François SommerFrançois Sommer
Compléments
François Sommer, né le à Mouzon (Ardennes) et mort le à Paris, est un industriel et un résistant français. Investi dans la chasse, il fonde en 1950 l'Association nationale des chasseurs de grand gibier, qui est à l'origine des premiers plans de chasse (1954) ou des arrêtés ministériels autorisant le tir d'été du brocard (1956). Il est également à l'origine de la création de la fondation François-Sommer pour la chasse et la nature, du musée de la Chasse et de la Nature et du parc de Bel-Val dans les Ardennes. BiographieLes premières annéesSon enfance dans les Ardennes développe en lui le goût de la nature et des grands espaces. Il est l'ainé des enfants Sommer, et partage avec ses frères Pierre et Raymond, une passion pour le sport et l'aventure[1]. Auprès de son père, Roger Sommer qui fut l'un des pionniers de l'aviation, il goûte très jeune à l'aventure. En 1910, à l'âge de six ans, François Sommer effectue son baptême de l'air avec son père[2]. L'aventure aérienne et la découverte de l'AfriqueEn 1924, il convainc son père de louer l'ancien territoire de chasse de Bel-val, qui fait près de 1000 hectares dans le massif forestier des Dieulets et ne compte plus alors que deux ou trois couples de chevreuil[3]. En 1934, il traverse l'Afrique du Nord au Sud à bord d'un petit avion Fairchild 24 de tourisme. Il épouse Paule Darrigrand, le [4]. L'engagement dans la guerre et la résistance militaireNavigateur dans la 34e escadre de bombardementDevenu un aviateur expérimenté, il se distingue brillamment pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est mobilisé au Bourget en septembre 1939 et est affecté à la 34e escadre de bombardement, avec le grade de sergent-chef, le [5]. Le à l'aube, les lignes de défense autour de Sedan sont attaquées par mille cinq cents avions des 1er et 2e Fliegerkorps de la Luftwaffe. Les chasseurs et bombardiers viennent en appui de l'infanterie composée de dix mille hommes, trois cents chars et trois mille véhicules. La 34e escadre est versée dans le groupement de bombardement no 9 (GB 9) et se retrouve en première ligne, basée à Montdidier et à Roye en Picardie. François Sommer se retrouve aux commandes d'un vieux bombardier Amiot 143, de 1934, avec un équipage de quatre hommes. Le lieutenant Gaston Palewski, directeur de cabinet de Paul Reynaud qui a demandé à rejoindre une unité combattante, se retrouve ainsi à ses côtés[6]. Il effectue de nombreuses missions et est honoré de deux citations à l’ordre de la division[5]. Le II/34 effectue sa dernière mission de guerre le sur Château-Thierry. Deux jours plus tard, l'ordre d'évacuation vers le Maroc est donné afin d'éviter que les avions ne tombent au main des allemands. Replié à Meknès, la GB 9 se voit attribuer une citation à l'ordre de l'armée par le général Joseph Vuillemin, commandant en chef des forces aériennes. Après l'armistice du , François Sommer est démobilisé le . Il regagne la France et retrouve son épouse dans les Ardennes[6]. La résistance intérieure avec Ceux de la LibérationDe retour en France occupée, il rejoint, en novembre 1940, le réseau de la résistance "Ceux de la Libération" (CDLL), l'un des huit grands mouvements de la Résistance intérieure que viennent de créer Maurice Ripoche et Jacques Ballet. Il devient l'un des responsables de ce mouvement, avec Maurice Ripoche, Jacques Ballet et Gilbert Médéric-Védy. Leur action permet d'obtenir des plans allemands et des informations sur les déplacements de troupes ennemies[5]. En fin d'année 1942, François Sommer est recherché par la Gestapo, il décide de rejoindre les Forces aériennes françaises libres en passant en Angleterre, en compagnie de Jacques Ballet, en convoyant avec eux un sergent mitrailleur américain. La traversée des Pyrénées est très difficile avec le renforcement des patrouilles allemandes et une météo difficile. Les trois hommes franchissent le Val d'Aran, sous la neige à l'aube du . Deux jours plus tard, ils sont arrêtés en Catalogne par la garde civile, et se font passer pour des citoyens canadiens pour obtenir leur libération. Après