fonds restreint fait partie du lexique de base : des verbes fondamentaux, substantifs de la nature (animaux, plantes, météo), parties du corps, famille et affinité, ainsi que des adjectifs, pronoms et nombres :
Moyens d’enrichissement du lexiqueEmprunts lexicauxLes mots empruntés représentent quelque 7 % du lexique du hongrois actuel. Pour la plupart ils sont d’origine slave (27 %), suivis de ceux d’origine latine (25 %), allemande (17 %) et turcique (16 %)[3]. IranismesLe hongrois a hérité bon nombre d’emprunts faits au proto-iranien à l’époque finno-ougrienne, dont agyar « défense ou dague (d’animal) », ár « valeur », ár « poinçon », ezer « mille », fejni « traire », hét « sept », kard « sabre », méz « miel », ostor « fouet », szarv « corne », száz « cent », tehén « vache », tej « lait », tíz « dix ». Par contre, à l’époque ougrienne, la position du groupe ougrien n’a pas favorisé des contacts étroits, mais plutôt commerciaux, avec l’ancien iranien, ce qui a laissé en hongrois pas plus que six mots (par exemple arany « or » ou tál « assiette »). À l’époque proto-hongroise tardive (200 av. J.-C.-700 apr. J.-C.), les contacts ont repris avec les langues iraniennes moyennes (sarmate, alain), ces dernières ayant légué au hongrois 45 mots, par exemple asszony « femme mariée », gazdag « riche », híd « pont », kincs « trésor », nád « roseau ». Puis, au VIIe siècle, le hongrois a emprunté des mots persans tels vám « douane », vár « château fort », vásár « foire ». TurquismesLes contacts des Hongrois avec des peuples turcs sont devenus étroits au Ve siècle. Ces peuples étaient en partie sédentaires, s’occupant aussi d’agriculture. Le nombre de mots turciques empruntés par les Hongrois avant leur établissement dans le bassin des Carpates est de 300 environ. Ils font partie de domaines variés : parties du corps, élevage, agriculture, logement, métiers, habillement, société, vie spirituelle, phénomènes naturels, faune, flore, adjectifs. Exemples : ács « charpentier », alma « pomme », bársony « velours », bér « paie », bika « taureau », boka « cheville », borz « blaireau » (l’animal), búza « blé », gyász « deuil », kapu « portail », kecske « chèvre », kender « chanvre », kos « bélier », sárga « jaune », szám « nombre », torma « raifort », etc.[4]. Des emprunts turciques ont continué à pénétrer dans la langue hongroise après l’établissement des Hongrois dans le bassin des Carpates, par la venue dans l’État hongrois de Petchénègues et de Coumans. Des mots de leurs langues sont, par exemple, balta « hache » et kalauz « guide ». Au XVIe siècle commencent les contacts avec les Turcs ottomans, qui culminent avec la domination de l’Empire ottoman sur la Hongrie (XVIe – XVIIe siècles). Il existe encore en hongrois quelque 30 mots d’origine turque, dont bogrács « chaudron », dívány « divan », kávé « café », kefe « brosse », pamut « coton », papucs « pantoufle », zseb « poche »[4]. SlavismesLes Hongrois ont rencontré des Slaves dès la période de leur migration, quand ils se trouvaient au nord de la mer Noire. C’est à cette époque-là que sont entrés en hongrois des mots russes anciens tels tanya « hameau » et zátony « banc de sable ». La plupart des mots slaves ont été empruntés au cours des deux siècles suivant l’établissement, aux Slaves rencontrés sur le territoire et à ceux du voisinage. Ces mots reflètent des changements profonds dans la vie matérielle et spirituelle, causés par la sédentarisation, étant spécifiques à de nombreux domaines : vie sociale et étatique, religion chrétienne[5], agriculture, élevage, métiers, habitation, alimentation, flore, faune, noms de peuples, adjectifs. Exemples : király « roi », kereszt « croix », barázda « sillon », donga « douve de tonneau », ablak « fenêtre », gomba « champignon », galamb « colombe, pigeon », görög « grec/grecque »[6], bolond « fou/folle ». Des mots slaves ont continué d’être empruntés par le hongrois jusqu’aux années 1950 du XXe siècle : palota « palais » (du bulgare), csésze « tasse » (du tchèque), galuska « gnocchi » (du polonais), kamat « intérêt » (rémunération d’un prêt) (du serbo-croate), lekvár « marmelade » (du slovaque), zabla « mors » (du slovène), harisnya « bas » (vêtement) (de l’ukrainien). Dans la période communiste il est entré dans la langue quelques mots russes : kulák « koulak », pufajka « veste matelassée », diszpécser (provenant à son tour de l’anglais « dispatcher ») « répartiteur ». En hongrois commun d’aujourd’hui, il y a plus de 500 mots d’origine slave. AlémanismesL’influence de l’allemand sur le hongrois commença dès la fondation de l’État par le roi Étienne Ier de Hongrie, à la suite de liaisons dynastiques avec diverses maisons allemandes. La pénétration de mots allemands continua par l’établissement, à partir du XIIe siècle, de nombreux artisans allemands qui fondèrent les villes du pays. L’apogée de l’influence allemande fut atteint avec la domination de l’empire d'Autriche sur la Hongrie, la Transylvanie et le Banat, influence due principalement aux nombreux germanophones colonisés au XVIIIe siècle. L’influence allemande était devenue si importante, qu’un mouvement hongrois appelé de « renouvellement de la langue » (fin du XVIIIe-première moitié du XIXe siècle) eut, parmi d’autres objectifs, l’élimination des emprunts à l’allemand. Les mots d’origine allemande appartiennent à des domaines très variés : la vie de cour, la vie militaire, les métiers, la vie urbaine, la vie sociale, l’habillement, la cuisine, l’agriculture, adjectifs. Exemples : herceg « prince », cél « cible », pék « boulanger », polgár « bourgeois, citoyen », farsang « carnaval », zokni « chaussette, socquette », sonka « jambon », karfiol « chou-fleur », barna « brun(e) ». Le lexique du hongrois commun actuel contient environ 400 mots d’origine allemande. LatinismesÀ la différence des influences présentées ci-dessus, celle du latin ne s’est pas exercée par un contact populaire direct, mais par le biais de l’église et de la culture écrite, à partir de la christianisation des Hongrois dans le rite romain, et cette influence continue jusqu’au XXIe siècle par la voie de la culture. Dans la première période il s’agit du latin médiéval dans sa variante pratiquée par des missionnaires allemands et de l’Italie du nord. Dans les mots empruntés au latin dans la première période, on peut remarquer des changements phonétiques propres au hongrois, par exemple [s] intervocalique > [ʒ] (basalicum > bazsalikom « basilic », musica > muzsika « musique »), [s] dans une autre position > [ʃ] (aprilis > április « avril », sacristia > sekrestye « sacristie »), [g] + [e] ou [i] > [ɟ͡ʝ] (angelus > angyal « ange », gingiber > gyömbér « gingembre »). Dans les emprunts du XVIe siècle et ultérieurs, on sent la prononciation dite classicisante du latin, initiée par Érasme de Rotterdam, c’est-à-dire au lieu de [ʒ], [ʃ] et [ɟ͡ʝ], on entend respectivement [z], [s] et [g], par exemple dans rezeda, szeminárium, evangélium. À côté d’emprunts antérieurs, il apparaît leurs variantes à la prononciation changée. C’est le cas de evangélium à côté de evangyélium ou státusz à côté de státus. Les mots d’origine latine appartiennent aux domaines suivants :
