Russian Roulette (album d'Accept)Russian Roulette
Albums de Accept Russian Roulette est le septième album du groupe allemand de heavy metal Accept. L'album a été enregistré par le groupe qui a préféré l'autoproduire lui-même plutôt que de faire appel à Dieter Dierks en tant que producteur. Ce sera le dernier album où apparaîtra Udo Dirkschneider en tant que chanteur avant la réunion de 1992 pour l'album Objection Overruled. MusiqueAprès avoir tenté une approche plus commerciale avec l'album Metal Heart, le groupe, peu satisfait, ressentait le besoin de revenir à un son plus agressif proche de Balls to the Wall. Hoffmann explique :
Les conditions d'enregistrement se sont avérées assez différentes des précédentes fois. Le groupe a préféré ne pas renouveler l'expérience avec Dieter Dierks qui avait officié pour l'album Metal Heart, estimant que celui-ci avait été surproduit (overproduced)[8] Ils ont préféré solliciter à nouveau les services du producteur Michael Wagener, ancien guitariste et fondateur d'Accept, estimant qu'il connaissait mieux l'esprit du groupe et qu'il était mieux à même de concrétiser leur vision du projet[8]. Stefan Kaufmann se souvient de l'enregistrement comme long et difficile, le groupe étant extrêmement exigeant quant à la qualité[8]. À titre d'exemple, Kauffmann se rappelle que la chanson "Another Second to Be" a été composée et enregistrée à la toute dernière minute, un jour avant la phase de mixage. Cette chanson, à l'origine, n'était pas prévue. Une autre chanson qui n'a finalement pas été retenue devait figurer à la place. Mais le groupe n'en était pas satisfait et a donc décidé d'enregistrer en tout urgence "Another Second to Be". Chaque membre s'est alors réparti dans plusieurs studios pour enregistrer différentes parties afin d'être en mesure de finaliser la chanson pour le mixage du lendemain[8]. Wolf Hoffmann remarquait que l'album avait dû être mixé deux fois :
Textes des chansonsPerspectives généralesLes textes de cet album sont caractéristiques de la facette sociale du groupe et de leur parolière Deaffy (alias Gaby Hauke). Dans un dossier consacré à Accept à l'occasion de la sortie de Russian Roulette, Enfer magazine soulignait à cet égard l'importance des textes du groupe : « En France, la plupart des fans d'Accept, ne parlent pas l'anglais, de fait ils passent à côté d'un aspect essentiel du groupe : ses textes. En effet, contrairement à la majorité de ses confrères, Accept a des choses à dire… et il les dit[7]. » L'album est largement centré sur des thématiques anti-guerre et antimilitariste[7],[9], tout particulièrement les chansons Wargames (Russian Roulette), Man Enough to Cry, Walking in the Shadow, Stand Tight et par extension TV wars. Cette thématique se poursuivra aussi dans l'album Animal House de U.D.O. (Album écrit et composé par Accept et Deaffy) sur un titre comme They Want War notamment.
