Rallye de Suède 1978
Le Rallye de Suède 1978 (28th International Swedish Rally), disputé du 10 au [1], est la cinquante-quatrième manche du championnat du monde des rallyes (WRC) courue depuis 1973, et la deuxième manche du championnat du monde des rallyes 1978. C'est également la troisième des dix-neuf épreuves de la Coupe FIA 1978 des pilotes de rallye, créée l'année précédente. Contexte avant la courseLe championnat du mondeCréé en 1973 en remplacement du championnat international des marques, le championnat du monde des rallyes a pour cadre les plus célèbres épreuves routières internationales, telles le Rallye Monte-Carlo ou le Safari. Onze manches sont inscrites au calendrier 1978, réservées aux voitures des catégories suivantes :
Comme l'année précédente, la saison 1978 devrait être marquée par un affrontement entre Fiat et Ford, les deux constructeurs ayant prévu de disputer la majorité des épreuves. Le duel est d'autant plus équilibré que ces deux marques font appel aux plus grands rallymen du moment et que les Fiat 131 Abarth et Ford Escort RS, dans leurs versions groupe 4, sont très proches en performances. D'autres constructeurs comme Lancia, Peugeot, Renault, Saab ou Datsun, désireux de briller sur certaines épreuves mondiales, auront une participation officielle épisodique cette saison. Après la première épreuve, Porsche occupe provisoirement la tête du championnat, après l'inattendue victoire de la Carrera privée de Jean-Pierre Nicolas face aux voitures d'usine. Coupe FIA des pilotesCréée en 1977, la Coupe des pilotes entame sa deuxième année d'existence. Basée sur un système de points identique à celui du championnat du monde de Formule 1, elle prend en compte les résultats des onze manches mondiales ainsi que ceux de cinq rallyes du championnat d'Europe et de trois autres épreuves internationales. Premier lauréat, Sandro Munari a obtenu la coupe 1977 sur le tapis vert, après réclamation de la Scuderia Lancia entraînant la disqualification de l'équipage vainqueur du 'Total Rally South Africa 1977' au profit du pilote italien[2]. L'épreuveCréée en 1950 sous le nom de Rallye du Soleil de Minuit, cette épreuve suédoise était à l’origine organisée en juin. Ce n'est qu'à partir de 1966 que l'épreuve devint hivernale et prit l’appellation Rallye de Suède[3]. Aucun pilote non suédois ne figure au palmarès ; Björn Waldegård et Stig Blomqvist se partagent le record de victoires dans cette épreuve, avec quatre succès chacun. Depuis 1977, les reconnaissances sont autorisées les deux semaines précédant la course. Le parcours
Première étape
Deuxième étape
Troisième étape
Les forces en présence
Pour cette épreuve nordique, le constructeur italien a fait exclusivement appel à des pilotes finlandais. Les trois 131 Abarth groupe 4 officielles sont confiées à Markku Alén, Simo Lampinen et Timo Salonen. Ces voitures de 980 kg sont équipées d'un quatre cylindres de deux litres de cylindrée à culasse à seize soupapes et système d'injection Kugelfischer. Pour la conduite sur neige, la souplesse a été privilégiée, le moteur développant 220 chevaux à 7200 tr/min étant exploitable dès 3000 tr/min. Au côté des trois voitures officielles, Fiat-Suède a engagé un modèle identique pour Gert Blomqvist[2].
L'équipe officielle, dirigée par Peter Ashcroft, a engagé trois Escort RS1800 groupe 4 pour Björn Waldegård, Hannu Mikkola et Ari Vatanen, récent vainqueur du Rallye Arctique. Pesant environ une tonne, les Escort disposent d'un moteur quatre cylindres seize soupapes de deux litres de cylindrée alimenté par deux carburateurs double-corps, développant 250 chevaux[4]. Le principal avantage de l'Escort sur la Fiat 131 est la largeur réduite de ses voies, mieux adaptée aux traces des pistes enneigées suédoises.
Une seule voiture a été engagée par la Scuderia Lancia : une Stratos HF groupe 4, pilotée pour la circonstance par le Stig Blomqvist ; le pilote officiel de Saab a été prêté occasionnellement à la marque italienne (distribuée par Saab en Suède), les débuts de la nouvelle Saab 99 turbo ayant été retardés. Le champion suédois, spécialiste du pilotage des tractions, a découvert sa monture en janvier et a effectué six mille kilomètres de reconnaissance au volant de cette voiture de 930 kg dont le moteur V6 monté en position centrale arrière développe 270 chevaux[2].
Le constructeur allemand dispose de deux Kadett GT/E groupe 2 (quatre cylindres, deux litres, 170 chevaux[4]) pour Anders Kulläng et Bror Danielsson. De nombreux pilotes privés s'alignent également au volant de Kadett groupe 1 ou groupe 2.
Le 'Toyota Team Europe' aligne deux coupés Celica 2000 GT groupe 2 (1000 kg, 170 chevaux à 7000 tr/min) pour Jean-Luc Thérier et Leif Asterhag[2].
Le Dealer Team Vauxhall a engagé une seule voiture pour cette épreuve. Il s’agit d’une Chevette groupe 4 (1020 kg, 2300 cm3, double arbre à cames en tête, 16 soupapes, 240 chevaux[4]), confiée au Finlandais Pentti Airikkala.
Malgré l'absence de la prometteuse 99 turbo et le prêt de son premier pilote à Lancia, le constructeur suédois est représenté officiellement par l'ancien vainqueur Per Eklund, au volant d'une 99 EMS groupe 2 (130 chevaux[5]). La marque est également représentée par de nombreux pilotes privés s'alignant sur des 96 V4 ou des 99 EMS groupe 2.
