Tour de Corse 1978
Le Tour de Corse 1978 (22e Tour de Corse), disputé du 4 au [1], est la soixante-deuxième manche du championnat du monde des rallyes (WRC) courue depuis 1973, et la dixième manche du championnat du monde des rallyes 1978 (WRC). C'est également la dix-huitième des dix-neuf épreuves de la Coupe FIA 1978 des pilotes de rallye, créée l'année précédente. L'épreuve fait aussi partie du championnat de France des rallyes. Contexte avant la courseLe championnat du mondeCréé en 1973 en remplacement du championnat international des marques, le championnat du monde des rallyes a pour cadre les plus célèbres épreuves routières internationales, telles le Rallye Monte-Carlo ou le Safari. Onze manches sont inscrites au calendrier 1978, réservées aux voitures des catégories suivantes :
Déjà vainqueur à quatre reprises cette saison avec sa 131 Abarth, Fiat est déjà assuré de remporter un second titre mondial consécutif. Le constructeur turinois a toutefois prévu de disputer les deux épreuves restantes, un succès au Tour de Corse ou en Grande-Bretagne lui offrant d'excellentes retombées commerciales. Coupe FIA des pilotesLa Coupe des pilotes de rallye a été créée en 1977 et s'appuie sur un système de points identique à celui du championnat du monde de Formule 1. Le décompte est toutefois assez complexe, car prenant en compte, en plus des onze manches mondiales, cinq épreuves du championnat d'Europe et trois autres rallyes internationaux, et pénalisant d'un résultat les pilotes n'ayant pas participé au moins une fois au championnat européen. Ce système a permis a Sandro Munari de s'adjuger la coupe 1977, face à son principal rival, Björn Waldegård, malgré un total absolu moindre[2]. Tout comme le championnat des constructeurs, la coupe 1978 est déjà jouée, le champion finlandais Markku Alén, trois fois vainqueur cette saison pour Fiat et Lancia, ne pouvant plus être rejoint. L'épreuveSurnommé le 'rallye aux 10000 virages', le Tour de Corse fut créé en 1956 à l'initiative du comte Peraldi et du docteur Jean Sermonard, deux passionnés de sport automobile résidant dans l'Île de Beauté[3]. Rapidement propulsée au rang d'épreuve internationale, elle fait partie depuis sa création en 1973 du championnat du monde des constructeurs. Son parcours sélectif, en partie disputé de nuit, rend l'épreuve très éprouvante. Voiture idéale sur ce type de terrain, la Lancia Stratos (invaincue de 1974 à 1976) a cependant été battue en 1977 par la Fiat 131 Abarth de Bernard Darniche, le pilote français y obtenant sa troisième victoire après ses succès de 1970 et 1975. Le parcours
Première étape
Deuxième étape
Les forces en présence
L'équipe championne du monde est présente avec quatre 131 Abarth groupe 4 à moteur deux litres à injection, seize soupapes. Ces voitures disposent de 235 chevaux, pour un poids de l'ordre de la tonne[5]. Deux sont engagées directement par l'usine sous les couleurs d'Alitalia pour Bernard Darniche et Sandro Munari, les deux autres, engagées par Fiat France, étant aux mains de Jean-Claude Andruet et Michèle Mouton.
Deux Stratos HF groupe 4 aux couleurs de Pirelli ont été confiées à Adartico Vudafieri et Attilio Bettega, tous deux disputant leur premier Tour de Corse. Ces voitures de 900 kg sont équipées d'un moteur Dino V6 (2400 cm3, 12 soupapes, trois carburateurs double-corps) monté en position centrale arrière et développant 270 chevaux. Engagé à titre privé, le pilote local Francis Serpaggi dispose d'un modèle similaire, préparé par Ambrogio[6].
Le constructeur britannique a engagé deux Triumph TR7 groupe 4, à moteur V8 Rover (3500 cm3, 280 chevaux à 7000 tr/min). Confiées à Tony Pond et à Jean-Luc Thérier, ces voitures de 1080 kg effectuent leur première apparition en Corse[5].
