Paul Fiodorovitch Juon ou Youon (en russe : Павел Фёдорович Юон), né le à Moscou et mort le à Vevey, est un compositeurrusse, surnommé le « Brahms russe ». Son frère Constantin Juon (ou Youon) est un peintre réputé, demeuré dans son pays natal.
Biographie
La famille Juon est d'origine suisse, issue de Masein village voisin de Thusis. Le grand-père du compositeur, Simon Juon, émigre vers 1830 en Courlande (Lettonie) pour y travailler comme pâtissier dans la confiserie d'un compatriote établi à Goldingen, aujourd'hui Kuldīga. Le père du musicien, Théodore Juon (1842-1912) se fixe à Moscou comme employé, puis directeur d'une compagnie d'assurances[1]. L'un de ses fils, Edouard, frère de Paul, publie à Berne en 1925 un ouvrage consacré à l'histoire familiale[2], ainsi qu'un arbre généalogique en 1930[3].
Pour subvenir à ses besoins, il accepte un poste de professeur à Bakou mais finit par préférer s'établir à Berlin en 1898 où l'éditeur Robert Lienau publie ses premières œuvres. En 1900, il traduit en allemand les Études pratiques d'harmonie d'Arensky. C'est pour ce travail qu'il reçoit en 1901 une bourse de la Fondation Liszt. La même année, il publie son propre traité d'harmonie pratique (qui sera réédité en 1919) et il traduit la biographie de Tchaïkovsky écrite par son frère Modeste. En 1906, Joachim le nomme à la chaire de composition de la Musikhochschule de Berlin où il restera professeur jusqu'en 1934. Il passe la plus grande partie de la guerre comme interprète au centre de détention des prisonniers de guerre de Heiligenbeil en province de Prusse-Orientale. Il est admis en 1917 dans le cercle très prisé des « compositeurs allemands » et, en 1919, élu membre de l'Académie des Beaux-Arts de Berlin. Très recherché et apprécié en Europe durant les années 1920, il obtient (avec Josef Haas) le prix Beethoven en 1929.
En 1934, pour des raisons familiales et politiques, il demande sa retraite anticipée. Le régime nazi refuse de la lui verser. Il rejoint alors une partie de sa famille en Suisse à Vevey où il se fait construire, par l'architecte Fernand Kurz, une villa d'esprit néoclassique à l'angle du Boulevard Saint-Martin et de l'avenue Levade[1]. Il y passe les dernières années de son existence. Il meurt en 1940, oublié des Russes après la révolution de 1917 et des Allemands du fait du nazisme ainsi que de l'Europe alors en pleine guerre.
En 1998, est créée la Société internationale Juon, avec publication du catalogue thématique de ses œuvres par Thomas Badrutt (2e édition révisée et complétée en 2010).