Dans la langue commune actuelle il y a plus de 200 mots d’origine latine, mais leur nombre est beaucoup plus grand dans les terminologies des diverses sciences. RomanismesItalianismesDes mots italiens ont commencé à être empruntés dès l’époque de la christianisation des Hongrois, par l’intermédiaire de prêtres d’Italie du nord. Le processus a continué à la suite de liaisons commerciales, surtout avec Venise, y compris par l’établissement de citadins italiens en Hongrie. L’influence italienne s’est accrue sous la dynastie des Anjou, puis sous Mathias Corvin, quand la culture de la Renaissance venue d’Italie s’est répandue en Hongrie, de nombreux jeunes hommes hongrois étudiaient dans des universités italiennes et les contacts ecclésiastiques étaient constants. Aux XVIe – XVIIe siècles, les contacts se sont poursuivis par la présence d’armées italiennes qui combattaient les Turcs. Au XIXe siècle, beaucoup de Hongrois ont fait leur service militaire dans l’armée autrichienne stationnée au nord de l’Italie, et des ouvriers italiens sont allés en Hongrie. Les mots italiens proviennent surtout des dialectes du nord, ce qui se reflète dans la forme avec laquelle ils ont été pris, par exemple le traitement de [s] comme [ʃ] (castello > kastély « château »), le traitement de [z] intervocalique comme [ʒ] (riso > rizs « riz ») et la chute de [o] et de [e] finales de mot : spagnuolo > spanyol « Espagnol », doge > dús « dense » (se référant aux cheveux). Bien qu’il ne subsiste plus que 50 mots environ dans la langue commune, ils appartiennent à des domaines variés : vie militaire (lándzsa « lance »), vie de cour et citadine (freskó « fresque », karnevál « carnaval »), commerce (piac « marché ») plantes et fruits méditerranéens (rizs « riz », füge « figue »), animaux (szamár « âne »), alimentation [torta « (grand) gâteau »]. Certains mots sont italiens à l’origine, mais entrés en hongrois par l’intermédiaire de l’allemand : banda « bande (de malfaiteurs) », szalámi « saucisson ». FrancismesLes contacts franco-hongrois ont connu deux périodes principales : aux XIe-XIIe et aux XVIIIe – XIXe siècles, mais ont eu un caractère populaire réduit. Dans la première période ils étaient dus aux courtisans accompagnant les rois d’Anjou, aux ordres religieux de France établis en Hongrie aussi, ainsi qu’à des citadins, surtout wallons. Les mots qui subsistent de cette période sont fort peu nombreux. Un exemple en est tárgy, de l’ancien français « targe », pris avec le sens « bouclier », utilisé plus tard avec le sens « cible » aussi, ayant aujourd’hui le sens « objet ». Dans la seconde période, on a emprunté directement des mots comme bizsu « bijou » ou rúzs « rouge à lèvres », mais il y en a davantage qui sont entrés par l’intermédiaire de l’allemand : blúz « blouse », butik « boutique », naiv « naïf/naïve », etc. RoumanismesLes mots d’origine roumaine sont entrés en hongrois à la suite du contact populaire dû au voisinage. Leur nombre est controversé[7]. De toute façon, leur grande majorité se trouve seulement dans les dialectes hongrois de Roumanie. Dans la langue commune de Hongrie il n’y en a qu’une dizaine, dont : áfonya « myrtille », furulya « flûte », pakura « mazout », palacsinta « crêpe », tokány « ragoût ». AnglicismesLes premiers mots anglais entrent en hongrois au début du XIXe siècle, quand l’Angleterre est prise pour modèle par les aristocrates réformistes de l’époque. Vers le milieu du siècle il paraît aussi des articles de presse sur l’Amérique du Nord et au XXe siècle des mots sont importés par des émigrants qui y étaient partis et en étaient retournés. Cependant, les emprunts à l’anglais se font plutôt par des écrits politiques, scientifiques et techniques. De la fin du XIXe aux années 1930, on emprunte beaucoup de mots du domaine des sports (futball « football », korner « corner », meccs « match », etc.) qui seront remplacés plus tard par des mots créés en hongrois, du moins dans la langue standard. D’autres emprunts relativement anciens et qui ont subsisté sont hobbi « passe-temps », lift « ascenseur », etc. Depuis les années 1990, l’influence culturelle américaine se manifeste