un mois d'incarcération difficile à Lérida, ils sont libérés et dirigés sur Madrid. L'ambassade britannique leur fournit un sauf-conduit pour Londres, qu'ils rejoignent par un convoi partant de Gibraltar[5],[6]. Navigateur dans le groupe de bombardement LorraineDès son arrivée à Londres, en mars, François Sommer se présente au bureau de recrutement de la Royal Air Force, et se rajeunit de huit ans pour être admis à voler. Il est affecté aux forces aériennes françaises libres et intégré au groupe de bombardement Lorraine qui est officiellement reconstitué comme une unité française rattachée à la Royal Air Force et immatriculé Squadron no 342, le . Son entrainement commence aussitôt sur le terrain de West Raynham (Norfolk), où il est affecté à un bombardier bimoteur d'assaut, le Douglas A-20 Havoc avec l’appellation « Boston », donnée par la Royal Air Force, qui correspond à une commande initiale de la France[6]. François Sommer devient navigateur[7] au sein de l'équipage du "C" pour Charlie, Ville de Cherbourg. Il effectue avec ses compagnons d'arme quatre-vingt-trois missions de bombardement de jour et de nuit, sans aucune perte pour l'équipage, et devient l'avion le plus titré de l'escadre. Charlie bombarde le dépôt de locomotives de la gare de Tourcoing, sans toucher la ville, ou encore lance le raid de bombes fumigènes sur les plages du débarquement en Normandie à l'aube du . Après la participation aux combats en Normandie, les missions vont se déployer aux Pays-Bas puis en Allemagne, et l'escadre quitte sa base d'Hartford Bridge, pour Vitry-en-Artois, dans le Pas-de-Calais, le . Cet engagement vaut à tout l'équipage d’être nommé compagnon de la Libération. Le « Lorraine » reçoit la croix de la Libération et survole les Champs-Élysées en formation de croix de Lorraine, le [6]. Chef de cabinet dans l'état-major de l'armée de l'airEn octobre 1944, il est nommé lieutenant et chef de cabinet du général de division aérienne Martial Valin, chef d'état-major de l'armée de l'air (et ancien commandant des Forces aériennes françaises libres). Ce travail, qui consiste surtout à gérer les départs des personnels excédentaires avec la fin de la guerre, ne lui apporte peu de satisfactions, hormis l'estime et l'amitié d'hommes politiques qui fonderont la Ve République. Le chef d'entrepriseFrançois Sommer est démobilisé le avec le grade de capitaine après cinq années et deux mois d'active. Il retourne dans les Ardennes, pour retrouver les ateliers de la petite entreprise familiale de feutre créée en 1807, et gérée tant bien que mal pendant l'occupation par son père Roger. Les ateliers Sommer sortent relativement intacts de la guerre. L'usine, épargnée en 1940, a été bombardée entre le et le . Ces bombardements ont détruit 45 % des installations. Ils comptent 250 ouvriers qui travaillent, dans des conditions pénibles et avec des procédés traditionnels, le feutre et le simili-cuir, à base de déchets de cuir et de latex. L'entreprise produit des semelles de pantoufles, et de la thibaude, doublure de tapis ou de moquette qui confère une épaisseur et un moelleux. En 1947, Roger Sommer, soixante-dix ans, associe ses fils François et Pierre au capital et à la direction des usines Sommer, en transformant la société en SARL Roger Sommer et fils[8]. En 1953, il succède à son père à la tête de l'entreprise, devenue société anonyme, avec 250 salariés. François Sommer crée les marques Tapiflex et Tapisom, et scelle l'alliance des textiles et des plastiques. L'entreprise lance des campagnes de publicité, des démonstrations au Salon des arts ménagers et s'organise pour s'adapter à la grande distribution. En 1962, l'entreprise ouvre une nouvelle usine dans la zone industrielle de Sedan, et crée une société de distribution en Allemagne qui devient rapidement le deuxième marché de l'entreprise. La société dépasse les limites du marché national et devient une entreprise européenne, une référence dans le domaine des revêtements de sol[8]. En 1965, l'entreprise devient Sommer SA, elle fait un chiffre d'affaires de 237,5 millions de francs, avec 1916 employés[9]. Ouvert