Albert Lemaître, né à Liège et mort à Milhars (France), est un peintre belge de paysages, de marines et de scènes d’extérieur. Il est surtout connu comme le peintre des jeux de reflets sur l’eau[1].
Particulièrement attiré par le paysage, Lemaître, grand voyageur, se tourne vers les eaux et les ciels méditerranéens comme en témoignent d’ailleurs nombre de ses voyages à Venise en 1908 et 1912 notamment, à Grenade en 1910, à la Côte d’Azur en 1914, en Yougoslavie en 1922, en Grèce, etc. Sa palette chaude est marquée par l'impressionnisme et surtout le fauvisme[4].
En 1912, il présente sa première exposition personnelle à Liège. Il exposera également à Paris en 1913. Son talent est consacré par le Prix Donnay et le Prix de la ville de Liège[5].
En 1914, engagé volontaire, Lemaître est gazé et reconnu invalide de guerre. Son médecin lui conseille de longs séjours dans le Midi, il s'installe à Saint-Tropez, avant d'acquérir une demeure à Milhars, dans le Tarn, où, depuis 1945, il séjourne plusieurs mois par an[4].
En 1920, il épouse Marie Vrebosch à Vincennes en France.
Les voyages se succèdent. La Hollande et la Bretagne « aux grands ciels lavés » s’ajoutent aux terres ensoleillées.
En 1922, il est nommé membre de la Commission administrative des musées de Liège. Il sera d’ailleurs chargé, en 1930, de renouveler la présentation de la collection du musée des beaux-arts de Liège.
En 1959, il reçoit le prix de la Province de Liège.
Outre ses expositions personnelles, il participe à de nombreuses expositions internationales notamment à Amsterdam, à Londres, à Barcelone, en Pologne...
Albert Lemaître meurt le dans sa propriété de Milhars dans le Tarn.
Styles et jugements
« Que Lemaître se soit aussi complètement voué au paysage ne doit pas nous étonner. Il est venu à l’art au moment où le message impressionniste, un peu tardivement, atteignait la Wallonie et suscitait sa renaissance. Ce fut, dès lors, un des tenants les plus fidèles et il en adoptera toutes les pratiques... Pour ce pleinairiste et luministe intégral, enflammer la crête des vagues, illuminer une eau qui divise les rayons, incendier l’atmosphère et les grands bâtiments clairs, sont des jeux royaux et incomparables. En outre, comme cet artiste adroit pratique à merveille l’art de mettre en cadre, comme il construit solidement et vise nettement au tableau, ses œuvres ensoleillées conquièrent aisément à leur optimiste et rayonnante vision. »
« Albert Lemaître est, à l’Académie de Liège, le disciple le plus doué d’Évariste Carpentier, le plus impressionniste aussi, bien que son luminisme s’écarte rapidement du style de Monet. Il parfait sa formation à l’académie Julian à Paris au moment où les Matisse, les Derain et les Vlaminck rugissent à qui mieux mieux dans leur « cage aux fauves ». On imagine facilement l’intérêt que ceux-ci éveillent sur la sensibilité du jeune Liégeois. Souvent la surface de l’eau envahit de ses méandres bariolés sa composition, de sorte que le peintre réserve peu de place au ciel. En revanche, la lumière du ciel vient s’écraser violemment pour provoquer de véritables flaques claires sur les objets. La touche vibratile de Monet est devenue chez Lemaître, une tache qui tend à devenir avec les années, un véritable aplat, réalisant par le jeu des contrastes colorés un clair-obscur violent. Nul doute que se fait sentir en cela l’influence, naissante pour lui, du fauvisme. »
Albert Lemaître mettait un soin particulier à choisir un matériel de qualité (toiles, pinceaux, couleurs) et à le préparer pour peindre sur site, quelle qu'en soit l'accessibilité. Sur sa palette parfaitement organisée, il utilise un pinceau pour chaque couleur. Après plusieurs essais, à la fin de sa vie, il opte pour un format carré[2].
