Le nom de la rue fait référence au couvent des pères de Nazareth, situé rue du Temple, entre la rue Notre-Dame-de-Nazareth au nord et la rue Neuve-Saint-Laurent (rue du Vertbois) au sud[2],[3]. Le couvent, investi en 1630[4] et décrit comme n'ayant « rien de remarquable »[5], est vendu comme bien national le 21nivôsean VII ()[6]. À son emplacement, est tracé la rue de Turbigo[2].
Historique
La rue, construite sur une des anciennes voiries de Paris, porte jusqu'en 1630 le nom « rue Neuve-Saint-Martin » d'une part et d'autre part « rue du Ponceau ». Elle prend son nom actuel à cette époque. La rue Neuve Saint-Martin était ainsi appelée dès 1421, et se retrouve parfois désignée sous le nom de rue du Mûrier ou de rue de l’Égout Saint-Martin. La rue du Ponceau, elle, a été établie sous ce nom en 1605, à l'emplacement d'un égout[7].
Lors des travaux de création des égouts de Paris, Eugène Belgrand confirme que le quartier a servi de voirie durant de nombreuses années à Paris : « J'ai trouvé dans la rue Notre-Dame-de-Nazareth, au fond d'une de ces fouilles, une couche épaisse d'un terreau noir et compact provenant évidemment d'un ancien dépôt de matières fécales. »[8]
En 1791, à la faveur d'une loi favorisant la liberté des entreprises théâtrales, le Théâtre d'Émulation (puis Théâtre du Doyen)[13], récemment construit dans la rue, ouvre ses portes[3]. Il ferme dans les années 1820.
En 1805, la rue est agitée par des réunions mystérieuses au domicile du peintre Swebach-Desfontaines : « Pendant 48 heures, une main, ou plutôt cent mains invisibles ont fait pleuvoir par les fenêtres, par les cheminées, par les soupiraux de la cave, des tessons de bouteilles qui ont grièvement blessé plusieurs personnes ». Les auteurs sont vite arrêtés : ce sont des « sorciers » (en vérité un physicien et ses comparses) qui ont secoué les meubles de la maison grâce à un système électrique passant à travers le mur mitoyen[14].
Le , une décision ministérielle réunit la rue Notre-Dame-de-Nazareth — qui était alors située entre la rue du Temple à l'est et la rue du Pont-Aux-Biches (rue Volta) et l'impasse du Pont-Aux-Biches, à l'ouest — à la rue Neuve-Saint-Martin — entre la rue du Pont-aux-Biches à l'est et la rue Saint-Martin à l'ouest[15].
En 1853, Jules Michelet et sa femme rentrent de Nantes à Paris et s'installent dans la rue. C'est l'avant-dernière demeure parisienne de l'historien[16].
La rue Notre-Dame-de-Nazareth en 1758, avec le couvent des Pères Pénitents de Nazareth.
La rue Notre-Dame-de-Nazareth vers 1830, avant sa fusion avec la rue Neuve Saint-Martin.
La rue Notre-Dame-de-Nazareth et ses îlots vers 1830.
La rue Notre-Dame-de-Nazareth vers 1860, après le percement de la rue de Turbigo.
Dès les années 1830, grande époque des passages parisiens, l'on réclame un passage traversant la rue Notre-Dame-de-Nazareth et la rue Meslay, pour rejoindre le boulevard Saint-Martin depuis la rue du Temple[18]. L'impasse du Pont-aux-Biches est transformé vers 1881 en passage (passage du Pont-aux-Biches), prolongé au nord par le passage des Orgues et le passage Meslay.
En 1930, la ville de Paris renouvelle quasiment intégralement le pavage des rues, majoritairement en bois depuis les années 1880. Un petit fragment de la rue, au niveau du porche du n° 38, résiste à cette transition vers le pavage en pierre, et constitue aujourd'hui l'un des deux derniers vestiges du pavage en bois à Paris[19].
No 15 : la synagogue Nazareth, construite par l'architecte Alexandre Thierry en 1851. C'est un exemple remarquable de la diffusion de l'orientalisme architectural à Paris dans les années 1840. Cet édifice d'Alexandre Thierry témoigne de la transition du style néo-roman vers un style inspiré par les tendances mauresques et hébraïques[21]. Il est bâti, à l'emplacement d'une ancienne synagogue en ruines, avec le concours du conseil municipal de Paris, qui vote le versement d'une aide à sa construction de cent mille francs en 1851[22]. Les ornementations, d'une rare finesse, sont rendus possibles grâce un effort financier collectif des fidèles[22].
↑J. de La Tynna, Dictionnaire des rues de Paris accompagné d'un plan de Paris, La Tynna, (lire en ligne)
↑Jacques Jean (17-1785) Auteur du texte Pasquier et Louis (1725-1794) Auteur du texte Denis, Plan topographique et raisonné de Paris. Ouvrage utile au citoyen et à l'étranger... par les srs Pasquier et Denis, graveurs, (lire en ligne)
↑Félix Lazare et Louis Lazare, op. cit., p. 630-631 [lire en ligne]
↑Eugène Belgrand, Les Travaux souterrains de Paris, vol. 5, p. 14.
↑Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs. : Paris, Montard 1779, Montard, (lire en ligne)
↑Émile Biais, Les Pineau : sculpteurs, dessinateurs des bâtiments du roy, graveurs, architectes (1652-1886) : d'après les documents inédits, contenant des renseignements nouveaux sur J. Hardouin-Mansard, les Prault, imprimeurs-libraires des fermes du roy, Jean-Michel Moreau le jeune, les Feuillet, sculpteur & bibliothécaire, les Vernet, &c, Paris, Morgand, pour la Société des bibliophiles françois, (lire en ligne)
↑Jean-Jacques Rousseau, Correspondance /Rousseau, Jean-Jacques, Th. Lejeune, (lire en ligne)
↑Annonces et avis divers du département de l'Escaut, de Goesin-Verhaeghe, (lire en ligne)
↑Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), (lire en ligne), p. 254.
↑Direction des archives de France, Michelet : sa vie, son œuvre, 1798-1874, Hotel de Rohan, (lire en ligne)
↑Adolphe Alphand (dir.), op. cit., p. 352 [lire en ligne]
↑Antoine-Nicolas Béraud et Pierre-Joseph-Spiridion Dufey, Dictionnaire historique de Paris,..., J.-N. Barba, (lire en ligne)