Le Jour des Triffides
Le Jour des Triffides
Le Jour des Triffides (titre original anglais : The Day of the Triffids) est un roman de science-fiction de John Wyndham paru en 1951. Ce roman fut publié en français sous différents titres comme La Révolte des Triffides ou Les Triffides, avant de trouver son titre définitif en 2004. ArgumentÀ son réveil dans un lit d'hôpital, William Masen constate avec effroi que les habitants de la Terre sont devenus aveugles et que des plantes mortelles, les Triffides, ont envahi les villes et les campagnes. Présentation de l'œuvreLe Jour des Triffides est le premier roman de l'auteur britannique John Wyndham. Le récit, qui se compose de dix-sept chapitres et d'un bref épilogue, fut publié en Grande-Bretagne en 1951. Cinquante ans plus tard, l'écrivain Simon Clark écrivit une suite du roman de John Wyndham intitulée The Night of the Triffids (2001). GenreLe Jour des Triffides de John Wyndham est un roman de science-fiction post-apocalyptique qui présente une humanité devenue soudainement aveugle face à une menace d'origine végétale : les triffides. D'après Lorris Murail, avec Le Jour des Triffides, John Wyndham s'impose comme le maître d'un genre particulier : le « roman cataclysmique britannique »[1]. Du point de vue des références littéraires et culturelles, la catastrophe du roman est assimilée par les protagonistes au Déluge biblique, archétype assyro-judéo-chrétien du cataclysme qui marque la fin d'une civilisation. Le récit tout entier est ensuite placé sous le signe du sic transit gloria mundi[2] et de la vanité de toute chose. Quant à la nécessité d'un nouveau départ civilisationnel, c'est le prototype littéraire de Robinson Crusoé de Daniel Defoe qu'évoque John Wyndham au cours du roman[3]. Situation dans le genreSi John Wyndham inscrit nommément son œuvre dans le sillage des romans de Herbert George Wells, il s'inspire autant de La Guerre des mondes[4] que de la nouvelle The Country of the Blind (Le Pays des aveugles, 1911) dans laquelle « Wells imagine un peuple qui s'adapte à la cécité. »[5] L'idée d'une menace (terrestre ou extra-terrestre) d'origine végétale jalonne l'histoire de la science-fiction anglo-saxonne, avec des titres comme La Guerre du lierre (The Ivy War), une nouvelle de David H. Keller publiée en 1930, Encore un peu de verdure (Greener than you think), un roman de Ward Moore paru en 1947 ou L'Invasion des profanateurs (The Invasion of the Body Snatchers) de Jack Finney (1955). StyleLe roman de John Wyndham est écrit à la première personne et répond aux codes littéraires du récit autobiographique. William Masen, le héros du roman, raconte sa propre histoire de survivant en se présentant comme le témoin d'un cataclysme à l'échelle planétaire. Le récit est mené d'un bout à l'autre sur le ton de la confidence. Malgré la tension narrative induite par le récit-catastrophe, John Wyndham sait également manier les traits d'humour que permettent les commentaires de son héros faits a posteriori, avec tout un jeu d'interpellations au lecteur. John Wyndham intègre à son récit des citations tirées de vieilles chansons populaires et de chansons à boire traditionnelles anglaises, ou des poèmes d'auteurs classiques comme William Congreve, Andrew Marvell, Percy Bysshe Shelley (Ozymandias) et Lord Byron[6]. RésuméLes triffidesLes triffides sont des plantes qui ont été modifiées génétiquement par l'être humain. Le nom de Triffide fut donné à ces plantes par la presse populaire britannique. Les premiers triffides sauvages sont apparus en Indochine, puis en Indonésie avant de toucher les côtes de l'Amérique du Sud et d'envahir l'Europe. Quatre-vingt-quinze pour cent des graines de triffides sont infertiles, ce qui limite quelque peu son expansion. La base du triffide est formée d'un fût de bois d'où naissent trois petites branches nues et une longue tige droite hérissée de radicelles. Son extrémité supérieure est formée d'une coupe conique dans laquelle est enroulée une spire. Un triffide adulte peut mesurer jusqu'à huit pieds (2,44 mètres) de haut (dix pieds (3 mètres) sous les tropiques)[7]. Arrivé à maturité, un triffide quitte ses racines et peut se déplacer à la vitesse d'un être humain. Les triffides sont une espèce végétale carnivore qui se nourrit de mouches, d'insectes et de chair animale ou humaine décomposée. Les triffides sont hypersensibles aux bruits et aux mouvements. Ils attaquent leur proies en déployant une spire de dix pieds de long terminée par un aiguillon empoisonné capable de tuer un homme et visent en général les yeux. La proie est digérée par la substance visqueuse sécrétée dans la coupe conique. Les triffides sont capables de communiquer entre eux par émission de cliquetis sonores. Les triffides n'ont aucun ennemi naturel, sinon l'homme. Personnages principauxLes personnages principaux du roman sont classés dans l'ordre alphabétique de leurs patronymes :
