Nicolas Rolin ou Rollin, né vers 1376 à Autun et mort le , est une grande figure politique de l'État constitué par les ducs de Bourgogne de la maison de Valois (1361-1482), ayant occupé le poste de chancelier du duc Philippe le Bon de 1422 à 1462.
Né au sein d'une famille bourgeoise d'Autun, Nicolas est le fils de Jean III Rolin (?–1391), seigneur de La Motte-Beauchamp, époux depuis 1372 d'Aimée Jugnot[1] (?-vers 1400), fille de Henri Jugnot et de Yolande Chandelier.
Un aïeul avait épousé une riche héritière : Guillemette d'Arnay qui fit entrer dans le patrimoine familial des Rolin la maison forte de Gamay, près de Beaune.
Il a un frère, Jean IV Rolin.
Mariages et descendance
Devenue veuve, sa mère, Aimée, épouse en secondes noces Perrenet le Mairet, bourgeois de Beaune. Celui-ci a deux filles d'un premier mariage, qui vont épouser les frères Rolin : Jeannette Le Mairet épouse Jean IV et Marie Le Mairet épouse Nicolas vers 1398. Jeannette meurt avant 1405, sans avoir eu d'enfants.
En 1407, Nicolas épouse en secondes noces Marie des Landes, mariage qui favorise son entrée dans la bourgeoisie de Paris. De ce mariage naissent quatre enfants[2], dont le premier en 1408 : Jean V Rolin[Note 1]. L'année suivante voit la naissance de Philippotte[Note 2]. En août 1411 naît Guillaume[Note 3], et en 1413 Nicolas (v. 1413–v. 1450).
Veuf pour la seconde fois, il épouse en troisièmes noces le , Guigone de Salins. Issue de la noblesse comtoise, Guigone est née à Beaune en 1403 et sert comme dame d'honneur de la duchesse de Bourgogne. Trois enfants naissent de ce mariage : Louise[Note 4]; Claudine[Note 5] ; et Antoine[Note 6]. Guigone décédera à Beaune le .
D'une liaison avec Alix de Damas-Couzan, il aura Antoine et Marguerite ; d'une autre liaison avec une dame Loyse naissent Girard, légitimé en 1440 par le duc Philippe-le-Bon, et Louis dit le Bâtard d'Aymeries, légitimé en par le roi Charles VII ; de dame Marguerite il aura un fils : Antoine ; enfin selon Jules Chifflet, un autre fils, d'une inconnue : René, qui donnera la branche d'Aymeries.
Formation
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Carrière jusqu'à la chancellerie
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Il se porte ensuite acquéreur des seigneuries d'Aymeries et de Raismes (entre 1406–1457), terres appartenant à René d'Anjou dans le Hainaut[4]. Il est très lié à Jean sans Peur, qui est parrain de son premier fils.
Vers 1430, le chancelier Rolin fait l'acquisition de la terre de Savoisy auprès de Pierre de Bauffremont. Il est l'âme et l'un des piliers du traité d'Arras (1435), qui marque la réconciliation entre le roi de FranceCharles VII et le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Ce traité stipulait que tous les biens confisqués devraient être rendus à leurs légitimes propriétaires, mais par exception en faveur de Nicolas Rolin négociateur du traité, il fut convenu oralement que ce dernier conserverait ceux qui lui avaient été donnés. Eustache de Lévis porta l'affaire en justice, mais Rolin réussit à produire des pièces délivrées en Conseil, puis des lettres closes ordonnant aux autorités de prendre la défense de sa cause. Eustache de Lévis époux d'Alix de Damas-Couzan, ne recouvra sa seigneurie de Bragny qu'en acceptant l'offre de Nicolas Rolin, à savoir marier son fils Guillaume Rolin à Marie de Lévis, la fille d'Eustache. Mariage qui eut lieu le [5].
En 1444, il fait l'acquisition de la seigneurie en viager de Lens-Herchies sur Corneille de Grave, et entre cette date et 1462, il fait encore l'acquisition des terres de Rugny. Il deviendra vidame de Châlons, Grand Veneur héréditaire du Hainaut.
Son action en tant que chancelier
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Mort et inhumation
Il meurt en 1462, âgé de 85 ans et semble avoir été inhumé dans l'église Notre-Dame-du-Châtel d'Autun, disparue à la Révolution[6].
