Grand Prix automobile de Belgique 1955Grand Prix de Belgique 1955
Le Grand Prix de Belgique 1955 (XVIIe Grand Prix de Belgique / XVII Grote Prijs van Belgie), disputé sur le circuit de Spa-Francorchamps le , est la quarante-cinquième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la quatrième manche du championnat 1955. Contexte avant le Grand PrixLe championnat du mondeLa saison 1955 de Formule 1 est la seconde à se dérouler sous l'égide de la réglementation 2,5 litres (moteur 2 500 cm3 atmosphérique ou 750 cm3 suralimenté, carburant libre). Cette saison qui promettait un affrontement équilibré entre les équipes Mercedes et Lancia et de leurs champions respectifs Juan Manuel Fangio (titré en 1951 et 1954) et Alberto Ascari (titré en 1952 et 1953) a hélas tourné au drame avec la disparition de ce dernier le lors d'essais d'un prototype sur la piste de Monza. Le printemps a également été fatal au grand pilote américain Bill Vukovich, accidenté lors des 500 miles d'Indianapolis qu'il était en passe de remporter pour la troisième fois consécutive, ainsi qu'à son compatriote Manny Ayulo, mortellement accidenté lors des essais qualificatifs de cette même course. La perte d'Ascari est un coup dur pour Lancia, et la marque italienne, qui connait en outre des difficultés financières, a décidé de renoncer à la compétition. Grâce à sa victoire surprise à Grand Prix automobile de Monaco 1955, où la plupart des favoris avaient abandonné, le pilote Ferrari Maurice Trintignant est en tête du championnat du monde avec un point d'avance sur Fangio, vainqueur de l'épreuve d'ouverture en Argentine. Le circuitTracé routier extrêmement rapide, bénéficiant d'un excellent revêtement, le circuit de Spa-Francorchamps emprunte le réseau routier des Hautes Fagnes, au sud de Liège. C'est en 1924 qu'y eut lieu la première compétition automobile. Le record de la piste a été établi en 1951 par Juan Manuel Fangio au volant de son Alfa Romeo Alfetta, à près de 194 km/h de moyenne. Monoplaces en lice
Quatre W196 à carrosserie ouverte ont été engagées par l'usine, deux à empattement moyen (2210 mm), deux à empattement long (2350 mm). Juan Manuel Fangio préfère la version longue pour ce circuit, alors que Stirling Moss choisit la version plus courte[1]. Karl Kling a fait le même choix que Fangio alors que la quatrième voiture sert ici de mulet, en l'absence d'Hans Herrmann qui s'est blessé lors des essais du Grand Prix de Monaco. Le moteur à huit cylindres en ligne de la W196, alimenté par injection directe et à distribution desmodromique, développe 290 chevaux à 8500 tr/min. La boîte de vitesses ZF est à cinq rapports, le freinage est assuré par de gros tambours, montés "inboard". Le poids à vide est de 690 kg, soit environ 750 kg en ordre de marche (avec lubrifiant, liquide de refroidissement, et quelques litres de carburant[2]).
La Scuderia Ferrari dispose de trois 555 Supersqualo, dérivées de la 553 de la saison passée, et d'un ancien modèle 625 servant de mulet. Ces voitures disposent d'un moteur à quatre cylindres en ligne, développant environ 250 chevaux à 7500 tr/min[3], et pèsent environ 625 kg. Les trois 555 sont confiées à Giuseppe Farina, Maurice Trintignant et Paul Frère, ce dernier prenant la place de l'Américain Harry Schell dont la piètre prestation à Monaco a mécontenté Enzo Ferrari[4]. Le vétéran italien Piero Taruffi, qui était également engagé, n'est pas présent à Francorchamps.
Comme à Monaco, l'usine a engagé quatre 250F pour Jean Behra, Roberto Mieres, Luigi Musso et le jeune Cesare Perdisa, récemment intégré à l'équipe. La 250F est équipée d'un moteur six cylindres en ligne développant près de 250 chevaux à 7200 tr/min, la voiture pesant 620 kg[5]. Deux 250F privées sont également présentes, Louis Rosier pilotant sa propre voiture, tandis que Stirling Moss a confié la sienne à Johnny Claes.
La Scuderia Lancia avait initialement engagé trois D50 pour Alberto Ascari, Luigi Villoresi et Eugenio Castellotti. Seul ce dernier est présent à Francorchamps, Lancia ayant pris la décision de se retirer de la compétition après l'accident mortel de son leader le . Castellotti a toutefois insisté pour courir en Belgique. Lancia a finalement mis une voiture et son équipe courses à la disposition du jeune pilote italien, engagé à titre privé. Caractérisée par ses réservoirs latéraux entre les roues, la D50 est une monoplace très compacte animée d'un moteur V8 développant 260 chevaux[6]. Son poids est inférieur à 600 kg.
Tony Vandervell avait initialement engagé deux modèles 55 (570 kg, freins à disques, moteur quatre cylindres à injection Bosch, 250 chevaux à 7000 tr/min[7]) pour Mike Hawthorn et Ken Wharton. Ce dernier n'est cependant pas rétabli de son accident survenu lors de l'International Trophy à Silverstone, et seul Hawthorn est présent en Belgique.
