À l'image des livres, chaque épisode cinématographique, à l'exception des deux derniers, retrace les aventures de Harry Potter sur une année scolaire à l'école de sorcellerie de Poudlard, en compagnie de ses deux meilleurs amis Ron Weasley et Hermione Granger. L'intrigue principale de la série mène à la confrontation entre Harry et Lord Voldemort, un puissant mage noir à la recherche de l'immortalité.
Les rôles principaux de Harry, Ron et Hermione sont respectivement joués par les acteurs britanniques Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson, âgés d'environ 10 ans au début de la production. Les trois interprètes conserveront leur rôle pendant les dix années de tournage de la série.
Bien que « boudée » par l'Académie des arts et des sciences du cinéma qui ne lui décerne aucun Oscar, la série de huit films remporte plusieurs récompenses notables, notamment pour ses décors, ses effets spéciaux et ses bandes originales, et connaît un immense succès commercial et culturel dans le monde, à l'instar de la série de romans dont elle a été adaptée et des nombreux produits dérivés. La série rapporte au total plus de 8 milliards de dollars et oscille, entre 2011 et 2017, entre la seconde et la troisième place des franchises les plus rentables de tous les temps. Le dernier épisode, Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2, réalise en 2011 le meilleur démarrage de l’histoire du cinéma et rentabilise à lui seul le budget total nécessaire à la production des huit films.
À partir de 2012, les décors principaux des films sont exposés aux studios de Leavesden à Londres. Une zone thématique, The Wizarding World of Harry Potter, construite au sein de plusieurs parcs d'attractions Universal à travers le monde, et comportant notamment une réplique du château de Poudlard et du village sorcier de Pré-au-Lard grandeur nature, rencontre un succès considérable. À partir de 2016, l'univers cinématographique de Harry Potter s'étend également à travers la série de films dérivée Les Animaux fantastiques, qui fait appel à la même équipe technique.
En , une émission de rétrospective intitulée Retour à Poudlard est diffusée à la télévision. Elle célèbre les 20 ans du premier film et met en scène les retrouvailles des acteurs principaux et des différents réalisateurs de la franchise.
Les films sont adaptés des romans Harry Potter de J. K. Rowling, qui appartiennent au genre « low fantasy », mais correspondent également par de nombreux aspects au roman d'apprentissage[S 1],[S 2]. L'histoire du héros orphelin éponyme est ancrée dans la société britannique des années 1990. Alors qu'il est élevé par son oncle et sa tante moldus, hautains et antipathiques, il découvre à l'âge de 11 ans qu'il possède des facultés magiques et qu'il est inscrit depuis sa naissance à l'école de sorcellerie de Poudlard, dirigée par Albus Dumbledore. L'intrigue principale de la série mène à la confrontation entre Harry et Lord Voldemort, un mage noir à la recherche de l'immortalité.
À l'image des livres, chaque épisode cinématographique (à l'exception des deux derniers) retrace les aventures de Harry Potter sur une année scolaire à Poudlard, en compagnie de ses deux amis Ron Weasley et Hermione Granger. Dans le premier film, Harry prend peu à peu conscience qu'il est un sorcier et les quarante premières minutes tournent autour de cette révélation[S 3]. Le spectateur découvre ensuite l'univers à travers ses yeux[S 3].
Les décors, créatures et objets créés pour les films ont été conçus en étroite collaboration avec l'auteure J. K. Rowling, qui a pu suivre tout le processus d'adaptation de son univers à l’écran[S 4]. L'action se déroule principalement dans le château médiéval abritant l'école[S 5], censé se situer dans les Highlands[1], mais aussi dans les environs de Londres et dans des villages fictifs de la campagne sud-anglaise[S 6] (Godric's Hollow, Little Hangleton, Tinworth). Selon Rowling, l'architecture reproduite par l'équipe de Stuart Craig dans les films, proche des styles Tudor[S 6], georgien[S 7] ou victorien[S 8], est une représentation fidèle de ce qu'elle a pu imaginer[2].
Selon l'essayiste Jean-Claude Milner, le monde des Moldus, tel qu'il est dépeint dans les films, représente la société capitaliste et industrielle de la fin du XXe siècle[S 9], alors que la communauté magique de Grande-Bretagne, disposant de sa propre organisation gouvernementale (le ministère de la Magie) avec ses propres lois, son système économique et ses médias, fonctionne à contre-courant en étant détachée de toute technologie moderne[S 9].
Harry Potter, jeune orphelin, a été élevé par son oncle et sa tante dans des conditions hostiles[3]. À l'âge de onze ans, un demi-géant nommé Rubeus Hagrid lui apprend qu'il possède des pouvoirs magiques[3] et que ses parents ont été assassinés, des années auparavant, par le mage noir Lord Voldemort. Ce dernier avait également essayé de tuer Harry alors qu'il était un bébé, mais le sort a rebondi. En fréquentant pour la première fois le monde des sorciers, accompagné par Hagrid, Harry découvre qu'il y est très célèbre. Il entame sa première année d'études à l'école de sorcellerie Poudlard, où il apprend à maîtriser la magie aux côtés de ses deux nouveaux amis Ron Weasley et Hermione Granger[3]. Au cours de l'année, le trio se trouve impliqué dans le mystère de la pierre philosophale, gardée au sein de l'école et convoitée par un inconnu qu'ils cherchent à démasquer. Ce dernier se révèle être Voldemort, qui habite le corps du professeur Quirrell.
Élèves et fantômes sont retrouvés pétrifiés dans les couloirs de Poudlard[4], preuve que la Chambre des secrets a été ouverte et que le monstre qu'elle renfermait depuis cinquante ans a été libéré[5]. Harry doit affronter la rumeur qui le dit héritier de Salazar Serpentard, l’un des quatre fondateurs de Poudlard et créateur de la Chambre, et lui attribue donc la responsabilité de la catastrophe. Il se découvre un talent pour parler le Fourchelang, la langue des serpents, et remonte la piste de la Chambre des secrets grâce à un mystérieux journal intime ayant appartenu à un ancien élève, Tom Elvis Jedusor. Harry, Ron et Hermione finissent par pénétrer dans la chambre des secrets et affrontent le basilic qu'elle renferme[4].
Harry et ses amis font la connaissance du nouveau professeur de défense contre les forces du Mal, Remus Lupin[6], qui se montre compétent et attentif. Alors que le monde sorcier prend connaissance de l'évasion de Sirius Black, condamné pour meurtre[7], la sécurité de l'école est renforcée par l'arrivée de détraqueurs, d'effroyables créatures gardiennes de la prison d'Azkaban. Harry en apprend plus sur son histoire et son lien avec le prisonnier échappé[6].
Au cours de l'été précédant la quatrième rentrée scolaire de Harry, la marque des ténèbres, signe de ralliement du mage noir Voldemort, apparaît dans le ciel après qu'une attaque de mangemorts a perturbé la Coupe du monde de quidditch[8]. L'école Poudlard accueille pour sa part un nouveau professeur de défense contre les forces du Mal (Alastor Maugrey, dit « Fol-Œil »)[8] et un évènement légendaire, le Tournoi des Trois Sorciers[9]. Trois écoles de magie européennes font participer leur « champion » au tournoi. La coupe de feu désigne Harry comme quatrième candidat aux côtés de Fleur Delacour, Viktor Krum et Cedric Diggory[8]. En tant que quatrième champion, il doit lui aussi affronter des épreuves au péril de sa vie pour remporter le trophée des trois sorciers[9]. Le film se termine par le retour de Voldemort, qui regagne sa puissance[9].
Alors qu'il entame une cinquième année d'études à Poudlard, Harry Potter découvre que la majorité des sorciers ne semble pas croire au retour de Voldemort survenu à la fin de l'année précédente, convaincue par une campagne de désinformation dirigée par Cornelius Fudge, le ministre de la Magie[10]. Celui-ci impose Dolores Ombrage comme nouveau professeur de défense contre les forces du Mal à l'école afin de maintenir l'ordre et de surveiller les agissements d'Albus Dumbledore[10]. Ombrage est chargée de dispenser uniquement des cours théoriques aux élèves et semble s'en prendre particulièrement à Harry, qui reste ferme sur ses convictions[10]. Certains élèves de l'école, menés par Harry, Ron et Hermione, forment un club de défense secret, l'Armée de Dumbledore, pour s'entraîner au combat et faire écho à l'ordre du Phénix, face au ministère de la Magie corrompu et aux mangemorts[10].
