De 132,4 km de longueur[1], le Drot naît près de Capdrot en Dordogne (Cap-Drot signifiant « tête du Drot ») à une altitude de 160 m. Son bassin s'étend sur 1 300 km2 environ dans le massif compris entre les grandes vallées du Lot et de la Dordogne (Guyenne).
Il se jette dans la Garonne aujourd'hui à Caudrot en Gironde (Cau-Drot : 'queue du Drot'), à une altitude de 6 m, en aval de La Réole. Il y a peu encore, le Drot confluait un méandre plus tôt, à Casseuil[note 1].
La rivière est documentée sous les formes latinesDrotius (1168), Drucum (1554), Dirsus (1743)[2], Drogatus[3] (1844) et romanesDroth (1004), Drot (1053), Droz (1095)… C'est au XVIIIe siècle, qu'a été introduite la graphie Dropt[note 2] avec un p non étymologique (comme dans Rupt), probablement une hypercorrection par un cartographe du roi.
L'analyse des formes anciennes montre que le nom historique de la rivière est bien le Drot[4], d'une racine préceltique *dur- 'rivière'.
Le Dictionnaire géographique et administratif de la France (édition de 1892) met en garde : « Aucune des anciennes formes latines : Drotius, Drucum ou françaises : Droth (1004), Drot (1053), Droz (1095), n’autorise le p dont on affuble souvent le nom de cette rivière en l’écrivant Dropt ».
Aujourd'hui les deux graphies Drot et Dropt cohabitent[5]. On observe que les noms de communes anciens sont fondés sur Drot (Caudrot, Capdrot) alors que les extensions récentes « -sur-Dropt » reprennent la forme Dropt privilégiée au début du XXe siècle, et que l'organisme gestionnaire porte le nom d'Épidropt.
Pour les besoins de l'agriculture, un aménagement du bassin a été réalisé avec création sur des affluents de lacs réservoirs d'une capacité totale de 15 100 000 m3. Ces réserves permettent également de soutenir les étiages d'été et d'atténuer les crues d'automne et de printemps.
Le bassin hydrographique du Drot constitue un site important pour deux espèces animales [6] :
le vison d'Europe, mammifère (mustélidé) dont la situation actuelle est extrêmement préoccupante (seuls 7 départements du Sud-Ouest semblent encore occupés par l'espèce)
le toxostome, poisson (cyprinidé) au statut coté « vulnérable » en France
L'organisme gestionnaire pour l'ensemble du bassin versant sur les trois départements est le syndicat mixte Épidropt, dont le siège social est implanté à Allemans-du-Dropt[7].
Le Drot matérialise du XIIIe siècle au XVe siècle la frontière - que l'historien Ch. Higounet a qualifiée de « frontière de tension » - entre fiefs des puissants comtes de Toulouse et des ducs d'Aquitaine - rois d'Angleterre. Les deux camps adoptent une stratégie de jalonnements frontaliers par la création de villes nouvelles sur le Drot, des « bastides » : bastides françaises de Castillonnès (1259), Villeréal (1267), Eymet (1270), bastides anglaises de Monségur (1265), Monpazier (1284).
Le Drot compte 66 barrages pour 75 moulins, dont certains fortifiés (moulin de Bagas). Les moulins encore en activité sont rares (trois ou quatre) : dépouillés de leurs machines, la plupart ont été transformés après restauration en résidences principales ou secondaires.
En aval d'Eymet, les barrages comportent des écluses, vestiges de l'époque où le Drot était navigable (le conventionnel Joseph Lakanal en fut maître d'œuvre pendant la période révolutionnaire). En effet le Drot fait partie des affluents de la Garonne qui ont été contraints d'abandonner leurs activités commerciales navigables à cause de l'expansion des chemins de fer, tout comme la Save ou le Tarn.
Élisée Cérou, Le Drot ou le Dropt ? Appellation d'origine ibérique, suivie d'un culte druidique de l'eau ?, dans Les cahiers du Groupe archéologique de Monpazier, no 12, 2003 (lire en ligne)
Marie-Claude Jean, La vie en 1900 dans la vallée du Drot photographiée par Joseph Bugeau, GAHMS Les Éditions de l'Entre-deux-Mers, novembre 2020, (ISBN978-2-37157-043-6)
↑Au XIXe siècle, une lettre d'un particulier signale : « par suite d’importants dépôts de limons en Garonne au niveau de l’embouchure du Dropt, entre l’île de Gironde et Casseuil, le Drot prolonge son cours jusqu’à Caudrot au milieu des terres d’alluvions » (Archives Municipales de Bordeaux).
↑La carte de Cassini note Dropt à Queyssel alors qu'elle privilégie la forme Drot à Allemans