Amédée Gordini, qui avait engagé deux anciens modèles T16 pour Robert Manzon et Élie Bayol, a finalement déclaré forfait pour cette course. Coureurs inscrits
QualificationsLes séances qualificatives se déroulent les jeudi, vendredi et samedi précédant le grand prix. Dès la première journée, on assiste à un affrontement entre les Mercedes de Juan Manuel Fangio et Stirling Moss et la Lancia d'Eugenio Castellotti. Sur ce circuit qu'il découvre, le jeune pilote italien est très motivé, tenant absolument à faire honneur à son mentor Alberto Ascari, disparu une semaine plus tôt. À la fin de la seconde journée d'essais, il parvient à réaliser un tour à près de 197 km/h de moyenne, une demi-seconde devant Fangio et plus d'une seconde devant Moss ! Cette performance va lui valoir la pole position, la session du samedi se déroulant entièrement sous la pluie. Dans ces conditions difficiles, Castellotti a confirmé sa performance de la veille, n’étant devancé que de quatre dixièmes de seconde par Fangio, le plus rapide sous la pluie, qui a bouclé un tour en 4 min 52 s 8[9] (173,6 km/h). Fangio et Moss s'élanceront donc aux côtés de Castellotti sur la première ligne. Les Ferrari et Maserati se sont montrées en retrait par rapport aux Mercedes et Lancia : Giuseppe Farina (Ferrari Super Squalo) est relégué à près de trois secondes de Castellotti, Jean Behra (Maserati 250F) s'étant qualifié à cinq secondes et demie de la pole position. Tous deux s'élanceront de la seconde ligne.
Grille de départ du Grand Prix
Déroulement de la courseIl fait beau et chaud au moment du départ et la piste, détrempée la veille, a complètement séché. Juan Manuel Fangio (Mercedes) est le plus prompt au départ, débordant la Lancia d'Eugenio Castellotti qui s'élançait en pole position. Au pont de l'Eau Rouge, Fangio devance Castellotti, les deux autres Mercedes de Stirling Moss et Karl Kling et la Maserati de Jean Behra[11]. Moss déborde rapidement Castellotti et au premier passage devant les stands, les deux Mercedes de Fangio et Moss sont déjà nettement en tête, devant Castellotti. Derrière, la bataille pour la quatrième place fait rage entre Kling, Giuseppe Farina (Ferrari), Behra et Paul Frère (Ferrari), dans cet ordre. Ayant connu des problèmes au départ, Luigi Musso (Maserati) s'est élancé le dernier, mais a déjà regagné trois places. Au cours du second tour, Fangio creuse l'écart sur Moss, tandis que Farina se rapproche de Kling. Au second passage devant les stands, le vétéran italien précède le pilote allemand, et se rapproche maintenant de Castellotti. En proie à des problèmes d'allumage, Maurice Trintignant (Ferrari) s'arrête à son stand, d'où il repartira après avoir perdu quatre minutes. Après trois tours, Fangio compte déjà plus de cinq secondes d'avance sur Moss, lui-même cinq secondes devant Castellotti et Farina, roues dans roues, tandis que Kling et Behra, talonnés par Frère, se disputent la cinquième place. Bien revenu, Musso est désormais huitième. Cependant, alors qu'il termine son quatrième tour, à la sortie du virage du Clubhouse négocié à 180 km/h, Behra met deux roues dans l'herbe et perd le contrôle de sa Maserati, qui effectue un tête à queue et termine sa course dans le fossé. Heureusement indemne, le pilote français regagne son stand à pied[12]. Les tours suivants apportent peu de changement en tête, les deux Mercedes semblant se jouer de leurs adversaires. Au stand Maserati, on a fait stopper Roberto Mieres, qui cède sa voiture à Behra. Le pilote français repart en neuvième position, avec un tour de retard sur les leaders. Au quart de la course, Fangio compte une dizaine de secondes d'avance sur son coéquipier Moss, une quinzaine sur Castellotti et Farina toujours roues dans roues. Musso a poursuivi sa remontée, et occupe maintenant la cinquième place devant Kling et Frère. L'intérêt de la course repose désormais sur les duels entre Castellotti et Farina pour la troisième place, et entre Musso et Kling pour la cinquième. Peu avant la mi-course cependant, Castellotti ne passe plus : la boîte de vitesses de la Lancia est hors d'usage, et le jeune pilote italien doit renoncer. Farina accède à la troisième place, devant Kling qui vient de repasser Musso. À la mi-course, Musso a repris la quatrième place à Kling, mais peu après sa Maserati rencontre des problèmes d'allumage et il doit s'arrêter au stand pour remplacement des bougies, perdant plus d'un tour. Kling ne profite pas longtemps de sa position, abandonnant quelques tours plus tard à cause d'une conduite d'huile cassée, permettant à Frère d'accéder à la quatrième place. Les positions ne vont plus évoluer jusqu'à la fin de la course, Fangio et Moss gérant leur avance sur les Ferrari de Farina et Frère, qui sont les seuls à ne pas être doublés par les deux Mercedes de tête. Fangio remporte la victoire après avoir mené de bout en bout, et reprend la tête du championnat du monde. Malgré une pression d'huile à zéro et un début de crevaison dans le dernier tour[13], Moss parvient à rallier l'arrivée en seconde position. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des monoplaces aux premier, troisième, cinquième, neuvième, dix-huitième et vingt-septième tours[14].
Classement de la course
Pole position et record du tour
Tours en tête
Classement général à l'issue de la course
À noter
Notes et références
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