Sa tombe est redécouverte en novembre 2020 lors d'un diagnostic de fouille préventive réalisé par le service archéologique de la ville d'Autun en collaboration avec l'INRAP dans l'optique d'agrandir le musée Rolin[7] qui se trouve sur l'emplacement de sa maison natale[8]. Un chroniqueur du règne de Philippe Le Bon, Georges Chastelain (historiographe des ducs de Bourgogne), écrivit que Rollin avait été le "chef du sens et de la conduite de son prince d'où était venu l'honneur, la félicité et la gloire qu'il avait eu en ce monde."[9]
Le mécène
Il est le fondateur, avec sa femme Guigone de Salins, des Hospices de Beaune, en 1443. Il crée en 1452 un nouvel ordre religieux : Les sœurs hospitalières de Beaune. C'est lui qui commande le polyptyque du Jugement dernier au peintre flamand Rogier van der Weyden, pour les hospices. Il commande un portrait orant : La Vierge du chancelier Rolin à Jan van Eyck. Il fonde également la chapelle du couvent des Célestins d'Avignon avec son fils qui aura une liaison avec une des religieuses et lui donnera un enfant, Jean VI Rollin. En la collégiale d'Autun, il érige Notre-Dame du Châtel avec un chapitre de onze chanoines.
Extrait du texte fondateur des Hospices de Beaune par Nicolas Rolin
« Moi, Nicolas Rolin, chevalier, citoyen d’Autun, seigneur d’Authume et chancelier de Bourgogne, en ce jour de dimanche, le 4 du mois d’août, en l’an de Seigneur 1443… dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels… je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un hôpital pour les pauvres malades, avec une chapelle, en l’honneur de Dieu et de sa glorieuse mère… »
« Champ d'Azur à trois clefs d'Or, deux en chef une en pointe » Devise : Deum Time (« Crains Dieu »)
Possessions
Le partage des biens de Nicolas Rolin, entre ses quatre héritiers, à savoir : sa veuve Guigone et ses trois fils, fait l'objet d'un accord survenu le , faisant état de 22 châteaux et 5 maisons fortes en Bourgogne, ainsi que de nombreuses seigneuries. En comptant les demeures possédées puis revendues on arrive à une soixantaine de forteresses, dont trente situées en Bourgogne.
Liste non exhaustive des possessions tenues en nom propre ou en fief de Nicolas Rolin :
Aignay-le-Duc, aujourd'hui à l'état de buttes de terre.
Sivry, forteresse de plaine au finage de Saisy, à plates-formes rectangulaires, fortifiée au XVe siècle, dans laquelle furent introduites des constructions modernes.
Hervé Mouillebouche & Claudine Paczynski, « Château et politique territoriale, le cas de Nicolas Rolin », dans Les Dossiers d'Archéologie, janvier/, no 349, pp. 68-73.
Marie-Thérèse Berthier, John-Thomas Sweeney, Le chancelier Rolin, ambition, pouvoir et fortune en Bourgogne 1376-1462, Éditions de l'Armançon, Précy-sous-Thil, 2005 puis Guy Trédaniel éditeur, 2021. (ISBN9782906594975).
B De Chasseneuz, Catalogus gloriæ mundi, Lyon, Antoine Vincent, 1546.
Hervé Mouillebouche, Les Maisons fortes en Bourgogne du Nord du XIIIe au XVIe siècle, Dijon, EUD, 2002.
G. Valat, « Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne » dans Mémoires de la Société éduenne, t. XL, 1912, pp. 73-145 ; t.XLI, 1913, pp. 1-73 ; t. XLII, 1914, pp. 53-148.
Collectif, « Le Faste des Rolin : Au temps des ducs de Bourgogne » dans Dossiers de l'Art, no 49, .
Lucien Taupenot, « Nicolas Rolin (1376-1462), chancelier de Bourgogne », dans la revue Nos Ancêtres Et Nous de l'Union Généalogique de Bourgogne, no 35 épuisé.
B. Maurice-Chabard (dir.), La Splendeur des Rolin : un mécénat privé à la Cour de Bourgogne, table ronde des 27-, Paris-Autun, 1999.
Françoise Vignier, « Les Châteaux des Rolin, dans Le faste des Rolin, au temps des ducs de Bourgogne », Dijon, 1998, dans Dossier de l'Art, no 49, pp. 98-99.
Françoise Vignier, Dictionnaire des Châteaux de France : Bourgogne et Nivernais, éd. Berger-Levrault, 1980, 338 p.
