Hélène d'OettingenHélène d'Oettingen Hélène d'Oettingen dans son hôtel particulier boulevard Berthier (1910).
Hélène d'Oettingen, née Hélène Miontchinska en Ukraine le et morte à Paris 14e le , est une artiste peintre et femme de lettres russe de langue française. Appelée la Baronne d'Oettingen, elle est également connue comme poète sous le pseudonyme de Léonard Pieu[x][1], comme romancière et critique sous le pseudonyme de Roch Grey et comme peintre sous le pseudonyme de François Angiboult[2]. Elle est la sœur ou la cousine du peintre Serge Férat avec qui elle a partagé le pseudonyme de Jean Cérusse. Elle vécut en concubinage avec le peintre Léopold Survage.
BiographieD'après son acte de décès, elle est née Hélène Miontchinska à Stepanivka en 1885, de François Miontchinska [Miączyński] et Catherine Beinarovitch Ledokioska[3]. Le lieu comme la date de naissance restent cependant énigmatiques. La biographe Jeanine Warnod avançait qu’Hélène d'Oettingen souhaitait alimenter le mystère au sujet de ses origines ; d'autres affirment qu'elle serait née de père inconnu et qu'elle est issue d'une lignée familiale aristocrate russe, polonaise et balte[4],[5]. Elle aurait épousée le baron Otto von Oettingen, officier du tsar, puis, divorcée, elle part pour l'Europe occidentale : Ardengo Soffici témoignera plus tard l'avoir croisé à Florence en 1899, arborant une magnifique chevelure rousse[5]. Vers 1900-1902, elle héberge à Paris, dans un loft, le peintre Serge Férat, qu'elle présente comme son frère mais qui est peut-être son cousin — sa mère est née Beinarovitch –, et avec qui elle partage le pseudonyme Jean Cérusse. Ce pseudonyme repose sur le double calembour « ces russes » et céruse[4]. Tous deux visiblement très fortunés, et recevant d'abondants revenus de Russie, ils deviennent les mécènes de la bohème parisienne : Max Jacob, Modigliani, Survage dont elle fut l'amante, viennent chez eux pour y prendre leurs repas et se chauffer. Hélène d'Oettingen étudie dans les années 1900 à l'Académie Julian et tient dans les années 1910 un salon « artistico-littéraire » où se retrouve toute l'avant-garde russe et française. Elle joue un rôle important avec Serge Férat dans la survie de la revue Les Soirées de Paris dirigé par Apollinaire et en recevant dans son salon du 229 boulevard Raspail à Paris « ceux qui ont ou auront un nom dans la peinture, le poésie et la musique moderne ». Alors qu'elle séjourne à Nice, Modigliani réalise son portrait, qui lui sera acheté par Paul Guillaume. Présentée à la Galerie Bernheim Jeune puis en Italie, l'œuvre est aujourd'hui disparue, connu d'une seule reproduction noir et blanc[6]. En 1917, après la révolution russe, le nouveau régime séquestre sa fortune et la baronne doit réduire son généreux train de vie. Elle continue à écrire, mais son travail ne lui suffit pas pour vivre. Sur les conseils d'Apollinaire et de son amant Soffici, rencontré à Florence à son départ de Russie et retrouvé à Paris en 1903 à La Ruche, elle avait acheté avec Férat neuf toiles et cinq dessins au douanier Rousseau en 1910. Leur vente subviendra à ses besoins jusqu'à sa mort. En décembre 1924, sous le nom de François Angiboult, elle expose des gouaches, des étoffes peintes, des tableaux et des vases d'inspiration cubiste à la galerie Percier (Paris) : la presse se montre élogieuse, et évoque le catalogue de l'exposition présenté par « le critique Roch Grey », accompagné d'un « poème signé Léonard Pieux qui fut le collaborateur d'Apollinaire », sans jamais évoquer Hélène d'Oettingen[7]. En 1935, elle quitte le boulevard Raspail et meurt d'une leucémie en 1950. Dans Fin du monde, Soffici la décrit comme « l'une de ces femmes désastreuses, de la race des héroïnes des poèmes de Pouchkine, de Lermontov, des romans de Dostoïevski et autres écrivains russes[8]. » PostéritéSes différents pseudonymes sont connus de son vivant[9],[10]. Le poète Pierre Albert-Birot écrit au sujet de la romancière[11] : « Roch Grey était indiscutablement un génie, elle avait la puissance, la complexité du style et aussi l'âpreté du caractère qui font mettre hors de pair certains écrivains, mais elle, ce fut au contraire pour ces raisons qu'on la nia, elle a effrayé autant par son écriture que par sa conversation ». Expositions
PublicationsSous le nom de Roch Grey :
Sous le nom de Léonard Pieux :
Articles
Posthumes
Notes et références
Bibliographie
Liens externes
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