Sonate pour alto no 1 en ré majeur, opus 15 (1901)
Violoncelle
Sonate pour violoncelle, opus 54
Trios
Trio à clavier no 1 en la mineur, opus 17 (1901)
Trio miniatures opus 24, pour piano, clarinette, violoncelle
Trio à clavier no 2, opus 39
Trio à clavier no 3, opus 60
Quatuors à cordes
Quatuor à cordes en ré majeur no 1, opus 5
Quatuor à cordes en si mineur, opus 11
Quatuor à cordes en la mineur no 2, opus 29
Quatuor à cordes en ré mineur no 3, opus 67
Quatuors, Quintettes et Sextuor avec piano
Quatuor avec piano en do mineur no 1 "Rhapsodie" opus 37
Quatuor avec piano no 2, opus 50
Quintette avec piano no 1, opus 33
Quintette avec piano en fa majeur no 2, opus 44
Sextuor avec piano en do mineur, opus 22
Instruments à vent
Quintette à vent en si-bémol majeur, opus 84 (flûte, hautbois, clarinette, cor et basson)
Concertos
Concerto pour violon en si mineur, opus 42 (1909)
Konzertstück « Épisodes concertants », opus 45 (1912)
Concerto pour violon en la majeur, opus 49 (1912)
Mystères pour violoncelle et orchestre, opus 59 (1928)
Concerto pour violon en la mineur, opus 88 (1931)
Burletta pour violon et orchestre, opus 97 (1940
Orchestre
Symphonie no 1 en fa-dièse mineur, opus 10 (1895)
Symphonie no 2 en la majeur, opus 23 (1903)
Symphonie de chambre, opus 27 (1905)
Wächterweise, Fantaisie sur des thèmes danois populaires, opus 31 (1906)
Suite de ballet, d'après Psyché, opus 32a (1910)
Aus einem Tagebuch, Esquisses symphoniques, opus 35 (1906)
Eine Serenadenmusik, opus 40 (1909)
Suite en cinq mouvements pour orchestre, opus 93 (1935)
Anmut und Würde, Suite pour orchestre, opus 94 (1938)
Rhapsodische Sinfonie, opus 95 (1939)
Tanz-Capricen, opus 96 (1940)
Sinfonietta capricciosa, opus 98 (1939)
Orchestre à cordes
Cinq pièces pour orchestre à cordes, opus 16 (1901)
Petite sérénade pour orchestre d'élèves, opus 85 (1928)
Petite sérénade pour orchestre d'élèves, opus 87 (1929)
Divertimento pour orchestre des élèves, opus 92 (1933)
Musique de scène
Das goldene Tempelbuch (1912)
Die armseligen Besenbinder (1913)
Musique vocale
Deux Lieder, opus 2
Das verlaßene Mägdlein
Das Mädchen
Cinq Lieder, opus 13
Klage der Gattin
Erinnerung
Jugend
Wiegenlied
Phantasus
Trois Lieder, opus 21
Regen
Märchen
Der einsame Pfeifer
Trois Lieder, opus 99
Paradies
Die drei Schwestern
Tröstung
Opéra
Aleko (1896)
Orchestration
Danse hongroise no 4 de J. Brahms, arrangé pour orchestre (1908, Berlin N. Simrock).
Discographie
Sextuor avec piano op. 22, Quintette avec piano op. 44 - Oliver Triendl (piano), Quatuor Carmina (, CPO 777 507-2)
L'intégrale des Quatuors à cordes, Quatuor Sarastro (, CPO 777 883-2)
Discographie historique
Octuor (Symphonie de chambre) op. 27 - New Chamber Orchestra : Rae Robertson (piano), Leon Goossens (hautbois), G. W. Anderson (clarinette), A. R. Newton (basson), A. Thonger (cor), Samuel Kutcher (violon), Raymond Jeremy (alto); Cedric Sharpe (violoncelle), Dir. Charles Kreshover (, 78tNational Gramophonic Society [NGS] 144-146)
Notes et références
↑ a et bAndré Nicolet, «Le souvenir de Paul Juon, compositeur d'origine suisse», Vibiscum 8 2000, pp. 163-169.
↑(de) Eduard Juon, Einiges über den Ursprung des Graubündner Geschlechts der "Juon", sowie über unsere nächsten Vorfahren insbesondere / Für seine Kinder, Neffen, Nichten und Kindeskinder gesammelt und dargestellt von Eduard Juon, Berne, Büchler & Co., 1925.
↑(de) Stammbaum des Maseiner Zweiges des Graubündner Geschlechtes Juon établi par Eduard Juon, dessiné par Edith Juon. Berne, 1930.
Thomas Badrutt et al., Paul Juon : Leben und Werk, thematisches Verzeichnis seiner Kompositionen, Coire : Verein für Bündner Kulturforschung : Internationale Juon-Gesellschaft, 1998, 153 p.
André Nicolet, «Le souvenir de Paul Juon, compositeur d'origine suisse», Vibiscum 8 2000, pp. 163-169.