Alors que le retour du mage noir est officialisé[11], Voldemort et ses mangemorts intensifient le climat de terreur qu'ils ont instauré dans le monde sorcier et moldu. Dumbledore, le directeur de l'école, convainc son vieil ami et collègue Horace Slughorn de revenir enseigner l'art des potions à Poudlard, mais Harry découvre par la suite que son retour a des motivations plus profondes[11]. Harry entre en possession d'un manuel scolaire aux annotations étranges, qui appartient à un certain « Prince de sang-mêlé » et qui lui permet d'améliorer ses résultats[11]. Entre-temps, Dumbledore et Harry se réunissent régulièrement pour étudier le passé de Voldemort et mettre au point une méthode qui permettrait de le détruire définitivement[11]. L'élève rival de Harry, Drago Malefoy, veut de son côté mener à bien une mission qui lui a été confiée par le mage noir : tuer Albus Dumbledore[11].
Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 1 (2010)
Après la mort d'Albus Dumbledore, survenue à la fin de leur sixième année à Poudlard, les trois jeunes sorciers prennent la décision d'arrêter leurs études pour se consacrer à la mission que ce dernier leur a confiée : trouver et détruire les objets-horcruxes, secrets de l'immortalité de Voldemort, et qui sont dispersés dans tout le Royaume-Uni[12]. Ils tentent d'échapper au contrôle que Voldemort et ses partisans exercent sur le monde sorcier en progressant cachés, et affrontent de nombreux obstacles[12].
Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2 (2011)
Après s'être échappés du manoir des Malefoy, Harry, Ron et Hermione se rendent à Gringotts pour récupérer l'un des horcruxes dans le coffre de Bellatrix Lestrange[13], et prennent la fuite sur le dos d'un dragon gardien, qu'ils libèrent de la banque. Ils regagnent ensuite Poudlard afin de rechercher et de détruire les derniers horcruxes qui protègent encore le mage noir[13]. En apprenant le retour de Harry à l'école de magie, Voldemort se rend lui-même sur les lieux. L'épisode se termine par la confrontation finale entre Harry et Voldemort[S 10].
Fiche technique
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Fin 1997, le producteurDavid Heyman reçoit dans son bureau de Londres une copie du livre Harry Potter à l'école des sorciers, qui deviendrait le premier tome d'une série de romans jeunesse. Il recherche un livre pour enfants à adapter au cinéma sous forme de blockbuster familial[S 39], et pense d'abord à The Ogre Downstairs (non traduit en français) de Diana Wynne Jones[S 39]. Harry Potter lui est finalement suggéré par son assistante, qui pense que l'histoire « d'un garçon dans une école de sorciers » est une idée enthousiasmante à exploiter[S 39],[S 40]. Heyman, après avoir lu et adoré le manuscrit, l'envoie à Lionel Wigram, son ami d'enfance qui est cadre de Warner Bros à Los Angeles et qui vient d'y être nommé producteur exécutif[S 15]. Celui-ci est rapidement intéressé par l'histoire et la compare, comme Heyman, aux grands classiques du cinéma de fantasy, comme Le Magicien d'Oz ou Charlie et la Chocolaterie, qu'ils ont eux-mêmes beaucoup aimés lorsqu'ils étaient enfants[S 15]. Ils doivent cependant convaincre les studios américains, inquiets de l'aspect « très anglais » de l’école dont il est question dans les romans, mais également du fait que les films de fantasy sont à cette époque « passés de mode »[S 15]. Mais le studio donne finalement son accord pour lancer le processus d'adaptation[S 15].
À cette époque, la principale appréhension de l'auteure J. K. Rowling est que sa série devienne « américanisée » par Warner Bros. et qu'elle perde sa « substance britannique »[S 4].
L'enthousiasme et les arguments d'Heyman conduisent néanmoins Rowling à vendre les droits d'adaptation des quatre premiers tomes de sa série à la société pour la somme d'un million de livres sterling (soit 2 millions de dollars à cette époque)[42],[S 41]. Les producteurs acquièrent les droits d'adaptation le jour de la sortie du premier tome aux États-Unis[S 42] (soit en septembre 1998[43]). David Heyman précisera plus tard qu'ils ont en réalité signé à ce moment-là « pour l’ensemble de la série »[S 42].
J. K. Rowling conserve un droit de regard sur les adaptations — sans se montrer particulièrement intéressée par l'écriture du scénario[S 43] — et insiste surtout pour que les acteurs principaux soient britanniques[44]. Elle confiera plus tard : « Évidemment, il y a des choses qui ne fonctionnent pas à l’écran, mais ce qui est crucial, c’est que l’intégrité de l’intrigue et des personnages soit conservée »[S 4].
Scénario
Malgré leur volonté de réaliser des films britanniques, les producteurs décident de se diriger en priorité vers des scénaristes américains[S 43]. Selon Heyman, « cette histoire relevait de l’entertainment pur et dur, et il n'y avait pas tant de scénaristes anglais qui excellaient dans ce domaine »[S 43].
Heyman et Wigram commencent à rechercher un scénariste au début de l’année 1998[S 15], mais sans succès : le roman Harry Potter à l'école des sorciers devient très populaire au Royaume-Uni, mais n'est pas encore publié aux États-Unis, ce qui fait qu'aucun scénariste n'est intéressé par le projet[S 15]. En outre, une première critique dans le New Yorker en 1999 estime que les livres Harry Potter ne rencontreront pas de succès en Amérique, du fait qu'ils contiennent beaucoup trop d'argot britannique[S 44],[44]. Richard Curtis, notamment, est approché par Heyman, mais décline à son tour la proposition[S 43]. Ce n'est qu'à partir de septembre 1998, lorsque l'édition américaine est publiée chez Scholastic, que les producteurs reçoivent de nombreuses propositions, pour l'écriture comme pour la réalisation[S 15]. Ils hésitent alors entre deux personnes : Steve Kloves (connu notamment pour son travail sur Susie et les Baker Boys et Wonder Boys), et Michael Goldenberg, dont David Heyman a admiré le travail sur le film Contact[45],[46],[S 43]. C'est Steve Kloves qui est finalement retenu[S 15]. Selon David Heyman, il est le scénariste idéal pour « retranscrire l’esprit d’un auteur dans ses scripts »[S 4]. Lors de leur première rencontre en 1999[47], Kloves surprend et rassure J. K. Rowling en lui avouant que son personnage préféré est Hermione Granger[47] — personnage auquel l'auteure s'identifie le plus et qu'elle considère comme l'un des « moins accessibles » pour un homme[47]. Le scénariste précise également qu'il souhaite éviter le « manque de subtilité hollywoodien » dans sa transcription[S 4].
Steve Kloves écrit les scénarios de tous les films de la franchise, à l'exception du cinquième — à une période où le scénariste exprime le souhait de faire une pause[45],[S 16]. L'écriture de ce cinquième épisode, qui comporte une trame « plus sombre, plus psychologique, plus politique que les tomes précédents »[45], est alors confiée à Michael Goldenberg, qui est resté proche du projet depuis ses débuts[45],[46].
Il faut une décennie pour que paraisse l'intégralité de l'histoire Harry Potter, tant pour les livres (de 1997 à 2007) que pour les films (de 2001 à 2011), et il est particulièrement difficile pour Steve Kloves d'adapter une histoire dont il ne connaît pas la destinée des personnages[S 4]. Les séries littéraire et cinématographique évoluent donc en étroite collaboration :
« L'essentiel pour moi, c'était qu'ils ne fassent pas faire à mes personnages des choses que je ne voulais pas. J'étais au milieu d'une série de sept livres. […] Je voulais qu'on travaille ensemble sur la même intrigue[44]. »
— J. K. Rowling
Sans dévoiler cette intrigue à venir, J. K. Rowling donne à plusieurs reprises des indications aux scénaristes et à l'équipe afin que des éléments n'entrent pas en contradiction avec ceux des derniers livres qui ne sont pas encore parus[S 4] (le dernier tome est publié en juillet 2007, alors que le sixième film est en pré-production[48]). Pour Steve Kloves, la façon de travailler sur l'adaptation du dernier tome est donc complètement différente, puisqu'il dispose alors de tous les éléments dont il a besoin[47]. David Heyman estime qu'aucune adaptation n'a comporté de changement significatif par rapport aux livres[S 17], et que lorsque des changements ou retraits sont intervenus, c'était systématiquement avec l'accord de Rowling[S 4].
Choix des réalisateurs
David Heyman contacte le réalisateur anglais Mike Newell lors de la pré-production du premier film en 1998 (en même temps que le scénariste Richard Curtis[S 43]), mais Newell décline alors la proposition, puisqu'il est en tournage sur le film Les Aiguilleurs au même moment[S 43],[S 13].