En l'absence de présence officielle, le constructeur de Stuttgart est cependant largement représenté par les écuries et pilotes privés. Jacques Alméras dispose d'une Carrera RSR groupe 4, engagée par l'écurie Alméras Frères SA. Avec son moteur six cylindres de trois litres de cylindrée, alimenté par injection, développant 310 chevaux à 7800 tr/min, c'est la voiture la plus puissante du plateau. Francis Vincent (écurie Christine Laure) dispose quant à lui d'une Carrera 3.0 groupe 4, d'une puissance de 280 chevaux[5]. Parmi les nombreux pilotes représentant la marque en groupe 3, on trouve notamment le pilote local Pierre-Louis Moreau, au volant d'une Carrera 3.0 flambant neuve, ainsi que Gérard Swaton et Christian Gardavot sur des modèles plus anciens.
L'Euro Händler Team, qui représente officiellement la filiale allemande de General Motors, a engagé une Kadett GT/E groupe 2 (moteur deux litres, 175 chevaux) pour Jean-Pierre Nicolas ainsi qu'une version groupe 1 (140 chevaux) pour Jean-Louis Clarr, tous deux favoris de leurs catégories respectives[5]. La Kadett GT/E est très prisée des pilotes privés, parmi lesquels Jean-Sébastien Couloumiès et Yves Loubet en groupe 2, Christian Dorche et Bernard Picone en groupe 1.
Les anciennes berlinettes font toujours le bonheur des pilotes amateurs, dont Jean-Pierre Manzagol et Claude Balesi (A110 1800) en groupe 4, ou Robert Simonetti en groupe 3.
Pas de présence officielle de la marque en Corse cette année, mais la marque de Sochaux peut tout de même espérer une victoire de classe grâce à Alain Coppier, engagé sur un modeste coupé 104 ZS groupe 2 de 85 chevaux[5]. Déroulement de la coursePremière étapeLes 116 équipages s'élancent de Bastia le samedi à partir de treize heures, en direction de Saint-Florent[7]. La première épreuve spéciale, qui traverse le désert des Agriates, est l'une des plus rapides du parcours. Sur une route totalement sèche, Sandro Munari réalise le meilleur temps au volant de sa Fiat, devançant de peu les Porsche de Francis Vincent et de Jacques Alméras. Viennent ensuite les Fiat de Jean-Claude Andruet et Bernard Darniche, suivies des Lancia Stratos d'Adartico Vudafieri et d'Attilio Bettega. Au volant de la troisième Stratos, Francis Serpaggi n'a pu défendre ses chances sur une route qu'il connait parfaitement, le V6 ayant lâché dès les premiers kilomètres. Le secteur suivant, entre Calvi et Le Fango, est du même type que le premier. Munari attaque à nouveau très fort et se montre une nouvelle fois le plus rapide, accentuant légèrement son avance sur ses poursuivants, toujours emmenés par Vincent. Les écarts ne sont toutefois pas très importants, les cinq premiers étant groupés en moins de trente secondes. Très à l'aise sur ses terres au volant d'une Porsche de série, le pilote calvais Moreau a réalisé le troisième chrono à seulement six secondes de Munari et occupe une belle sixième place, dominant nettement sa catégorie. Principales adversaires des Fiat au départ, les Lancia ont compromis leurs chances de victoire, Vudafieri ayant abandonné sur sortie de route, tandis que Bettega est handicapé par un moteur ne tournant que sur cinq cylindres. La situation est encore plus critique pour les Triumph, les deux voitures ayant subi la même panne : une fuite d'huile de boîte de vitesses, à cause d'un bouchon de vidange mal serré, cause pour le moins suspecte aux yeux de l'équipe britannique[5] ; Tony Pond a dû abandonner, tandis que son coéquipier Jean-Luc Thérier est parvenu à repartir, mais avec une boîte très endommagée. Le dernier secteur avant la tombée de la nuit comporte près de 86 kilomètres (à temps imparti) entre Le Fango et Coggia, par le col Saint-Sauveur. Andruet y porte sa première attaque et domine ses adversaires, emmenés par un étonnant Moreau, le meilleur des pilotes Porsche après l'abandon de Vincent (hors-délai à cause d'un court-circuit puis d'une crevaison) et le gros retard (près de dix minutes) pris par Alméras à cause d'un câble d'accélérateur cassé, qui le relègue en seizième position au classement général. Andruet prend la tête de la course, quarante-sept secondes devant son coéquipier Darniche, talonné à trois secondes par Moreau. Munari, qui a crevé dans les derniers kilomètres, a perdu