Le chroniqueur « Mad » Scott interrogeait le groupe à ce sujet :
La réponse de Hoffmann soulignera, à cet égard, l'importance qu'ils attachent à ces questions :
Hoffmann fait ici référence à la séparation des deux Allemagne et au mur de Berlin (l'interview date de 1986). Si le thème de la guerre reste au centre de l'album, d'autres questions sont également abordées comme l'euthanasie (Monsterman), la religion (Heaven is Hell), les problèmes relationnels (It's Hard to Find a Way) ou encore les questionnements existentiels d'une personne se sachant condamnée par la maladie (Another Second to Be). Sujets abordésTV Wars traite de la violence à la télévision, de l’hypocrisie des médias dans les journaux télévisés et de l'indifférence des téléspectateurs vis-à-vis des horreurs qui envahissent leurs écrans. Baltes explique à ce sujet :
Monsterman traite de la question de l'euthanasie. Elle se place du point de vue d'une personne ayant abrégé les souffrances d'un être cher. Hoffmann explique :
Russian Roulette (Wargames), aborde la question de la guerre, et de l'insignifiance des individus engagés, pris comme des pions, au regard des pouvoirs. Hoffmann expliquait à ce propos le sens du titre :
It's Hard to Find a Way porte sur les difficultés relationnelles au sein d'un couple et le sentiment de désillusion face à la détérioration des liens de confiance sur lesquels reposaient leur amour :
Heaven is Hell traite de la religion. Le texte ironique, s'ouvre en jurant sur la bible et même sur le Coran, si nécessaire, qu'il est toujours bon pour les conflits que de croire en un Saint-Esprit. (We swear it on the Bible, if wanted on the Coran: it's always good for trouble to have a Holy Ghost). La chanson, explique Hoffmann, entend dénoncer les religions qui ont encouragé les massacres et les tueries, au cours de l'histoire[7] : « Pense seulement à ce qui s'est passé il y a deux ou trois siècles en Europe, et en Iran aujourd'hui, avec ces gosses poussés à l'abattoir »[7]. Comme le souligne le guitariste, la chanson ironise sur un des préceptes de la bible : « Tu ne tueras point ton prochain... sauf s'il ignore ce qui est juste »[7]" (« You shouldn't kill your brother, except if he doesn't know what's right »). « S'il peut apprendre à aimer ton paradis... ah, c'est là une miséricorde qui lui épargnera la vie » (« If he can love your Heaven, ah, it's a mercy for him to die... »). Au cours de l'histoire, souligne Baltes, « l’Église a toujours apporté son soutien aux guerres, mais celui qui croit en la bible ne devrait théoriquement pas devenir soldat, pourtant tout le monde le fait »[9],[12]" Another Second to Be traite du thème du sida[9], sans l'expliciter ouvertement. La chanson se concentre surtout sur la psychologie d'une personne qui se sait condamnée à court terme par la maladie. Hoffmann en explique le sens :
Le texte s'attarde sur les questionnements de cette personne quant au sens de sa vie et de l'utilité des choses qu'il a accompli dans sa vie dans l'espoir d'une meilleure vie - une vie qui pourtant s'achève : « Toutes les choses que j'ai faites, me reviennent à l'esprit des centaines de fois, toutes les larmes que j'ai versées et tous les mensonges que j'ai dits, tous dans l'espoir d'une vie meilleure. » (« All the things I just have done Passing my mind a hundred times, All the tears I have cried, all the lies I have lied, All in hope for a better life. ») Walking in the Shadow traite des tourments d'un vétéran de la guerre du Viêt Nam. Hoffmann explique :
Man Enough to Cry traite aussi du thème de la guerre. La chanson se place du point de vue d'un soldat, plongé dans l'horreur de la bataille, pris dans des interrogations existentielles sur le sens de la guerre et de son devoir : « Courant avec mon arme, la force de tuer un homme, le regarder dans les yeux. Mon dieu, pourquoi ? Est-ce moi, est-ce toi, celui qui doit mourir ? » (« With my gun on the run, the force to kill a man. looking in his eyes. My god, why? Is it me, is it you the one who has to die? »). Le titre et refrain de la chanson prend à contrepied les archétypes machistes selon lesquels un vrai homme ne doit pas pleurer. Baltes explique :
Stand Tight est également une chanson à caractère anti-militariste, qui se veut une critique virulente du service militaire et de la vie en caserne. Elle y évoque sur un ton critique, le formatage, le sadisme des officiers, les brimades et humiliations infligées aux bidasses. Comme l'explique Hoffmann :
