Précédemment dénommée « boulevard d’Enfer » la section méridionale de l'actuel boulevard Raspail, comprise entre le boulevard du Montparnasse et la place Denfert-Rochereau, tirait ce nom de l'ancienne barrière d'Enfer qui tirait à son tour le sien de la rue d'Enfer.
La partie comprise entre le boulevard Edgar-Quinet et le boulevard Saint-Jacques et la place Denfert-Rochereau fut incorporée dans le tracé du mur des Fermiers généraux (1784). La partie intérieure demeura sous le nom de boulevard d'Enfer, tandis que la partie extérieure prit le nom de « boulevard de Montrouge ».
Après la démolition du « mur murant Paris », la voie reprit le nom de « boulevard d'Enfer ».
le couvent des Sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve, situé rue de Sèvres et démoli en 1906. Les religieuses se retirent à Neuilly-sur-Seine dans les bâtiments restants de l'ancien château du roi des Français Louis-Philippe Ier, où elles sont toujours. Elles emportent avec elles la statue de Notre-Dame-de-Bonne-Délivrance.
En 1909, un trésor de 34 statères (classe V) est découvert à l'angle du boulevard Raspail et de la rue de Grenelle ; quelques exemplaires ont pu être conservés[7].
En 1939 la statue du « Monument à Balzac » exécutée en bronze d'après un modèle achevé par Auguste Rodin en 1897 a été inaugurée sur le terre-plein central du boulevard, à proximité du boulevard du Montparnasse (voir ci-dessous).
No 39 : le compositeur Maurice Desrez y vit de 1932 jusqu'à sa mort en 1969 ; une plaque lui rend hommage.
No 41 : l'Œuvre de guerre des colonies de vacances de la Chaussée du Maine avait ici ses bureaux en 1916, à partir desquels furent organisés les départs vers la Suisse d'enfants français réfugies[15]. Cet organisme était une branche de l'Œuvre de la Chaussée du Maine, qui avait été fondée en 1871 par Élise de Pressensé (1826-1901).
No 42 : l'universitaire mécanicien Henri Béghin y vécut de 1936 à 1969 ; une plaque lui rend hommage.
No 44 : numérotation du Second Empire dotée d’un système lumineux[16].
Nos 65-67 : immeuble de style Art déco construit par l’architecte Léon Tissier en 1913. Les sculptures sont l’œuvre de Henri Bouchard[18]. En octobre 1909, le marchand d’art et collectionneur d’origine hongroise Joseph Brummer ouvre à cette adresse le magasin d’antiquités La maison Brummer, qui déménage en 1911 pour un espace plus grand au no 3 du boulevard[19].
No 73 : maison néo-gothique du XIXe siècle, avec un bestiaire fantastique sur la balustrade du dernier étage.
No 85 (angle de la rue de Rennes) : une école de filles, dont le Conseil municipal confie au peintre Paul Baudoüin, en 1920, la réalisation d'une fresque au fond du mur du préau. Cette décoration a disparu[20].
No 92 : dans cet immeuble se trouvent des locaux relevant du patrimoine immobilier affecté au Sénat pour son usage ou pour celui de la chaîne parlementaire Public Sénat[22].
No 101 : siège de l’Alliance française, organisme chargé de la diffusion de la langue et de la culture françaises, et son école parisienne destinée aux étrangers effectuant un séjour linguistique ou s'installant dans la capitale. Bâtiments de l'Institut privé de préparation aux études supérieures.
Nos 121 et 123 : entre ces deux numéros, intersection avec la rue Notre-Dame-des-Champs, quelques mètres avant la station de métro Notre-Dame-des-Champs dont l'entrée est située sur l'allée centrale.
Nos 123 à 125 : place Pierre-Lafue, délimitée par les rues Notre-Dame-des-Champs et Stanislas. Le Monument à Alfred Dreyfus (1985) au centre du square a été commandé par le ministre de la Culture Jack Lang à l'artiste Tim ; il était destiné à la cour de l'École militaire où Dreyfus avait été dégradé en 1895, mais à la suite du discours[réf. nécessaire] de Jacques Chirac de 2006, et afin de ne pas déplaire aux militaires, elle resta finalement boulevard Raspail.