Chronologie des événementsMardi , l'orbite de la Terre traverse un nuage de débris de comète qui dessinent autant d'étoiles filantes d'un vert brillant dans le ciel. Les radios et la télévision commentent abondamment ce phénomène extraordinaire et la population sort en masse pour assister au spectacle. Mercredi , alors qu'il se réveille dans sa chambre à l'hôpital St Merryn de Londres, William Masen s'étonne du silence ambiant. Les yeux encore bandés à la suite de son opération, il ôte ses pansements et explore les lieux. William Masen constate alors avec effroi que la population est devenue aveugle et qu'un épouvantable chaos règne dans la capitale. Il arpente les rues de Londres dans une atmosphère d'extrême tension. Les véhicules abandonnés encombrent les rues, des groupes d'aveugles se rassemblent autour d'enfants voyants contraints de leur servir de guide et la recherche de nourriture devient la préoccupation majeure de la plupart des gens. Il croise bientôt le chemin d'une jolie jeune femme, maltraitée et retenue au bout d'une corde par un homme aveugle, et se porte à son secours. William Masen et Josella Playton décident ensuite de rester ensemble et de s'organiser pour survivre. Ils récupèrent des armes, collectent des vivres et s'installent dans un appartement vide des quartiers chics de Londres. Une nuit, alors qu'ils projetaient de quitter la capitale pour s'installer dans la propriété de la famille Playton, Josella et William remarquent la lumière d'un puissant projecteur qui semble provenir du bâtiment de l'Université. William et Josella se rendent à l'Université et rejoignent un groupe de survivants voyants organisés en communauté. Ils font alors la connaissance du Colonel et de Michael Beadley, qui dirigent la communauté, puis participent à des expéditions collectives dans les quartiers commerciaux désertés pour rapporter vivres, armes et matériel divers. Bientôt, le professeur Vorless expose à tous le principe fondamental de la nouvelle société à venir : la priorité aux naissances pour la survie de l'espèce et la nécessité de recourir à l'amour libre et à la polygamie avec des femmes voyantes ou aveugles. Certains membres du groupe, dont la très rigide Miss Durrant, choqués dans leurs principes religieux et moraux, s'insurgent contre l'abolition des lois sacrées du mariage. Quelque temps plus tard, la communauté de l'Université est attaquée par des groupes d'aveugles menés par Wilfred Coker, un humaniste qui se bat pour plus de justice pour les aveugles. Coker rêve de créer une nouvelle société dans laquelle des groupes d'aveugles seraient guidés par un voyant, afin de répartir plus équitablement les chances de survie dans la population. William Masen est fait prisonnier et doit mener des opérations de collecte de nourriture, enchaîné à un groupe d'aveugles. Lorsque le groupe tombe sur une faction rivale et se fait attaquer par des triffides, Masen réussit à s'échapper et part à la recherche de Josella Playton. En ville, Masen retrouve Coker, lui aussi seul survivant de son groupe après l'attaque des triffides. Les deux hommes affrêtent un camion abandonné et se mettent en route pour le manoir de Tynsham dans le Berkshire. Malheureusement, la communauté qui y réside est dirigée par Miss Durrant et par un pasteur anglican. Masen et Coker, ne partageant pas les vues de Miss Durrant sur la société idéale, repartent à la recherche de la propriété Playton pour retrouver Josella, sans succès. En chemin, ils rencontrent un trio de survivants isolés qui se joignent à eux. Par dépit, n'ayant retrouvé ni Josella, ni les autres membres de l'ancienne communauté de l'Université, ils retournent au manoir de Tynsham. Tous décident alors de s'y installer, sauf William Masen qui poursuit ses recherches dans le Sussex de l'Ouest. En chemin, après avoir sauvé une petite fille dénommée Suzan d'une attaque de triffides, William découvre enfin Shirning Farm où s'était réfugiée Josella. La région est infestée de triffides et, tous ensemble, ils rejoignent finalement le groupe de Tynsham afin de lutter plus efficacement contre les plantes mortelles. Une épidémie contagieuse qui s'est développée au manoir de Tynsham les empêche de réaliser leur projet. Ils fondent alors leur propre communauté avec trois aveugles et deux enfants, contraints de travailler durement la terre et de se défendre quotidiennement contre les triffides qui les encerclent. Une fois par