Grand Prix automobile de Grande-Bretagne 1955Grand Prix de Grande Bretagne 1955
Le Grand Prix de Grande-Bretagne 1955 (VIIIth British Grand Prix), disputé sur le circuit d'Aintree le , est la quarante-septième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la sixième manche du championnat 1955. Contexte avant le Grand PrixLe championnat du mondeLe championnat du monde des conducteurs se dispute suivant la réglementation 2,5 litres (moteur 2 500 cm3 atmosphérique ou 750 cm3 suralimenté, carburant libre) de la Formule 1, en vigueur depuis 1954, exception faite de l'épreuve des 500 Miles d'Indianapolis, courus selon l'ancienne formule internationale. Juan Manuel Fangio et sa Mercedes exercent une domination totale sur leurs adversaires depuis le retour en Grand Prix du constructeur allemand l'année précédente, et ont cette saison remporté trois des quatre épreuves disputées. Adversaire numéro 1 de Fangio, Alberto Ascari aurait pu contester cette suprématie, mais le pilote Lancia s'est tué en début de saison lors d'essais privés à Monza, entraînant la retraite sportive du constructeur italien. Le dramatique accident des 24 Heures du Mans a eu pour conséquence une interdiction provisoire de la compétition automobile sur circuit dans plusieurs pays d'Europe, entraînant l'annulation de quatre manches mondiales (France, Allemagne, Suisse et Espagne). De fait, le Grand Prix de Grande-Bretagne est désormais l'avant-dernière épreuve du championnat. Fangio compte quatorze points d'avance sur Stirling Moss, second pilote Mercedes. Il suffit à l'Argentin de terminer la course dans le sillage de son coéquipier pour s'assurer un troisième titre mondial. Le circuitLe circuit est situé au nord de la petite ville d'Aintree (près de Liverpool), à l'intérieur du célèbre hippodrome de la ville. Développant 4,8 km, c'est une piste sinueuse et difficile, offrant une excellente visibilité aux pilotes et aux spectateurs[1]. Créée en 1954, elle a été utilisée pour la première fois en octobre de cette même année à l'occasion du Daily Telegraph Trophy remporté par la Maserati de Stirling Moss. Moss avait à cette occasion établi le record de la piste à 139,3 km/h de moyenne[2]. Monoplaces en lice
Quatre W196 à carrosserie ouverte ont été engagées par le constructeur de Stuttgart. Pesant environ 690 kg à vide, elles disposent d'un moteur à huit cylindres en ligne alimenté par injection directe et à distribution desmodromique, autorisant une puissance de 290 chevaux à 8500 tr/min. La boîte de vitesses ZF est à cinq rapports, et le freinage est assuré par quatre gros tambours, dont deux montés "inboard" à l'arrière. Juan Manuel Fangio et Stirling Moss disposent des versions à empattement court (2150 mm), tandis que Karl Kling et Piero Taruffi (qui débute dans l'équipe) se sont vu attribuer les versions à empattement moyen (2210 mm)[3].
La Scuderia Ferrari a renoncé à aligner ses modèles 555 'Super Squalo', les jugeant peu adaptés au tracé sinueux d'Aintree. Mike Hawthorn, Maurice Trintignant et Eugenio Castellotti disposent des anciens modèles 625 (dérivés de la 500 F2), dont la tenue de route est jugée plus sure. Ces monoplaces sont équipées d'un moteur à quatre cylindres en ligne développant environ 250 chevaux à 7500 tr/min[4], et leur poids est de l'ordre de 630 kg.
Au nombre de huit, les 250F sont les monoplaces les plus représentées du plateau. L'usine en aligne quatre pour Jean Behra, Roberto Mieres, Luigi Musso et André Simon, les quatre autres, engagées à titre privé, étant pilotées par Peter Collins, Roy Salvadori, Lance Macklin et Horace Gould. Ces voitures sont équipées d'un moteur six cylindres en ligne développant près de 250 chevaux à 7200 tr/min et pèsent 620 kg[5].
La nouvelle Type 32 à huit cylindres n'étant pas prête, Amédée Gordini a engagé trois anciens modèles T16, confiés à Robert Manzon, Hermano da Silva Ramos et Mike Sparken. Manquant de puissance (à peine 220 chevaux) et ne bénéficiant pas d'une préparation adéquate à cause de moyens financiers limités, ces monoplaces ne peuvent espérer un résultat honorable, malgré l'atout de leur légèreté (moins de 600 kg à vide[6]).
Hawthorn ayant quitté Vanwall en cours de saison, c'est désormais l'Américain Harry Schell qui est chargé de la mise au point de cette monoplace à moteur quatre cylindres à injection, développant 250 chevaux à 7000 tr/min. Équipée de freins à disques, elle pèse 570 kg à vide[7]. Tony Vanderwell a engagé deux voitures, Schell étant épaulé par Ken Wharton, désormais rétabli des suites de son accident survenu lors de l'International Trophy.
Connaught Engineering a engagé deux monoplaces 'Type B' carénées, motorisées par un quatre cylindres Alta développant 240 chevaux à 6500 tr/min. Équipées de freins à disques, ces voitures pèsent 590 kg à vide[7]. Elles sont pilotées par Kenneth McAlpine et Jack Fairman. Leslie Marr dispose d'une voiture identique, engagée à titre privé. Rob Walker a engagé une version à carrosserie ouverte de cette monoplace, confiée à Tony Rolt.
