Bien que la numérotation l'ait placé après le Douzième, le Treizième Quatuor est chronologiquement postérieur au Quinzième; il est achevé en décembre 1825[1].
Long de six mouvements, le Treizième Quatuor s'achevait au départ avec la Grande Fugue. Il est d'abord créé par le Quatuor Schuppanzigh le [2] et n'est qu'un semi-succès : seuls les deuxième et quatrième mouvements (les plus courts) ayant été applaudis au point d'être bissés. Beethoven se faisant raconter la scène par son neveu Karl, se met en colère et déclare[3],[4] :
« Les bœufs ! Les ânes ! oui, ces friandises ! ils se les font resservir encore une fois ! Pourquoi pas plutôt la fugue ? Elle seule aurait dû être rejouée. »
Mais devant l'incompréhension du public et sur insistance de son éditeur Artaria, Beethoven se résout à séparer la fugue du reste du quatuor et composa à l'automne 1826 un finale de substitution qui est sa dernière œuvre achevée.
Le Treizième Quatuor est publié, après la mort de Beethoven, en mai 1827[5] chez Mathias Artaria à Vienne, avec une dédicace au prince Nikolai Galitzine[5]. Le titre est en français : « Troisième Quatuor pour deux violons, Alte et Violoncelle des quatuors composés et dédiés à son Altesse Monseigneur le Prince Nicolas de Galitzine par Louis van Beethoven »[6].
Appréciations
La somptueuse cavatine qui tient lieu de cinquième mouvement est considérée comme le sommet dramatique de l'œuvre et la page la plus pathétique jamais écrite par Beethoven, le compositeur ayant avoué « qu'il avait composé cette cavatine véritablement dans les pleurs de la mélancolie » et que « jamais sa propre musique n'avait fait sur lui une telle impression »[7].
Certains commentateurs, toutefois, placent très haut la fraîcheur, la grâce et la sensibilité[8] du troisième mouvement (Andante con moto, ma non troppo. Poco scherzando). C'était le mouvement que Theodor Helm[9] préférait dans le quatuor et Daniel Gregory Mason mit quatre mesures de ce mouvement en frontispice de son étude sur les quatuors de Beethoven[10].
Selon Théodore Adorno : "...Harmoniquement aussi, les moyens de la tonalité sont utilisés aux fins de rendre celle-ci étrangère, par la dissimulation des degrés, comme au début de la cavatine du quatuor opus 130, où la tonique survient en quelque sorte trop tôt, c’est-à-dire non pas à l’entrée du thème principal, mais dès l’introduction, créant ainsi un sentiment d’incertitude quant au moment où il commence..."[11].
Le Treizième Quatuor est sans doute le plus abouti des quatuors de Beethoven avec le Quatorzième. C'est en tout cas le plus tendu et le plus introspectif[réf. nécessaire].
Sa durée d’exécution est d'environ 45 minutes (avec la Grande Fugue comme finale)
Exécution
Dans un souci de conformité à la pensée originale de Beethoven, et parce qu'une œuvre d'une telle intensité dramatique requiert sa conclusion libératrice, la plupart des exécutions du Treizième Quatuor se font de nos jours avec la Grande Fugue comme finale[réf. nécessaire].
↑L'édition originale est visible sur Beethoven-Hauss Bonn, consulté le 26 décembre 2012.
↑Mot de Beethoven au violoniste Holz, reproduit dans Massin 1967, p. 718.
↑« Ce que cet andante perd en solennité, il fait mieux que le récupérer en fraîcheur et en grâce, et il ne le cède à aucune musique de la dernière période pour la sensibilité. » Cité dans Kerman 1988, p. 380.
↑Theodor Helm, Beethovens Streichquarette, Leipzig, 1921, cité dans Joseph Kerman (trad. de l'anglais par Marcel Marnat), Les quatuors de Beethoven [« The Beethoven quartets »], Paris, Seuil, coll. « Musiques », (1re éd. 1974), 472 p. (ISBN2-02-002059-9, OCLC489604306), p. 380 et 461.
↑Daniel Gregory Mason, The Quartets of Beethoven, New York, 1947, cité dans Kerman 1988, p. 380–381 et 461.
↑Théodor W. Adorno, Beethoven - philosophie de la musique, Rue d'Ulm, , 391 p., p. 362
↑Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason no 379, de février 1992.
↑Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason no 356, de janvier 1990.
↑« Une intégrale qui n'a pas vieilli ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN978-2-501-02361-0), p. 70.
↑« L'intégrale des Végh constitue la référence absolue pour les quatuors de Beethoven ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN978-2-501-02361-0), p. 69.
↑« Le Quatuor Alban Berg a réussi comme nul autre l'ascension de cet Himalaya de la production beethovénienne : clarté, intensité, expressivité, sens aigu de l'architecture caractérisent cette version ». La Discothèque idéale : sous la direction de Bertrand Dermoncourt, Arles/Paris, Actes Sud, , 280 p. (ISBN978-2-330-00216-9), p. 37.
↑Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason, de décembre 2012, p. 74.
↑« Un Beethoven sobre et allusif mais d'une frémissante sensibilité ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN978-2-501-02361-0), p. 69.