Le réalisateur Steven Spielberg est le premier réalisateur à se montrer intéressé[S 45], mais désire adapter Harry Potter avec beaucoup de libertés : influencé par les succès de Toy Story et des studios Pixar, son idée initiale est de réunir plusieurs romans Harry Potter pour développer l'univers de sorcellerie en animation[S 46],[S 47] (comme il aura le loisir de le faire plus tard avec son film adapté de l'univers de Tintin, qui regroupe les histoires de plusieurs tomes[49]). Après de longs débats sur cette question[S 15], Alan Horn, alors directeur de la Warner, juge préférable que les films soient tournés avec des acteurs[S 46],[S 47]. Spielberg exprime quant à lui son souhait de travailler avec Haley Joel Osment dans le rôle-titre, un jeune acteur dont la prestation l’a impressionné dans Sixième Sens[50]. Cependant, les exigences de Rowling concernant la nationalité du casting principal, et l'impossibilité d'appliquer ses préférences personnelles en matière de réalisation poussent finalement Spielberg à se détourner du projet[50].
David Heyman et J. K. Rowling ont tous les deux une préférence pour le réalisateur Terry Gilliam[S 45], pour son humour et sa « touche de folie », ainsi que pour « sa sensibilité et ses précédentes incursions dans les domaines du fantastique »[S 45]. Mais Alan Horn, notamment, hésite à confier le projet à un cinéaste « aussi imprévisible »[S 45]. Après avoir étudié de nombreuses autres propositions (dont celles de Jonathan Demme[S 45], Brad Silberling[S 45], Alan Parker[S 45] et Rob Reiner[51]), le choix de la production se porte alors sur le réalisateur américain Chris Columbus, connu dans les années 1990 pour ses comédies et drames familiaux à succès tels que Madame Doubtfire et Maman, j'ai raté l'avion[S 11]. Il se montre à la fois le plus enthousiaste et passionné, et le plus convaincant en matière de fidélité au roman[S 15],[S 4]. En outre, le cinéaste a l'habitude de travailler avec des enfants, ce qui convient parfaitement aux besoins des premiers films[S 11]. Il sera d'ailleurs le réalisateur chargé, en quelque sorte, de former les enfants au métier d'acteur de cinéma[S 48].
En 2002, vers le milieu de la production du deuxième film, Chris Columbus — qui pensait au départ réaliser les sept films prévus — décide finalement de passer la main, usé sur le plan physique et souhaitant profiter davantage de ses enfants[S 49]. La sensibilité visuelle du réalisateur mexicainAlfonso Cuarón, notamment sur les films La Petite Princesse (1995) et Y tu mamá también (2001), convainc rapidement David Heyman et J. K. Rowling de l'engager pour la suite[S 12]. Cuarón n'a cependant pas lu les livres, ni vu les premiers films, au moment d'être contacté[S 12], et hésite à prendre la relève de Chris Columbus pour un blockbuster[S 12]. C'est son ami cinéaste Guillermo del Toro qui parvient à le convaincre non seulement de lire les romans, mais aussi de travailler sur le projet[S 50].
« Chris Columbus a vraiment donné vie et énergie à la franchise. Puis Alfonso a réalisé un film plus lyrique, plus poétique[S 51]. »
Alfonso Cuarón donnera à Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban un aspect visuel spécifique en concordance avec le ton plus sombre du roman, et optera pour des tons de gris et de bleu foncé en désaturant les images[S 52]. Selon David Heyman et Chris Columbus, la direction prise par Cuarón en matière de fil conducteur et d'aspect visuel se sont avérés cruciaux, non seulement pour ce troisième film, mais aussi pour les films suivants[S 52].
Lorsque Alfonso Cuarón, fatigué[52], décide de s'arrêter à la fin du tournage du Prisonnier d'Azkaban, Mike Newell est à présent disponible et accepte la nouvelle proposition de David Heyman pour réaliser le quatrième film, Harry Potter et la Coupe de feu, en 2004[S 13]. Ce film se situe à un tournant de la saga, puisqu'il constitue l'adaptation du tome central de la série romanesque. Newell estime pour sa part que le début de la transition des personnages principaux vers l'âge adulte s'est déjà produite à travers Le Prisonnier d'Azkaban, et décide donc de se pencher sur la relation entre le méchant et le héros et de montrer davantage les « moments d'angoisse et de vulnérabilité »[S 53]. Il souhaite réaliser un thriller mature et inquiétant, tout en intégrant une certaine légèreté avec les premières amours adolescentes[S 54].
À son tour, Mike Newell préfère s'arrêter à la fin du tournage de La Coupe de feu, en raison de fatigue[52]. Le réalisateur de télévision David Yates, alors méconnu du grand public, est engagé en 2006 pour le cinquième film : Harry Potter et l'Ordre du Phénix[S 14], et restera à son poste pour tous les films suivants[S 55]. Selon David Heyman, « David Yates a une façon profondément humaine de faire des films, et il possède une énergie extraordinaire. Il n'hésite pas non plus à traiter les sujets politiques de manière divertissante »[S 14]. Yates se montre surpris lui-même d'avoir été choisi, surtout à la suite des précédents réalisateurs, mais accepte le défi avec beaucoup d'enthousiasme[S 56]. Sur les plateaux, Yates est considéré beaucoup plus calme, posé et introverti que son prédécesseur[S 16], et son arrivée nécessite quelques ajustements de la part des acteurs et de l'équipe technique, qui s'habituent néanmoins très rapidement à sa manière de travailler[S 16]. Selon Daniel Radcliffe, Yates cherche toujours à obtenir plus de détails et de nuances dans le jeu des acteurs, ce qui les pousse à s’impliquer encore davantage personnellement[S 57].
Pour Alan Horn, chacun des réalisateurs a apporté quelque chose de différent à la franchise : « le style visuel époustouflant d'Alfonso, l'humour de Mike, basé sur son expérience d'élève dans un pensionnat anglais, et le cran et le réalisme de David, qu'il a su parfaitement incorporer [au monde des sorciers] »[S 15].
Warner Bros précise au début de la production qu'ils souhaitent conserver les mêmes jeunes acteurs principaux pour l'ensemble des films[S 58]. En 1999-2000[S 45], les acteurs choisis pour incarner les élèves de Poudlard sont pour la plupart inconnus, même si quelques-uns viennent tout juste de jouer dans quelques productions (David Copperfield pour Daniel Radcliffe en 1999 et Anna et le Roi pour Tom Felton la même année). Le casting des trois acteurs principaux dure presque un an, et n'est finalisé qu'au dernier moment avant le début du tournage[S 59], lorsque le réalisateur et le producteur obtiennent une « alchimie » entre les trois enfants[S 25].
Le producteur David Heyman et Susie Figgis, directrice de casting, reçoivent des milliers de candidatures, dont celles d'Emma Watson, alors âgée de 9 ans (qui est la première du trio à être choisie[S 25]), pour incarner Hermione Granger, et Rupert Grint, 11 ans, pour incarner Ron Weasley[S 24]. Le choix de Daniel Radcliffe, 10 ans, se fait quant à lui plus tardivement. Au printemps 2000, Chris Columbus visionne David Copperfield et le remarque, mais les parents du garçon ne souhaitent pas qu'il participe au film[S 60],[S 25]. C'est un peu plus tard, en juin 2000, qu'Heyman et Steve Kloves le rencontrent par hasard lors d'une sortie au théâtre[S 23]. Heyman n'a dès lors plus que ce garçon en tête pour interpréter le rôle-titre et Chris Columbus et lui finissent par convaincre ses parents de le faire participer au projet[S 23].
Le réalisateur est convaincu par le potentiel et la courte expérience de Tom Felton, après avoir vu ses auditions, mais hésite entre plusieurs rôles possibles (dont celui de Harry Potter)[S 26]. Felton est finalement choisi pour interpréter Drago Malefoy, l'ennemi de Harry[S 26]. Les jeunes acteurs Matthew Lewis et les jumeaux Phelps, après avoir passé des auditions, sont choisis pour interpréter respectivement Neville Londubat et les jumeaux Weasley, tout comme Bonnie Wright pour incarner Ginny Weasley[S 28],[S 27]. À ce moment de la production, le choix de Bonnie Wright est fait en toute conscience de l'importance que pourrait avoir son personnage dans la suite de l'histoire, puisque J. K. Rowling aurait informé très tôt l'équipe, et notamment Chris Columbus, du lien sentimental entre Ginny et Harry Potter[S 61]. Le secret fut conservé tout au long des tournages, les acteurs eux-mêmes n'ayant pas été mis au courant[S 62]. Evanna Lynch, quant à elle, est choisie pour interpréter Luna Lovegood à partir du cinquième film, à l'issue d'un casting où plus de 15 000 personnes se sont présentées pour le rôle[S 29].
