Économie des Comores
L’indice de développement humain place l'union des Comores à la 156e place sur 191 pays en 2021[3]. Le revenu par habitant est estimé à 465 dollars en 2005. Il est légèrement inférieur à la moyenne pour l’Afrique subsaharienne (510 dollars). En 2005, 60 % de la population vit dans la pauvreté. La plus grande partie de la population est rurale et vit de la culture vivrière ou de la pêche. Il n’existe pas d’autres secteurs porteurs aux Comores, la pêche et l’agriculture demeurant des activités de subsistance et le secteur touristique étant encore embryonnaire. Les îles exportent néanmoins de la vanille, de l'ylang-ylang et du girofle. Le pays n'est pas autosuffisant pour son alimentation. Les ruptures de stock de produits pétroliers, mais aussi d'autres biens tels que les denrées alimentaires sont récurrents. Ils sont dus, par exemple, au manque de fonds du gouvernement pour les carburants, de carburant pour les compagnies d'eau et d'électricité, de fonds et de prévoyance pour les importateurs privés. La situation économique rend la vie quotidienne difficile aux habitants. La diaspora[4] comorienne, très solidaire, subvient d'une façon importante[5] à la survie de la population en envoyant de l'argent au pays. Les îles bénéficient d'une grande autonomie financière et d'une liberté économique importante au sein de l'Union. Pour plus d'information voir : Le contexte historiqueL'économie des Comores trouve ses racines dans les Cités-États établies sous la poussée de l'Islam dès le Xe siècle. Les îles commercent avec les pays du continent africain, et avec les Indes. Leur emplacement géographique isolé les rende moins exposées aux vagues arabo-persanes qui s'abattent sur les Cités-États du continent. L'organisation politico-économique pré-coloniale se caractérise alors par les traditions aristocratiques arabes du pays[6]. L'économie des îles de l'archipel des Comores était prospère avant la colonisation, c'était une économie rurale et de transport où l'esclavage était largement utilisé. Les îles étaient, il est vrai, très peu peuplées. La situation économique et sociale allait se dégrader à la suite des razzias malgaches puis de la colonisation. Une société coloniale, la société Comores Bambao va dominer l'économie et la politique locale durant toute son existence. Ce sera un des facteurs qui poussera les habitants des îles vers l'indépendance. Déjà en 1960, les Comores n'était pas alimentairement autosuffisant, les biens alimentaires représentait 30 à 35 % des importations en 1963[7].
L'union des Comores fait partie des rares pays dont le revenu national par habitant reste inférieur à celui des années précédant la crise de 1929. Les secteurs d'activités
Secteur primaireL'agricultureLa culture des épices tropicales (par ordre d’importance décroissante vanille, ylang ylang, girofle) sont les principales ressources exportatrices de l'Union. Ces trois produits fournissent 80 % des apports en devises. Les cours des cultures de rente sont fortement sujets aux variations climatiques, financières (le faible niveau de fonds propres des agriculteurs peut entraîner une chute de production si les cours baissent) et le potentiel d'essor de production très limité. La culture vivrière est souvent négligée et les méthodes de productions archaïques et peu respectueuses de l'environnement. D'autre part l'agriculture sur les pentes volcaniques à fort dénivelé provoque une grande érosion des sols. Un rapport de la Banque mondiale suggère que les campagnes organisent également la pénurie alimentaire des produits locaux afin de soutenir les prix. L'Union n'est pas auto-suffisante alimentairement. Tiré d'estimations de 1998[9] et d'estimations de 2006[10].