Bien qu'officiellement engagée par l'usine, la Cooper T40 a été entièrement réalisée par Jack Brabham. Cette monoplace carénée devait à l'origine être équipée du moteur six cylindres 2,2 litres Bristol, en position centrale arrière. N'ayant pu en disposer, le pilote australien a dû se rabattre sur l'antique six cylindres deux litres de la marque, développant seulement 140 chevaux[4], lui interdisant tout espoir de bien figurer. Coureurs inscritsQualificationsLes essais qualificatifs ont lieu les jeudi et vendredi précédant la course. Beaucoup découvrent le circuit, et pratiquement tous les pilotes sont en piste dès la première session, désireux d'assimiler le tracé au plus vite. Stirling Moss est un des rares à connaître la piste, il se montre d'entrée le plus rapide au volant de sa Mercedes à châssis court. Il améliore son temps le vendredi, à plus de 144 km/h de moyenne, s'octroyant la pole position[9]. Juan Manuel Fangio réalise un chrono pratiquement identique, à seulement deux dixièmes de seconde de son coéquipier. Troisième à une seconde de Moss, Jean Behra complète la première ligne, s'étant montré plus rapide que les deux autres Mercedes pilotées par Karl Kling et Piero Taruffi.
Grille de départ du Grand Prix
Déroulement de la courseLe départ est donné le samedi à 14 h 30, par temps chaud et ensoleillé. Environ cent mille spectateurs assistent à la course[11]. Les deux Mercedes de Juan Manuel Fangio et Stirling Moss sont les plus rapides au départ, alors que Jean Behra (Maserati), également en première ligne, hésite et se fait déborder par les Mercedes de Karl Kling et Piero Taruffi. Fangio et Moss repassent roues dans roues devant les stands, quelques secondes devant Behra qui a dépassé Taruffi puis Kling au cours de ce premier tour. Au troisième passage, Moss a pris la tête devant Fangio, tandis que Behra, troisième, ne peut suivre le rythme et perd du terrain sur les hommes de tête. Derrière, on assiste à une belle bagarre pour la quatrième place entre Roberto Mieres (Maserati), Kling et Taruffi. Au septième passage, le retard de Behra, qui roule isolé, s'élève à quatorze secondes, et la victoire semble déjà acquise aux Mercedes, d'autant que le pilote français renonce au cours du dixième tour, conduite d'huile cassée. Moss et Fangio comptent alors près d'une trentaine de secondes d'avance sur leur coéquipier Kling, toujours talonné par Mieres. Taruffi suit à quelques secondes, suivi de près par Luigi Musso (Maserati). Parti de la dernière ligne sur une Maserati privée, Peter Collins effectue un beau début de course et occupe la huitième position, derrière la première Ferrari pilotée par Mike Hawthorn. Au onzième tour, Musso dépasse Taruffi ; ces deux pilotes rejoignent bientôt Kling et Mieres, qui se disputent la troisième place. La lutte est intense dans ce groupe de quatre voitures. Au dix-huitième tour, Fangio reprend le commandement à Moss, tandis que Mieres parvient à dépasser Kling pour le gain de la troisième place. Kling redouble Mieres deux boucles plus tard, tandis que Taruffi dépasse Musso. En tête, Fangio est suivi comme son ombre par Moss, mais la bataille entre les deux pilotes reste très courtoise, le champion argentin allant jusqu'à élargir volontairement sa trajectoire pour faciliter les dépassements d'attardés à son coéquipier[1]. Moss reprend l'avantage au cours du vingt-sixième tour, et commence à se détacher légèrement, au rythme d'une demi-seconde au tour. Collins, qui roulait en septième position après avoir dépassé la Ferrari d'Hawthorn, abandonne au cours du trentième tour, embrayage hors d'usage. Jusqu'à la mi-course, les positions des quatre premiers ne vont plus évoluer, tandis que Musso et Taruffi, toujours à la lutte, se succèdent à la cinquième place. Septième, Hawthorn compte un tour de retard sur les hommes de tête ; le pilote britannique semble en difficulté et s'arrête à la fin du quarante-sixième tour pour céder sa place à son coéquipier Eugenio Castellotti, qui avait abandonné en début de course. Moss compte alors environ dix secondes d'avance sur Fangio et cinquante sur Kling qui se retrouve bientôt isolé, Mieres étant lâché par son moteur. Musso, quatrième, a réussi à prendre quelques secondes d'avance sur Taruffi, mais le vétéran italien commence à accélérer l'allure et regagne progressivement du terrain. En quelques tours, il effectue la jonction et au cinquante-sixième passage devant les stands, il est devant son adversaire, qui perd rapidement du terrain. Quatre Mercedes sont désormais en tête ! La fin de course n'apporte aucun changement au classement. Fangio parvient à revenir dans les roues de Moss en fin d'épreuve, mais le jeune Britannique conserve l'avantage jusqu'au bout, franchissant la ligne avec une demi-longueur d'avance sur l'Argentin, qui grâce à sa deuxième place conquiert un troisième titre mondial. Terminant aux quatre premières places, les Mercedes se sont une nouvelle fois révélées imbattables et ont littéralement ridiculisé leurs adversaires, Musso, cinquième, étant relégué à près de deux tours du vainqueur. La Ferrari d'Hawthorn, reprise par Castellotti, ne termine que sixième, à plus de trois tours du vainqueur. C'est la première fois depuis le Grand Prix de Belgique 1950 qu'aucune Ferrari ne termine dans les points[12] ! Classements intermédiairesClassements intermédiaires des monoplaces aux premier, troisième, septième, dixième, quinzième, vingtième, trentième, quarantième, cinquantième, soixantième et soixante-quinzième tours[13].
Classement de la course
Légende:
Pole position et record du tour
Tours en tête
Classement général à l'issue de la course
À noter
Notes et références
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