Le casting des adultes est en revanche riche en vedettes issues de la scène et du cinéma britanniques ou irlandais[S 63]. Pour interpréter Hagrid, le choix de J. K. Rowling se porte directement sur l'acteur Robbie Coltrane (qui est doublé, pour les scènes en plan large, par Martin Bayfield, un ancien joueur de rugby mesurant un peu plus de 2 m)[S 64]. L'acteur écossais est l'un des premiers acteurs à être choisis sur la production[S 32]. Richard Harris, parrain de David Heyman, correspond selon ce dernier au personnage d'Albus Dumbledore par la « force » qu'il dégage et son « étincelle malicieuse dans l’œil »[S 30]. Harris n'est cependant pas enthousiaste à l'idée d'interpréter le directeur de Poudlard, et c'est sa petite-fille qui finit par le convaincre d'accepter le rôle[S 30]. Alan Rickman accepte d'incarner le professeur Severus Rogue[S 19], après avoir obtenu une conversation avec J. K. Rowling, qui l’a aidé très tôt à comprendre la complexité de son personnage[S 65]. Pour le rôle de Minerva McGonagall, professeur de métamorphose et directrice de la maison Gryffondor, Heyman et Chris Columbus n'envisagent personne d'autre que Maggie Smith[S 19]. Warwick Davis interprète le rôle du gobelin de Gringotts transmettant la clef[S 66], ainsi que le professeur d'enchantements Filius Flitwick (dans ses deux apparences différentes), puis le rôle du gobelin Gripsec à partir du septième film (le personnage étant joué par Verne Troyer dans le premier film[S 66]). Julie Walters, tout juste nommée aux Oscars pour son rôle dans Billy Elliot, est choisie pour interpréter Mme Weasley[S 27], la mère de Ron. Richard Griffiths et Fiona Shaw jouent quant à eux l'oncle Vernon et la tante Pétunia[S 38].
Selon Roy Button, vice-président directeur général de la Warner, l'étape la plus difficile au démarrage de la production est de monter les studios et les plateaux de tournage[53]. Il songe en premier lieu à réserver l'ensemble des locaux de Pinewood, mais se tourne finalement vers le site de Leavesden, qui est financièrement plus accessible et très spacieux[53]. L'ancienne usine d'avions a alors déjà servi pour le tournage de plusieurs films des années 1990, tels que GoldenEye, La Menace fantôme et Sleepy Hollow[S 24].
Considéré « peu chic », délabré et déprimant, le site est entièrement aménagé pour les seuls besoins des films Harry Potter[54]. Une cantine y est construite, de même que des salles de classe pour les plus jeunes acteurs, un enclos extérieur de dressage d'animaux, un terrain de loisirs, des salles de montage et d'effets spéciaux[55], etc.
Le tournage de la saga commence le [41] et se termine officiellement le [S 79],[56]. Certains plateaux et décors resteront en place pendant toute la durée de tournage des huit films[52].
Pour concevoir les décors, le choix de Lionel Wigram se porte rapidement sur Stuart Craig, que le réalisateur Alfonso Cuarón considèrera plus tard comme le dernier grand chef décorateur « à l'ancienne »[S 84]. Wigram a déjà eu l'occasion de travailler avec lui peu de temps avant, et admire son travail, qu'il qualifie de « raffiné »[S 17]. Oscarisé pour ses décors sur Gandhi, Les Liaisons dangereuses et Le Patient anglais[59], Craig est l'un des premiers collaborateurs sur la production[S 59] et travaille sur tous les épisodes de la franchise, en créant, puis en faisant évoluer, l'architecture de Poudlard, le lieu principal des aventures[S 85].
Lors de la pré-production du premier film, J. K. Rowling dessine rapidement, à l'attention de Stuart Craig, une petite carte représentant le château et ses environs, vus du dessus, avec la localisation des différents éléments extérieurs comme la forêt interdite, la cabane de Hagrid, le terrain de quidditch, la gare de Pré-au-Lard, etc.[60],[S 87] Ce document servira de base jusqu'au dernier jour de tournage[S 87].
« Nous avons fini par construire presque tout l'univers [en studio], mais à l'époque du premier film, c'était impossible de tout créer, aussi bien sur le plan économique que pratique. Alors nous avons cherché des lieux de tournage. Et c'est en les cherchant que nous avons découvert à quoi devait ressembler Poudlard[S 87]. »
Le chef décorateur imagine le château de Poudlard (décrit dans les livres comme ayant plus de mille ans[64]) comme un mélange architectural entre le Christ Church College d'Oxford, la cathédrale de Durham et celle de Gloucester[S 32] ; il s'inspire donc principalement de la structure de ces trois monuments anciens pour créer une maquette à grande échelle du château, qu'il souhaite rendre le plus crédible possible[S 32] ; selon lui, la magie « a d'autant plus de force dans un cadre apparemment familier et réel, [que] dans un endroit purement fantaisiste »[S 32]. Par ailleurs, un architecte indique que la cathédrale de Durham a été utilisée comme modèle pour toute une section du château : les tours jumelles carrées de l’école étant presque une réplique exacte de celles de Durham, mais en étant rehaussées de flèches pointues sur ses sommets[65].
La tour de l'horloge, donnant sur le bâtiment de la Grande salle.
Les véritables décors peuvent être « décevants », par la présence de petits détails multiples n'entrant pas dans le contexte ou l'époque de l'histoire[66]. Mais le fait de devoir mélanger des décors réels avec des décors conçus en studios présente des inconvénients pour Craig[66]. Une fois les éléments « des deux mondes » assemblés, le chef décorateur estime même avoir échoué, dans un premier temps, à donner au château une « véritable silhouette emblématique »[66]. Tout au long des huit films de la franchise, il choisit donc de modifier et de styliser l'apparence des éléments qui composent la silhouette de l’école[66]. L'équipe fait également le choix de supprimer progressivement certains décors réels[66].
Parmi les 588 décors construits en studios[41], la Grande salle, où se réunissent tous les élèves, est l'un des premiers à être réalisé[41]. La pièce, recouverte de pavés en pierre de York[S 93], peut alors accueillir plus de 400 personnes au moment du tournage[41]. Le décor du chemin de Traverse est construit également en studio[S 94]. Le décor du bureau de Dumbledore et celui du Terrier des Weasley sont quant à eux construits pour les besoins du deuxième film[41], et sont réutilisés pour les suivants. L'équipe tourne les plans extérieurs de Poudlard en Écosse à partir du troisième film[S 95] et la plupart des décors intérieurs sont créés en studios[S 87].
Un aquarium géant de 18 m de côtés sur 6 m de profondeur[67] (le plus grand de ce type en Europe) est creusé à Leavesden pour filmer les scènes sous-marines du Tournoi des Trois Sorciers, dans le quatrième film[41]. L'Atrium du ministère de la Magie, présent dans le cinquième film notamment — et inspiré par l'architecture victorienne de Londres —, est le plus grand décor construit pour la production[41].
Contraintes du tournage avec des enfants
Warner Bros précise, au début du contrat, vouloir que les jeunes acteurs choisis pour interpréter les rôles principaux soient les mêmes pour tous les films[S 58]. Néanmoins, les enfants et adolescents ne tournent que quatre heures trente par jour et doivent, en plus du tournage, suivre trois heures de cours scolaires journaliers avec des professeurs, dans des salles de classes prévues pour eux aux studios de Leavesden[S 96],[68].
« S'asseoir et se concentrer sur un problème de maths, c'est la dernière chose qu'on a envie de faire après une heure à tourner sur le plateau. Mais finalement, je pense que le fait de redevenir régulièrement une écolière normale m'a permis de garder les pieds sur terre[S 96]. »
Pour les premiers films, les lieux de tournage sont dispersés dans tout le Royaume-Uni et les enfants acteurs changent fréquemment d'hôtels, demeurant pendant de longues périodes, parfois plusieurs semaines ou mois consécutifs, loin de leur domicile[S 96]. Ils sont généralement accompagnés dans tous leurs déplacements et leurs activités par au moins un de leurs parents (c'est le cas de Daniel Radcliffe et de Rupert Grint) ou, lorsque ce n'est pas possible, par une personne chaperon désignée sur le plateau[S 96].
Les enfants doivent également disposer de quinze minutes de pause toutes les heures[68]. De telles contraintes nécessitent généralement des plannings de tournage plus longs[69]. Comme les enfants « grandissaient vite », l'équipe aurait été contrainte, selon Chris Columbus, de « bâcler » certains détails, et notamment les effets spéciaux du premier film, afin de respecter strictement le planning et la date impérative de sortie[S 58]. Les tournages entre les premiers films s'enchainent très rapidement : celui de La Chambre des secrets commence trois jours seulement après la sortie de L'École des sorciers[S 58]. Pour Columbus, ce fut une bonne chose, car les enfants n'ont pas eu le temps de se laisser submerger par le succès retentissant du premier film[S 58] : « à ce stade, on devenait comme une grande famille, c'était bon d'être tous ensemble à ce moment-là »[S 58].
L'expérience de Chris Columbus lui permet de bien appréhender le travail avec les enfants sur le tournage des deux premiers films, et sa patience et son énergie impressionnent l'équipe[S 97]. Les acteurs débutants rencontrent régulièrement des difficultés à rester concentrés, retenir leurs emplacements, ne pas rire et éviter de regarder la caméra pendant les prises[S 98],[S 80]. Le réalisateur met un point d'honneur à prendre le temps avec chacun d'eux en leur donnant assez d'attention pour qu'ils s'épanouissent, pas seulement pour leur jeu d'acteur, mais pour obtenir, selon lui, une véritable performance, malgré l'aspect répétitif du travail d'acteur[S 98].