Sur le terre-plain au milieu du boulevard, un peu en retrait au nord de la place Pablo-Picasso, encore appelée « carrefour Vavin », qui est au croisement du boulevard Raspail et du boulevard du Montparnasse, se dresse depuis 1939 le Monument à Balzac dont le socle est surmonté d'une statue d'Honoré de Balzac par Auguste Rodin[24]. Il est érigé à quelques pas de la brasserie La Rotonde, associée à l’histoire des « Montparnos », au nord-ouest du carrefour Vavin et à l'angle des boulevards Raspail et du Montparnasse.
No 203 : établissement hôtelier, ancien Grand Hôtel de la Haute-Loire où l'étudiante en art allemande, Paula Modersohn-Becker, loge en 1900, au début de son premier séjour à Paris. Son amie et voisine de chambre Clara Westhoff l'y a précédée[28].
No 206 : le est créé dans cet immeuble le premier journal en français Mouvement macédonien, qui défend l'idée d'un État macédonien indépendant ; une plaque rend hommage à cette histoire.
No 207 : l'écrivain Pierre Benoit y vit de 1918 à 1923 ; une plaque lui rend hommage.
No 216 : immeuble de style fonctionnaliste conçu par l'architecte Bruno Elkouken (1893-1968) et décoré par Ernő Goldfinger (1902-1987). Il est construit en 1932-1934 pour l'industrielle des cosmétiques Helena Rubinstein (1872-1965). Le bâtiment comprend un théâtre au rez-de-chaussée – futur Studio Raspail –, des appartements et des ateliers d'artistes. Helena Rubinstein vécut au début des années 1930 dans le penthouse, somptueusement aménagé de meubles Art déco et de sa collection d’œuvres d’art[30],[31] avant d'emménager au 24, quai de Béthune en 1937. — Jean Fautrier (1898 1964) occupait ici un atelier de 1940 à 1945[32]. L’immeuble a remplacé un pavillon derrière lequel se cachait une petite cité d'artistes constituée de deux rangées d'ateliers qui n’étaient guère plus que de « simples niches vitrées ». Amadéo Modigliani, expulsé de la cité Falguière en 1913 trouva refuge dans l'un de ces ateliers disparus[33].
No 218 : sur le linteau de la porte, le no 20 (presque effacé) subsiste. Il s’agit de l’ancienne numérotation du boulevard d’Enfer[34].
No 222 : Jean-Paul Sartre était locataire au dixième étage à partir de 1962[35].
No 225 : établissement hôtelier, ancien Hôtel de la Paix où loge Foujita au début de l'année 1930, entre son retour de Tokyo et son départ pour New-York[36].
No 228 : Pablo Picasso s'y installe en septembre 1912 avec sa nouvelle compagne, Eva Gouel[37]. Le poète et éditeur Pierre Seghers installe sa maison d'édition en 1944. Il achète peu à peu l'immeuble du 228, du 228bis, et du 230, et fait construire un nouvel immeuble achevé en 1968. Immeuble conçu par Paul Tournon. Pierre Seghers y vit jusqu'à son décès en 1987. Une plaque de marbre sur la façade lui rend hommage. Le peintre Jean Carzou y réside de 1968 à son décès lui aussi.
No 232 : Le Jockey depuis 1923 (anciennement Le Caméléon), célèbre cabaret-club pendant les Années folles repris par des Américains dont Hilaire Hiler[38]. Il était auparavant situé aux no 146 puis 127 du boulevard du Montparnasse.
No 236 : le sculpteur Pol Bury y vécut de 1968 à 2005 ; une plaque lui rend hommage.
Nos 240-242 : Jules Huet de Froberville (1868-1944) commanda aux architectes et décorateurs Paul Huillard(en) (1875-1966) et Louis Süe (1875-1968) la construction de ces deux maisons[40]. Le chantier en deux phases débute en 1903 avec le 240, puis se poursuit en 1905, avec le 242. Les deux maisons symétriques sont séparées par une allée menant à une cour, où se trouvent plusieurs pavillons et ateliers ; Huet s’en réserva un pour lui-même. Il baptisera l’ensemble « Cité Nicolas-Poussin ». Parmi les occupants de ces lieux, on peut mentionner Pablo Picasso, qui y logea à deux reprises : une première fois en 1912 et 1913[41],[42], et peut-être une seconde fois pendant les Années folles. Domicile, à partir de 1906, du sculpteur Cecil Howard[43] (1888-1956), alors jeune étudiant à l'Académie Julian. Il y loge avec sa mère.
