Bantu nyonso, na mbutukulu kevwandaka na kimpwanza ya bawu, ngenda mpe baluve ya mutindu mosi. Mayela na mbanzulu ke na bawu, ni yawu yina bafwana kusalasana na bumpangi.
Le kituba, aussi appelé munukutuba, kikongo ya leta ou kikongo du gouvernement, est un créole basé sur le kikongo, mais aussi une langue véhiculaire parlée comme seconde ou première langue en république du Congo, entre Brazzaville et Pointe-Noire et en république démocratique du Congo par plus de 4 millions de personnes [3].
Le nom kikongo est souvent utilisé à tort pour désigner le kituba.
Histoire
D’après Thomas Albert Sebeok et Jack Berry[4], lorsque les commerçants, explorateurs et colons européens sont arrivés pour la première fois dans la région des Kongos, le fiote[5] a été utilisé comme moyen de communication entre européens et africains.
Ces auteurs[4] disent plus loin ne pas savoir exactement quand est-ce qu’une forme très simplifiée du kikongo avait été utilisée comme moyen de communication entre Kongos et africains non Kongos. Mais Fr. Swartenbroekx[4] suggère qu’au XVIe siècle il y avait la présence d’une forme simplifiée du Kimpangu[6] dans le Kwilu-Kwango.
Ce qui est sûr, c’est que le kituba (kikongo ya leta) a émergé durant les colonisations belge et française (1885-1960), notamment avec la construction du chemin de fer Matadi-Kinshasa occasionnant la main d’œuvre des africains non Kongos ou encore avec les compagnies commerciales, les missionnaires, les agents de l’Etat colonial Belge, les caravaniers et les porteurs africains allant des régions kongos aux régions non kongos (exemples: Loango-Brazzaville, Kongo central-Kwango) ainsi qu’avec un grand nombre d’enfants orphelins lingalaphones qui furent amenés à Boma pour y recevoir l’instruction puis avec la construction du chemin de fer Pointe Noire-Brazzaville[4],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13]. Qui plus est, kituba était anciennement appelé kibulamatadi (ou kibulamatari, c’est-à-dire le parler des briseurs de pierres en français), kikwango (littéralement : le parler du kwango), ikeleve (littéralement : il n’en est rien) ou kizabave (littéralement : ne pas savoir). Dans les milieux universitaires, le kituba est appelé kituba, munukutuba, monokutuba, kikongo ya leta – leta est le dérivé du français « l'État » et fait référence à l’État colonial Belge – puis kikongo-kituba pour le différencier du kikongo (kiyombe, kizombo, kisundi, kimanianga, kisikongo, etc.)[7],[14].
L'essentiel des mots du kituba proviennent du kikongo. D'autres langues africaines (yansi, téké, lingala, swahili, etc.) ont également influencé le kituba. Outre cela, de nombreux mots ont été empruntés au français, au portugais et à l'anglais[15].
Le 27 juin 2024 Google a annoncé l’ajout de 110 langues dont le kituba et le kikongo dans Google Translate. Cependant, il s’avère que Google a seulement ajouté le kituba et l’appelle aussi par erreur kikongo[20],[21],[22].
« Ce qui est généralement appelé le kikongo renvoie en fait à un ensemble de plusieurs langues étroitement apparentées, plutôt qu’à un seul et unique parler. »
— Koen Bostoen et Gilles-Maurice de Schryver, dans: Une archéologie des provinces septentrionales du royaume Kongo, 2018
Statut
La Constitution de 2002 de la République du Congo utilise le nom « kituba » (kituba signifie parler ou énoncer[23]) pour dénommer la langue, remplaçant le terme « munukutuba » (munukutuba signifie moi, je dis ou moi, je parle[24]), utilisé dans les constitutions précédentes. Le nom officiel de la langue y est donc « kituba »[25],[26],[7].