sur les questions sociales, François Sommer est l’un des tout premiers patrons à appliquer l'ordonnance facultative du sur l'intéressement aux résultats de l'entreprise, puis celle du sur la participation[10]. Voyage, protection de la nature et chassesAprès la guerre, il reprend ses voyages. L’Afrique reste l'une de ses terres de prédilection. Dans les années cinquante, afin de lutter contre une chasse intensive et meurtrière, il propose la création de la réserve de Manda, au Tchad, qui deviendra parc national grâce à ses interventions. Dans une perspective semblable, il entreprend de faire du parc de Bel-Val dans les Ardennes, une réserve de la faune française en y acclimatant des animaux sauvages[11]. Ami de Mariano Freiherr von Droste zu Hülshoff à Adenau, il se laisse inspirer par l' encadrement et la manière de chasse allemand. Ce goût passionné de la nature est partagé par son épouse Jacqueline Sommer (1913-1993). Non contente d’accompagner son mari dans ses lointaines expéditions de chasse, elle fonde l'Association sportive de la chasse photographique française et organise, en 1963, le premier festival international de films de chasse et de nature[12]. Les dernières annéesFrançois Sommer est probablement atteint d'un cancer du foie, qui s'avère rapidement inopérable, malgré des traitements à l'hôpital américain de Neuilly, en . Il meurt à son domicile parisien du Quai d'Orsay, le . Ses obsèques eurent lieu dans l'église de Mouzon. Il fut ensuite inhumé peu après dans le cimetière de Belval-Bois-des-Dames. Cette épitaphe est gravée sur sa tombe : « François Sommer, Compagnon de la Libération, a cherché à développer l’esprit social chez les hommes et s’est consacré à la mise en valeur de la nature vivante et sauvage. »[13]. Décorations
Opinions de François SommerL'entreprise sociale par l'engagement politiqueVenu tard aux affaires, en 1953, il succède à son père à la tête de la manufacture de feutres de Mouzon, créée en 1887 par son grand-père Alfred Sommer. Sous son impulsion, cette petite industrie se développe vigoureusement et devient la première société mondiale dans le domaine des revêtements de sol. Ouvert aux questions sociales, François Sommer est l'un des tout premiers à instituer l'intéressement de ses employés au résultat de l'entreprise. Ces initiatives ont été diversement appréciées à l'époque, tant du côté organisations patronales que du côté syndicat de salariés[15]. Il crée avec son frère Pierre Sommer (1909-2002) la Fondation François-et-Pierre-Sommer, fondation d'entreprise dédiée à l'action sociale en faveur des anciens salariés de la société Sommer et de leurs descendants dans le berceau historique de l'entreprise à Mouzon[16]. L'encadrement de la chasseFrançois Sommer est conscient de la mutation de la société française : de majoritairement rurale qu’elle était au début du siècle, elle devient citadine ce qui modifie consécutivement les rapports de l’homme à la nature. Son action est particulièrement marquante dans le domaine de la réglementation de la chasse. Il inspire des réformes favorisant l’essor du grand gibier en France : évolution des méthodes de repeuplement, création de chasses pilotes, délimitation de territoires cynégétiques, adaptation des dates d'ouverture et de fermeture à chaque gibier, etc. Il suggère également pour la chasse, et pour la pêche, de créer une direction indépendante de l'administration des forêts[17]. Il milite plus généralement auprès des pouvoirs publics pour la création d’un ministère de l'Environnement[13]. Publications
Films documentaires
PostéritéPour promouvoir leurs conceptions, François et Jacqueline Sommer créent, en 1964, dans un hôtel particulier du Marais, la Maison de la Chasse et de la Nature, institution originale qui est reconnue d’utilité publique. Celle-ci, devenue la fondation François-Sommer pour la chasse et la nature et, aujourd'hui, la fondation François Sommer[19], y a installé le musée de la Chasse et de la Nature[20]. Notes et références
Voir aussiBibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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