10e armée (France)
La 10e armée française est une unité de l'armée de terre française qui a combattu durant les Première et la Seconde Guerre mondiale. Création et différentes dénominations
CommandementLes chefs de la 10e Armée
Chefs d'état-major
Première Guerre mondialeCompositionComposition: voir source en référence Historique1914
1915
1916
1917
1918
Seconde Guerre mondialeUne première 10e armée est démembrée les 7 et avec, d'une part, l'encerclement du 9e corps à Saint-Valery-en-Caux et, d'autre part, le rattachement des 10e et 25e corps à l'Armée de Paris. Après la rupture du front de la Somme, les 5 et , la dernière phase de la bataille de France s'engage. Pour les Alliés, il devient essentiel de se rétablir sur la Seine pour tenter d'arrêter les Allemands. C’est pourquoi une nouvelle 10e armée est créée de toutes pièces pour tenir le front de la Basse Seine et placée sous le commandement du général Robert Altmayer. Ses effectifs sont disparates et ne sont pas encore tous en place alors que les Allemands se présentent dès le au nord du fleuve et le traversent dans la foulée dans le secteur de Porte-Joie, Saint-Pierre-du-Vauvray et Venables. Rapidement, la ville de Louviers, défendue par des troupes françaises et britanniques, se trouve en première ligne. La rupture définitive de la ligne Weygand sur toute son étendue entraîne un déferlement des armées allemandes sur le territoire français. Le franchissement de la Seine, dans la foulée, ne laisse augurer aucun sursis. Le au soir, le général Altmayer, qui a installé son PC à Vaucresson, six kilomètres à l'ouest de Paris, reçoit l'ordre de tenir la Basse-Seine, de Vernon exclu à son embouchure. Son supérieur direct est le général Besson, commandant du 3e groupe d'armées. Il rejoint son armée, via Dreux, avec son état-major réduit. Le 10 à 8 h, il atteint le château de Saint-Aubin-d'Écrosville, à côté du Neubourg (Eure) où il retrouve ses trois grands subordonnés, le général Duffour, chassé de Rouen par l'arrivée des Panzer le , rejoint par les généraux de la Laurencie et Jean Léon Albert Langlois[1]. La 10e armée comprend :
Comme le note Altmayer : « Ces deux pseudo corps d'armée n'ont pas d'artillerie de corps ni d'autres éléments organiques de corps d'armée. »
Il faut aussi ajouter des unités d'artillerie d'armée, un régiment de 155 long et un groupe de 220, sous les ordres du général Peillon. Ces DLM sont trompeuses car elles n’ont pas les effectifs des unités de même nom engagées au début de l’offensive allemande. Ce sont des unités reconstituées. La valeur des unités vue par Altmayer :
Le moral et l'encadrement de la 3e DLC (général Petiet) qui venait de combattre au sud de la Somme étaient très bons ; mais elle était déjà usée étant, sans aucun répit, au combat ou en marche depuis le . Ses unités motorisées sont très réduites à la date du .
