Alpha Andromedae (en abrégé α And), également nommée Alpheratz, est l'étoile la plus brillante de la constellation d'Andromède.
Nomenclature et histoire
Par sa brillance, Alpheratz est logiquement l'étoile α d'Andromède. Mais, grâce à sa position, elle est aussi l'un des sommets de l'astérisme connu sous le nom de Grand carré de Pégase. À ce titre, Bayer lui avait attribué les deux désignations α Andromedae et δ Pegasi ; cependant, ce dernier nom est désuet depuis la délimitation des constellations par l'Union astronomique internationale en 1930[5].
Alpheratz est le nom approuvé pour α And par l’Union astronomique internationale (UAI)[6]. C’est, littéralement, l’arabe الفرس al-Faras, « le Cheval » [7],[8]. C’est en fait le nom منكب الفرس Mankib al-Faras, nom donné à l’origine à β Peg comme le signale ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī[9],[10].
Comme ce nom figure sur l’astrolabe, notamment chez Maslama al-Mağrītī[11], il n’est pas étonnant de le retrouver dans les textes latins sur cet instrument dès l’an mil, notamment mentichel et feraz, chez Llobet de Barcelone[12]. Ce second nom va être déplacé, notamment chez Jean de Londres (ca. 1246), qui donne alpheraz pour α And[13]. Voilà qui est repris dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603), à propos de α And: Vmbilicum Equi […] communi Alpberas nomine[14]. Ce nom est noté par Richard Hinckley Allen (1899) [15], qui contribue à le populariser[16].
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Sirrah est l'autre nom, bien plus authentique qu’Alpheratz, pour α And. C’est en effet, à l’origine, سرّة الفرس Surrat al-Faras, « l’Ombilic du Cheval », dans la figure de الفرس al-Faras, soit Pégase dans le ciel gréco-arabe. Relevé sur l’astrolabe par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī, puis notamment par al-Zarqālluh, l'Azarchel des Latins[17], il n’est pas étonnant que l’on puisse lire chez Jean de Londres (ca. 1246): alpheraz, .i. equus et super vmbilicum eius[18]. Le nom paraît donc d’abord en latin, et il va falloir attendre que, dans sa traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), Thomas Hyde (1665), le nom arabe apparaisse en transcripion, sous la graghie ‘Sírra AlPháras‘[19]. À partir de là, le nom entre dans les catalogues sous deux formes. Une première fois, par l’intermédiaire du philologue Friedrich Wilhelm Lach (1796) qui retranscrit ‘sirrah el-pheras’[20], le nom est Sirra chez Johann Elert Bode[21]. Quelques années après, Giuseppe Piazzi donne, directement à partir de Hyde cette fois, le nom Sirrah[22], relevé par Richard Hinckley Allen (1899)[23], qui contribue à le populariser[24],[25].
Caractéristiques physiques
De magnitude 2,06[2], éloignée de la Terre d'environ 97 années-lumière[1], Alphératz est une étoile blanc-bleu, la plus brillante d'un groupe d'étoiles nommées « à mercure-manganèse ». Elle présente une abondance anormale de mercure, gallium, manganèse et europium dans son atmosphère et une sous-représentation inhabituelle d'autres éléments. On pense que cette anomalie est le résultat de la séparation des éléments sous l'effet de la propre gravité de l'étoile.
Environnement stellaire
Alphératz est une étoile binaire, composée de deux étoiles orbitant très près l'une de l'autre et qui ne peuvent être distinguées que par une analyse spectroscopique très fine. La plus grande des deux est à peu près 10 fois plus lumineuse que la plus petite et elles orbitent en 96,7 jours. La paire est environ 200 fois plus lumineuse que le Soleil.
Par sa brillance, Alphératz est logiquement l'étoile α d'Andromède. Mais, grâce à sa position, elle est aussi l'un des sommets de l'astérisme connu sous le nom de Grand carré de Pégase.
↑(ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, p. 120 (fr.).
↑Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p. 202.
↑Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, pp. 190-191.
↑ (de) Paul Kunitzsch, « Typ VI », in : Typen von Sternverzeichnissen in astronomischen Handshriften des zehnten bis vierzehnten Jahrhunderts, Wiesbaden : Harrassowitz, 1966, p. 41.
↑ (la)Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 20r.
↑ (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. X.
↑Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 171.
↑ (en) Richard Hinckley Allen, Star-names and their meaning, op. cit., p. 35.
↑ (de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa, op. cit., pp. 132-133.
↑Roland Laffitte, Héritages arabes... , op. cit., pp. 195-196.