Le constructeur tchèque a engagé deux coupés 130 RS groupe 2 (800 kg, moteur arrière, 1300 cm3, 120 chevaux à 7800 tr/min) pour les Norvégiens John Haugland et Sverre Fölid[2]. Déroulement de la coursePremière étapeLes 112 équipages s'élancent de Karlstad le vendredi , à partir de 13 heures[2]. Les pilotes Ford dominent d'emblée, Hannu Mikkola et Ari Vatanen réalisant des temps très proches dans les deux premiers secteurs chronométrés, précédant de quelques secondes leur coéquipier Björn Waldegård. L'écart se creuse dès la troisième épreuve spéciale, dominée par Mikkola qui se porte seul en tête avec une dizaine de secondes d'avance. Derrière les trois Ford Escort, Stig Blomqvist pointe en quatrième position au volant de sa Lancia Stratos, devant la Fiat 131 Abarth de Markku Alén. Dans le secteur suivant, Blomqvist parvient à battre les Ford et remonte en troisième position, devant Vatanen qui a perdu une dizaine de secondes sur ce tronçon. Dans le secteur de Lidsbron (dans lequel Blomqvist part à la faute et perd une trentaine de secondes), le jeune pilote finlandais se reprend, s'y montrant le plus rapide et récupérant momentanément la seconde place du classement général, avant de commencer à perdre régulièrement du terrain sur ses coéquipiers. En fin de journée, alors que dix spéciales ont été parcourues, les trois Escort occupent toujours les avant-postes, Mikkola devançant Waldegård de seulement sept secondes, alors que Vatanen est relégué à près d'une minute. Malgré sa légère sortie de route, Blomqvist occupe toujours la quatrième place, avec une minute et demie de retard sur le leader, avec plus d'une minute de marge sur Alén. Retardé par des problèmes en tout début d'étape, l'ancien vainqueur Per Eklund (Saab) est revenu en sixième position, à trois minutes de Mikkola. Alors que rien ne semble devoir entraver la domination des Ford, un problème d'organisation va légèrement modifier la physionomie de la course : le break transportant les pneumatiques de l’équipe n'a pu se rendre à temps au point d'assistance précédant le départ de la onzième spéciale. Grâce à l'aide providentielle d’un particulier, Waldegård parvient à bénéficier de quatre pneus neufs, mais pas ses coéquipiers[5]. L'incident énerve quelque peu Mikkola, qui effectue une sortie de route dans la spéciale, perdant près d'une minute et demie sur le Suédois qui prend le commandement de la course avec cinquante-six d'avance sur Vatanen. Le secteur est fatal à Eklund, qui doit abandonner, moteur cassé. Trois spéciales nocturnes restent alors à disputer avant le retour sur Karlstad, vers une heure du matin. Elles n'apportent aucun changement parmi les trois premiers, Waldegård concluant cette première étape avec quarante-six secondes d'avance sur Vatanen et soixante-quatre sur Mikkola. Principal adversaire des Ford, Blomqvist a perdu plus de quatre minutes dans l'avant-dernier secteur chronométré et chuté en sixième position, derrière les deux Fiat de Markku Alén et Timo Salonen.
Deuxième étapeAprès une courte nuit de repos, les concurrents repartent de Karlstad le samedi matin à partir de neuf heures[2]. Le parcours de cette deuxième boucle est pratiquement identique à celui de la veille. Tandis que Waldegård contrôle la course, Blomqvist effectue un véritable festival au cours de cette seconde étape. Remportant treize des vingt épreuves chronométrées, il déborde tout d’abord Salonen, puis Vatanen lorsque ce dernier perd quarante-cinq secondes en sortant de la route dans le secteur de Rottnedal. Mikkola, un moment deuxième, a écopé d’une minute de pénalisation sur le parcours de liaison et c'est Alén, également bien remonté, qui occupe alors la seconde place derrière Waldegård qui compte désormais plus de deux minutes d'avance. La bataille pour la seconde place devient très serrée : en début de soirée, après la spéciale de Varmkog, Blomqvist parvient à s'intercaler entre Alén et Mikkola, sept secondes séparant les trois hommes. Toutefois, les quatre dernières épreuves nocturnes redonnent l'avantage à Mikkola, qui reprend la seconde place derrière son coéquipier Waldegård et rallie Karlstad avec une trentaine de secondes sur Alén, tandis que Blomqvist, une nouvelle fois malchanceux dans le dernier secteur, perd plus de trois minutes à cause d'une crevaison. Il se maintient toutefois devant Vatanen, qui avait quant à lui perdu plus de quatre minutes après avoir calé son moteur lors d'un tête-à-queue.
Troisième étapeDisputée le dimanche matin[2], la troisième étape est très courte, ne comportant que quatre des épreuves spéciales déjà parcourues la veille. Elle n'apporte aucun changement au classement général ; la course s'achève donc sur un doublé des Ford Escort de Waldegård et Mikkola, le pilote suédois remportant l'épreuve pour la cinquième fois. Troisième, Alén permet à Fiat de prendre la tête du championnat du monde. Auteur d'un parcours sans faute, Bror Danielsson, septième au volant de son Opel Kadett, s'impose brillamment en groupe 2. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des pilotes après chaque épreuve spéciale[5]
Classement général
Hommes de tête
Vainqueurs d'épreuves spéciales
Résultats des principaux engagés
Classement du championnat à l'issue de la course
Classement provisoire de la Coupe FIA des pilotes
Notes et références
|
Portal di Ensiklopedia Dunia