entre autres par l’entrée dans la langue commune de mots de l’économie et de l’informatique : bróker « courtier », díler « concessionnaire ; dealer », hardver « matériel informatique », szoftver « logiciel », etc. La catégorie de mots anglais illustrée par les exemples ci-dessus, entrés directement en hongrois, est en fait moins importante que celle des mots empruntés par l’intermédiaire de l’allemand, par exemple : buldog « bouledogue », dzsem « confiture », komfort « confort », víkend « week-end », etc. Mots internationauxÀ partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, des transformations profondes ont lieu en Europe, dans la culture, les techniques et les sciences, ce qui mène à l’apparition de notions et d’objets nouveaux. Par leur diffusion, leurs appellations aussi se répandent en beaucoup de langues, conservant plus ou moins leur forme d’origine et devenant ainsi internationaux. Ce processus s’accélère de plus en plus par le développement des transports, des télécommunications, de la presse écrite, de la radiodiffusion, de la télévision et de l’internet. C’est l’anglais, le français et l’allemand qui ont le plus contribué à la diffusion de ces mots. Plusieurs milliers en sont passés des terminologies de spécialité dans la langue commune. Le plus souvent, on ne sait pas exactement de quelle langue les mots internationaux sont entrés directement en hongrois, mais seulement quelle est leur langue d’origine. Par ordre décroissant de la quantité de mots fournis, ces langues sont :
Calques lexicauxUne partie des calques lexicaux sont des créations populaires spontanées apparues dans des conditions de bilinguisme[8]. Les autres sont des créations conscientes de linguistes et d’écrivains. Beaucoup de tels calques sont apparus à l’époque du « renouvellement de la langue », afin de remplacer le plus possible d’emprunts d’origine latine et allemande. La plupart des calques ont pour base des mots des langues dont provient la majorité des emprunts. Les calques d’après des mots slaves sont les plus anciens, ceux d’après des mots latins sont pour la plupart créés après le XVIIIe siècle et les calques les plus nombreux ont pour base des mots allemands. Calques structurauxCes calques consistent en la traduction totale ou partielle de mots composés ou dérivés de la langue d’origine. Il y a trois catégories principales de tels calques :
Calques sémantiquesLe calque sémantique est un procédé par lequel un mot existant dans la langue se voit attribuer un sens nouveau sous l’influence du sens du mot étranger correspondant. Ainsi, par exemple, le mot világ qui avait le sens « lumière » a reçu aussi le sens « monde », sous l’influence du mot slave světъ « lumière ; univers ». Dans la langue actuelle, le mot világ ne signifie plus que « monde », pour le sens « lumière » s’étant formé un dérivé de ce mot, világosság. D’autres calques sémantiques : akna « 1. galerie de mine ; 2. mine (arme explosive) » (le deuxième sens cf. all. Mine) ; alak (sens initial « 1. poupée ; 2. masque », sens actuel « forme », cf. all. Gestalt). Moyens internes d’enrichissement du lexiqueLa création spontanée de motsLes mots créés spontanément ne sont pas fondés sur des éléments hérités ou empruntés, mais sont l’expression de sentiments par des manifestations sonores spontanées, l’imitation de bruits ou la suggestion par certains complexes sonores de contenus affectifs supplémentaires, à côté de contenus notionnels. Dans la langue commune il y a quelques centaines de tels mots[9]. InterjectionsCe sont à l’origine des manifestations sonores non-articulées exprimant la joie, la douleur, la colère, l’étonnement, la déception, etc., qui ont acquis au cours du temps une forme sonore articulée. À cause de leur origine, certains de ces