« Si le réalisateur des deux premiers volets avait été horrible, je crois qu'aucun d'entre nous n'aurait continué ce métier[S 52]. »
L'Américaine Judianna Makovsky est approchée au début de la production afin de concevoir les costumes, et notamment les robes et uniformes de Poudlard[S 19].
« J'ai essayé d'habiller les enfants vraiment comme dans une pension anglaise. Curieusement, J. K. Rowling disait que les enfants n'avaient pas d'uniformes. Donc on a fini par faire des essais avec Daniel [Radcliffe] en vêtements normaux, puis avec une robe de sorcier et un uniforme, et tout le monde était pour l'uniforme, car, graphiquement, c'était bien plus joli[70]. »
Makovsky décide de prendre exemple sur les uniformes traditionnels des grandes écoles britanniques comme Eton, en essayant d'adapter ces modèles au monde sorcier[S 99]. Elle y ajoute donc des couleurs pour représenter les différentes maisons de l'histoire, et pour les professeurs, conçoit des robes traditionnelles comportant pour chacune « un élément surprenant »[S 99]. Certains acteurs comme Maggie Smith et Alan Rickman discutent de certains détails vestimentaires avec Makovsky, comme la « touche écossaise » de McGonagall ou « des manches très serrées et beaucoup de boutons » pour Rogue ; détails qui sont pris en compte dans la conception de leurs costumes[S 100],[S 101],[S 102].
Pour habiller Harry Potter et les autres enfants et adolescents — que ce soit pour le monde moldu ou pour le monde sorcier —, Makovsky et Chris Columbus font le choix de vêtements « simples et classiques », en souhaitant éviter les baskets, les marques ou les logos identifiables des années 1990 (décennie lors de laquelle se déroule l'histoire), ceci afin de ne pas « vieillir » les films une fois que la mode de ces vêtements serait « passée »[S 99]. Pour les tenues de quidditch, après avoir été d'abord influencées par le style médiéval, les robes et les pantalons s'inspirent finalement des tenues sportives du XIXe siècle, et les pulls, de l'escrime et du tennis, auxquels sont ajoutées des protections proches de celles du polo ou du cricket, ainsi que des robes à capuche aux couleurs des maisons[S 103],[S 104].
Judianna Makovsky est remplacée par l'Anglaise Lindy Hemming (costumière des films James Bond) pour les besoins du deuxième film, et notamment pour concevoir les costumes colorés de Gilderoy Lockhart et les premiers costumes, très aristocratiques, de Lucius Malefoy[S 20]. La Française Jany Temime rejoint l'équipe à partir du troisième film, et jusqu'à la fin de la série. Elle imagine notamment les costumes des mangemorts et les robes du bal de Noël. Pour ce dernier, plus de trois cents costumes sont créés et une centaine d'ouvrières supplémentaires est engagée pour tailler et décorer les robes[S 21].
À partir du troisième film, les jeunes acteurs sont habillés dans un style plus urbain et pratique, mais « pas forcément plus en accord avec la mode »[S 105]. Temime habille Daniel Radcliffe avec des couleurs douces et discrètes (du gris, du blanc et du noir) pour marquer le fait que son personnage est plus en retrait des autres[S 105]. Les teintes portées par Rupert Grint sont le orange, le vert, le rouge et le marron, et celles d'Emma Watson sont des couleurs chaudes telles que le rose, le beige et le bleu[S 105].
Effets visuels
Effets spéciaux
Le quidditch, le sport des sorciers, adopte pour les films une allure de tournoi médiéval dans les airs[S 103]. Pour ces scènes, et plus généralement pour les scènes de vols sur balais, le superviseur des effets spéciaux John Richardson utilise un Waldo : une version réduite d'un objet (en l'occurrence, un balai) qui permet à un opérateur de manipuler un autre balai plus gros avec des gestes simples, qui sont ensuite relayés par un ordinateur et des vérins hydrauliques[S 103]. Les jeunes acteurs s'assoient sur une selle de vélo fixée sur un balai, et soulevée dans les airs (ce qui rend ces prises très inconfortables pour eux)[S 103]. L'action de vol est d'abord visualisée sur ordinateur par le superviseur des effets visuels grâce aux animatics (storyboard numérique), pour vérifier que tous les éléments de la scène peuvent être créés séparément, puis combinés dans la séquence finale[S 106]. Les acteurs installés sur leur balai sont filmés sur fond vert et ces plans sont ensuite intégrés dans des images d'arrière-plan[S 106]. La technique évolue au fil des films : un treillage métallique est ajouté par l'équipe de Greg Powell (coordinateur des cascades) pour permettre de simuler davantage de mouvements horizontaux, verticaux et latéraux sur les balais[S 106]. Des doublures numériques remplacent les acteurs pour les séquences jugées trop dangereuses[S 106],[S 107]. L'équipe utilise la même technique pour les scènes avec le saule cogneur[S 107].
Parfois, certains réalisateurs comme Alfonso Cuarón préfèrent utiliser des méthodes pratiques et artisanales plutôt que d'avoir recours aux effets spéciaux, estimant que toute chose réalisée par trucage manuel lui confère du charme et la rend plus réaliste[S 105]. Cuarón essaie même, pendant six mois, plusieurs techniques de marionnettistes, en faisant appel aux services de Basil Twist, pour éviter d'avoir à créer les détraqueurs en images de synthèse ; il se résout finalement à y avoir recours pour un meilleur rendu[S 108].
Pour la scène de la bataille entre Dumbledore et Voldemort dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix, David Yates souhaite que l'affrontement entre les deux sorciers soit le point culminant des cinq premiers volets et le plus spectaculaire en matière de représentation du Bien contre le Mal[S 109]. Il a l'idée de mettre en scène divers éléments (le feu, l'eau et le sable) pour donner au combat plus de crédibilité et de réalisme[S 109]. Grâce à l'équipe des effets spéciaux et à un nouveau logiciel, la scène intégrant divers enchainements logiques et fluides[S 109] (dont un élémentaire de feu de vingt mètres et des effets explosifs[S 110]) est considérée par Bob McCabe comme la plus grande scène de bataille de tous les films Harry Potter[S 111].
Graphismes
Miraphora Mina et Eduardo Lima (MinaLima), duo de graphistes britanno-brésilien engagé sur les huit films, sont en charge de concevoir toutes les couvertures de livres et magazines, affiches, étiquettes, tapisseries, unes de journaux et motifs divers présents dans l'univers cinématographique[71],[S 112]. L'une des créations les plus notables du duo, la carte du Maraudeur, est créée pour le film Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, en reproduisant un plan stylisé de Poudlard, qui est ensuite animé numériquement[S 112]. Les exemplaires de la Gazette du sorcier, animés eux aussi, sont notamment utilisés en tant que support pour donner des indications importantes aux spectateurs sans avoir recours aux flashbacks, mais aussi, lorsque l'intrigue prend un tournant plus politique, pour illustrer la propagande diffusée par le ministère de la Magie corrompu[S 113].
Pour l'hippogriffeBuck, notamment, celui-ci est construit à taille réelle par le département des créatures, avec des vérins pneumatiques[S 108]. Il est ensuite recouvert de vraies plumes cousues sur un filet qui recouvre la structure et la machinerie, et ses mouvements sont conçus par Tim Burke, Roger Guyett et l'équipe des effets visuels[S 108]. La conception de l'elfe de maisonDobby pour le deuxième film est confiée à l'équipe d'effets spéciaux de Jimmy Mitchell[S 122]. Pour Les Reliques de la Mort, partie 1, Christian Manz et les responsables des animations de Framestore utilisent des techniques de capture de mouvement associées au jeu d'acteurs de petite taille pour représenter les elfes de maison[S 123]. Ils « humanisent » ensuite les créatures représentées en adoucissant leurs traits et en les faisant légèrement vieillir par rapport aux films précédents[S 123]. Les prothèses utilisées pour représenter les gobelins dans le premier film sont en silicone. Ce matériau, peu convaincant en 2001, a beaucoup évolué au cours des années suivantes[S 120] : il devient très proche de la peau humaine et adopte la température corporelle de la personne qui le porte[S 120].
Quatre compositeurs se sont succédé depuis la première bande originale de la franchise parue en 2001 : John Williams, créateur du thème principal Hedwig's Theme repris dans tous les épisodes[14], travaille sur les trois premiers films[14] ; Patrick Doyle travaille sur le quatrième[15] ; Nicholas Hooper sur les cinquième et sixième[16], et Alexandre Desplat sur les deux derniers[17].