En République démocratique du Congo, la Constitution spécifie que le kikongo est une des quatre langues nationales[27],[28], mais le kikongo ya Leta est utilisé dans l’administration, à la radio et à la télévision [29],[30],[31],[32]. Ceci peut s’expliquer par le fait que « kikongo ya Leta » (kikongo ya Leta signifie kikongo de l’État ou kikongo du gouvernement) est appelé à tort « kikongo » [33],[34],[7],[35].
Différences entre le kikongo et le kituba
Quelques exemples de différences entre le kikongo (kisikongo, kizombo, kisolongo, iwoyo, kiyombe, kisingombe, kintandu, kimanianga, kindibu, civili, ciladi (lari), etc.) et le Kituba (ou Kikongo ya leta, Munukutuba, Monokutuba)[36],[37],[38] :
1. Conjugaison : En kikongo (kisikongo, kizombo, kisolongo, iwoyo, kiyombe, kisingombe, kintandu, kimanianga, kindibu, civili, ciladi (lari), etc.) la conjugaison d'un temps aux différentes personnes s'effectue par le changement des affixes verbaux (ou pronoms préfixes) contrairement en kituba (ou kikongo ya leta, monokutuba, munukutuba) (voir ci-dessous).
Exemple : verbe être conjugué au présent en kikongo (vili et ibinda) et kituba :
Le kituba possède cinq voyelles dont la quantité vocalique change le sens, donc cinq voyelles courtes et cinq voyelles longues.
La longueur de voyelle change le sens des mots des paires minimales[39] :
[kùsìkísà] (faire tarir) et [kùsìːkísà] (vanter, se vanter)
Le kituba contient plusieurs consonnes prénasalisées :
Consonnes
b
d
ɡ
p
t
k
f
v
s
z
Prénasalisation
mb
nd
ŋg
mp
nt
ŋk
mf
mv
ns
nz
Les consonnes occlusives sourdes prénasalisées sont souvent substituées par leurs équivalents non prénasalisés :
/mp/: [mp] ou [p]
e.g.: mpimpa est prononcé [mpi.mpa] mais parfois [pimpa] ou [pipa]
/nt/: [nt] ou [t]
e.g.: ntinu est prononcé nti.nu mais parfois [ti.nu]
/ŋk/: [ŋk] or [k]
e.g.: nkento est prononcé [ŋke.nto] mais parfois [ke.nto]
/ns/: [ns] or [s]
e.g.: nionso est prononcé [ɲo.nso] mais parfois [ɲo.so]
Les consonnes occlusives sonores prénasalisées, /mb/, /nd/, /ŋg/, /nz/ ne varient pas en général.
Les consonnes fricatives prénasalisées sont parfois substituées par leurs équivalents affriqués :
/nz/: [nz] ou [ndz]
e.g.: manzanza est prononcé [ma.nza.nza] mais parfois [ma.ndza.ndza]
/mf/: [mf] ou [mpf]
e.g.: mfumu est prononcé [mfu.mu] mais parfois [mpfu.mu]
Grammaire
Pronoms personnels
Pronoms personnels sujets en kituba
Traduction en français
Munu / Mono / Mu
Je
Nge
Tu
Yandi
Il ou elle
Beto
Nous
Beno
Vous
Bau / Bo
Ils ou elles
Je t'aime en kituba
Mu (ou Munu, Mono) zola nge / Munu me zola nge / Mu me zola nge / Me zola nge / Mono (ou Mu, Munu) ke zola nge
Classes nominales
Classes nominales en kituba (kikongo ya leta) [40],[41],[42] :
classe
préfixe nominal
exemple
traduction
1
mu-
muzombi
chasseur
2
ba-
bazombi
chasseurs
3
mu-
mulangi
bouteille
4
mi-
milangi
bouteilles
5
di-
dinkondé
banane
6
ma-
mankondé
bananes
7
ki-
kiti
chaise
8
bi-
biti
chaises
9
n-/m-
nzo
maison
11
lu-
lusuki
poil
2
ba-
basuki/bansuki
poils
12
ka-
kamwana
tout petit enfant
13
tu-
tubana
tout petits enfants
14
bu-
bunduki
fusil
6
ma-
manduki
fusils
15
ku-
kudya
manger
19
fi-
fimasa
un peu d’eau
On peut dénombrer neuf classes ou particules. La plupart renvoient à des catégories philosophiques, présentes dans cette zone géographique. Elles vont par paire (singulier/pluriel). Seules deux classes n'admettent pas de pluriel.
