À la suite des élections législatives de 2022, le RN réalise une percée historique, avec 89 députés élus qui font leur entrée à l'Assemblée nationale. Le parti d'extrême droite devient ainsi le premier parti d'opposition.
Après la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024 par Emmanuel Macron, Le président du Rassemblement nationalJordan Bardella présente une nouvelle fois sa candidature au législatif en vue de devenir le prochain Premier ministre français. Le Rassemblement national bat toutefois un record historique pour le parti politique en possédant le plus de sièges à l’Assemblée nationale depuis sa création avec 126 sièges sur 577.
Démissionne après avoir participé à l'inauguration d'une mosquée franco-turque dans sa circonscription[23],[24], il se fait élire maire du Pontet pour ne pas causer d'élection partielle grâce à l'« incompatibilité prévue aux articles LO 137, LO 137-1, LO 141 ou LO 141-1 du code électoral »[25]. Sa suppléante Catherine Jaouen lui succède.
Exclue le 19 novembre 2024 pour une durée de six mois à cause de ses « dépenses non réglementaires »[26] de plusieurs milliers d'euros, ainsi que de sa non parution à une convocation de groupe[27].
Le groupe RN a présenté en un an 6 143 amendements, dont 123 ont été adoptés. Alors qu’il forme le deuxième groupe parlementaire de l’Assemblée, le RN n’est que quatrième par le nombre d’interventions en commission[28].
Relations avec le gouvernement et les autres groupes
Il a ainsi voté, dès les premières semaines de la mandature, régulièrement dans le sens du gouvernement, en particulier sur les questions économiques : refus d’augmenter le Smic et de bloquer les prix, maintien de la flat tax à 30 % sur les revenus du capital, suppression de la redevance audiovisuelle, etc[29]. Lors de l’examen de la réforme de l’assurance-chômage, les députés du RN votent, avec les LR, des amendements-clés et proposent de réduire les droits des travailleurs étrangers[30].
Après une année de mandature, le RN apparait comme une « opposition à deux visages » selon France Info, votant régulièrement en faveur des textes-clés présentés par le gouvernement. Sur les quatorze principales réformes du gouvernement, les députés du groupe RN ont voté, en moyenne, à 42 % pour et à 22 % contre (le reste correspondant aux abstentions et non-participations). Il constitue ainsi le deuxième groupe d'opposition le plus proche du gouvernement, après le groupe LR[31]. Ce dernier est celui dont le RN est le plus proche. Tous deux ont voté dans le même sens dans 56 % des cas, selon le site Datan[28].
Niche parlementaire de 2022
Lors de la niche parlementaire du groupe, Marine Le Pen annonce reprendre une proposition de loi votée au Sénat en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes, créant une aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales. Finalement, il sera examiné au titre de la « semaine de l’Assemblée » une semaine après la niche RN[32],[33].
La reprise « sans en changer une virgule »[34] du texte de Caroline Fiat, députée LFI sur la réintégration des soignants non-vacciné est considérée comme un « piège »[34],[35],[36].
Constitutionnalisation de l'IVG
Après s'être d'abord opposé à l'inscription du droit à l'IVG dans la Constitution, le groupe propose la constitutionnalisation de la loi Veil sur l'IVG[37]. Au final, 38 députés RN sur 88 votent l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution proposée par la NUPES[38].
Positions économiques et sociales
Sur les questions économiques et sociales, le groupe RN a au cours de la XVIe législature (2022-2024) prioritairement défendu les intérêts des grandes entreprises, des propriétaires immobiliers et des ménages aisés, tout en conservant l’essentiel de sa défense de l’État social, selon le quotidien Le Monde[39].
Ainsi, sur le logement, le groupe RN a prôné l’allègement de la fiscalité locative et des obligations de rénovation énergétique. Il s'est opposé à une proposition de loi visant à « remédier aux déséquilibres du marché locatif en zone tendue » en donnant davantage de pouvoirs de régulation aux maires ainsi qu'à l'allègement de la niche fiscale dite « Airbnb ». Les députés RN ont déposé une proposition de loi visant à détricoter la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU), qui oblige les communes en zone urbaine à proposer un taux minimal de logements sociaux[39].
En matière de fiscalité, le RN a proposé la baisse de la TVA sur les carburants et sur les énergies, sans toutefois faire de distinction entre ménages populaires et ménages aisés, ainsi que l’exonération d’impôts sur le revenu pour les moins de 30 ans et pour leurs entreprises. Il s'est par ailleurs opposé au malus au poids pour les véhicules thermiques, qui devait viser les SUV. Le RN a également soumis des propositions propres à avantager les détenteurs de patrimoine, avec l’abrogation des droits de succession pour les héritages inférieurs à 150 000 euros et le remplacement de l’impôt sur la fortune immobilière par un impôt sur la fortune financière[39].
Sur les questions liées à l'entreprise et au travail, le RN a soutenu la réforme de l’assurance-chômage de 2022 et défendu des amendements réclamant la fin de l’indemnisation des chômeurs ayant refusé un CDI à la fin d’un CDD et assimilant les abandons de poste à des démissions. Il s’est par ailleurs toujours opposé à une augmentation du smic ou à l’indexation des salaires sur l’inflation, proposant en revanche d'inciter les entreprises à augmenter les salaires par des exonérations de cotisations patronales. Il s'est opposé à la réforme du RSA qui instaure au moins quinze heures d’activité hebdomadaire en contrepartie du versement de l’allocation[39]. Opposé au projet de réforme des retraites, le RN a déposé une motion référendaire qui a été débattue à l'Assemblée nationale le [40]. Le RN a déposé une motion de censure afin de tenter de faire démissionner le gouvernement[41].
