Suzanne Lacore
Marie Suzanne Lacore dite Suzanne Lacore, née le au hameau du Glandier sur la commune de Beyssac (Corrèze) et morte le à Milhac-d'Auberoche (Dordogne), est une femme politique socialiste française. Elle est l'une des trois premières femmes à faire partie d'un gouvernement français, en 1936. BiographieEnfance et éducationSa mère, devenue veuve en 1882, déménage avec ses six enfants à Ajat en Dordogne et se remarie en 1886 avec Paul Laganne, propriétaire foncier et négociant. De cette nouvelle union, naissent trois enfants. Au sein de cette famille recomposée et agrandie, Paul Laganne, adjoint puis maire d'Ajat, est soucieux d'offrir à ses enfants une instruction solide. Suzanne fut inscrite, dès 1887, dans un pensionnat dirigé par des religieuses où l'on préparait les jeunes filles au brevet élémentaire. Elle passa ensuite avec succès l'examen d'entrée à l'École normale d'institutrices où, au terme de trois ans d'études (1891-1894), elle obtint le brevet supérieur[1]. CarrièreSuzanne Lacore fut institutrice en Dordogne à partir de 1894 puis directrice d'école jusqu'à sa retraite en 1930 (d'abord stagiaire à Thenon de 1894 à 1900, ensuite titulaire de 1900 à 1903 à Fossemagne, puis à Ajat[2] de 1903 à 1930), menant son activité politique en parallèle avec sa carrière d'enseignante. En 1906, en entrant à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO)[3], elle devint une socialiste militante. À cette époque, elle était la seule femme en Dordogne inscrite au Parti socialiste. À partir de 1906, elle écrivit des articles pour des journaux locaux, régionaux et nationaux et, notamment, de 1906 à 1914[3], sous le pseudonyme de Suzon, des articles très engagés contre le régime capitaliste et pour la révolution sociale, bien dans la mouvance guesdiste à laquelle elle appartenait. Après la scission de Tours (), elle resta fidèle à la SFIO et fit progressivement la synthèse entre le socialisme dogmatique de Jules Guesde et celui, plus humaniste, de Jean Jaurès. Elle s'attacha à reconstruire le parti en s'occupant, entre autres, de la question féminine, participant en 1931 à la création du Comité national des femmes socialistes (CNFS), dont elle fut l'une des figures marquantes. Le , elle devint l'une des trois femmes ministres du gouvernement de Front populaire avec Cécile Brunschvicg et Irène Joliot-Curie[4],[3], à une époque où les femmes ne pouvaient ni voter, ni être élues[5]. Dans un premier temps, elle décline l'offre mais Léon Blum lui répond : « Vous n'aurez pas à diriger mais à animer. Vous aurez à être là, car votre présence seule signifie beaucoup de choses »[6]. Elle est donc nommée sous-secrétaire d'État chargée de la Protection de l'enfance dans le premier gouvernement de Léon Blum, sous la tutelle de Henri Sellier et choisit la réformatrice Alice Jouenne pour cheffe de cabinet[7]. Suzanne Lacore exerça cette fonction jusqu'au 21 juin 1937. Par la suite, Suzanne Lacore continua à publier des brochures, à rédiger des articles pour les journaux et à prononcer des discours. Elle y mit, en particulier, l'accent sur les bienfaits exercés par l'École maternelle, démontrant pourquoi il importe qu'un enfant reçoive une éducation dès son plus jeune âge. À la fin de sa vie, l'Enfant devint sa préoccupation essentielle. Elle lui consacra son dernier livre, Enfance d'abord !, qu'elle publia à l'âge de 85 ans. Elle mourut centenaire le à Milhac-d'Auberoche, en Dordogne[2]. EngagementsSuzanne Lacore a consacré toute sa vie à défendre, entre autres, les droits des femmes et des enfants. Elle a exposé ses idées socialistes dans ses discours, ses articles de presse et dans plusieurs livres (voir ci-dessous). Concernant l'égalité entre les femmes et les hommes, Suzanne Lacore ne fut pas une féministe au sens habituel du terme. Elle défendit plutôt le mouvement socialiste féminin, l'éducation féminine, pensant que l'émancipation de la femme passe par l'émancipation du prolétariat tout entier. C'est ainsi qu'elle écrivit : « Dans notre esprit, la libération des femmes reste dépendante de la solution révolutionnaire qui émancipera le prolétariat ouvrier[8] » et : « L'infériorité des femmes est une notion inventée par les hommes ; elle n'est pas l'écho d'une loi naturelle[9]. » Dans le domaine de la protection de l'enfance, ses efforts, en vue d'améliorer la prise en charge des jeunes délinquants, ont préparé la voie à l'abolition, en 1945, des maisons de correction, institutions où les enfants et adolescents étaient maltraités. Elle avait coutume de dire : « L'enfant n'est pas coupable. Est coupable la société qui n'a pas donné à l'enfant — souvent maltraité — l'aide qui lui est nécessaire. » Sur les causes des guerres, à ses débuts, son analyse typiquement marxiste (ou guesdiste) l'amène à déclarer que « la guerre est le résultat inévitable de l'organisation capitaliste »[10]. À partir de 1915, elle a légèrement révisé sa position, disant que « le fait économique » — qu'elle croyait prépondérant — « est susceptible de subir la marque des forces que sont les idées, les sentiments, les passions et les instincts humains. » Lors des deux guerres, son pacifisme, son internationalisme ont cédé — temporairement — la place à la solidarité nationale et à la défense de la patrie. En particulier, pendant la Première Guerre mondiale, rejetant le pacifisme de certains de ses amis socialistes, elle s'engagea en faveur du patriotisme, appelant même à mener la guerre « jusqu'au bout » contre l'Allemagne. PublicationsBrochures
Journaux dans lesquels elle a publié des articles (liste non exhaustive)
HommagesDes voies publiques, des institutions et des bâtiments portent le nom de Suzanne Lacore :
Parmi les événements organisés par la ville de Périgueux dans le cadre du mois des droits des femmes en , une visio-conférence est consacrée à des Périgourdines engagées telles que Suzanne Lacore[11]. Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexes
Liens externes
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