Six bagatelles
Les Six bagatelles, opus 126 pour piano sont composées par Ludwig van Beethoven en 1823-1824, à l'époque où il achève sa 9e Symphonie. Schott les publie en 1825 avec une dédicace pour son frère Nikolaus Johann van Beethoven (1776-1848). HistoriqueTout au long de sa vie, Ludwig van Beethoven a composé des petites pièces qu'il appelait des Kleinigkeiten (« petits riens »), qu'il gardait de côté dans une chemise, en attendant de pouvoir les publier[1]. Les six pièces qui constituent ce recueil ont été écrites ensemble, conçues pour faire partie d'un même cycle. On en trouve des esquisses dans les pages consécutives d'un cahier de Beethoven, intitulées « Cyclus von Kleinigkeiten »[2],[3], composées entre 1823 et 1824, principalement en mai et [4]. Il s'agit de la dernière œuvre importante pour le piano du compositeur après les Variations Diabelli[2]. Il les présente à l'éditeur Schott à Mayence comme « très travaillées, voire probablement les meilleures que j'aie composées dans ce genre »[5]. StructureLes six Bagatelles possèdent des relations de tonalité entre elles : les trois tons sont séparés d'une tierce majeure[6].
AnalysePour François-René Tranchefort, « les subtilités “miniaturistes” de ces instantanés étranges, fulgurants, visionnaires, que sont les pièces de l'op. 126, la diversité, l'incroyable densité du détail en chacune d'elles, fournissent un exemple sans pareil du dernier style beethovénien, — dans lequel s'allient à la perfection rigueur de la construction et libre aisance de l'écriture en des micros-ensembles dont on pénètre difficilement la complexité[7] ».
— Romain Rolland[8]. Ce pièces, très contrastées dans le tempo et le caractère, reflètent le style du dernier Beethoven et sont empreintes d'émotions profondes[9]. Si la plupart adoptent une forme ternaire (ABA) avec une coda, les structures formelles de ces Bagatelles sont plus souples que celles de l'op. 119[10]. Souvent plus longues, elles sont aussi plus denses et plus riches, montrant toutes les qualités de l'écriture pour piano de Beethoven[11]. 1. Andante con motoDans cette Bagatelle de forme AABA avec une coda, on trouve quelques indications rares chez Beethoven : cantabile e compiacevole (« chantant et plaisant ») et la seconda parte due volte (« la deuxième partie deux fois »), indiqué à la fin du morceau[12]. Le morceau change plusieurs fois de mètre ( Écrite comme un quatuor à cordes, la Bagatelle commence par une mélodie (A) jouée la deuxième fois avec des ornements. Une figure de trois notes mesure 20 est répétée sur un rythme à deux temps, sur l'harmonie de dominante (V/V - V)[13]. Ce motif, qui tourne autour d'un la, subit une diminution rythmique (croches-triolets-doubles croches) ; une inflation des notes d'approche du la (si, si bémol, sol dièse) conduit à une brève cadence (mesure 30)[14]. La mélodie principale revient exposée à la basse puis dans le registre aigu[12]. 2. AllegroCe morceau est construit sur une forme AABB, avec une longue coda[12]. On y trouve des éléments caractéristiques du romantisme de Beethoven, avec dualité de caractère, de forme et de technique : l'introduction rapide et furieuse en sol mineur change subitement vers un thème cantabile en si bémol majeur[15]. On trouve également des silences inattendus, qui se font de plus en plus courts jusqu'à un climax (un la aigu, mesure 58). L'intensité émotionnelle portée par des doubles croches diminue petit à petit, en revenant à des triolets puis à des croches[15]. 3. AndanteOn trouve ici une solennité évoquant les quatuors tardifs, comme l'Adagio de l'opus 127, le Cavatina de l'opus 135 ou le Lento de l'opus 135[16],[17]. La Bagatelle possède une qualité très chantante, presque vocale[18]. S'il utilise peu les différentes dynamiques, Beethoven explore tous les registres du piano[16]. La Bagatelle est construite sur un thème de seize mesures, suivi par une codetta rêveuse (mesures 17 à 23) sur une pédale de dominante (si bémol). Bien que la mélodie se résolve sur la tonique mesure 21, la pédale de dominante continue. Arrive une petite cadence en arpèges (mesures 24 à 27) qui débute sur la dominante[18] et se termine par un passage récitatif[19]. Cette cadence sert de transition à la deuxième section, qui reprend le premier thème en le variant[18]. Le thème est décoré par des figures en triples croches, et soutenu par des accords brisés à la main gauche[15]. Dans la coda finale, Beethoven indique une pédale sempre, c'est-à-dire que les harmonies doivent se fondre dans la résonance du piano, pendant que la basse résonne[16]. 4. PrestoCette Bagatelle est construite comme un scherzo, avec une section A, un trio, une reprise de la section A puis une coda[20]. C'est une pièce avec deux sections de caractère très différents : la première est rapide et dramatique, le trio est calme et lyrique. On y retrouve l'humour de Beethoven dans des silences soudains et dramatiques, suivis de départs tout aussi subits, et dans la mélodie syncopée superposée à une basse immuable[21]. De nombreuses syncopes dans les arpèges à la main droite (mesures 14-19) peuvent causer des difficultés à l'interprète[21]. 5. Quasi allegrettoLa mélodie de cette Bagatelle, de forme AABB, se situe dans le registre aigu du piano, ce qui contraste fortement avec la Bagatelle précédente[22]. C'est une pièce simple, presque enfantine, qui demande beaucoup de délicatesse et de legato à l'interprète, ainsi qu'un bon contrôle des dynamiques pour jouer le crescendo sur cinq mesures suivi d'un rinforzando[22]. 6. Presto - andante amabile e con motoC'est une pièce en deux parties AA, précédées d'un prélude et d'un postlude. Les deux sections qui débutent et terminent la pièce sont jouées presto, avec vigueur et énergie[23]. La section centrale, d'une grande beauté, est indiquée andante amabile e con moto, c'est-à-dire avec douceur mais pas trop lentement[23]. La reprise de cette section module à la quarte, ce qui crée un changement de climat[24]. Dans la section centrale, on trouve de nombreux triolets de croches aux deux mains, ainsi que des polyrythmes (triolets sur duplets), ce qui peut représenter quelque difficulté[24]. Repères discographiques
Notes et référencesNotes
Références
Bibliographie
Liens externes
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