Classes ou particules allant par paire (singulier/pluriel) :
mu-/ba- (1/2)
e.g.: mukongo un kongo, bakongo les kongos
mu-/mi- (3/4)
e.g.: mulangi une bouteille, milangi bouteilles
di-/ma- (5/6)
e.g.: dinkonde une banane, mankonde bananes
ki-/bi- (7/8)
e.g.: kima une chose, bima choses
lu-/tu- (11/13)
e.g.: ludimi une langue, tudimi ou baludimi langues
yi-/bayi- (2)
e.g.: yinti un arbre, bayinti arbres
n-/ban- (9/2)
e.g.: ngulu un porc, un cochon, bangulu porcs, cochons
ka-/tu-
e.g.: kamwana tout petit enfant, tubana petits enfants
Classes ou particules qui n'admettent pas de pluriel :
Préfixes ou classes d'abstraction : bu-, lu-
Préfixes ou classes (ou particules) verbales : ku-
Il est très important de noter qu'en munukutuba, la reconnaissance du genre passe en second lieu. Il apparaît uniquement lorsque l'on veut préciser qu'il s'agit du masculin ou du féminin. On fait dans ce cas appel à un adjectif approprié.
Conjugaison
Les verbes du kituba se conjuguent en ajoutant des préfixes et suffixes à la racine.
↑ Philip M. Peek et Kwesi Yankah, African Folklore: An Encyclopedia, Routledge, 2004, p.698
↑ abc et d Jack Berry et Thomas Albert Sebeok, Linguistics in Sub-Saharan Africa, Mouton De Gruyter; Reprint 2017 ed. édition (1 avril 1971), p. 525.
↑Le mot fiote signifie noir et signifie aussi parler une langue africaine c’est-à-dire l’ibinda, le vili, le woyo, etc. Mais ici les auteurs font référence au jargon autrefois utilisé par les européens (exemple : figure 2 dans Versions of Kituba’s origin: Historiography and theory de William J. Samarin).
↑Kimpangu : kikongo parlé dans l’ancienne province du Royaume du Kongo « Mpangu »
↑ abc et d(en) Salikoko Sangol Mufwene, « Kikongo-Kituba », sur Britannica (consulté le ).
↑Flavien Nkay Malu , La mission chrétienne à l'épreuve de la tradition ancestrale (Congo belge, 1891-1933): la croix et la chèvre, KARTHALA Editions, 2007, p. 223
↑Salikoko S. Mufwene , Iberian imperialism and language evolution in Latin America, University of Chicago Press , 2014, p. 33
↑Derek Nurse et Gérard Philippson , The Bantu Languages, Routledge, 2006, p. 203
↑Edouard Eliet , Les langues spontanées dites commerciales du Congo: le monokutuba comparé au lingala et au lari de la région du Pool, V. Simarro, 1925, p. 7
↑ Phyllis Martin, Leisure and Society in Colonial Brazzaville, Cambridge University Press, 2002, p. 40-44
↑ Louis-Jean Calvet , Towards an Ecology of World Languages, Polity, 2006, p. 206
↑ William Frawley, International Encyclopedia of Linguistics: 4-Volume Set, Oxford University Press, USA, 2003, p. 351.