ControversesL'album a soulevé certaines controverses aux États-Unis et dans les pays de l'Est, quant aux positionnements idéologiques que l'on a cru décrypter dans le titre et la couverture de l'album vis-à-vis du régime soviétique. Malgré le titre incluant le mot « Russian », les textes de cet album ne traitent pas de questions relatives à l'URSS[13]. Ils ne se positionnent ni contre les États-Unis, ni contre l'URSS, mais sont principalement consacrés à la guerre. La pochette montre les membres du groupe habillés en anciens militaires russes se prêtant au jeu de la roulette russe - Kaufmann tendant le pistolet à Dirskchneider. Eu égard aux controverses et aux malentendus qu'avait connus le groupe par le passé, la presse metal de l'époque (Enfer magazine plus particulièrement) s'interrogeait sur les réactions qu'une telle pochette pourrait susciter au regard de son caractère potentiellement provocateur [7]. Le guitariste assume le caractère provocateur considérant que la provocation peut être chose utile pour attirer l'attention des gens et les faire réfléchir à la gravité des sujets de sociétés abordés dans l'album[7]. Ce que le guitariste ne mesurerait peut-être pas c'est que la pochette ne serait pas forcément interprétée à la lumière de la thématique anti-militariste de l'album. Ainsi, le groupe connut des problèmes au cours de la tournée aux États-Unis, explique Kaufmann, parce que leur disque était perçu comme faisant de la propagande pro-soviétique[13]. La pochette de Russian Roulette a d'ailleurs fait l'objet de censure aux États-Unis, avec un sticker insinuant que l'album faisait la promotion implicite du régime communiste de l'URSS, invitant les auditeurs à être prudents et à ne pas prendre leurs textes à la lettre[14]. La couverture a également généré certaines controverses dans les pays du bloc communiste, où l'album a été interprété comme de la propagande anti-russe : « toute notre tournée dans les pays de l'Est fut annulé à cause de la pochette », explique Baltes[15],[16]. Retrospectivement, Wolf Hoffmann minimise cependant l'étendue de la controverse. Mis à part les fortes réserves exprimées vis-à-vis du titre et de la couverture, ils n'ont pas vraiment rencontré de problèmes sérieux avec les soviétiques. Il se souvient seulement avoir été invités à s'auto-censurer en Pologne, où il leur avait été expressément demandé lors des interviews radio de ne pas prononcer le titre de l'album, car jugé offensant envers le régime soviétique, et de le remplacer par le titre de substitution Roulette of Life[17] Wolf Hoffmann observe à propos du caractère paradoxal de ces réactions :
TournéeLe groupe entreprend une gigantesque tournée mondiale comprenant des dates en Grande Bretagne avec le groupe Dokken (et UFO lors de leur passage en Allemagne)[19]. La setlist de cette tournée inclura 4 à 5 chansons issues de cet album, parmi lesquelles TV Wars, Monsterman, Russian Roulette (Wargames), Heaven is Hell, et plus rarement Stand Tight. Kauffmann se souvient également à propos de la tournée de 86, que cela était la première fois qu'ils utilisaient des samples, notamment pour la chanson Russian Roulette qui utilise un échantillon de son de « tic tac » de montre sur lequel le groupe devait se synchroniser. Le show marquera notamment les mémoires pour la chorégraphie provocatrice[19] durant l'interprétation de la chanson anti-militariste Russian Roulette, où les musiciens habillés en militaires exécutent une marche au pas de l'oie, en jouant de leurs instruments[19]. La plupart des chansons de cet album seront délaissées ensuite lors des futures tournées (de 1989 à 1996)[8]. Ce n'est que depuis les années 2010, comme le souligne Kauffmann (qui a travaillé sur le DVD live d'Accept inclus dans l'album de Blind Rage) que le groupe renoue avec un certain nombre de chansons de cet album, parmi lesquelles TV Wars, Monsterman et Aiming High[8]. Au cours de la tournée 86, Baltes, Hoffmann et Gaby Hauke décident de vivre aux États-Unis :
RéceptionCe disque sort à un moment où le groupe est à l'apogée de sa popularité. L'album fut très bien reçu à l'époque, en témoigne la chronique élogieuse de Enfer Magazine en 1986 :
La rédaction de Hard rock magazine est également enthousiaste à l'époque et le consacre « album du mois d' »[21], J.D Bernard rédige une chronique tout aussi dithyrambique :
Dans une chronique ultérieure, le critique Eduardo Rivadavia se montre beaucoup plus réservé vis-à-vis de l'album. estimant que l'album montre les premiers signes de tensions et de divergences créatives entre Wolf Hoffmann et Udo Dirkschneider. Malgré la présence de titres qu'il estime de très grande qualité comme TV Wars, Monsterman, Aiming High ou Another Second to Be, d'autres titres plus mélodiques comme It's Hard to Find a Way ou Man Enough to Cry lui paraissent plus forcés tandis qu'une chanson comme Heaven is Hell lui donne l'impression de n'être qu'une redite de Balls to the Wall[5]. Titres
Musiciens
ChartsAlbum - Billboard (Amérique du nord)
SourcesOuvrages
Périodiques
Radio
Notes et références
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