1914 : Salon des peintres liégeois, juin, Palais des Beaux-Arts, Liège[6].
1983 - 1989 : Chefs-d’œuvre des Musées de Liège, exposition itinérante qui se déroule à Paris en 1983 ; Bruxelles et Lille en 1984 ; Bogota et Caracas en 1986 ; Tokyo et Osaka en 1988 ; Lausanne en 1988-1989.
Notes et références
Notes
↑Jules Bosmant (1893-1975), historien de l’art et conservateur du musée des beaux-arts de Liège. Il est l'auteur notamment de La Peinture et la sculpture au pays de Liège de 1793 à nos jours. Ed. J. Mawet, 1930
↑Roger Bontemps (rédaction de l'article), Julien Flament (rédacteur en chef) et Alfred Lance (directeur), « Au Palais des beaux-arts : Les peintres liégeois », Le Cri de Liège : tribune d'art, libre et indépendant, Liège, no 25 (troisième année), , p. 1 (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
Georges Comhaire et Francis Vanelderen, « Albert Lemaître (Liège, 1er août 1886 – Milhars (Tarn), 4 mai 1975) », La Vie Wallonne, vol. 49, , p. 92-94.
Albert Lemaître, cat. exp. Rétrospective, Liège, 1952
Albert Lemaître, cat. exp. M.A.W., Liège, 1967
Jacques Parisse, Actuel XX. La peinture à Liège au XXe siècle. Ed. Pierre Mardaga, Liège, 1975
L'affiche en Wallonie à travers les collections du Musée de la Vie Wallonne, cat. exp., ège, 1980
Liliane Sabatini, Le Musée de l’Art wallon, Musea Nostra, 1988, p. 88
François Daulte, Micheline Josse, Jean-Pierre Rouge, Catherine de Croës, Francine Dawans, Liliane Sabatini, Françoise Safin-Crahay, Chefs-d’œuvre des musées de Liège. Ed. La Fondation de l’Hermitage, Lausanne et la Bibliothèque des Arts, Paris, 1988
Pierre Somville, Marie-Christine et Gilbert Depouhon, Le Cercle royal des beaux-arts de Liège. Cat. exp., Bruxelles, Crédit communal de Belgique, 1992, p. 73
Jean-Paul Depaire, Académie royale des beaux-arts de Liège. 1775-1995. 220 ans d'histoire, Liège, Académie royale des beaux-arts. Ed. Yellow Now, 1995
Francis Debryun, Philippe Delaite, Frédéric Giet, Jacques Louis Nyst, Guy Vandeloise, Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. 1775-1995. 220 ans d'art, Liège, Académie royale des beaux-arts. Ed. Yellow Now, 1995
Françoise Dumont, Lemaître Albert, dans Le Dictionnaire des peintres belges du XIVe siècle à nos jours depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège jusqu'aux artistes contemporains, Bruxelles. Ed. La Renaissance du livre, 1995, p. 633
Serge Goyens de Heusch, L’Impressionnisme et le fauvisme en Belgique. Ed. Fonds Mercator, Anvers, 1998, p. 287, 288, 289, 291, 292
Michael Palmer, D’Ensor à Magritte. Éditions Racine, Bruxelles, 1998, p. 87-88
Collectif (sous la direction de Serge Goyens de Heusch), XXe siècle. L’Art en Wallonie. Ed. La Renaissance du livre, Tournai, 2001, p. 54, 55, 58, 319, 320
Collectif (sous la direction de Joost De Geest), 500 chefs-d’œuvre de l’art belge. Du XVe siècle à nos jours. Éditions Racine, Bruxelles, 2006, p. 258
Jacques Goijen, Dictionnaire des peintres de l'école liégeoise du paysage, École Liégeoise du Paysage Editions, 2009, p. 370