Portrait dit « de Bologne », représentant Mozart en 1777, l'année du concerto. Copie exécutée à Salzbourg par un auteur inconnu d'un original perdu qui avait été commandé par le père Martini de Bologne pour sa galerie des compositeurs
Cette œuvre est connue sous le nom du Concerto « Jeunehomme » car Mozart l'aurait écrit pour une pianiste française de passage à Salzbourg portant ce nom de famille, dont l'identité resta longtemps un mystère pour les spécialistes de l'histoire de la musique. Mais en 2006, le musicologueMichael Lorenz a suggéré que cette pianiste était en fait Louise Victoire Jenamy (1749–1812), une fille de Jean-Georges Noverre, lui-même danseur célèbre et l'un des meilleurs amis de Mozart[1].
Le premier mouvement s'ouvre, de manière inhabituelle pour l'époque, par l'intervention du pianiste, anticipant les concertos no 4 et no 5 de Beethoven. Comme le note Girdlestone en 1964, cette rupture avec les conventions ne s'arrête pas à cette entrée en solo mais continue dans le style du dialogue entre le piano et l'orchestre dans le reste du mouvement. Mozart a écrit deux cadences pour ce mouvement.
Le second mouvement est écrit en mode mineur, un procédé que Mozart n'utilisa que dans cinq concertos pour pianos : l'arrangement K.41, le K.271, le K.456, le K.482 et le K.488. Mozart écrivit deux cadences pour ce mouvement.
Le troisième mouvement qui s'ouvre par un solo du piano est de forme rondo à grande échelle. Il est interrompu de manière surprenante par une partie en menuet lent, un procédé que l'on retrouve dans son vingt-deuxième concerto de 1785. L'œuvre se termine dans son tempo d'origine.
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Cette œuvre est très prisée des critiques. Charles Rosen considère qu'il s'agit peut-être du premier chef-d'œuvre indubitable du style classique[2] dans le genre du concerto pour piano et orchestre. Alfred Einstein l'a surnommé l'« Héroïque » de Mozart[3] (la symphonie no 3 de Beethoven dite « Héroïque », également dans la tonalité de mi bémol majeur), celui-ci en tant qu'œuvre ouvrant un chemin nouveau dans le domaine concertant, comme celle-ci le sera dans le domaine symphonique.
Notes et références
↑(de) Michael Lorenz, « Mademoiselle Jeunehomme » Zur Lösung eines Mozart-Rätsels (Vers une solution d'une énigme de Mozart), essai pour l'exposition Mozart de 2006. Da Ponte Institut, Vienne 2006, p. 423–429.
↑Alfred Einstein (trad. de l'allemand par Jacques Delalande, préf. Pierre-Antoine Huré, nouvelle édition revue par le traducteur), Mozart, l'homme et l'œuvre [« Mozart, sein Charakter, sein Werk »], Paris, Gallimard, coll. « Tel » (no 175), (1re éd. 1953 (en)), 628 p. (ISBN2-07-072194-9, OCLC750855357, BNF35410856), p. 373.
Bibliographie
(en) Cuthbert Girdlestone, (1964) Mozart and his piano concertos. New York, Dover Publications. ("an unabridged and corrected republication of the second (1958) édition of the work first published in 1948 by Cassell & Company, Ltd., London, under the title Mozart’s Piano Concertos." : Translation of Mozart et ses concertos pour piano.) (ISBN0-486-21271-8) [lire en ligne]. Traduction : Mozart et ses concertos pour piano. Paris, Fischbacher, 1939 et Desclee de Brouwer 1953.
Charles Rosen (trad. de l'anglais par Marc Vignal), Le style classique : Haydn, Mozart, Beethoven [« The Classical Style... »], Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », (1re éd. 1971), 592 p. (ISBN2-07-029744-6, OCLC757203188), p. 71–73. Rééd. coll. « Tel », 2000.