Nos 255 et 257 : entre ces deux numéros, aboutissement de la rue Boissonade, précédemment début de l'impasse Boissonade et antérieurement de l'impasse Sainte-Élisabeth. Cette ancienne voie privée est restée inaccessible aux voitures jusqu'à son prolongement, en vertu d'un décret du 15 avril 1930, au travers d'une partie des jardins du couvent des Dames de la Visitation et sa fusion avec une autre impasse percée à partir du boulevard du Montparnasse. Elle présentait jusqu'alors, comme le passage d'Enfer voisin (no 247), des grilles fermées dans l'alignement des maisons du boulevard[46].
No 261 : siège de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, ouvert en 1994 dans un bâtiment à la conception architecturale en verre, acier et béton de l'architecte Jean Nouvel. À cet emplacement se trouvait l'American Center de 1920 (détruit) jusqu'au déménagement de cette institution au 51, rue de Bercy, en 1988. En 1823, un cèdre rapporté du Liban est planté près de l'actuelle fondation Cartier par Chateaubriand, l'écrivain habitant non loin. Il crée aussi l'infirmerie Marie-Thérèse, qui accueille encore de nos jours des prêtres en retraite. L'arbre est abattu en avril 2021, « pour des raisons de sécurité liées à la sécheresse », dans l'indifférence générale[47].
En juillet 1832, Chateaubriand se fit arrêter. Il relate cet événement et sa sortie, par une petite porte donnant sur le boulevard, dans le livre trente-sixième des Mémoires d'outre-tombe[48].
↑« Décret du » dans Adolphe Alphand : Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décret et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, supplément (années 1270-1884 et 1885-1888, page 77, citant l'arrêté du précédent comme suit :
↑Photographie de groupe de petits réfugiés français accueillis dans des familles suisses, à Lausanne, en 1916, grâce à l'Œuvre de guerre des colonies de vacances de la Chaussée du Maine qui avait alors ses bureaux au 41, boulevard Raspail cediasbibli.org.
↑Dominique Lesbros, Curiosités de Paris: inventaire insolite des trésors minuscules, Parigramme, (ISBN978-2-84096-735-4).
↑Archives de Paris VR 573, dossier « École du boulevard Raspail ». La délibération a été publiée dans le Bulletin municipal officiel du 1er juin 1920, p. 2547.
↑Günter Busch, Liselote von Reinken (dir.), Paula Modersohn-Becker in Briefen und Tagebüchern, 4. Auflage, S. Fischer Verlag, Frankfurt am Main, pp. 183-189 et 520.
↑Michel Dansel et Jacques Lebar, 14e arrondissement, Parigramme, coll. « Le guide du promeneur », (ISBN978-2-84096-035-5).
↑Jean Fautrier, Daniel Marchesseau, Jean Fautrier : du 17 décembre 2004 au 13 mars 2005, Fondation Pierre Gianadda, 2004, p. 218, catalogue de la rétrospective consacrée à Fautrier à l'occasion du 40e anniversaire de sa mort.
↑Jean-Paul Crespelle, La vie quotidienne à Montparnasse à la grande époque : 1905-1930, Paris, Hachette, 1976, p. 91.
↑/1956Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, impr. nationale, 1948.
↑Ruth Fiori et Gilles Fiori, Paris déplacé: du XVIIIe siècle à nos jours architectures, fontaines, statues, décors, Parigramme, (ISBN978-2-84096-665-4), pages 42-43.
↑« Boissonade (rue) » In : Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, t. 1, éd. de Minuit, p. 208.
↑Marty Bax, Mondrian complet, Hazan, 2002, p. 1864.
↑Société des artistes indépendantes, 88e exposition, Grand Palais, 1977, catalogue de l'exposition posthume.
↑Manuel Cornejo et Dimitra Diamantopoulou, Spéranza Calo-Séailles, une Grecque à Paris et à Antony. Une cantatrice et artiste oubliée (en ligne).
↑Myriam Paris, Le 14e arrondissement: itinéraires d'histoire et d'architecture, Mairie de Paris, Direction générale de l'information et de la communication, coll. « Paris en 80 quartiers », (ISBN978-2-913246-14-0).
↑« Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture… des artistes vivants exposés au Palais des Champs-Élysées le 1er mai 1880 », Paris, Imprimerie nationale, 1880 (en ligne).