La famille de Compey fait partie des principaux lignages seigneuriaux du Genevois. Position mise en avant dans un dicton local : « Terny (Ternier), Viry, Compey sont les meillous maisons du Genevey, Salenove (Sallanuvaz) e Menton ne les craignons/cedons pas d'un bouton »[1],[2],[3],[4].
Les membres de cette famille sont parfois confondus avec une autre famille, les Compey ou Compois de Féterne[5].
Histoire
Le premier membre de la famille de Compey serait mentionné dans la seconde partie du XIe siècle, dans un texte d'inféodation, lorsque le comte de Genève, Gérold, confie le château de Thorens, gardien de la vallée d'Usillon et d'une voie romaine, à un certain Oddon de Compey, son compagnon d'arme, vers 1060[6],[7]. Selon la notice du Dictionnaire historique de la Suisse, la famille est attestée à partir du XIIIe siècle comme propriétaires du château[8].
L'héraldiste savoyard, le comte Amédée de Foras, indique que le nom de cette famille proviendrait d'un village, Compeisium, Compeys (mentionné dans le Régeste genevois), aujourd'hui le hameau de Compois de Meinier, situé à côté d'Annemasse[9],[10].
« En ce temps-là le grand passage de Genève et de la Roche, pour Annecy et Thônes, se faisait par le Crest de l'Espines, Sales et Thorens, ou sous le roc du Saix, et sur la rivière de Sellières il y avait un pont entretenu ; le pas était important pour la défense du pays ; Gerold y fit construire un fort, sous le nom de fort de Thorens, et en donna le commandement à messire Oddon de Compey. Peu de temps après, vers 1060, il lui accorda l'investiture de toute la vallée de Sellières et de Flans, suivant la chronique de la Roche »
Au XVe siècle, un Jehan de Compey (1410-1476) possédait 21 titres de seigneurie. Un autre Jehan/Jean de Compey (1450-1532), sire de Thorens, et seigneur de La Roche et Mornex, est chambellan et conseiller du comte Amédée VIII de Savoie[14]. Il dirige pour lui des opérations militaires en Égypte[12]. Il obtient la seigneurie d'Aigle (Canton de Vaud), alors terre savoyarde, de 1434 à 1476. Il en profite pour combattre aux côtés de Charles le Téméraire (Duc de Bourgogne) les Bernois. Dans la lutte opposant une partie de la cour savoyarde, entre noblesse savoyarde et noblesse chypriote, Jean de Compey devient le favori de la duchesse Anne de Lusignan[15]. Profitant de ce pouvoir, Pantaléon Costa de Beauregard analyse que « cette haute fortune qui souleva contre luitant d'implacables jalousies, Compey, loin de chercher à faire pardonner sa puissance par sa modération, révolta, par sa morgue et ses injustices, la fière noblesse de Savoie »[15]. Cette conjuration rassemble contre lui, la famille de Menthon[16], le seigneur Pierre de Menthon, et ses fils Nicod et Claude « qualifiés de « benêts » par la duchesse[17] », soutenus par de nombreux nobles savoyards dont François de la Palud, seigneur de Varembon, Jean de Seyssel, maréchal de Savoie et seigneur de Barjact, Guillaume de Luyrieu, seigneur de la Cueille, Jacques et Amé de Challant, Jacques de Montbel, seigneur d'Entremont, Gaspard de Varax, qui se réunissent à Varambon[15],[17]. Le duc Louis Ier de Savoie est averti de cette alliance de la noblesse, mais ne dit rien[17]. Jean de Compey, seigneur de Thorens, grand-bailli de Genevois, est chargé par le duc de l'organisation d'une chasse au faucon sur ses terres de Mornex, le [15] (ou 1447)[17], à laquelle participe la duchesse Anne de Lusignan, ainsi que la princesse Anne Belle, fille du roi d’Écosse Robert III[18]. Blessé, il réussit à se réfugier dans son château de Mornex[18]. Une partie de la noblesse savoyarde est bannie[19]. Jean de Compey se venge en faisant assassiner plusieurs nobles savoyards[20].
Son fils, Philibert I de Compey, hérite lui aussi de cette attitude. Il assassine le Bernard de Menthon, conseiller et chambellan du duc de Savoie Philibert Ier. Ce crime, qui vient allonger la liste des abus du seigneur, oblige le comte à prendre des sanctions en confisquant l'ensemble des biens de la maison de Compey et condamnant à mort le seigneur. Ce dernier échappe de justesse à la sentence en s'exilant. Son neveu Philibert II obtient cependant la restitution des biens de sa famille en 1526.