mots se ressemblent dans diverses langues sans qu’il s’agisse d’emprunts. Des exemples de telles interjections sont á, hé, ó, pszt, etc., dans le cas desquelles il y a de encore un rapport étroit entre le sens (la fonction) et la forme sonore. Pour d’autres interjections, ce rapport ne peut plus être établi, par exemple pour ejnye (employé de façon répétée, pour exprimer un reproche) ou pour nosza « allez ». Certaines interjections ont donné d’autres mots par dérivation, surtout des verbes : jaj « aïe » → jajgat « crier de douleur », ó → óhajt « désirer ». Mots onomatopéiquesCes mots ont pour radical l’imitation de bruits par des complexes sonores articulés, sans que ce soit toujours des onomatopées utilisées d’une façon autonome. La plupart sont des verbes dérivés de tels complexes sonores. Pour la majorité, le rapport entre la forme sonore et le bruit imité est évident [pukkan « éclater », sziszeg « siffler » (serpent)], pour d’autres ce rapport s’est estompé : hasad « se fendre », tapos « fouler aux pieds) ». D’autres verbes onomatopéiques :
Les noms onomatopéiques sont beaucoup moins nombreux que les verbes. Certains se sont formés par dérivation régressive à partir de verbes : (korty « gorgée » ← kortyol), d’autres par création consciente à partir de verbes (zörej « bruit de ferraille » ← zörög). Certains noms d’animaux se sont formés par l’imitation de leurs cris : kakukk « coucou », pacsirta « alouette », rigó « merle ». Une catégorie à part est constituée par les mots utilisés pour faire venir, mener ou faire partir certains animaux : cic (pour faire venir le chat), csi (pour faire venir les poulets), hess (pour faire partir les oiseaux), sicc (pour faire partir le chat). Certains noms d’animaux son dérivés de tels mots : cica « chat » (langage des enfants), csirke « poussin, poulet », héja « autour » (d’un mot pour faire partir l’oiseau). Créations expressivesCe sont des mots qui ajoutent, par leur forme sonore, des contenus affectifs aux contenus notionnels qu’ils portent. De tels mots élargissent beaucoup en hongrois l’aire des nuances de sens. C’est surtout le cas de verbes qui rendent des mouvements et des états, avec des nuances qui expriment la lenteur, l’hésitation, le ridicule, etc. Exemples pour :
Il y a aussi des adjectifs créations expressives dépréciatives : bamba « balourd(e) », nyiszlett « gringalet », pipogya « chiffe molle », sunyi « chafouin(e) ». Sont également des créations expressives les mots du langage des petits enfants et de celui utilisé par les adultes avec ces enfants, dont certains sont passés dans la langue commune : báb « marionnette », baba « bébé ; poupée », pép « boullie », etc. La formation de motsCe procédé interne d’enrichissement du lexique consiste à combiner des éléments déjà existants dans la langue pour obtenir des mots nouveaux. Ces éléments peuvent être hérités, empruntés, calqués ou créés[10]. La dérivationCe procédé est très développé en hongrois. Dans cette langue, il se fait par suffixation. D’un côté, un radical peut recevoir des suffixes lexicaux différents. Par exemple, à partir de la radical szem « 1. œil ; 2. grain » il y a les dérivés szemcse « granule », szemecske « 1. petit œil ; 2. granule », szemelget « grappiller », szemereg « il bruine », szemerkél « il bruine », szemes « en grains », szemez « 1. écosser ; 2. (fam.) faire de l’œil à quelqu’un », szemlél « examiner du regard », szemölcs « verrue », etc. D’un autre côté, un mot déjà dérivé peut recevoir d’autres suffixes lexicaux, par exemple szemölcs + -s → szemölcsös « verruqueux(euse) ». Exemple de dérivation plus complexe : ad « donner » + -at → adat « donnée, information » + -ol → adatol « documenter » + -hat → adatolhat « pouvoir documenter » + -atlan → adatolhatatlan « impossible à documenter » + -ság → adatolhatatlanság « impossibilité à documenter ». Certains suffixes forment des mots d’une nature différente de celle du mot de base, d’autres – des mots de même nature. Les suffixes lexicaux sont très nombreux, mais pas tous sont productifs. Sont productifs les suivants[11] : Suffixes formateurs de noms
