L'âge venant, il utilise de plus en plus souvent son physique dans son jeu et assoit sa réputation grâce, entre autres, à ses interprétations du capitaine Bligh dans Les Révoltés du Bounty et de Quasimodo dans le film du même nom qui font de lui une des figures les plus respectées du septième art. Il est le réalisateur d'un unique long métrage, La Nuit du chasseur, considéré comme un classique du cinéma.
En 1931 il débute sur la scène new-yorkaise dans Payment deferred (Paiement différé). En 1932 le couple s'installera définitivement aux États-Unis et il tournera la même année son premier film américain, The Old Dark House (Une soirée étrange) avec Boris Karloff. Tout en menant une carrière cinématographique, il multiplie ses interventions théâtrales : entre 1944 et 1945 il fait la connaissance de Bertolt Brecht qu'il pousse à travailler sur une version américaine de La Vie de Galilée dont il effectue la traduction et qui sera mis en scène en 1947 et dont sera tiré un court-métrage. Après la Seconde Guerre mondiale, il apparaît dans plusieurs pièces de Shakespeare à Stratford-upon-Avon, et fait des lectures radiophoniques et des enregistrements d'œuvres aussi diverses que la Bible (en 1959) ou Les Clochards célestes (The Dharma Burms) de Jack Kerouac, en passant par Mr. Pickwick's Christmas de Charles Dickens (en 1944). Il participe aussi à des documentaires et à plusieurs séries télévisées en tant qu'invité.
Dans les années 1950, il rencontre quelques difficultés lors de la chasse aux sorcières menée par le sénateurJoseph McCarthy. Durant cette même période il donne des cours à Shelley Winters comme élève. Il utilise dans ses cours des chansons de Billie Holiday pour illustrer les techniques vocales.
Il s'essaye à la réalisation lors du tournage de L'Homme de la tour Eiffel quand Burgess Meredith, le réalisateur en titre qui tient aussi un rôle dans le film, joue une scène. C'est en 1955 qu'il réalise son unique film, The Night of the Hunter (La Nuit du chasseur), avec Robert Mitchum dans le rôle principal, film noir sous forme de conte moral, à l'atmosphère étrange et à l'éclairage très étudié mais qui ne rencontre pas à sa sortie le succès espéré. Refroidi par cet échec, il n'en fera pas d'autre et ce n'est que bien plus tard que ce film sera considéré comme un des chefs-d'œuvre du cinéma.
Physique et personnalité
D'un physique ingrat, Charles Laughton incarne souvent la monstruosité morale ou physique (Quasimodo, Henri VIII, le capitaine Bligh dans Les Révoltés du Bounty). Il disait de lui-même : « J'ai un visage qui ressemble à l'arrière-train d'un éléphant. » ou encore « J'ai un visage qui arrêterait un cadran solaire. », mots qui en disent long sur l'estime qu'il portait à son physique. Ce dégoût de lui-même ne fait qu'exacerber sa sensibilité dans la manière dont il approche ses personnages et lui donne un jeu d'acteur qui suscite l'admiration.
Amateur de peinture vers la fin de sa vie, admirateur inconditionnel de Nicolas de Staël, il achète plusieurs œuvres de cet artiste au moment où celui-ci n'est pas encore connu, révélant par là même un autre aspect de sa personnalité. Il possédait aussi une oeuvre de Pierre Auguste Renoir, ce qui renforça les liens d’amitié et de complicité qu'il put avoir avec le fils de celui-ci, Jean Renoir, lorsqu'il tourna sous sa direction dans Vivre libre (This Land Is Mine).
Théâtre
Acteur
1926 : Le Revizor (The Revizor) de Nicolas Gogol : première apparition, débuts sur la scène londonienne (pièce aussi connue sous The Government Inspector)
1951 puis 1952 : Don Juan aux enfers (Don Juan in Hell), troisième acte de Man and Superman de George Bernard Shaw : drame, Laughton est aussi à la direction
1951 puis 1952 : Don Juan aux enfers (Don Juan in Hell), troisième acte de Man and Superman de George Bernard Shaw : drame, Laughton joue aussi dans la pièce
1938 : Vedettes du pavé (St. Martin's Lane) de Tim Whelan (Royaume-Uni) : comédie (Sidewalks of London : titre américain)
1939 : Quasimodo (The Hunchback of Notre Dame) de William Dieterle : drame classique, premier film à la RKO (aussi connu sous Quasimodo, le bossu de Notre-Dame)
1949 : L'Homme de la tour Eiffel (The Man of the Eiffel Tower) de Burgess Meredith, Charles Laughton et Irving Allen — Irving Allen ne fait que les trois premiers jours de tournage, Laughton dirige quand Meredith est devant la caméra (non crédité)
1938 : Vedettes du pavé (St. Martin's Lane) de Tim Whelan (Royaume-Uni) : (Sidewalks of London : titre américain), participe à l'élaboration du scénario
En 1941, au début du tournage de It Started with Eve (Ève a commencé), un assistant aurait déclaré que si Jonathan Reynolds Senior (rôle principal du film joué par Laughton) avait vécu deux siècles plus tôt, il aurait pu être un grand pirate, voire le capitaine Kidd. Laughton interprétera ce personnage quelques années plus tard (1945) dans le film éponyme.
Il est caricaturé par Albert Uderzo et René Goscinny dans l'album des Aventures d'Astérix, La Serpe d'or, sous les traits de Gracchus Pleindastus, préfet romain de Lutèce et chef du réseau de trafiquants de serpes d'or. L'album sort en 1960 dans la revue Pilote, la même année que le film Spartacus de Stanley Kubrick dans lequel joue Charles Laughton. Le nom du personnage de Gracchus Pleindastus est lui-même un clin d'œil au film dans lequel il tient le rôle du sénateur corrompu Sempronius Gracchus.
Pour interpréter son rôle dans Tempête à Washington, il s'inspire d'un véritable sénateur, John C. Stennis (Mississippi) en écoutant des enregistrements de l'homme politique et s'imprègne de l'accent et du rythme de ses paroles.
Publication
(en) Bertolt Brecht, Galileo, traduction de Charles Laughton, éditions Grove/Atlantic, 1991.