La sonate K. 32, en ré mineur, est notée Aria. Cette petite sonate méditative est publiée à Londres en 1739 dans l'édition Roseingrave juste après les Essercizi per gravicembalo. Scarlatti n'a pas présidé ou vérifié cette publication et ces pièces ajoutées aux Essercizi, comme la K. 32, sont des œuvres de jeunesse du compositeur, tout comme bon nombre des cent premiers numéros du catalogue Kirkpatrick[1]. L'aria est structurée en huit mesures dans la première section et le double dans la seconde.
Le pianiste Ievgueni Soudbine la qualifie d'hypnotique et la compare à une « lamentation amère émotionnellement pénétrante d’une élégie gitane »[2], alors que Renaud Machard, introduisant l'enregistrement de Zhu Xiao-Mei, présente la sonate préférée de la pianiste : « Plus impalpable que l'Aria des Variations Goldberg, plus dénudée que la Sarabande de la 5e Suite en ut majeur pour violoncelle seul de Bach, cette sonate K. 32, triste à faire pleurer les pierres, a de quoi effrayer »[3].
Le potentiel de ce lamento a été remarqué par le pianiste et compositeurMatan Porat qui lui a dédié un disque (« Variation sur un thème de Scarlatti », 2013, Mirare), composé d'un programme passant par Couperin, Mendelssohn, Janáček, Debussy, Satie, Scriabine, Boulez, Ligeti, etc., jusqu'au retour de la sonate de Scarlatti, déjà présentée en premier, comme le retour de l'aria des Goldberg de Bach.
La sonate en ré mineur K. 32, de Domenico Scarlatti.
Éditions et manuscrits
La sonate est publiée comme numéro 6 de l'édition Roseingrave (Londres, 1739) avec les K. 31 à 42 ; une copie manuscrite est dans Vienne G 22[4].
Johannes Maria Bogner l'interprète au clavicorde (2015, Collophon/Fra Bernardo) et Aline Zylberajch (2003, Ambronay) au piano-forte, tandis que Tedi Papavrami en a réalisé une transcription pour violon seul (2006, Æon).
Narciso Yepes (1985, DG), Luigi Attademo (8-, Brilliant Classics), Pascal Boëls (2001, Calliope) Daniel Marx (2017, Genuin) et Michał Stanikowski (2019, RecArt), l'interprètent à la guitare. Le clarinettiste Martin Fröst en donne une version dans l'arrangement de Sébastien Dubé à la contrebasse, sur un disque Sony, Night Passages enregistré en 2021.
Les dates indiquées sont celles de l'édition des Essercizi et de la copie des volumes — et non la date de composition des œuvres.Les accolades figurent les paires ou les triptyques des manuscrits de Venise, Parme, Madrid et Saragosse, etc.Voir aussi : Concordances des catalogues et manuscrits des sonates