Les principaux thèmes abordés dans les adaptations de Harry Potter sont la mort, l'amour, le pouvoir et le libre arbitre ; des notions déjà majoritairement présentes dans les romans de J. K. Rowling.
La mort
La mort plane tout au long de l'intrigue, de même que la quête obsessionnelle de l'immortalité menée par Voldemort[S 127]. La mort est aussi le contexte déclencheur de l'histoire, avec la mort des parents de Harry Potter et la « mort du corps » de Voldemort (qui ne survit dans un premier temps que grâce aux horcruxes). À partir de l'épisode central, Harry Potter et la Coupe de feu, que son réalisateur Mike Newell a comparé à La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock[S 13],[S 54], des personnages secondaires meurent régulièrement et le héros, isolé, est constamment poursuivi sans en connaître les raisons[S 13]. Malgré le fait que l'action se déroule majoritairement dans une école, l'intrigue laisse place à un sentiment d'insécurité constante. La mort devient plus perceptible pour le héros, au lieu de n'être représentée que par un simple souvenir[S 128] et les moments d'angoisse et de vulnérabilité des personnages principaux sont davantage mis en avant[S 53]. La mort est aussi présente sous une forme personnifiée dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 1 : un extrait des Contes de Beedle le Barde, lu par le personnage d'Hermione, s'accompagne d'une séquence animée montrant la Faucheuse offrir trois objets exceptionnels formant ensemble les reliques de la Mort.
L'amour romantique et filial
L'omniprésence de la mort est souvent contrebalancée par l'humour, la légèreté et le côté glamour de certaines scènes, comme le bal de Noël dans La Coupe de feu[S 54], ou les amours adolescents parfois compliquées dans Harry Potter et le Prince de sang-mêlé[S 129] (que l'actrice Emma Watson considère comme le film de la saga se rapprochant le plus d'une comédie romantique[S 130]). L'amour est également un thème important pour J. K. Rowling, bien qu'il soit distillé avec une certaine retenue dans son œuvre, l'auteure appréciant elle-même lorsque toute « mièvrerie » peut être évitée[S 131].
Dès Harry Potter à l'école des sorciers, Albus Dumbledore indique à Harry Potter qu'il a pu survivre grâce à l'amour de sa mère, qui s'est sacrifiée pour lui en faisant bouclier contre Voldemort. L'amour de Lily Potter est, dans un premier temps, l'arme la plus puissante dont bénéficie Harry lorsqu'il ne peut être touché par Voldemort, ou par toute personne qui héberge l'esprit de celui-ci, jusqu'à ce que cette protection soit rompue à la suite de la régénération du mage noir. Le Prince de sang-mêlé montre des scènes dans lesquelles Voldemort (Tom Jedusor), enfant, séjourne dans un sinistre orphelinat de Londres, et qui mettent en lumière son isolement affectif[73]. Selon l'interprète de Voldemort, Ralph Fiennes, l'idée de l’amour répugne à son personnage : « on ne peut s'empêcher de penser qu'il en a été privé et que c’est devenu une chose méprisable qu'il doit détruire »[S 132]. Rowling a par ailleurs insisté sur le fait que Harry avait été « formidablement aimé » par ses parents au début de sa vie, ce qui selon elle lui aura assuré une protection dans le sens où son cerveau s'est développé différemment de celui de Voldemort, qui a été placé dans un orphelinat dès sa naissance[73]. La scène des souvenirs de Severus Rogue dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2 montre le puissant attachement du personnage pour Lily Potter et comment le sentiment amoureux a pu être un motif de son changement d'allégeance et de sa rédemption[S 133].
Mentorat et libre arbitre
« À mes yeux, ces films ont toujours traité de la perte de l'innocence. Quand Harry s'est retrouvé propulsé dans cet univers [dans le premier film], tout était merveilleux. Mais au fil du temps, la situation s'est progressivement détériorée, et il commence à se rendre compte qu'il a autant de défis à relever dans le monde des sorciers que dans celui dans lequel il a grandi[S 55]. »
Pour le réalisateur Alfonso Cuarón, Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban évoque une sorte de rite initiatique en montrant comment les enfants réagissent vis-à-vis des grandes figures archétypales[S 50]. La figure du père est selon lui l'élément « moteur » de l'histoire du troisième opus[S 31]. Il décide donc de se focaliser sur ce thème et de raconter l'histoire uniquement du point de vue de Harry : le noyau doit tourner autour de ses émotions, de sa conscience grandissante et de sa quête, ce qui permet de condenser le contenu conséquent du livre et de donner une structure cinématographique à l'histoire[S 31],[S 52].
L'abus de pouvoir est le thème dominant du film Harry Potter et l'Ordre du Phénix[S 16]. Lorsque le scénariste Michael Goldenberg en rédige le script en 2006, il s'appuie sur le paysage politique contemporain des États-Unis et sur son expérience personnelle pour soutenir l'histoire et la rendre plus réaliste[S 16]. Il cherche par exemple à faire davantage valoir les arguments du ministre de la Magie, qui a selon lui une réaction très humaine en préférant éviter d'affronter une vérité effroyable : celle du retour de Voldemort[S 16]. Les notions de censure et de propagande sont abordées à partir de cet épisode, par le biais du personnage de Dolores Ombrage, nouveau professeur de défense contre les forces du Mal nommée par le Ministre, puis, dans les deux parties de Harry Potter et les Reliques de la Mort, par Voldemort lui-même ou son représentant[S 134].
Dans Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, Drago Malefoy, l'élève rival de Harry, doit prouver sa loyauté et celle de sa famille envers Voldemort, en assassinant Dumbledore au risque de subir des représailles de la part du mage noir[S 77]. Mais lorsqu'il est confronté au directeur, il a l'occasion, selon son interprète Tom Felton, de se poser « cette question existentielle à laquelle on a tous cherché une réponse […] : mes actes sont-ils moralement acceptables ? S'agit-il vraiment de ce que je veux faire, ou bien de ce que certains attendent de moi ? »[S 77]. Harry, de son côté, se développe personnellement, il en apprend davantage sur le passé de Voldemort et prend conscience de ses liens avec lui[S 55]. En parallèle, Dumbledore le prépare à devoir se débrouiller seul, en adulte, sans l'appui de la figure paternelle qu'il représente pour lui[S 76].
Libertés et contraintes d'adaptation
Tout au long du processus d'adaptation, J. K. Rowling se montre disponible auprès des réalisateurs, de Stuart Craig et des scénaristes Steve Kloves et Michael Goldenberg[S 135]. Elle est régulièrement consultée par l’équipe pour savoir s'il convient ou non de supprimer ou d'ajouter certains éléments dans les films, qui s'appuient en priorité sur ses livres[S 135]. Ses réponses sont tout à la fois argumentées et évasives, du fait qu'elle ne souhaite pas divulguer des éléments clés de l'intrigue des romans qui, à ce stade de la production, ne sont pas encore tous publiés.
« Elle était très disponible et ouverte à toute discussion. Parfois, elle nous disait : « C'est très drôle » ou « C'est génial. Je n'y avais pas pensé, mais c'est super, allez-y ». À d'autres moments, c'était : « Je préfèrerais que vous ne le fassiez pas. Ça va poser un gros problème pour le sixième tome »[S 51]. »
Les deux premiers films sont considérés globalement très fidèles aux romans, avec peu de modifications et libertés prises, à l'exception notable de certaines scènes concernant les fantômes de Poudlard, que la production a estimées dispensables : l’anniversaire de la mort de Nick Quasi-sans-tête, qui occupe tout un chapitre du livre Harry Potter et la Chambre des secrets, n'a pas été traité ni mentionné dans le film correspondant[S 71], et les scènes avec l'esprit frappeur Peeves (qui apparait dans la plupart des romans) ont été tournées pour le premier film avec l'acteur Rik Mayall, avant d'être finalement abandonnées[74].
Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban est considéré à postériori comme l'adaptation ayant pris le plus de libertés vis-à-vis du roman d'origine[S 136]. Plus tard, le réalisateur Alfonso Cuarón précisera que Rowling lui avait demandé de rester avant tout fidèle à l’esprit du livre, en évitant d'être « littéral »[S 136]. Toutes les scènes qui selon Cuarón s’éloignent du thème central du roman, à savoir la quête de Harry[S 51], sont ainsi écartées[S 136]. Certains acteurs comme Gary Oldman reconnaissent que lorsqu'il s'agit de l'adaptation d'un livre, « on perd beaucoup de subtilités en chemin, ainsi qu'une partie d[es] personnage[s]. Il n'y a pas beaucoup de place pour les sous-entendus »[S 35]. Le réalisateur fait néanmoins preuve d'originalité et de créativité en ajoutant des scènes et des détails ne figurant pas dans le roman (un dialogue entre Remus Lupin et Harry Potter au sujet de Lily Potter, des têtes réduites, des mégalithesceltiques…[S 51]). Des détails que l'auteure elle-même valide et apprécie[S 51],[75].