Le contexte international évolue également défavorablement à l'économie, en 1983, le prix moyen de l'achat de vanille au planteur est de 3 500 FC le kilo et il est de 1 850 FC en 1992[12]. La production baisse jusqu'à la remontée des prix début 2000. La pêcheLa côte représente 427 kilomètres. La pêche est artisanale et côtière[13]. Les fonds côtiers sont fragiles et surexploités. Les techniques de pêche demeurent primitives et peu diversifiées. Les techniques les plus pratiquées sont la pêche à la ligne à main ou palangrotte, la pêche à la traîne introduite avec la motorisation et les casiers à pied. Les villages organisent leurs propres zones réservées et y réglementent les techniques de pêche, voire les interdisent comme pour la pêche de nuit et l'utilisation de filet. Il faut dire que l'usage des explosifs, bien qu'interdit a encore été utilisé récemment. Il n'existe ni chalutiers ni entrepôts frigorifiques qui pourraient permettre de pêcher dans des zones de façon industrielle. On estime[10] le nombre d'embarcations à 4 500 dont 1 500 motorisées. Un regain d’intérêt s’est manifesté parmi les pêcheurs pour l’exploitation pélagique autour des dispositifs de concentration des poissons (DCP), développant ainsi la pêche hauturière artisanale. En 2002, la production halieutique a été estimée[10] à 15 300 tonnes contre 14 000 en 2001 et 13 200 en 2000. Outre l'inexistence du plateau continental court (excepté pour Mohéli) où se trouve le poisson, la faiblesse des motorisations des barques (25 CV au plus) rend la pêche très difficile et peu productive durant la saison sèche. La RFI[14] puis l'Union ont passé des accords avec l'Union européenne pour le droit de pêche dans sa zone économique exclusive. Les quotas sont passés de 4 700 t de 6 000 t en 2006 pour 17 palangriers et 40 senneurs. Les ressources de cette zone sont également pillées par des navires hauturiers étrangers. L'armateur ne peut pêcher à l’intérieur des 10 milles marins autour de chaque île ni dans un rayon de 3 milles autour des DCP. L'État comorien a pu ainsi récupérer en 2004[14] plus de 200 000 € qui ont permis à 60 % de moderniser la pêche traditionnelle et à aider à la formation des pêcheurs, à 25 % d'aider les délégués de l'Union dans leur défense des intérêts comoriens dans les différentes organisations internationales liées à la pêche et d'aider pour 15 % à la recherche scientifique sur la pêche et à l'appui aux structures de surveillance des pêches. Le banc du Geysir et les îles Glorieuses sont revendiqués par l'Union comme partie intégrante de leur zone économique exclusive. Matières premières et énergiesAutant Anjouan et Mohéli possèdent des cours d'eau permanents, présentant un réel potentiel hydro-électrique avec des possibilités d'alimenter la population en eau potable, autant la Grande Comore en est dépourvue en raison de la porosité de son sol et cela, en dépit d'une pluviométrie importante. La bonne gestion de cette ressource vitale est un des défis de l'Union pour les années à venir. Pour des raisons écologiques, l'île a arrêté d'utiliser le corail comme matière première pour la fabrication de la chaux. Les pénuries sont chroniques, eau, électricité, essence, quelquefois même des produits alimentaires de base viennent à manquer. Les importations sont de 700 barils par jour (2003 est.) dont une bonne part est utilisée pour la production d'électricité. Après que la société nationale EEDC eut pratiquement arrêté ses activités et fut acculée à la faillite, la Comorienne de l’Eau et l’Électricité (CEE), société filiale de Vivendi a été responsable du monopole de l'exploitation des équipements appartenant à l’État pour la production et la distribution de l’électricité et de l’eau. En , La CEEi devient maintenant la MaMWE à capitaux égyptiens. L'électricité est produite à partir de groupe électrogène, mais il existe aussi des micro centrales hydroélectriques à Anjouan et Mohéli. Les difficultés financières de cette activité sont essentiellement dues à la difficulté de percevoir le paiement des factures. Secteur secondaireLa part du secondaire dans l'activité économique décroît d'une façon régulière depuis le début du siècle sans conteste. Cependant ce chiffre est difficile a estimer tant les activités de ce secteur sont informelles. Le secteur secondaire reste négligeable, on trouve cependant :
Secteur tertiaireTourismeIl existe plusieurs hôtels, mais le tourisme reste très limité. Il est naturellement considéré comme important, vu la faiblesse des autres ressources. Les principales faiblesses qui empêchent son développement sont :
L'Union a aussi des atouts : la présence d'une flore et faune endémiques ainsi que des zones protégées en vue du développement d'un écotourisme. D'autant que la protection de l'environnement suit l'intérêt d'autres activités d’écodéveloppement. Selon des estimations de 1998, 27 000 touristes ont visité l'île cette année, générant un apport de 26 millions de dollars de devises[9]. En , les Comores rejoignent l'Organisation mondiale du tourisme[16]. Voir aussi
Le transportLe réseau routier est en mauvais état. Les moyens de transport réguliers par voie maritime entre les îles et vers Mayotte ont quasiment disparu en 2004 et 2005. Il existe plusieurs compagnies aériennes desservant l'Union dont une basée en Grande Comore. L'union des Comores est un pavillon de complaisance et le seul port en eau profonde se trouve à Mutsamudu sur l'île d'Anjouan.