an, William se rend à Londres pour y récupérer du matériel et des armes. Au village, les triffides se massent de plus en plus derrière les clôtures de la propriété qu'ils abattent bientôt. William les repousse au lance-flammes. La vie s'écoule durement, faisant alterner les périodes de résignation ou de regain d'espoir. Josella donne bientôt naissance à David, le fils de William. Un beau jour la propriété est survolée par un hélicoptère et William envoie des signaux de fumée pour signaler la présence de la communauté. Ivan Simpson leur apprend alors que de vastes communautés se sont créées dans les îles, plus faciles à protéger contre les attaques des triffides, et les invite à rejoindre sa communauté dans l'Île de Wight. Pourtant, William et Josella hésitent et restent dans un premier temps dans leur propriété. Quelque temps plus tard, alors que la vie politique commence à se réorganiser sur le plan mondial, un certain M. Torrent, chef du « Conseil de Sécurité de la Région Sud-Est », apprend à William et Josella que leur communauté ne répond pas aux nouvelles normes définies officiellement. Il leur impose donc d'héberger dix-sept aveugles adultes supplémentaires, la norme étant fixée à un voyant pour dix aveugles pour former un clan. Persuadé qu'ils ne pourront survivre à vingt, William, Josella, Joyce, Mary, Dennis et les enfants s'enfuient de nuit en half-track après avoir saboté le véhicule de Torrent et ses hommes. CommentairesFin de la civilisation et reconstructionLe roman de John Wyndham répond à un schéma événementiel que le critique Lorris Murail considère comme typique de l'auteur[8], avec une séquence narrative de type : « catastrophe - éparpillement de la communauté - organisation d'un noyau de résistance - tentative de reconstruction. » L'auteur s'attache à décrire la lente dégradation des mœurs qui fait suite au cataclysme et à la recherche d'une nouvelle forme de société. Les règles de vie en communauté sont à redéfinir et dans la recherche de ces nouvelles règles communes arrivent les conflits les plus dramatiques. Plusieurs visions de la société du futur s'opposent brutalement tout au long du roman :
Si John Wyndham peint le déclin de la société occidentale organisée, son héros, William Masen, envisage pourtant ce nouveau départ de l'humanité comme une chance inouïe d'assumer pleinement une vie différente et d'abandonner enfin le rôle de rouage anonyme dans une gigantesque machinerie économique et politique[9]. Géopolitique d'après-guerreL'ambiance psychologique et le contexte géopolitique du roman de John Wyndham sont marqués à la fois par le souvenir douloureux de la Seconde Guerre mondiale et par le climat tendu de la Guerre froide :
Généalogie d'une catastropheLe cataclysme décrit dans le roman résulte de la convergence de facteurs militaires, scientifiques et économiques. Généalogie d'une catastrophe telle qu'elle est reconstituée par le héros du roman, William Masen :
Société britannique et sexualitéÀ plusieurs reprises, John Wyndham peint un tableau humoristique du rapport de la société anglaise d'après-guerre à la sexualité. Son héroïne, Josella Playton, est l'auteur d'un roman dont le titre seul, Le Sexe est mon aventure, fit à la fois scandale et lui assura un succès retentissant. Le roman se vendit à 100 000 exemplaires et fut dans le même temps interdit dans deux grandes bibliothèques londoniennes. John Wyndham se moque du conservatisme prudent de ses contemporains en imaginant l'interdiction d'un roman au contenu anodin sur la foi de son seul titre provocateur. AdaptationsCinéma et télévision
Pièce radiophoniqueLe roman de John Wyndham fut adapté en pièce radiophonique par la BBC en 1957. Bande dessinéeLe roman de John Wyndham a été adapté en bande dessinée :
Cette « vivante adaptation du roman de John Wyndham »[21], qui ne mentionne ni le nom du dessinateur, ni celui du scénariste, est basée sur l'édition « Fleuve noir » de 1956 et reste très proche de l'original. Certaines répliques sont des citations directes du roman. Pour lire un aperçu de l'histoire des éditions Artima, consulter le site Météor. Classique de la science-fictionCe roman est considéré comme un grand classique de la science-fiction dans les ouvrages de références suivants :
Critiques
Postérité de l'œuvreCinéma
Bandes dessinées et mangas
Musique
Jeu vidéo
Éditions françaisesLe roman de John Wyndham, traduit de l'anglais par Marcel Battin, a été édité en France sous différents titres[24] :
CitationsLes numéros de page des citations qui suivent font référence à l'édition Folio SF (2007) citée en références.
Bibliographie
Liens externes
Notes et références
|
Portal di Ensiklopedia Dunia