Jacques LoewJacques Loew
Jacques Loew, né le à Clermont-Ferrand et décédé le à l'abbaye d'Échourgnac (Dordogne), est un prêtre dominicain français, prêtre ouvrier, fondateur de la Mission ouvrière Saints-Pierre-et-Paul (MOPP), et fondateur de l'École de la Foi à Fribourg (Suisse). BiographieJacques Loew naît en 1908 à Clermont-Ferrand, d’Auguste Loew, docteur en médecine, et Jeanne Gerber. Sa famille est bourgeoise, dreyfusarde et socialiste[1]. Il grandit à Nice, où il fait ses études en partie à domicile. Il est baptisé dans la religion catholique, mais fréquente l'école du dimanche protestante[2],[3]. Il monte ensuite faire ses études à Paris, à la faculté de droit et à Sciences Po. Reçu comme avocat, il s'inscrit ensuite au barreau de Nice[4]. Pendant une convalescence pour tuberculose dans le sanatorium suisse de Leysin, il se convertit au catholicisme. Il lit les Évangiles, contemple la nature des Alpes et effectue un séjour décisif à la chartreuse de La Valsainte. Son accompagnateur spirituel, le chartreux Jean-Baptiste Porion, l'incite à rejoindre l’Église catholique. En octobre 1932, il abjure le protestantisme[2]. Le journaliste Stanislas Fumet, figures du catholicisme social, et son épouse Aniouta sont ses parrains de confirmation. C'est aussi dans l'entourage des Fumet qu'il rencontre Léon Bloy, Jacques et Raïssa Maritain, Graham Greene, et Jean de Menasce[5]. A la Valsainte, il se lie d'amitié avec un autre habitué des lieux, le futur cardinal Charles Journet. Il rentre à Nice et s'engage dans le cercle d'étude et patronage la Semeuse. Avec quelques amis du barreau, il se réunit autour du théologien dominicain Rogatien Bernard. En 1934, il entre dans l'Ordre des Frères Prêcheurs (dominicains) comme laïc, puis à l'été 1935 fait son noviciat à Toulouse, puis son studentat à Saint-Maximin (Var), sous le nom de frère Réginald. En 1938, il est président du patronage la Semeuse, à Nice[6]. Il est ordonné prêtre en 1939[2]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il évite la mobilisation française de 1939 en étant réformé. Il est assigné en 1941 au couvent Saint-Lazare de Marseille. Le 24 octobre, il cofonde l'association d'étude Économie et Humanisme et seconde l'économiste et dominicain Louis-Joseph Lebret comme secrétaire. Il devient dans le cadre d'une étude le premier prêtre à travailler comme ouvrier (« prêtre-ouvrier ») : il travaille comme docker au port de Marseille pendant trois ans. Il publie en 1944 une enquête sur Les dockers de Marseille, qui fait autorité et conduit en 1947 à une loi améliorant leurs conditions de travail[2].
Pendant la guerre, et malgré les restrictions de mouvement imposées par l'Occupation, il se rend à Lisieux afin d'observer la fondation de la Mission de France, y rencontrant Yves Congar et Marie-Dominique Chenu. Il correspond également avec Henri Godin, avec qui il partageait nombre d'intuitions sur l'apostolat en milieu ouvrier. C'est aussi pendant la guerre qu'il se lie d'amitié avec Madeleine Delbrêl, amitié qui durera toute leur vie, et dont témoigne leur abondante correspondance. En 1942, il s'installe seul dans un bidonville de Marseille, le "quartier Peyssonnel", afin d'y vivre avec les familles pauvres qui y résidaient. En 1947, il se voit confier la paroisse Sant-Trophime de La Cabucelle (quartiers Nord de Marseille), où il développe un ministère original. Alors que la plupart des autres prêtres-ouvriers se vouent à la fondation de missions ouvrières séparées des paroisses, il insiste sur l'intégration de la mission en milieu ouvrier dans le maillage paroissial préexistant, cherchant une certaine mixité sociale[8]. Instruit par ses années au quartier Peyssonnel des dangers de la solitude, il crée une forme de vie communautaire avec ses vicaires. En 1951, lors d'un voyage à Rome, il rencontre Jean-Baptiste Montini, futur Pape Paul VI, avec lequel il nous des relations de confiance qui se continueront après l'élection de celui-ci au pontificat. Il collabore également dans les années 50 à la revue Fêtes et Saisons. A l’été 1953, les prêtres-ouvriers de Marseille doivent cesser le travail, à cause de leur proximité avec le syndicat Confédération générale du travail (CGT), affilié au Parti communiste français[2]. En 1954, le pape Pie XII interdit les prêtres-ouvriers[9],[10]. Jacques Loew réagit avec obéissance à cette décision, tout en gardant le lien avec ses confrères qui décident de continuer ce ministère en marge de l'Eglise Catholique. Il co-écrit une lettre à leur intention avec l'évêque auxiliaire de Lyon Alfred Ancel. Il organise alors un atelier de production de parpaings dans le presbytère même de la paroisse, afin de concilier obéissance et travail. En 1955, il s'installe dans le diocèse d'Aix-en-Provence, à Port-de-Bouc (étang de Berre) où, avec plusieurs jeunes laïcs et prêtres il lance les bases d'un institut séculier qui devient la Mission ouvrière Saints-Pierre-et-Paul (MOPP)[1]. Son but est de rapprocher paroisse et mission pour un « apostolat intégral » en vue d’« extirper les racines des malheurs injustes » qui pèsent sur les pauvres[11]. Dans les années 1960, il effectue de nombreux voyages au Sahara, en Pologne, en Suisse, au Canada et au Brésil dans les favelas de São Paulo pour développer la MOPP. A partir de 1964, il vit à Osasco, au Brésil, pays dont il prend la nationalité. Il quitte l'ordre dominicain en 1965 pour rejoindre le diocèse de Fribourg, et y fonder en 1968 une École de la Foi à Fribourg, à la demande du Père René Voillaume. Voyageant clandestinement en URSS, il y rencontre des intellectuels dissidents convertis au christianisme comme Vladimir Zielinsky, et y donne des enseignements bibliques à de jeunes Russes à la demande du Père Alexandre Men. Il entretient des liens d’amitié personnelle avec Paul VI, qui le nomme en 1966 membre du Secrétariat pour les non-croyants, puis en 1970 de la Commission Pontificale Justice et Paix; et qui l’invite à prêcher la retraite de Carême au Vatican en 1970. En 1973, il abandonne la responsabilité de la MOPP (« pour laisser ses frères agir à leur guise, comme des parents laissent leurs enfants décider de leur vie », selon Gilles Fumey) pour se consacrer entièrement à l’École de la foi[1]. Malgré des difficultés croissantes, notamment l’obtention de visas pour les Africains, celle-ci se poursuit jusqu'en 2006, avant d'essaimer à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) où elle rouvre en [12]. En 1981, il se retire à l'abbaye de Cîteaux pour donner davantage de temps à la prière et à l'écriture de nombreux ouvrages de spiritualité chrétienne. C'est le début d'un itinéraire monastique de vingt années qui le conduit successivement à Tamié, dans un ermitage de moniales-ermites à Saint-Jean-de-l'Albère et, enfin, à l'abbaye d'Échourgnac où il est accueilli par des moniales cisterciennes. C'est là qu'il meurt, peu de temps après avoir fêté ses quatre-vingt-onze ans[2]. Écrits[13]
Notes et références
Bibliographie
Liens externes
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