Pour les films Harry Potter et la Coupe de feu et Harry Potter et l'Ordre du Phénix, la trame autour des elfes de maison a été drastiquement réduite, après que Steve Kloves en eut longuement discuté avec Rowling[76]. La Société d'Aide à la Libération des Elfes menée par le personnage d'Hermione n'est pas retenue, et le personnage de Winky n'apparait pas, toujours dans le but de privilégier l'intrigue principale[76]. En revanche, Rowling insiste pour que Kreattur — que Michael Goldenberg prévoyait dans un premier temps d'écarter — apparaisse bien dans le script de L'Ordre du Phénix, en révélant que le personnage aura une grande importance dans la suite de l’histoire[S 137].
Toujours dans L'Ordre du Phénix, une scène, n'apparaissant pas dans le roman, fait apparaître Voldemort en costume sur le quai de la gare de King's Cross[S 113], et peut être interprétée de plusieurs manières par le spectateur : il peut s'agir d'une provocation du personnage, comme le suggère David Yates[S 138], ou être un effet de l'imagination de Harry, comme le suggère David Heyman[S 138]. Yates précise que Rowling ne s'est pas opposée à cette idée[S 138].
À l'automne 2007, au cours d'une lecture du script de Harry Potter et le Prince de sang-mêlé devant toute la distribution et en présence de J. K. Rowling, cette dernière indique discrètement au producteur David Heyman que le personnage de Dumbledore est gay — une information non précisée dans les romans — et que certaines de ses remarques humoristiques et appréciatives au sujet des femmes ne peuvent être ainsi formulées ; une partie de ses dialogues initialement écrite pour le film est donc retirée[S 139].
L'idée de diviser l'adaptation du dernier romanHarry Potter en deux parties a été suggérée par le producteur exécutif Lionel Wigram[S 140]. David Heyman et David Barron ont d'abord refusé, craignant notamment d'accentuer l'image de « tiroir-caisse » des studios Warner Bros[S 140]. Après avoir relu le livre, discuté avec le scénariste Steve Kloves et obtenu l'approbation de Rowling, Heyman accepte finalement de scinder Harry Potter et les Reliques de la Mort en deux films[S 140],[S 141] : « Pour réduire le roman à un film de deux heures et demie, il aurait fallu abandonner tant d'éléments de l'histoire que cela aurait gâché non seulement ce volet, mais aussi toute la saga[S 140] ». La première partie est considérée comme un road movie plus intimiste et nuancé, tourné majoritairement en caméras portatives[S 142], tandis que la seconde partie se veut plus épique et lyrique, au cœur de l'action[S 142]. David Yates souhaite placer la césure entre les deux parties à un moment d'émotion et de suspens, et choisit de le faire après la mort d'un personnage secondaire et au moment où Voldemort s'empare de la puissante baguette de sureau[S 142].
Sur une idée de Steve Kloves, l'introduction de la première partie s'attarde davantage sur le personnage d'Hermione et permet aux spectateurs de saisir l'ampleur de son sacrifice pour Harry au moment où, chez elle, elle soumet ses parents au sortilège d'amnésie[S 143]. Cette scène ne figure pas dans les romans[S 143], de même que la scène de danse entre Harry et Hermione, que David Yates a souhaité tourner pour montrer la tension affective, voire sexuelle, qui peut exister entre ces deux amis à la suite d'une dispute avec Ron et du départ momentané de ce dernier[S 125]. Dans la deuxième partie, le réalisateur prend plusieurs libertés notables vis-à-vis du livre[S 144]. Il s'attarde notamment sur le duel entre Harry et Voldemort, en souhaitant le rendre plus intense et prolongé[S 144]. Il y voit l'interprétation des thèmes explorés tout au long des romans et une occasion d'illustrer ce qui différencie le plus ces deux personnages (l'un craint la mort, l'autre non)[S 144]. Dans le film, une fois la bataille terminée, Harry fait le choix de briser la baguette de sureau et de s'en débarrasser, au lieu de la remettre intacte dans la tombe de Dumbledore[S 145]. David Heyman a longuement discuté de ce point avec J. K. Rowling, qui a convenu qu'il s'agissait de « l'expression parfaite » du renoncement de Harry au pouvoir suprême et d'une représentation visuelle pertinente de son « humilité absolue »[S 145].
Accueil
Sorties
L'avant-première de Harry Potter à l'école des sorciers a lieu le à Leicester Square[S 80], et sa sortie mondiale le . Par la suite, la sortie de chaque film est espacée d'un an ou d'un an et demi par rapport à la sortie du film précédent, et la sortie de l'ensemble de la série s'étend sur dix ans.
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
Dates de sortie des huit films (mondiale et en francophonie)
Les adaptations de Harry Potter ont été considérées globalement très fidèles et respectueuses des livres de J. K. Rowling[S 146],[S 147],[77],[78],[79],[80]. Plusieurs critiques notent cependant certaines longueurs et scènes trop étirées dans plusieurs opus[S 148],[81],[82],[S 149],[S 150], tandis que d'autres estiment que le héros est rendu « trop lisse » par l’adaptation[83], ou encore que la mise en scène « trop sage et disciplinée » vient desservir la profondeur émotionnelle de l'histoire[S 151],[S 152]. Les décors et les effets spéciaux ont quant à eux été salués, notamment pour les 1er, 2e, 4e, 5e, 7e et 8e films[S 153],[84],[85],[86],[S 154].
J. K. Rowling, qui a accompagné le processus d'adaptation du premier au dernier film, a déclaré avoir quelquefois regretté d'avoir cédé les droits cinématographiques[S 155], tout en ayant particulièrement apprécié les décors de Stuart Craig[2], ainsi que l'originalité et l'intuition d'Alfonso Cuarón[75], qui aurait anticipé et introduit dans son adaptation des éléments annonçant les deux derniers tomes[75],[S 4]. En revanche, elle a notamment regretté que la trame autour de la Société d'Aide à la Libération des Elfes, défendue par le personnage d'Hermione, n'ait pas été incluse dans le quatrième film (tout en ayant compris la nécessité d'effectuer cette coupure pour se concentrer sur l'intrigue principale)[76] ; ce passage, selon elle, aurait permis de montrer les « injustices endémiques de [son] univers » et de faire découvrir une autre facette d'Hermione, qui est « la première à avoir une conscience politique »[76].
Rowling a apprécié le fait d'avoir été régulièrement consultée par les membres de la production[S 41] : « J'ai vraiment le sentiment qu'on m'a demandé mon avis et qu'on s'en est servi. Évidemment il y aura des gens pour trouver que ce n'est pas mon univers, mais je peux vous assurer que ça l'est, et de mon point de vue, c'est merveilleux »[S 41].
Parmi les passages qu'elle n’a pas introduits dans ses romans, Rowling a noté en particulier l'idée amusante des têtes réduites dans Le Prisonnier d'Azkaban — détail qui correspond selon elle parfaitement à son univers et qu'elle « aurait aimé écrire »[75] —, ainsi que la scène de danse entre Harry et Hermione dans Les Reliques de la Mort, partie 1, qu'elle trouve « parfaite »[76].
En 2011, après la sortie des Reliques de la Mort, partie 2, Rowling dit avoir « aimé tous les films » et « en particulier les deux derniers »[76]. La même année, lors d'une conversation filmée avec le scénariste Steve Kloves — qui lui a demandé si les films avaient pu avoir une quelconque influence sur l'écriture des derniers romans —, J. K. Rowling a précisé que seule l'actrice Evanna Lynch, dont elle n'avait « pas pu faire abstraction », avait clairement influencé le personnage de Luna dans le dernier tome[76]. Par ailleurs, Rowling estime que Steve Kloves a « très bien cerné les personnages féminins »[76].
La série de films connaît un immense succès commercial et culturel dans le monde, à l'instar des livres d'origine et des nombreux produits dérivés. Elle rapporte au total plus de 8 milliards de dollars[119] et oscille, entre 2011 et 2017, avec Star Wars, entre la seconde et la troisième place des franchises les plus rentables de tous les temps, derrière James Bond, puis l'univers Marvel[120].
Le troisième film de la série, Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, est celui ayant récolté le moins de recettes avec 796 093 802 $, tandis que le dernier volet, Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2, est celui qui en a récolté le plus, avec des profits de 1 342 359 942 $[121], amortissant à lui seul le budget total nécessaire à la production des huit films, qui s'élève à 1 030 000 000 $[S 22]. Par ailleurs, en atteignant 168,6 millions de dollars de recettes pour son premier week-end d’exploitation, Les Reliques de la Mort, partie 2 réalise en 2011 le meilleur démarrage de l’histoire du cinéma[S 156].
Les recettes cumulées de la série à l'échelle mondiale s'élèvent à 7 745 216 645 $[121].