Suffixes formateurs d’adjectifs
Suffixes formateurs de verbes
Suffixes formateurs d’adverbes
La compositionCe procédé est beaucoup plus fréquent en hongrois qu’en français. Au syntagme nom + complément du nom du français il correspond souvent un mot composé en hongrois. La plupart des mots composés ont un élément de base qui est toujours en dernière position et détermine la fonction syntaxique du mots et ses traits morphologiques, étant essentiel également pour déterminer le sens du mot composé. Du point de vue de la nature des mots dont on peut former des mots composés, il y a les combinaisons productives suivantes :
Une catégorie à part est constituée par les compositions d’un élément qui, bien qu’il ait un sens lexical, ne peut constituer un mot autonome, et un mot proprement-dit. La plupart des éléments non-autonomes sont premiers : alhadnagy « sous-lieutenant », álnév « pseudonyme », belkereskedelem « commerce intérieur », külkereskedelem « commerce extérieur », előszó « avant-propos, préface », főkönyvelő « chef comptable », gyógymód « procédé thérapeutique », közvélemény « opinion publique », mellékhatás « effet secondaire », önkritika « autocritique », összlétszám « effectif total », távirányítás « télécommande », utószezon « arrière-saison ». D’autres éléments non-autonomes sont derniers : bogárféle « espèce d’insecte », tojásféle « sorte d’œuf ». Selon les rapports entre les composants, on peut établir plusieurs catégories de mots composés :
Tous les mots composés n’ont pas les éléments pareillement soudés. Ceux qui sont bien soudés se voient ajouter les suffixes grammaticaux et lexicaux seulement au dernier élément. C’est le cas des compositions subordonnantes [jóindulat « bonne volonté », jóindulatú « bienveillant(e) », jóindulatúak « bienveillant(e)s », jóindulatúbb « plus bienveillant(e) »] ; des compositions coordonnantes proprement-dites (rabszolga « esclave », rabszolgák « esclaves », a rabszolgáknak « aux esclaves »), des noms composés non-organiques (fogdmeg « sbire », fogdmegek « sbires ») ; des noms composés intermédiaires : délután « après-midi », délutánok « après-midis ». Dans les mots composés moins soudés, les deux membres reçoivent le même suffixe. C’est le cas des compositions organiques coordonnantes formées de verbes : jön-megy « il/elle va et vient », jönnek-mennek « ils/elles vont et viennent ». Il y a aussi des mots composés d’un mot déjà composé + un mot simple, par exemple sárgadinnye (← sárga « jaune » + dinnye « pastèque ») « melon » + termesztés « culture » (agricole) → sárgadinnye-termesztés « culture du melon », voire de deux mots composés, par exemple rendőrzenekar « orchestre de(s) policiers », de rendőr « policier » (← rend « ordre » + őr « gardien ») + zenekar « orchestre » (← zene « musique » + kar « chœur »). Autres procédés de création spontanée de mots
La création consciente de motsMots créés par dérivation ou compositionLes mots ainsi créés ont pour base des mots existant dans la langue, cependant, ils ne sont pas apparus spontanément, mais ont été proposés par des lettrés, surtout écrivains et linguistes. Les créateurs de beaucoup de tels mots sont connus. Ce moyen interne d’enrichissement du lexique s’applique au cours de la traduction de textes étrangers ou avec l’intention de créer des termes de spécialité. Cette tendance était manifeste surtout vers la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, la première période du mouvement