Les langues japoniques insulaires, ou langues japonaises-ryūkyūanes sont une subdivision des langues japoniques s'opposant aux langues japoniques péninsulaires hypothétiques anciennement parlées dans le centre et le Sud de la Corée. Ce regroupement, proposé par Vovin, a été repris plusieurs fois par la suite[1].
Histoire
A l'heure actuelle, la plupart des chercheurs sont d'accord pour dire que les langues japoniques ont été apportées dans l'archipel nippon entre le VIIe et le IIIe siècle av. J.-C. par des cultivateurs de riz humide de la culture Yayoi par le Nord de Kyūshū, remplaçant les peuples jōmon indigènes[2]. Des toponymes indiquent que les langues aïnoues étaient anciennement parlées dans l'Est du Japon[3],[4],[5]. Plus tard, les locuteurs japoniques se sont installés sur les îles Ryūkyū[2].
Linguistiquement, il y a un désaccord sur le lieu et la date de séparation avec la branche continentale. Robbeets (2020, 2021) argue que les deux branches de la famille "japanique" (japonique) se sont séparées quand leurs locuteurs ont quitté le Shandong en 1500 avant J.-C. environ vers le centre et le Sud de la péninsule coréenne. Selon elle, les japoniques insulaires seraient entré dans l'archipel vers 700 avant J.-C. Certains seraient restés au sud des confédérations de Mahan et de Byeonhan[6]. Cette théorie est peu soutenue. Vovin et Whitman affirment plutôt que les langues japoniques insulaires se sont séparées des langues japoniques péninsulaires en arrivant à Kyūshū entre 1000 et 800 avant J.-C.[7].
Il y a aussi un désaccord concernant la séparation du vieux japonais et des langues ryūkyū. Une théorie suggère qu'en tenant compte d'innovation en vieux japonais non-partagées avec les langues ryūkyū, ces deux branches ont dû se séparer avant le VIIe siècle[8], puis les ryūkyūans auraient migré du Sud de Kyūshū vers les Ryūkyū avec l'expansion de la culture Gusuku vers le Xe – XIe siècle environ[9]. Le vieux japonais aurait émergé durant la période Nara[10]. Robbeets propose une théorie similaire, mais place la date de séparation au Ier siècle av. J.-C.[11]. Boer propose que les langues ryūkyū descendent du dialecte kyūshūan du vieux japonais[12]. Une théorie suggère aussi que des ryūkyūans seraient restés à Kyūshū jusqu'au XIIe siècle[13].
Cette classification ci-dessous est la plus utilisée. Vovin classe la langue de Tamna dans la branche japonique insulaire[16],[17]. Le hachijō, parlé dans les îles Izu du Sud et anciennement dans les îles Daitō, est si divergeant du japonais moderne qu'il est parfois considéré comme une langue à part entière[18]. Robbeets (2020) traite les dialectes de Fukuoka et Kagoshima comme des langues indépendantes[11]. Les dialectes sont indiqués en italique.
(en) Alexander Vovin, Origins of the Japanese Language, Oxford Research Encyclopedia of Linguistics, Oxford University Press, (ISBN978-0-19-938465-5, lire en ligne)
(en) Alexander Vovin, From Koguryo to Tamna: Slowly riding to the South with speakers of Proto-Korean, Korean Linguistics, (lire en ligne)
(en) Alexander Vovin, Korea-Japonica: A Re-Evaluation of a Common Genetic Origin, University of Hawaii Press, (ISBN978-0-8248-3278-0)
(en) Masayoshi Shibatani, The Languages of Japan, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN978-0-521-36918-3)
(en) Elisabeth de Boer, « The classification of the Japonic languages », dans Martine Robbeets et Alexander Savelyev, The Oxford Guide to the Transeurasian Languages, Oxford University Press, (p. 40–58).
(en) Leon A. Serafim, « The uses of Ryukyuan in understanding Japanese language history », dans Bjarne Frellesvig et John Whitman, Proto-Japanese: Issues and Prospects, John Benjamins, (ISBN978-90-272-4809-1), p. 79–99.
(en) James Patrie, The Genetic Relationship of the Ainu Language, Oceanic Linguistics Special Publications, University of Hawai'i Press, (ISBN978-0-8248-0724-5, JSTOR20006692)
(en) Suzuko Tamura, The Ainu Language, Tōkyō, ICHEL Linguistic Studies, (ISBN978-4-385-35976-2)
(en) Mark J. Hudson, Ruins of Identity: Ethnogenesis in the Japanese Islands, University of Hawai'i Press, (ISBN978-0-8248-2156-2)
(en) David J. Iannucci, The Hachijō Language of Japan: Phonology and Historical Development, Mānoa, University of Hawaiʻi,
(en) Thomas Pellard, « The linguistic archeology of the Ryukyu Islands », dans Patrick Heinrich, Shinsho Miyara et Michinori Shimoji, Handbook of the Ryukyuan languages: History, structure, and use, De Gruyter Mouton, (ISBN978-1-61451-161-8, DOI10.1515/9781614511151.13, S2CID54004881), p. 13–37.