Le système bancaireLe secteur financier des Comores est relativement petit et peu développé. Il est constitué de la banque centrale, de deux banques commerciales (dont la plus grande, à savoir la Banque pour l’industrie et le commerce des Comores, est la propriété de la BNP Paribas), d’une banque de développement, et de deux réseaux d’IMF (les Mecks et les Sanduks). En outre, il y a la Caisse nationale d’épargne, qui est affiliée à la Société nationale des postes et télécommunications (SNPT)[17]. Depuis la création du pays il existe :
Puis ont été créées
Ensuite Azali a créé :
Importations & exportationsLes principaux imports sont la farine (le pain est l'aliment le plus consommé aujourd'hui), riz et autres denrées alimentaires (l'alimentaire représente 18 % des imports en 2006[10]), produits pétroliers, ciment, équipement de transport. Les importations sont soutenues par l'aide financière de la diaspora. Les taxes d'importations récoltées par la douane fournissent presque l'essentiel des recettes fiscales du pays. L'importance de cette ressource pour le gouvernement rend l'administration douanière stratégiquement cruciale, et la rend donc politiquement importante. Un soupçon de fraude important pèse sur cette administration. Les produits destinés à l'export subissent aussi une taxe qui se montait à 2,3 milliards en 1996. Politique économiqueLa difficulté de recouvrement des recettes publiques et le manque de maîtrise de la dépense publique sont chroniques. La France est le premier client, le premier fournisseur et le principal bailleur des Comores. L'équilibre budgétaire ne peut être atteint que par l'aide des bailleurs de fonds, mais surtout par la diaspora à l'étranger[5]. La monnaie comorienne a été indexée sur le franc français dès sa création[18] et est aujourd'hui indexé sur l'Euro[1]. L'appartenance à la zone franc a été la principale source de stabilité de l'économie[19] et permet à l'Union de ne pas connaître d'inflation trop rude, à comparaison des autres pays de la zone, Madagascar en tête. La detteEn raison des arriérés de dette vis-à-vis de plusieurs bailleurs de fonds et de la situation politique instable, notamment l'Association internationale pour le développement et du Fonds international de développement agricole, les décaissements de fonds en faveur des projets d'investissements ont été suspendus de 1999 à 2005. Cela a beaucoup affecté le niveau de vie des Comoriens. L'union des Comores a signé un accord avec le FMI en pour la mise en place d’un programme d'aide technique de gestion et de bénéficier d’une réduction de leur dette extérieure dans le cadre de l’Initiative pays pauvres très endettés qui perdure en 2006 devant l'échec de la maîtrise des dépenses. Les retards de salaires des fonctionnaires sont de plusieurs mois (plus d'une dizaine), c’est-à-dire que les salaires ne sont pas toujours versés. L'enclavement et environnement commercialLes Comores souffrent de leur morcellement géographique et manquent d’infrastructures qui pourraient désenclaver les îles. Le seul port pouvant accueillir des navires de gros tonnage se trouve à Anjouan. Pour résoudre leur isolement, la RFI des Comores a adhéré au Marché commun de l'Afrique orientale et australe accord qui entra en vigueur en 1982. Les échanges vers ce marché diminuent[20] cependant et restent marginaux (autour de 4 million $). L'union des Comores, en tant que membre, a également la possibilité d’avoir accès aux crédits de la banque de la ZEP pour le financement de projets économiques ou commerciaux à vocation régionale. L'union des Comores est aussi membre de la Commission de l'océan Indien et bénéficie à ce titre de quelques avantages économiques. L'Union n'est pas membre de l'OMC, pas même à titre d’observateur. En tant qu'un des pays les moins avancés, les Comores bénéficient d'aide. Aide étrangèreElle se composent de deux types