de « renouvellement de la langue », quand on a créé quelque 8 500 mots, dont la plupart a disparu depuis. Exemples de mots créés par l’écrivain Ferenc Kazinczy, qui ont subsisté : alkalom « occasion », édeskés « douceâtre », egyesület « association », évszak « saison », felvonás « acte (de pièce de théâtre) », füzet « cahier », hálás « reconnaissant », kedvenc « favori(te) », keringő « valse ». Vers le milieu du XXe siècle il a commencé à se manifester une tendance à remplacer les termes sportifs étrangers par des mots hongrois. C’est alors que sont apparus les mots jégkorong (← jég « glace » + korong « disque ») « hockey sur glace », röplabda (← röp radical du verbe röpül « voler » + labda « ballon ») « voleyball », labdarúgás (litt. « frappe du ballon avec le pied ») « football », vízilabda (litt. « ballon d’eau ») « water-polo », etc. La tendance à éviter les mots étrangers et à créer leurs équivalents continue au XXIe siècle : csontritkulás (litt. « raréfaction des os ») « ostéoporose », magánosítás (dérivé de magán « privé ») « privatisation », merevlemez « disque dur », számítógép (litt. « machine à calculer ») « ordinateur », etc. Il y a aussi des doublets emprunt – mot créé, par exemple privatizáció – magánosítás. Sigles et acronymesEn fonction des lettres qui les composent, certains sigles se prononcent comme les mots habituels : MÁV ← Magyar Államvasutak « Chemins de Fer d’État Hongrois », ELTE ← Eötvös Loránd Tudományegyetem « Université de sciences Loránd-Eötvös ». Pour d’autres on prononce les noms des lettres : OTP [oːteːpeː] ← Országos Takarékpénztár « Caisse Nationale d’Épargne », PPKE [peːpeːkaːɛ] ← Pázmány Péter Katolikus Egyetem « Université Catholique Péter-Pázmány ». Il y a aussi des sigles empruntés, par exemple NATO « OTAN ». Quant aux acronymes, ils peuvent être formés à partir de noms propres mais aussi de noms communs. Dans la première catégorie il y a, par exemple, Malév ← Magyar Légiforgalmi Vállalat « entreprise hongroise de trafic aérien » et Mol ← Magyar Olaj- és Gázipari Rt. « société par actions hongroise d’industrie du pétrole et du gaz ». À partir de mots communs, on a formé gyed ← gyermekgondozási díj litt. « allocation de soins à l’enfant », tébécé « tuberculose », tévé « télé »[29]. Non seulement les acronymes, mais aussi les sigles se comportent comme les mots habituels, c’est-à-dire ils reçoivent des suffixes grammaticaux et lexicaux : A MÁV-nál dolgozik. « Il/Elle travaille à la MÁV. », A Malévval utazom. « Je voyage avec Malév. », Nézi a tévét. « Il/Elle regarde la télé. » Mots hongrois dans d’autres languesLe lexique du hongrois contient beaucoup de mots empruntés, mais il a été dans une proportion beaucoup moindre une source d’emprunts pour d’autres langues. Sont en cause premièrement les langues voisines. Par exemple, entre 1,43 %[30] et 1,6 %[31] des mots roumains seraient d’origine hongroise. Quelques mots sont entrés dans des langues plus lointaines, mais pas directement dans toutes. Le Petit Robert, version électronique de 1996, fait état de 15 mots qui seraient d’origine hongroise, la plupart dénommant des réalités hongroises. Un exemple en est paprika, utilisé en allemand, en anglais et dans d’autres langues, avec la même graphie qu’en hongrois. Un autre exemple est kocsi. À l’origine, c’est un adjectif dérivé du nom du village de Kocs, en Hongrie, utilisé dans le syntagme kocsi szekér « chariot de Kocs », qui désigne un type de véhicule construit dans cette localité. Le mot s’est répandu dans plusieurs langues, avec des formes adaptées à celles-ci, acquérant dans certaines des nuances de sens différentes de celui de l’étymon :
Notes et références
Sources bibliographiques
Bibliographie supplémentaire
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