Au corps de cavalerie (CC), de formation récente avec du personnel et du matériel de bonne qualité, les DLM n’étaient pas des « divisions » puisqu'elles n'avaient pas d'artillerie organique. Chacune d'elles comprenait un régiment de découverte (5 automitrailleuses et deux escadrons de motocyclistes), un régiment de chars (un escadron de 12 Somua et un escadron de 12 chars Hotchkiss H-39) et un régiment de dragons portés (à deux bataillons). Avec les éléments dont il dispose, le général Altmayer va devoir défendre un front d’une centaine de kilomètres, de la mer à Paris, face à trois corps d'armée (15e blindé, 2e et 38e), deux divisions blindées (5e et 7e Panzer) et sept divisions d’infanterie. L’infériorité numérique française est donc complète. En outre, contrairement à ce qui avait pu se passer sur la Somme, les Français ne disposent d'aucun répit pour mettre en place une ligne défensive sur la Seine. Le général Altmayer dicte ses ordres immédiatement à ses trois généraux : « La mission de l'armée est d'interdire à l'ennemi de franchir la Seine ou de déboucher des points de la rive gauche où il a déjà pris pied si des contre-attaques ne réussissent pas à le refouler sur la rive droite. Une seule consigne générale : « tenir ». Nos effectifs ne permettent pas d'envisager deux positions d'armée. La ligne principale de résistance dominera la Seine et ses isthmes. » Une position d'arrêt est placée légèrement derrière la Seine. D'ouest en est, elle passe par les hauteurs de la forêt de Brotonne, le secteur de Bourgtheroulde, le bord du plateau du Neubourg vers Louviers, les deux rives de l'Iton, et enfin l'Eure, de Heudreville à Pacy. Altmayer installe son PC à Orbec, à la limite du Calvados et de l'Eure. Il dispose ainsi ses trois corps d'armée :
Altmayer donne aussi des axes de repli, confidentiels, qui ne figurent même pas dans les ordres d’état-major pour éviter de donner aux troupes une idée de repli. Pour le CA D, l’axe est Rouen, Bernay, forêt d'Écouves, à l’ouest de Sées. Ce massif forestier, le point culminant du massif armoricain, constitue une véritable barrière difficilement franchissable. L’axe du 3e corps est jalonné par les villes d'Évreux, Verneuil, Mortagne-au-Perche. Il s’agit de rester en contact avec l’Armée de Paris. Notons que ces axes ouvrent une brèche énorme le long de la mer, en direction de Caen et Cherbourg. À peine a-t-il donné ses ordres que le général Altmayer apprend de l'état-major du général Duffour que les Allemands ont déjà franchi la Seine à l'est de Louviers, dans le secteur de Porte-Joie, Saint-Pierre-du-Vauvray et Venables. « Or, poursuit Altmayer, aucune unité importante de l'armée n'était déjà au complet en sa place de combat. L'exécution de la mission d'interdire à l'ennemi le passage de la Seine en aval de Vernon commençait mal ! » « Je devais, dès le début, penser à employer une partie de ma réserve d'armée, dès qu'elle serait arrivée, pour aider le 3e corps d'armée à régler l'affaire de Louviers. Quand je quittais Saint-Aubin, l'état-major Duffour se préparait à l'évacuer. » Aperçu général de la journée du sur le front de la Seine :
Enfin, le front est resté intact, parce que non attaqué, en aval d’Elbeuf et jusqu'à l’embouchure de la Seine. Il est vrai que dans ce secteur, le fleuve est beaucoup plus large et soumis à l’influence de la marée. Le même , Altmayer apprend que le groupement Ihler est complètement encerclé dans Saint-Valery-en-Caux et que sa situation est désespérée, les bateaux prévus pour aller le rembarquer ne pouvant pas intervenir. Seule bonne nouvelle : l'arrivée de la 52e division d'infanterie (Lowland) britannique, débarquée à Cherbourg, est annoncée. Elle devra se placer à droite de l'armée et sera incorporée au 3e corps d’armée. André Soubiran, médecin au 3e régiment d’automitrailleuses (unité de la 3e DLC) raconte comment les Allemands ont franchi la Seine et se sont heurtés aux Français : « Avec quelques centaines d’hommes, la division doit tenir d’Elbeuf à Vernon, le long d’une ligne d’eau sinueuse, encombrée d’îles, aux rives couvertes de taillis. (…) Toute la nuit s’est passée au contact, dans le brouillard (…), avec d’incessants accrochages (…). Sans la résistance des dragons portés et l’agressivité des chars qui, à la fin de la journée, avaient sur leurs blindages neufs plus de vingt points d’impact, nos craintes nocturnes risquaient