Le chêne Clovis, ou simplement le Clovis, est un ancien arbre remarquable situé dans la forêt de Fontainebleau, en France. Pluriséculaire et représenté dans de nombreuses œuvres, il est détruit lors d'un incendie en 1904.
Le chêne aurait été regardé comme le plus vieux de la forêt, d'après ce que rapporte en 1845 le géologue Léonce Élie de Beaumont dans ses Leçons de géologie pratique[1]. En ce qui concerne son nom de Clovis, l'historien local Félix Herbet précise dans son Dictionnaire historique qu'il était déjà connu ainsi en 1839[2]. Cependant, en 1836 déjà, le poète-menuisier bellifontain Alexis Durand en écrit une note dans ses Poèmes en quatre chants avec cette dénomination[3].
Dans la semaine du au , un incendie éclate sur des terrains compris entre le chêne et le chemin conduisant à la mare à Piat : « peu important en raison du terrain peu planté en arbres, parsemé de trous et de rochers », le Clovis en est épargné[4]. Un autre incendie a toutefois raison de lui : celui d'une série ayant lieu les et [5],[6],[7]. L'écrivain belge Eugène Demolder écrit dans L'Art moderne ses observations du : « du Clovis il reste un monceau de cendres, quelques branches grisâtres, un bout du tronc écroulé que les flammes achèvent lentement. Des soldats, autour, assistent à son agonie, comme à celle d'un héros. »[7]. Plusieurs photographes immortalisent d'ailleurs les scènes des incendies et un en particulier, M. Ménard, à l'occasion de l'installation chez lui d'un atelier de phototypie, imprime une carte postale avec la mort de ce chêne de pair avec celui d'un autre, victime lui aussi de l'incendie dans le même secteur[5],[6].
Cartes postales du Clovis à la suite de l'incendie
Le Clovis en proie aux flammes, brisé, photographié probablement pendant l'incendie.
Le Clovis détruit avec les soldats l'observant autour, le .
Structure
Le poète-menuisier Alexis Durand précise ainsi que « cet arbre, qui en formait deux autrefois, n'a plus d'écorce ; encore présente-t-il au Nord une ouverture, par où plusieurs personnes peuvent s'introduire et se cacher ensemble dans le tronc du vieil arbre »[3]. Léonce Élie de Beaumont le décrit, quant à lui, en 1845, comme « un chêne creux, presque dépouillé de ses branches »[1].
Représentations culturelles
Arts visuels
Dans les arts visuels, les chênes de la forêt de Fontainebleau sont représentés avec prépondérance[8]. Le Clovis se range donc aux côtés d'autres chênes notoires du massif multiplement représentés comme les chênes Charlemagne, Henri-IV ou bien Sully[9].
1846 : dessins et lithographies par Georges Muller[2]
Poème d'un dénommé F. Hamelin cité par Eugène Plouchart en 1925, inspiré par le verglas du [10] :
« [...] Charlemagne, Clovis, Pharamond ces vieillards
Qu'a respecté des ans le flot hardi, hagards,
Sentant le sol trembler sous leurs pieds séculaires,
Épouvantés devant ces brutales colères
Que leur antique front ne connaît encor pas
Tressaillent, et l'un l'autre ils se causent tout bas... »
« Le Clovis, atterré, ne dit rien et songe. En même temps, il écoute un petite oiseau, et ce petit oiseau chante, « de son gosier », un chant d'espoir. »
Références
↑ a et bLéonce Élie de Beaumont, Leçons de géologie pratique : professées au Collége de France, pendant l'année scolaire 1843-1844, vol. 1, Paris, P. Bertrand, , 557 p. (lire en ligne), « Végétaux séculaires », p. 172
[Herbet 1903] Félix Herbet, Dictionnaire historique et artistique de la forêt de Fontainebleau : Routes, carrefours, cantons, gardes, monuments, croix, fontaines, puits, mares, environs, moulins, etc., Fontainebleau, Bourges, , 522 p. (lire en ligne).
[Loiseau 1970] Jean Loiseau, Le Massif de Fontainebleau, Melun, Moret, Nemours, Malesherbes, Château-Landon, Montereau, Vigot Frères, , 503 p. (lire en ligne)
[Plouchart 1925] Eugène Plouchart, Fontainebleau : Petites pages d'histoire locale, Fontainebleau, Bourges, , 193 p. (lire en ligne), « Roman de la 21e série », p. 135-193.