Pectorios d'AutunInscription de Pectorios
Pectorios (latinisé en Pectorius) est un habitant de la ville d'Augustodunum (l'actuelle Autun) qui a érigé, entre le milieu du IIe siècle et la fin du IVe siècle une épitaphe grecque sur la tombe de ses parents. C'est une des plus célèbres — et des plus importantes — inscriptions grecques de Gaule, ainsi que l'un des premiers témoignages de christianisation en Gaule. L'inscription de PectoriosL'inscription de Pectorios fut découverte en 1839, dans l'ancienne nécropole gallo-romaine de Saint-Pierre l'Estrier. Ce site aurait accueilli les tombes des premières communautés chrétiennes d'Autun. L'inscription est actuellement conservée au musée Rolin. Il s'agit d'une inscription métrique grecque, de trois distiques et cinq hexamètres, gravée sur une tablette de marbre cassée en sept morceaux, mais assez complète pour permettre une restitution utile du texte. On distingue facilement trois parties :
Voici la traduction française la plus usuelle du texte. On la trouve notamment dans la version française de l'Initiation aux Pères de l'Église de Johannes Quasten.
Une version anglaise par Charles Marriott, plus conjecturale et qui montre bien comment les lectures peuvent diverger :
Le Pectorius d'Autun pose de difficiles problèmes de datation. Le futur cardinal Pitra (Jean-Baptiste-François Pitra) - qui n'était alors que jeune professeur au petit séminaire d'Autun - fut le premier à déchiffrer le texte et à le publier, beaucoup plus tard, dans un gros mémoire latin de son Spicilegium Solesmense en 1852. « C'était le soir ; j'allumai toutes mes chandelles et je restai toute la nuit dévorant les lettres et les épelant à tous les effets de la lumière. Au point du jour, après avoir rendu grâce au célèbre "poisson", je courus au cimetière pour découvrir le septième fragment, qui contenait les premières lettres du nom de Pectorios, l'auteur de l'inscription. »[1] Il n'hésitait pas à lui assigner une date très haute (le début du IIe siècle). Des objections s'élevèrent rapidement, notamment celles de Le Blant, l'éditeur des Inscriptions chrétiennes de la Gaule (1856), mais pendant près d'un siècle aucun accord ne put se faire. Entre le IIe et le VIe siècle, toutes les dates ont été proposées. Actuellement, sur la base de considérations purement épigraphiques (forme et style des caractères), un consensus paraît s'être établi pour la seconde moitié du IVe siècle. Cela revient à séparer l'inscription de son contenu, comme l'archéologue Giovanni Battista De Rossi († 1894) en avait l'intuition dès le XIXe siècle. L'allure ésotérique du texte, sa phraséologie baptismale et eucharistique, le thème de l'Ichthys comme nourriture des fidèles, tout cela impose le rapprochement avec l'épitaphe d'Abercius d'Hiéropolis en Phrygie, vraisemblablement composée à l'extrême fin du IIe siècle. Le Pectorius montre plus de recherche littéraire et sans doute une plus grande profondeur doctrinale, mais la sensibilité religieuse qu'expriment les deux textes est bien la même. On tend donc naturellement à les juger à peu près contemporains. Quant aux raisons qui ont pu amener Pectorius, en plein IVe siècle, à choisir pour la tombe de ses parents une épitaphe en grec qui, de son temps, devait déjà paraître un peu archaïque, toutes les hypothèses sont permises… Bibliographie et liens
Notes et références
Voir aussiBibliographie
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