La famille de Compey semble s'éteindre vers 1730[21].
Héraldique
Les armes de la famille de Compey se blasonnent ainsi :
Devise des Compey est "A.V.F."[22] dont l'héraldiste Amédée de Foras indique qu'on ne connaît pas la signification[22]. On trouve cependant cette interprétation : A vostre foy[23]
Branches cadettes
Les branches cadettes portent :
Compey, seigneurs de Draillant et de la Chapelle : une cotice brise leur écu[10] ;
Les seigneurs de Vulpillières formeront une branche cadette de la maison de Compey. On retrouve ce nom porté par une branche des seigneurs de Reydet.
Compey ou Compoy, seigneurs de Féternes : De gueules à cinq étoiles d'or, 3 et 2, au chef d'argent au lion issant de sable[10],[11]. Toutefois, les deux érudits s'interrogent sur les origines communes de cette famille, sans preuves écrites la question reste en suspens. Il semble cependant que les Compey soient les héritiers de la famille de Féterne au début du XIIIe siècle[24].
Personnalités
Jehan (Jean) de Compey (1410-1476), seigneur de Thorens, conseiller et chambellan du duc, grand-bailli de Genevois, commandant de l'armée savoyarde lors de la campagne de Lombardie, dit chevalier de l'Ordre du Collier (v. 1440)[25],[26] ;
Obtention de la seigneurie de La Chapelle-Marin et de la mestralie de Thonon en échange de la seigneurie et du château d'Yvoire, en 1306[31],[30]. Revente de la seigneurie de La Chapelle-Marin en 1518[30].
Charges
Guillaume de Compey est bailli de Faucigny, pour l'année 1347[32].
Des membres de la famille ont été châtelains des comtes de Savoie, pour les châtellenies de[33],[34] :
↑Pierre III de Compey, est cité pour la première fois en 1396 comme Seigneur de Montrosset[29].
Références
↑Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 28 (vol. III). (lire en ligne)
↑Léon Menabrea, Des origines féodales dans les Alpes occidentales, Imprimerie royale, , 596 p., p. 279.
↑Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 309 (tome II). (présentation en ligne)
↑Acte entre 1050 et 1070 où le comte Gérold inféode à Oddon de Compeys la terre de Thorens, publié dans le Régeste genevois (1866) (REG 0/0/1/209 bis).
↑Bernard Sache, Le siècle de Ripaille, 1350-1450 : Quand le Duc de Savoie rêvait d'être roi, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 324 p. (ISBN978-2-84206-358-0, lire en ligne), p. 251-252.
↑ abc et dMichèle Brocard et Catherine Marçais, Anne de Chypre, duchesse de Savoie 1418-1462, Éditions Cabédita, coll. « Archives vivantes », , 191 p. (ISBN978-2-88295-118-2), p. 109.
↑Aristide Béruard, Marius Hudry, Juliette Châtel, Alain Favre, Découvrir l’Histoire de la Savoie, Centre de la Culture Savoyarde, , 240 p. (ISBN2-9511379-1-5), p. 106.
↑Jean Létanche, Les vieux châteaux, maisons fortes et ruines féodales du canton d'Yenne en Savoie, Le livre d'Histoire-Lorisse, (ISBN978-2-84373-813-5, 31).
↑Amédée de Foras, Chevaliers de l'ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, appartenant au duché de Savoie, de 1362 à 1860, Grenoble, Impr. de E. Allier, , 42 p. (lire en ligne), p. 12.
↑Bernard Andenmatten, Agostino Paravicini Bagliani, avec la collaboration de Nadia Pollini, Amédée VIII - Félix V, premier duc de Savoie et pape (1383-1451). Actes du colloque international, Ripaille-Lausanne, 23-26 octobre 1990, vol. 103, Bibliothèque historique vaudoise, Lausanne, Fondation Humbert II et Marie José de Savoie, , 523 p. (octobre 2020), p. 230.
↑[PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, , p. 671-682, Annexe 11 (lire en ligne) extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Etienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).
↑Nicolas Payraud, Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle, Thèse de doctorat d'Histoire, dirigée par Étienne Hubert, Université Lyon-II, Lyon, 2009, p. 282 [lire en ligne].
Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN2-7171-0200-0)..
Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN978-2-901102-18-2).
Amédée de Foras, continué par le comte F.-C. de Mareschal, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 2, Grenoble, Allier Frères, 1863-1910 (lire en ligne), p. 123-134, « Compey (des) »
Masson Marcel, Jean II de Compey : seigneur d'Aigle et de Thorens, Éd. des Écrivains,