fort de devenir une réalité. » Le , la pression allemande redouble, afin d’étendre la tête de pont qui existe entre Seine et Eure. Le front allié n’est tenu que par des éléments de la 3e DLC et des troupes britanniques (division Beauman). La bataille est acharnée : « En fin de journée (du ), l’ordre de repli arrive. Le groupement, réduit à six chars, deux blindés de découverte et moins de quatre-vingts dragons, a tenu un front de six kilomètres. (…) Le 131e régiment d’infanterie vient nous relever au 3e jour de cette bataille. » (Soubiran, op. cit.) Le 1er groupe du 72e régiment d’artillerie, qui appartient lui aussi à la 3e DLC, tient le secteur de Pont-de-l'Arche. Le à 10 h, il reçoit l’ordre de repli. Au matin du 12, le front n’a pas bougé en aval d'Elbeuf, les troupes tenant les forêts de Brotonne et de la Londe. D'Elbeuf, le front passe par Montaure, au nord-ouest de Louviers et serpente ensuite à environ deux ou trois kilomètres à l'ouest de l'Eure. La ville de Louviers a brûlé toute la journée, bombardée par la Luftwaffe le au soir, probablement en représailles de la résistance de la 3e DLC. Le général Altmayer, sachant pertinemment que le front ne peut résister longtemps sur le plateau du Neubourg, forme une seconde ligne sur la basse Risle, qui forme une nouvelle coupure. Le secteur de Pont-Audemer est tenu par les douaniers et le bataillon de la 131e DLI, tandis que de Montfort-sur-Risle au Neubourg, ce sont les Britanniques, avec un bataillon de la division Beauman, avec un GRDI rescapé de Dunkerque et un bataillon de la 17e division d’infanterie. Le gros du corps de cavalerie, qui devrait normalement servir de réserve d’armée, est toujours engagé à la gauche de l’Armée de Paris. La pression allemande est aussi forte que la veille. Le général Altmayer écrit : « La lutte est pénible et difficile. L’impression du commandant de l'armée est que ses troupes se battent à un contre cinq en infanterie et en artillerie, à un contre vingt en matériel (aviation, chars, antichars). Sur tout le front, c’est le repli, en combattant, mais le repli ; et la situation est instable à la liaison avec l’armée voisine. Évidemment, la 10e armée n’a pas arrêté l’ennemi sur la Seine comme elle en avait la mission. Mais quand elle a reçu cette mission le 10 juin, les Allemands étaient déjà en bon dispositif au nord-est de la Seine, avaient déjà pu faire passer quelques éléments sur la rive gauche et avaient enfoncé la porte de Vernon (Armée de Paris). » Pendant que les combats font rage sur l'Eure, des dizaines de milliers de soldats, rescapés de Dunkerque, sont réunis à l’ouest d’Évreux. Ils sont progressivement réarmés et rééquipés, afin de former quatre nouvelles divisions d’infanterie (43e DI ; 1re DI marocaine ; 32e DI ; 1re DI nord-africaine) qui constituent un nouveau 16e corps, placé sous le commandement du général Falgade. Le , il place ses divisions sur la Risle. Un bataillon de la 43e DI est placé à la disposition du général Duffour, deux bataillons de la 1re DIM sont prêtés au 3e corps d’armée. Mais le 16e corps dans son ensemble ne dépend pas de la 10e armée, bien qu’il se trouve sur son front, mais du Grand quartier général. Ce n’est finalement que le qu’il passe sous le commandement du général Altmayer. Manifestement fatigués par les efforts fournis du 10 au , les Allemands lèvent le pied le 13. La 236e DLI repousse une attaque sur Le Neubourg. Des renforts arrivent, avec notamment une brigade la 52e division d'infanterie (Lowland) du général Laury, soutenue par trois groupes d’artillerie et quelques chars. Ils sont introduits à l'aile droite du 3e corps. Un groupe de reconnaissance arrive aussi en renfort, de même qu’un bataillon de mitrailleurs, dépourvu de moyens de transport. Enfin, la 237e DLI reçoit son deuxième régiment, formé depuis peu à Rivesaltes. Ceci permet de relever la 3e DLC, qui n’a pas cessé de combattre depuis 5 semaines. Elle est alors réduite aux éléments suivants, d'après le général Altmayer :
Le ne marque pas la fin de la première bataille de Normandie, mais elle constitue un moment charnière, car dès le lendemain, il n’est plus question pour la 10e armée de tenir la Normandie mais de se replier vers la Bretagne qui offre l’avantage d’être en communication avec l’Angleterre. Après-guerreNotes et référencesVoir aussiBibliographie
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