↑ Jasper DE KIND , Sebastian DOM, Gilles-Maurice DE SCHRYVER et Koen BOSTOEN, Fronted-infinitive constructions in Kikongo (Bantu H16): verb focus, progressive aspect and future, KongoKing Research Group, Department of Languages and Cultures, Ghent University, Université Libre de Bruxelles, 2013
↑ Koen Bostoen et Inge Brinkman, The Kongo Kingdom: The Origins, Dynamics and Cosmopolitan Culture of an African Polity, Cambridge University Press, 2018
↑ Raphaël Batsîkama Ba Mampuya Ma Ndâwla, L'ancien royaume du Congo et les Bakongo, séquences d'histoire populaire, L'harmattan, 2000
↑ Bernard Clist, Pierre de Maret et Koen Bostoen, Une archéologie des provinces septentrionales du royaume Kongo, Oxford: Archaeopress, p.51-55, 2018
↑Littéralement kituba signifie le parler ou le parler du parlé. Le verbe kituba n'existe ni en kikongo et ni en kituba, en effet ce n'est pas le préfixe ki qui permet de mettre les verbes à l’infinitif mais le préfixe ku.
↑Littéralement : Moi parler/Moi dire/Je dire/Je parler/Moi, je parler/Moi, je dire car kutuba est à l’infinitif et signifie parler/dire dans certaines variantes du kikongo et en kituba.
↑« Constitution du 20 janvier 2002 », sur Digithèque matériaux juridiques et politiques, Jean-Pierre Maury, Université de Perpignan (consulté le ).
↑« Constitution de 2015 », sur Digithèque matériaux juridiques et politiques, Jean-Pierre Maury, Université de Perpignan (consulté le ).
↑ Sandro Sessarego et Fernando Tejedo-Herrero, Spanish Language and Sociolinguistic Analysis, John Benjamins Publishing Company, 2016, p.50-51
↑PY Esther et Thomas Bearth, « Langues et education en Afrique noire », sur THE EDUCATIONAL RESOURCES INFORMATION CENTER(ERIC), Institut de Linguistique, Université Neuchatel, Suisse, (consulté le ), p. 18.
↑ Foreign Service Institute (U.S.) and Lloyd Balderston Swift, Kituba; Basic Course, Department of State, 1963, p.10
↑ Godefroid Muzalia Kihangu, Bundu dia Kongo, une résurgence des messianismes et de l’alliance des Bakongo?, Universiteit Gent, België, 2011, p. 30
↑ Salikoko S. Mufwene, Lioba Moshi, Topics in African Linguistics: Papers from the XXI Annual Conference on African Linguistics, University of Georgia, April 1990, John Benjamins Publishing, 1993, p.244-246
↑Un livre en kikongo (Rectification: kikongo ya leta) sur Nelson Mandela finaliste des Grands Prix des Associations Littéraires 2018 (Lire sur Worlnews.net)
↑« Protais Yumbi, Nelson Rolihlahla Mandela:Mbandu ya luzingu (1918-2013) », Nzoi, (ISSN1950-6244, lire en ligne, consulté le )
Jean-Alexis Mfoutou, Parlons munukutuba : Congo-Brazzaville, République démocratique du Congo, Angola, Paris, Editions L'Harmattan, 2019, 426 pages.
Jean-Alexis Mfoutou, Pour une histoire du munukutuba, langue bantoue, Paris, Editions L'Harmattan, 2019, 130 pages.
(en) Salikoko S. Mufwene, « Kituba, Kileta, or Kikongo? What’s in a name? », dans C. de Féral, Le nom des langues III. Le nom des langues en Afrique sub-saharienne : pratiques dénominations, catégorisations.Naming Languages in Sub-Saharan Africa: Practices, Names, Categorisations, Louvain-la-Neuve, Peeters, coll. « BCILL » (no 124), , 211-222 p. (lire en ligne)
(en) William J. Samarin, « The origins of Kituba and Lingala », Journal of African languages and linguistics, vol. 12, no 1, 1990/1991, p. 47–77 (DOI10.1515/jall.1991.12.1.47, lire en ligne)
(en) William J. Samarin, « Versions of Kituba’s origin: Historiography and theory », Journal of African languages and linguistics, vol. 34, no 1, , p. 111–181 (DOI10.1515/jall-2013-0004, lire en ligne)
Nathalis Lembe Masiala, Dictionnaire Kikongo ya létà-français, Paris, Éditions Publibook, coll. « Sciences humaines », , 278 p. (lire en ligne)