d'aide, une aide financière stricte et une assistance technique qui est concentrée sur les secteurs de la santé de l'éducation/formation et du transport. Cette aide provient de l'ONU, de pays tiers comme l'Union européenne, ou d'ONG. Cette aide se répartissait à parts égales entre ces trois pôles en 1996. Vu la faiblesse des investissements privés, l'union des Comores dépend de l'aide publique internationale dans le domaine de ses investissements. L'aide au projet d'investissement correspondant à 40 % de l'aide entre 1993 et 1996, soit environ 16 millions de dollars sur 40 millions, et employait de nombreuses personnes dont un grand nombre d'expatriés (très bien payés selon certains qui s'interrogent sur l'intérêt de verser des fonds qui ne resteront pas aux Comores). Dans le passé, les aides massives n'ont pas été utilisées à bon escient et n'ont pas contribué au développement économique du pays. Lors de la Conférence des bailleurs de fonds de Maurice en , qui était prévue dans l’accord de réconciliation nationale de Fomboni, les Comores ont recueilli des engagements des bailleurs de l’ordre de 158M$ pour la réalisation d’un plan de financement sur quatre ans (2006-2009). La France s’est engagée à augmenter son aide au développement de 60 % pour un total de 65 M€ sur les prochaines années. Cette aide se concentrera sur les secteurs de l’agriculture, de la santé et le soutien à l’initiative privée. Le gouvernement du président Ahmed Abdallah Sambi a sollicité le soutien d’anciens partenaires des Comores (Koweït, Libye, Émirats arabes unis), mais aussi de l’Iran, où il a été étudiant. L’Iran s’engage à apporter une aide dans différents secteurs (agriculture, santé, pêche)[21]. Les investissements privésLes investissements privés industriels sont quasiment nuls. Le tourisme bénéficie quant à lui d'un réel investissement. Quant au commerce, il s'agit surtout d'un commerce d'importation, les entreprises exportatrices de vanille d'ylang-ylang ou de girofle étant concentrées dans quelques mains. Le secteur public
Le secteur semi-public
Les perspectivesLes Comores font face à un problème réel de surpeuplement (450 hab/km² à Anjouan) qui accroît la demande de services sociaux et d'emplois et fait peser sur un écosystème déjà fragile, une pression croissante. La croissance démographique importante. On estime que la population des Comores sera de 2,3 millions dans 50 ans. Le manque de ressources et la pression importante sur l'environnement (déboisement, glissement de terrain, lessivage et épuisement des sols) ne rendent guère optimiste. La déforestation atteint 4,3 % par an soit le 2éme taux le plus élevé au monde. Cependant les leçons du passé (disparition des plages et des mangroves, destruction du corail donc la perte de ressources halieutiques, etc.) et l'espoir de voir se développer un tourisme vert pousse les responsables locaux à prendre des mesures. La forêt sur l'île d'Anjouan est la proie de nombreuses opérations de déforestations, mettant en péril la faune endémique[22]. Seule la pêche bénéficie d'un potentiel important de développement, cependant cela passe par une augmentation de la production et un dérèglement du marché à certaines époques de l'année. Les enjeux majeurs pour l'union des Comores dans les prochaines années sont donc, d'une part, la responsabilité des acteurs du secteur sur le potentiel des ressources et d'autre part la professionnalisation et la formation afin de sortir du stade artisanal. Ceci permettra d'envisager un meilleur système de commercialisation et le développement d’une petite transformation (aujourd'hui complètement absente). L’offre et la demande devraient ainsi être régulées ce qui permettra aux plus pauvres de continuer à avoir accès à ces aliments. Voir aussiLiens internesBibliographie
Sources
Liens externes
Notes
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