Jacques Lerner arrive à Paris dans les années 1890 avec sa famille et s'installe avec elle dans le 11e arrondissement[3].
On sait peu de chose de sa jeunesse sinon qu'au commerce de son père il préfère très tôt la fréquentation des pistes de cirque et des scènes de music-halls où ses différents apprentissages lui permettent de devenir un artiste complet à la fois acrobate, jongleur, clown, musicien et chanteur. La souplesse de son corps et la grande expressivité de son visage le font rechercher par les plus grandes scènes parisiennes comme les Folies-Bergère et l'Olympia où il apparaît dans la distribution des revues dès le début des années 1910.
Réformé en 1908 puis en 1915[4], il ne participe pas à la Première Guerre mondiale et va commencer à monter sur les scènes de théâtre désertées par les jeunes comédiens partis sur le front. Après la fin du conflit, il figure également au générique d'une douzaine de films muets puis parlants entre 1921 et 1934.
C'est à partir d' qu'il connaît une grande popularité tant au niveau national qu'international. Son interprétation du double rôle d'un singe et de son dresseur, dans la pièce le Singe qui parle de René Fauchois, reçoit un tel accueil de la part de la critique et du public qu'il est appelé à en prolonger les représentations pendant 2 ans supplémentaires tant en province et en Algérie[5] que sur les scènes de Londres et de Broadway[6] où il joue en anglais[7]. C'est au cours d'une représentation à New York qu'il est remarqué par le producteur américain William Fox et le réalisateur Raoul Walsh qui l'engage pour tenir le même rôle à l'écran en 1927 dans son film The Monkey Talks[8].
Sa notoriété lui permet désormais d'obtenir de nombreux engagements dans le répertoire classique et contemporain du théâtre et de l'opérette jusqu'au début de la deuxième guerre mondiale, lors de laquelle les lois anti-juives du gouvernement de Vichy le contraignent à quitter Paris pour se réfugier d'abord en zone libre, puis en Algérie après l'invasion de la zone sud par l'armée allemande. À Alger où il s'est installé, Jacques Lerner poursuit sa carrière en obtenant des engagements à l'Opéra et au Casino de la ville jusqu'en .
1911 : La Revue des Folies-Bergère, revue en 36 tableaux de P.-L. Flers et Eugène Héros, aux Folies-Bergère ()
1912 : La Revue de printemps, revue en 40 tableaux de Georges Arnould, aux Folies-Bergère ()[11]
1913 : En avant, Mars !, grande revue-féérie de Battaille-Henri et Lucien Boyer, musique d'Aimé Lachaume, aux Folies-Bergère () : l'agent / Don José / Toto[12]
1913 : La Revue merveilleuse, revue en 3 actes et 52 tableaux de Charles Quinel et Henry Moreau, musique de Paul Letombe, à l'Olympia () : Tortonsky
1913 : Voui ... ma gosse !, revue en 2 actes et 45 tableaux de Fernand Rouvray et Louis Lemarchand, musique de Raphaël Beretta[13], au Moulin-Rouge ()[14]
1915 : Mam'zelle Boy-Scout, opérette en 3 actes de Paul Bonhomme, musique de Gustave Goublier, au théâtre de la Renaissance ()
1916 : La Victoire en chantant, revue en 2 actes de Valentin Tarault, musique de Paul Nast, à La Cigale (mars)[15]
1916 : Dans les bégonias !, revue de Charles-Albert Abadie et Saint-Granier, au cabaret La Pie qui chante (1er juin)
1916 : C'est rien bath !, revue à grand spectacle en 2 actes et 35 tableaux de Georges Arnould, à la Gaîté-Rochechouart ()
1924 : Le Singe qui parle, comédie en 3 actes de René Fauchois, mise en scène de René Rocher, à la Comédie-Caumartin () : François Faho / le singe Jocko (reprise avec le même rôle au théâtre Antoine le et au théâtre du Vieux-Colombier en [16]). Pièce jouée en anglais à Londres et à Broadway avec Jacques Lerner dans le même double rôle.
1927 : Mercenary Mary, comédie musicale en 3 actes et 4 tableaux d'Isabel Leighton, musique de William B. Friedlander et Con Conrad, adaptation française d'Yves Mirande, Robert de Simone et Jean Bastia, au théâtre des Bouffes-Parisiens ()
1932 : Le Mariage forcé, comédie-ballet en 1 acte et en prose de Molière, au théâtre Antoine () : Pancrace
1932 : Les Plaideurs, comédie en 3 actes et en vers de Jean Racine au théâtre Antoine : le juge Dandin
1935 : Crépuscule du théâtre, pièce en 3 actes et 7 tableaux d'Henri-René Lenormand, au théâtre des Arts () : le professeur Putsch (reprise avec le même rôle au théâtre du Vieux-Colombier le )
1937 : L'Appartement de Zoïka, pièce en 4 actes et 8 tableaux de Mikhaïl Boulgakov, adaptation française de Benjamin Crémieux, mise en scène de René Rocher, au théâtre du Vieux-Colombier () : le vieux chinois[18]
1944 : Le Viol, drame en 2 actes de Jean d'Astorcq, Cette pauvre Elina, comédie en 1 acte de Madeleine Guitty, Sur la dalle, drame en 1 acte de Georges Montignac[20] au Casino d'Alger ()[21]
1944 : S.T. 80, opérette d'aventures de Ludovic Chausson et André Calmettes, musique de Vincent Miralles, au Casino d'Alger ()[22]
↑Son père Schmoul Jankel Lerner (1858-1935), négociant, a longtemps vécu au 59 de la rue de la République où il est mort à l'âge de 77 ans. Il avait sans doute émigré en France pour mettre sa famille à l'abri des pogroms qui agitaient régulièrement la ville de Jytomyr où vivait une importante communauté juive.
↑Dossier Lerner Joseph, matricule 2317. Archives en ligne de la Ville de Paris, registres matricules du recrutement, 4ème bureau de recrutement de la Seine, classe 1906.
↑Raphaël Beretta (1865-1933) est un compositeur et chef d'orchestre français. Il devint directeur des Folies-Bergère et de l'Olympia pendant la première guerre mondiale.
↑Parallèlement à sa carrière de chef de bureau à la Caisse des Dépôts et Consignations, Georges Riboulet dit Georges Montignac (1868-1938) mena de front des activités de journaliste, d'écrivain et d'auteur dramatique.