Elle tire son nom d'une ancienne ferme, initialement la Grange aux Pelles devenues Belles par déformation ou parce que la ferme fut transformée en auberge galante[2],[3].
L'ancien nom de la grange s'expliquerait par un lien avec les fossés qui entouraient la censive Sainte-Opportune depuis le XIIe[4] ou le XIVe siècle[5].
Selon le marquis de Rochegude, le nom de Pelle ou Pellée était une mesure de bois mort[6]. La ferme, ensuite, a été transformée en auberge galante, d’où le qualificatif de « belles »[7].
Selon Michel Roblin, Belles serait le patronyme des propriétaires du terrain, comme Caille a laissé son nom à la Butte-aux-Cailles[8].
Historique
À l'origine, la rue de la Grange-aux-Belles commençait rue des Marais (actuellement rue Albert-Thomas) et finissait rue Carême-Prenant (actuellement rue Bichat). C'était un ancien chemin qui commençait près des fossés (actuellement rue René-Boulanger) et qui se poursuivait par la rue de Meaux jusqu'à la route d'Allemagne[1].
No 9 : ici le peintre Léon Cogniet (1794-1880) possédait déjà en 1831, un très grand atelier immortalisé par les tableaux de sa sœur Marie-Amélie Cogniet (1798-1869).
No 9 : lieu de naissance du peintre Georges Merle en 1851.
No 33 : le 18 mai 1917, les « midinettes » (ouvrières du textile) font grève. Un regroupement a lieu dans cette salle des syndicats (une photographie de l'agence Rol montre la salle comble 3 000 places). Elles obtiennent au bout de 15 jours satisfaction à leurs revendications (augmentation et semaine anglaise), double victoire féministe et ouvrière commente la presse.
Le , des incidents violents opposent une centaine de libertaires venus porter la contradiction lors d'une réunion de la CGTU tenue dans les locaux de la SFIC, 33, rue de la Grange-aux-Belles. Le service d'ordre du PCF tire sur les minoritaires, faisant deux morts, Nicolas Clos et Adrien Poncet[10],[11]. Actuellement occupé par la CGT, ce local accueille l'association internationale antimilitariste. Expulsée de la Bourse du travail sous l'autorité du préfet en 1906, la CGT loue une usine désaffectée sise au numéro 33, qu'elle acquiert par la suite[12].
Maison des Fédérations, no 33, rue de la Grange-aux-Belles, en 1913.
Grèves de pétrins en 1924 dans la rue.
Nos 41 à 47 : emplacement d'un ancien cimetière pour les protestants étrangers[13].
No 53 : c'est vers ce numéro de la rue que se situaient le gibet de Montfaucon[14] et le cimetière Saint-Louis des protestants étrangers, d'où fut récupéré le corps du héros de l'indépendance américaine John Paul Jones, en 1905[15]. Dès 1533, André Vésale, qui habitait la rue, y récupéra de nombreux corps pour ses expériences.
À l'extrémité nord-est de la rue et bordant la place du Combat, aujourd'hui place du Colonel-Fabien, se trouvait la barrière du Combat dont le pavillon, dû à l'architecte Claude-Nicolas Ledoux, fut démoli après avoir été endommagé durant les combats de la Commune. Il avait été l'un des ultimes retranchements des insurgés.
La barrière du Combat sur un dessin de 1860.
Vue, peu après la Commune, des dégâts subis par le pavillon de la barrière du Combat.
Annexes
Notes et références
↑ a et bPhilippe Panerai (dir.), Jean-Charles Depaule et Marcelle Demorgon, Analyse urbaine, Marseille, Parenthères, coll. « Eupalinos / Architecture et Urbanisme », (réimpr. 2002, 2005) (1re éd. 1999), 190 p. (ISBN2-86364-603-6, ISSN1279-7650), p. 22
↑Charles Lefeuve, Les anciennes maisons de Paris : Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Paris, Reinwald, (lire en ligne).
↑« Les marais, le Marais et l'ancien cours de la Seine », sur Histoire du Marais. Histoire du quartier du Marais à Paris : urbanisme et monuments, canalblog, (consulté le ) : « Au XIVe siècle, à 200 ou 300 mètres au nord des Fossés-le-Roi, les chanoines de Sainte-Opportune firent creuser un fossé, le fossés Sainte-Opportune, dont la fonction semble avoir été de marquer la limite nord de leur censive ».
↑Marquis Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris, Paris, Librairie Hachette, , page 9.
↑Jean-Paul Clébert, Promenades dans les rues de Paris - La rive droite, Paris, Club des Libraires de France, , page 353.
↑Michel Roblin, Quand Paris était à la campagne: origines rurales et urbaines des vingt arrondissements, Picard, (ISBN978-2-7084-0134-1).