Pogrom de Tripoli de 1967

Le pogrom de Tripoli de 1967 est un pogrom ayant eu lieu en juin 1967 dans la ville libyenne de Tripoli. Il a conduit à l'exil de la quasi totalité des Juifs libyens hors de Libye.

Les évènements

Deux pogroms majeurs ont eu lieu en Libye avant les émeutes de 1967 : l'un en 1945, qui a fait plus de 140 morts, et l'autre en 1948, qui a tué 14 personnes[1],[2]. L'émeute de 1967 éclate en réponse à la guerre des Six Jours entre Israël et le monde arabe[3],[4]. Les dirigeants arabes, en particulier Gamal Abdel Nasser[5], diffusent des déclarations publiques appelant à la destruction d'Israël et soutenant la cause arabe[4].

Dans la nuit du 5 juin 1967, le jour même où la guerre commence, une foule de centaines de Libyens musulmans attaque des maisons et des commerces juifs dans le quartier juif de la ville, incendiant la synagogue Bet-El[6],[7]. Les émeutiers attaquent et incendient des maisons, des magasins et des voitures juifs, en plus de piller les propriétés juives. Un survivant se rappelle en 2017 qu'on lui avait dit que des émeutiers avaient, à un moment, mis le feu à un pneu et l'avaient jeté dans un magasin[8]. De tous les biens juifs, publics et privés, 60 % sont détruits[7].

Le roi Idris de Libye réagit en ordonnant à la police secrète d'évacuer la population juive, transportant 3 000 Juifs dans une ancienne base militaire britannique dans le désert libyen. Un groupe d'émeutiers réussit à se déguiser en policiers pendant cette opération, parvenant à kidnapper et à tuer neuf membres de la famille Luzon, dont deux parents et sept enfants[6]. Le personnel et les travailleurs de la compagnie aérienne italienne Alitalia réagissent également en protégeant les Juifs qui s'étaient réfugiés à l'aéroport pour leur sécurité. Le personnel repousse les émeutiers et distribue de nombreux billets d'avion aux Juifs. Les efforts d'Alitalia sont assistés par le grand rabbin de Rome, Elio Toaff, et le gouvernement italien[9].

Au total, 18 Juifs sont tués lors du pogrom et au moins 25 blessés[10],[11].

Le pogrom est le coup de grâce pour l'histoire des Juifs en Libye[12]. 4 100 Juifs[4] parviennent à fuir le pays pour l'Italie, dont 2 500 arrivent à Rome via Alitalia[9],[7]. Après la prise de pouvoir de Mouammar Kadhafi lors du coup d'État de 1969, il ordonne une campagne de persécution contre la minorité juive de son pays, ce qui conduit les 100 derniers Juifs à fuir le pays[13].

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « 1967 Tripoli pogrom » (voir la liste des auteurs).
  1. (en-US) « Libya's Jewish graveyards were destroyed. They are being rebuilt online. », sur Jewish Telegraphic Agency, (consulté le )
  2. « Even after Gaddafi, no hope of a Jewish future », sur www.thejc.com (consulté le )
  3. (en-US) « Libyan "revolutionary Jew" to restore synagogue », sur www.cbsnews.com (consulté le )
  4. a b et c (it) « 5 giugno 1967, il pogrom a Tripoli », sur La Stampa, (consulté le )
  5. (en-US) The Algemeiner, « Libya's Jews: A Forgotten Consequence of 1967 », sur Algemeiner.com (consulté le )
  6. a et b « 1967 War - personal experiences Doris Keren-Gill - Libya », sur www.sixdaywar.co.uk (consulté le )
  7. a b et c (en) « When Alitalia Personnel Saved Jews From a Pogrom », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en-GB) ex_admin, « The Jewish Holocaust in Tripoli: In 1967 June the 5th », sur Libyan Express, (consulté le )
  9. a et b (en) « Alitalia workers who saved Jews from 1967 pogrom in Libya - Libya », sur ANSAMed, (consulté le )
  10. Michael B. Oren (Internet Archive), Six days of war : June 1967 and the making of the modern Middle East, Oxford : Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-515174-9, lire en ligne)
  11. (en-US) « B'nai Brith Canada's Tribute to Jews from Arab Lands: Part 2, Libya », sur B'nai Brith Canada, (consulté le )
  12. Maurice Roumani, « The Final Exodus of the Libyan Jews in 1967 », Jewish Political Studies Review, vol. 19, nos 3/4,‎ , p. 77–100 (ISSN 0792-335X, JSTOR 25834752, lire en ligne)
  13. (en) « The Jews of Libya », sur www.yadvashem.org (consulté le )