Classement des huit films au box-office (nombre d'entrées) (septembre 2024)
Au total, les films Harry Potter ont été nommés douze fois aux Oscars (majoritairement pour leurs décors et effets spéciaux), mais n'en ont remporté aucun[S 157]. Christopher Campbell, journaliste du site Indiewire, s'est penché sur ce constat (considéré comme surprenant, autant par l'absence de victoire en dix ans que par l'absence de nominations dans les catégories « principales »[S 157],[S 158],[S 159],[S 160],[140]) et en a conclu que la série avait été perçue par l'Académie davantage comme une « simple adaptation » de romans à succès[S 161]. Elle aurait souffert d'être devenue indissociable de l'œuvre originelle, contrairement à des adaptations comme celle du Seigneur des Anneaux (lauréate de dix-sept Oscars pour trois films[S 157]) qui ont été perçues comme du « véritable cinéma »[S 161] :
« [Les films Harry Potter] ne sont pas tous de bons films, mais ils sont, et seront, importants dans l’histoire et l’industrie du cinéma. En fait, peut-être que ce n’est pas Heyman qui devrait recevoir un Oscar, mais Rowling, pour avoir écrit quelque chose de si populaire et qui a autant de succès une fois adapté sur grand écran[S 161]. »
En plus des diverses éditions DVD et Blu-ray des huit films, Warner Bros édite le un coffret ultime en forme de « boîte à flemme » des frères Weasley comportant 31 DVD et Blu-ray[141]. Les disques comprennent notamment les versions longues des deux premiers films (les seuls qui en ont bénéficié[142]), ainsi que 37 heures de suppléments inédits, dont le documentaire en huit parties La conception du monde de Harry Potter[141]. Un second coffret prestige sous la forme d'un livre, avec les mêmes contenus DVD et Blu-ray, est édité le sous le nom La Collection Poudlard[143]. Une troisième édition prestige, sous la forme d'une valise de Poudlard, est éditée le [144].
Certains éléments de décors sont déplacés depuis 2009 pour une exposition itinérante dans plusieurs villes d'Europe, et notamment à la Cité du cinéma de Saint-Denis, du au [148] et à Brussels Expo sur le plateau du Heysel, du au [149].
The Wizarding World of Harry Potter rencontre un succès considérable dans les parcs à thème d'Universal Resort[156]. Les classements Aecom et Themed Entertainment Association publiés chaque année depuis 2006 montrent une progression significative du nombre de visiteurs dans les parcs Universal en Floride, au Japon et en Californie depuis que ceux-ci ont intégré une zone thématique Harry Potter. Ainsi, la fréquentation dans chacun de ces parcs a augmenté en moyenne de 32 % dès l’ouverture de ces zones[157]. Entre 2010 et 2015, les revenus des deux parcs d'Orlando et de celui d'Osaka ont augmenté de 109 %, atteignant près de 2,6 milliards d'euros[S 164].
Sur une idée du producteur Lionel Wigram[158], J. K. Rowling développe en 2015 (d'après son propre livre-guide Les Animaux fantastiques) les aventures d'un nouveau héros, Norbert Dragonneau, au sein du même univers étendu que celui de Harry Potter, mais situé soixante-cinq ans plus tôt dans sa chronologie[159]. Wigram souhaitait en effet, après la fin de Harry Potter au cinéma, développer les possibilités qu'offrait le petit livre à travers une série dérivée de films, dont le premier volet est sorti en salles en 2016.
Les créatures et le héros Norbert Dragonneau (interprété par Eddie Redmayne) sont adaptés du petit répertoire que Harry, Ron et Hermione consultent bien plus tard à Poudlard. La nouvelle histoire, les autres personnages (hormis les jeunes Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald qui y sont présents) ainsi que « l'extension » de l'univers magique[S 165] sont créés et développés pour l'occasion par J. K. Rowling, qui décide pour la première fois de s'occuper elle-même du script et d'écrire pour le cinéma.
Une grande partie de l'équipe technique des films Harry Potter (dont le réalisateur David Yates, le scénariste et producteur Steve Kloves, le producteur David Heyman, le duo de graphistes MinaLima et le chef décorateur Stuart Craig) a été rappelée sur cette production.
Produits dérivés
De nombreux produits dérivés sont commercialisés, tels que des éléments d'uniformes scolaires aux couleurs des maisons de Poudlard (écharpes, pulls, cravates, etc.), des mugs ou des portes-clés. The Noble Collection, spécialiste des répliques d'objets de cinéma, propose notamment des baguettes Harry Potter en résine, ainsi que d'autres objets se référant à l'univers cinématographique de la série[160].
Depuis 2017, Warner Bros. s'associe avec de nouveaux partenaires afin de développer la franchise dans de nombreuses catégories de produits (jeux de société, figurines Funko Pop, objets et baguettes magiques Noble Collection, stickersPanini, poupées Mattel, puzzlesRavensburger, Puzz-3D Wrebbit, etc.)[161]. Une gamme LegoHarry Potter, créée en 2001, regroupe des ensembles de mises en scène des différents films de la franchise[162].
En 2020, la licence de jeux et jouets Harry Potter devient la plus dynamique du marché en France, avec une augmentation de ses ventes de 44%[161].
En 2013, Gallimard Jeunesse édite un jeu de plateau Harry Potter : Le Jeu, proposant un parcours de type jeu de l'oie à travers les films de la saga, en répondant à des questions ou en relevant des défis[175]. Divers jeux d'adresse pour enfants sont également édités (quidditch[176], parcours de lévitation d'objets[177], etc.).
En 2016, sort Harry Potter : Bataille à Poudlard, un jeu collaboratif basé sur le principe du deck-building, édité par Asmodee[178].
Chaque volet de la série a été adapté en jeu vidéo par Electronic Arts sur diverses plateformes, notamment sur PC (Windows)[179], Game Boy Color[180], Game Boy Advance[181], PlayStation[182], PlayStation 2[183], Xbox[184] et GameCube[185]. Les trois derniers jeux adaptés sont également disponibles sur Wii[186]. Ce sont des jeux d'action-aventure suivant les événements principaux de l'intrigue et dont la sortie coïncide avec celle des films Harry Potter. Ils sont agrémentés de nombreuses phases de plates-formes et d'affrontements[187]. Pour le premier épisode, l'échange d'informations n'est pas encore organisé entre Warner Bros. et Electronic Arts, et l'équipe créative décide de se baser presque exclusivement sur le roman, puisqu'elle ignore encore tout de la mise en scène, du script et des scènes importantes du film à venir[188]. Les épisodes suivants seront quant à eux davantage inspirés des films, aussi bien pour le scénario que pour les décors[188].
↑Commentaires de John Richardson, superviseur des effets spéciaux, accompagnant la lecture du film Harry Potter et la Coupe de feu (bonus de la version Blu-ray).
↑ a et bGaëtan Boulanger, Dans les coulisses des jeux video Harry Potter : Les trois premières années à Poudlard, Houdan, Pix'n Love, , 503 p. (ISBN978-2-37188-067-2), p. 35.
↑[Revenson, 2015] Jody Revenson, Harry Potter : La Galerie des portraits : Sorciers, Moldus et autres Cracmols, Huginn & Muninn, , 208 p. (ISBN978-2-36480-300-8 et 2-36480-300-4), « Professeur Rogue », p. 83 à 85.
[Sperati, 2010] (en) J. P. Sperati, Harry Potter on Location : An Unofficial Review and Guide to the Locations used for the Entire Film Series, Irregular Special Press, , 216 p. (ISBN978-1-901091-40-3 et 1-901091-40-6).
[Sibley, 2010] Brian Sibley (trad. de l'anglais), Harry Potter, la Magie des films, Paris, Fetjaine, , 159 p. (ISBN978-2-35425-191-8).
[McCabe, 2013] Bob McCabe, Harry Potter, Des romans à l'écran, Toute l'histoire de la saga au cinéma, Huginn & Muninn, , 534 p. (ISBN978-2-36480-067-0 et 2-36480-067-6).
[Revenson, portraits, 2015] Jody Revenson, Harry Potter : La Galerie des portraits : Sorciers, Moldus et autres Cracmols, Huginn & Muninn, , 208 p. (ISBN978-2-36480-300-8 et 2-36480-300-4).
[Le Grand Atlas, 2015] Jody Revenson (trad. de l'anglais), Harry Potter : Le Grand Atlas, la magie au cinéma, Paris/San Francisco, Huginn & Muninn, , 205 p. (ISBN978-2-36480-299-5).
Jody Revenson, Harry Potter : construire le monde magique, Huginn & Muninn, (ISBN978-2-36480-869-0)
Vidéographie
(en) La Conception du monde de Harry Potter [ Creating the World of Harry Potter ], de Michael Meadows, Warner Bros. Entertainment, 2009 à 2012, Blu-ray : Documentaire en huit parties autour des films.
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