J.-B. de Vaivre, « La Famille des Rolin » dans La splendeur des Rolin, op. cit., p. 19-35.
J. Laurent, « Les Fiefs des Rolin », compte-rendu dans les Mémoires de la Société d'Archéologie de Beaune, 1931-1932, p. 85-87.
Henri Bouchard, Guigone de Salins, 1912, bronze identique au musée des beaux-arts de Dijon, Inv. 48-34, moulage en plâtre Hospices de Beaune ; dim. : H:75 cm x L: 32 cm x P:30, Inv. musée Bouchard (HB 84.237).
Henri Bouchard, médaillon de Nicolas Rolin et Guigone de Salins (avers), 1919, tirage en 1972, original en plâtre (HB 84211), médaille en bronze (D5 HB 84533), médaille plomb (D5.1.HB 841005), moulage plâtre (HB84.217–HB 85.012), fontes posthumes (HB 84.622–HB 86.0009–HB 86.010), musée Bouchard, épreuves aux musée d'Orsay & musée des beaux-arts de Beaune, dim. : diamètre : 32, signé en bas à gauche.
Henri Bouchard, Nicolas Rolin et Guigone de Salins, statues, Cour des fondateurs, Hospices de Beaune, exécution 1911–1914, mise en place : 1921 & 1923, pierre taillée, dim. : H:250 cm X L:111 cm X P:81,5 cm, nom des personnages sur la base et signature de l'artiste plus sculpture masque de Nicolas Rolin, 1912, musée Bouchard (inv. HB 84309), plâtre Salon 1912 (HB 84.015), dim. : H: 34 x 23 x P: 20 cm.
Philatélie
1943 : un timbre de 4 francs[13], est émis. Il représente Nicolas Rolin et Guignone de Salins d'après le tableau de Roger de la Pasture et le porche de l'Hôtel-Dieu. Il a bénéficié d'une vente anticipée le à Beaune. Il porte le no YT 583[14]. Le dessin et la gravure sont du peintre Henry Cheffer (1880121957), ses dimensions sont : 36 × 21,45 mm, il possède 13 dents et il est imprimé en taille douce rotative. Retiré de la vente le
Objets personnels
Bible de Nicolas Rolin, conservée à la bibliothèque du Grand Autunois Morvan (Ms 275 f. 3v, dépôt de l'Évêché)
Notes et références
Notes
↑1408–1483, évêque de Chalon et d'Autun, abbé de St.-Martin d'Autun, cardinal : d'où postérité naturelle.
↑Femme en premières noces de Jacques, comte de Montbel et d'Entremonts, et, en deuxièmes, d'Antoine de La Palud, chevalier ; † 1512.
↑Né en 1424 ; héritier des biens hennuyers, maréchal du Hainaut, vidame de Châlons ; postérité de sa femme Marie d'Ailly, fille de Raoul III d'Ailly vidame d'Amiens, sœur de Jean II d'Ailly (aussi vidame d'Amiens, époux de Yolande fille naturelle du duc Philippe le Bon), et de Jacqueline d'Ailly épouse de Jean comte de Nevers
↑Mort en 1423, Gui de Damas est le fils d'Hugues V, oncle maternel de Marie, future bru du chancelier. « Damas » n'a ici aucun rapport avec la ville de Syrie.
↑Pierre deviendra le beau-père de Jacques Rolin, petit-fils du chancelier par son père Antoine Rolin ci-dessous et mari de Jeanne de Bauffremont, la fille de Pierre
↑Marie-Thérèse Berthier
Jean-Thomas Sweeney, Le Chancelier Rolin (1368-1462 ), Paris, Guy Trédaniel, , 477 p., p. 325
↑Carte des Châteaux de Nicolas Rolin en Bourgogne d'après H. Mouillebouche/CeCaB.
↑Roland Niaux, l'Habitat médiéval fortifié dans les cantons d'Autun (nord et sud), éd. Viviane Niaux, lire en ligne.
↑Alphonse Rousset & Moreau architecte, Dictionnaire géographique historique et statistiques des communes de… chez Bintot Libraire Imprimeur à Besançon, 1853, t. I, p. 104.
Herta-Florence Pridat, Nicolas Rolin : chancelier de Bourgogne, Dijon, EUD, 1996, 348 p.
Hervé Mouillebouche, « L'inventaire des châteaux bourguignons : bilan et perspectives », Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre, 11, 2007, lire en ligne.