plus d'une minute et chuté à la quatrième place, juste devant sa coéquipière Michèle Mouton, auteur d'une belle performance sur ce tronçon. Retardé en début de course à cause d'une bougie défaillante sur son Opel, Jean-Pierre Nicolas est remonté en huitième position et a pris la tête du groupe 2. Andruet maintient son avance dans la première spéciale de nuit, disputée entre Pisciatello et Stiliccione, où il égale le chrono de Darniche. Thérier a abandonné, la boîte de vitesses de sa Triumph ayant fini par céder, tandis que Munari, Bettega et Michèle Mouton sont logiquement repassés devant Moreau, qui reste largement en tête du groupe 3. Vient ensuite le très sélectif secteur entre Moca et le hameau d'Abbazia, long de 99 kilomètres. Andruet se montre impérial, dépassant Darniche, parti une minute avant lui et cependant auteur du deuxième temps malgré l'usure prématurée de ses pneumatiques. Sur la troisième Fiat, Munari a concédé près de quatre minutes, handicapé par un déréglage du train arrière, et qui a cédé la troisième du classement général à Bettega. Michèle Mouton se maintient en cinquième position, tandis qu'Alméras est remonté à la huitième. La dernière spéciale de l'étape, entre Muratello et Carbini, permet à Munari, auteur du deuxième temps derrière Alméras, de regagner une place, tandis que l'écart entre les deux premiers reste stable, et c'est avec plus de deux minutes d'avance sur Darniche qu'Andruet regagne le parc fermé d'Ajaccio, où il signale à son équipe un bruit suspect au niveau de l'embrayage. Derrière, Munari et Bettega sont à plus de cinq minutes, précédant Michèle Mouton d'une quarantaine de secondes. Sur sa Porsche de série Moreau se maintient en sixième position, quelques minutes devant Nicolas, incontestable leader du groupe 2.
Deuxième étapeAprès trois heures de repos, les concurrents repartent d'Ajaccio en direction de Bastelica, avant de rejoindre Palneca pour le départ de la première épreuve spéciale de cette deuxième étape. Sur les trente-quatre kilomètres menant à Ghisoni, Munari est le plus rapide devant Darniche et Andruet ; le classement général ne subit aucun changement significatif. Le secteur suivant, long de près de cent kilomètres au départ de Saint-Antoine, est beaucoup plus sélectif. Victime d'une crevaison, Michèle Mouton perd trois minutes et perd sa cinquième place au profit de Moreau. Auteur du meilleur temps, Andruet porte son avance sur Darniche à 2 min 14 s, mais, malgré l'intervention mécanique effectuée à l'arrivée de la première étape, connaît à nouveau des ennuis d'embrayage. Au point d'assistance, le remplacement de la pièce, habituellement réalisé en une demi-heure, se passe mal, l'intervention étant mal préparée. La Fiat de tête ne repart qu'après quarante-quatre minutes, et malgré son forcing sur le parcours de liaison, Andruet pointe avec six minutes de retard avant le départ de la spéciale suivante, rétrogradant à la seconde place du classement à près de quatre minutes de Darniche. Sur les quatre-vingt-huit kilomètres du secteur suivant, partant de Ponte Nuovo, Andruet accomplit presque l'exploit de rattraper son retard, avant d'être victime d'une crevaison, perdant ses dernières chances de victoire. Il préserve cependant sa seconde position, avec une marge de plus d'une minute sur Munari. Une double crevaison a entraîné l'abandon de Bettega et permis à Michèle Mouton d'accéder à la quatrième place devant Alméras qui, poursuivant sa remontée, a dépassé Moreau. Si les positions sont acquises pour les trois Fiat de tête, la dernière spéciale entre Talasani et La Porta permet à Alméras, auteur du meilleur temps, de s'emparer de la quatrième place devant Michèle Mouton. Moreau est sixième, ayant dominé le groupe 3 de bout en bout, devant l'Opel de Nicolas, logique vainqueur du groupe 2. Opel s’impose également en groupe 1 grâce à Christian Dorche, dixième du classement général. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des pilotes après chaque épreuve spéciale[6]
Classement général
Équipages de tête
Vainqueurs d'épreuves spéciales
Résultats des principaux engagés
Classement du championnat à l'issue de la course
Classement provisoire de la Coupe FIA des pilotes
Notes et références
|
Portal di Ensiklopedia Dunia