Environnement
Sur l’agriculture, le groupe Rassemblement national s'est exprimé en soutien à l’agrandissement des exploitations et à l’intensification, et contre toute forme de contrainte. Ses membres ont voté contre l’inscription dans la loi d’objectifs à 2030 de surfaces en agriculture biologique, contre l’instauration de diagnostics climatiques lors de l’installation, contre la mise en place de stages de sensibilisation en cas d’atteintes à l’environnement, contre l’interdiction des nitrites dans les charcuteries, et contre un amendement du groupe écologiste proposant un approvisionnement 100 % français pour la viande servie en restauration collective[39].
Selon le quotidien Libération, le groupe RN est engagé en faveur de l’énergie nucléaire mais s'oppose aux initiatives favorisant la transition énergétique. Il a ainsi proposé en 2024 une baisse drastique des subventions aux énergies renouvelables, une hausse de la taxe sur l’éolien en mer, la suppression du plan vélo, une réduction du champ d'activité de l'Agence de la transition énergétique et de l’Office français de la biodiversité, une baisse de l'aide publique au développement (qui consacre une grande part de son budget à l’adaptation climatique), et la privation pour certaines ONG des réductions d’impôts auxquelles ont droit les associations, visant en particulier Greenpeace en raison de son militantisme contre le nucléaire[42].
Polémique sur Grégoire de Fournas
Lors des questions au gouvernement du 2 novembre 2022, le député Grégoire de Fournas crie « Qu'il retourne en Afrique » au moment où le député Carlos Martens Bilongo questionne le gouvernement au sujet du bateau Océan Viking en attente de pouvoir débarquer ses passagers dans un port. Ces propos jugés racistes suscitent une réaction très forte de tous les autres partis; de son côté, le groupe RN fait corps autour du député pour s'opposer à la demande qu'il quitte l'hémicycle et argue que le député évoquait le sort du bateau. A la suite de cet événement, le député De Fournas est exclu du parlement pour 15 jours et son indemnité parlementaire est diminuée de moitié pour deux mois[43].
Organisation
En , L'Express dénombre 144 collaborateurs parlementaires de députés du groupe RN, essentiellement issus des militants locaux du parti, ce qui illustre, selon l'hebdomadaire, « la difficulté du parti à recruter en dehors de sa zone de confort ». L'Express identifie également « des profils radicaux » et « une dizaine de transfuges - venus pour l'essentiel du parti Les Républicains »[44].
↑Mondon, A., 2015. "The French secular hypocrisy: the extreme right, the Republic and the battle for hegemony." Patterns of Prejudice, 49 (4), pp. 392–413.
↑Anthony M. Messina (2015). "The political and policy impacts of extreme right parties in time and context." Ethnic and Racial Studies 2015; 38: 1355.
↑Sonia Van, « France – A Guide to Europe's Right-Wing Parties and Extremist Groups », Time, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) Wolfram Nordsieck, « France », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
↑Nicolas Lebourg, Marine Le Pen est-elle d'extrême droite ?, Le Nouvel Observteur, 2 mai 2012 « Malgré leur divergences, les Le Pen fille et père se rattachent au même courant interne de l'extrême droite : celui du national-populisme. »
↑(en) Andrej Zaslove, « Exclusion, Community, and a Populist Political Economy: The Radical Right as an Anti-Globalization Movement », Comparative European Politics, vol. 6, , p. 169-189 (ISSN1472-4790, DOI10.1057/palgrave.cep.6110126, lire en ligne [archive du ], consulté le ).
↑(en) John Lichfield, « European elections 2014: Marine Le Pen's Front National victory in France is based on anguish, rage and denial », The Independent, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Miroslav Mareš, « Transnational Networks of Extreme Right Parties in East Central Europe: Stimuli and Limits of Cross-Border Cooperation », 20th IPSA World Congress Fukuoka, vol. 9, , p. 13 (lire en ligne, consulté le ).
↑Clément Guillou, « Assurance-chômage : discret, le Rassemblement national défend tout de même sa préférence nationale », Le Monde.fr, (lire en ligne)
↑« La France insoumise évite de justesse le piège du Rassemblement national sur la réintégration des soignants non vaccinés », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑« L’IVG inscrite dans la Constitution : le détail des votes des députés et sénateurs réunis en Congrès », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑ abcd et e« Le RN à l’Assemblée : deux ans de défense des propriétaires, des ménages aisés et des grandes entreprises », Le Monde.fr, (lire en ligne)
↑Mariama Darame et Jérémie Lamothe, « A l’Assemblée nationale, la sanction prise contre le député RN Grégoire de Fournas fragilise la stratégie de normalisation du groupe d’extrême droite », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Un groupe parlementaire doit être composé d'au moins quinze députés. Les groupes d'opposition ont signé une déclaration d’appartenance confirmant ce positionnement. Les groupes minoritaires sont les groupes les moins nombreux qui ne se sont pas engagés dans l'opposition.
Un groupe parlementaire doit être composé d'au moins quinze députés. Les groupes d'opposition ont signé une déclaration d’appartenance confirmant ce positionnement. Les groupes minoritaires sont les groupes les moins nombreux qui ne se sont pas engagés dans l'opposition.