Le château médiéval de Clermont (Clarus mons, Claromont, Clarmonz) est un ancien château fort, du XIe siècle, siège d'une châtellenie, dont les vestiges se dressent sur la commune de Clermont dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Dans la partie basse du château, dite plain-château, a été édifié à la fin du XVIe siècle, par l'évêque Gallois de Regard un château de plaisance de style Renaissance, à partir des pierres du vieux château.
Situation
Les ruines du château de Clermont se dressent dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune de Clermont, au sommet d'un crêt molassique le « Molard » dit « mont Saint-Jean » à 650 mètres d'altitude. Au Moyen Âge, Clermont devient une importante bourgade fortifiée. Ces remparts venaient se raccorder à celle du plain-château.
Le château surveillait la route de Chambéry à Genève et le carrefour des routes vers Seyssel à l'ouest et vers Sallenôves à l'est.
Histoire
Le château de Clermont, mentionné sous les formes Clarus mons, Claromont, Clarmonz[2], est à l'origine la possession des seigneurs de Clermont. La famille de Clermont est mentionnée en 1060[3] comme vassal des comtes de Genève. Le château passe, à l'extinction de la lignée vers la fin du XIIe siècle[4], aux comtes, qui en feront le centre d'une châtellenie, puis au XIVe siècle[4], le siège du bailliage du Genevois. Aux XIIIe et XIVe siècles, les comtes qui résident habituellement au château d'Annecy en font leur résidence d'été[5] et y font des travaux.
Dans l'enceinte basse ou plain-château des familles nobles de la région y ont une demeure ; on peut citer les familles de Hauteville, Pelly (avant le XVe siècle), et après le passage du fief aux Savoie, l'installation des Viry, ainsi que les Regard, mentionnés à partir de 1395[7],[Note 1].
La famille Regard obtient la charge de châtelain de Clermont. Pierre de Regard sera d'ailleurs anobli en 1511[7], et en 1512 y naît Gallois de Regard, son fils[4].
En 1630, à la suite de l'invasion du duché de Savoie par les troupes de Louis XIII, le château est définitivement ruiné[10].
Description
Il ne subsiste aujourd'hui que de rares vestiges du château médiéval, on distingue encore les débris d'une enceinte et les soubassements du donjon cylindrique de 10,40 m de diamètre. Cette tour maitresse circulaire isolée à l'origine qui avait des murs d'une épaisseur de près de 4 mètres fut vraisemblablement érigée dans le deuxième quart du XIIIe siècle[11]. On lui accola par la suite un logis, faisant de cet ensemble un « donjon », sans en modifier son accès qui se trouvait en hauteur[12].
Il comprenait deux enceintes, une enceinte basse, ou « plain-château »[13], et une enceinte haute. Dans cette dernière s'élevait un donjon enchemisé lui-même par un mur circulaire, deux tours et un corps de logis.
Campagne de fouille de juillet 2017
Une campagne de fouille a été réalisée sur le site disparu du château comtal durant le mois de , sous la conduite de Loïc Benoit, archéologue à l’Unité départementale de l’architecture et du patrimoine (UDAP) du conseil départemental de la Haute-Savoie et doctorant au Centre interuniversitaire d'histoire et d'archéologie médiévales[14]. Une prospection géophysique a été réalisée afin d'étudier l'emplacement probable de la tour-maîtresse de l'ancien château[14]. L'analyse permet de révéler des murs de 3,70 mètres d’épaisseur[14]. Les fouilles ont notamment permis d'établir que l'eau était amenée par des conduites en sapin[15].
Châtellenie de Clermont
Le château de Clermont est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[16]. Il s’agit plus particulièrement d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève[17].
Au XVIIe siècle, les armes du mandement de Clermont se blasonnaient ainsi : une clef d'or en champ de gueules avec une truffe au-dessous de la clef[18].
Dans le comté de Genève[19], puis le comté de Savoie à partir de 1401, le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[20],[21]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[22]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[23].
Châtelains de Clermont, du XIVe au XVIe siècle[24],[25]
1365-1384 : les fils d'Aymon de Compois, co-châtelains ;
1384-1395 : Aymon (II) de Compois, fils du précédent ;
Administration savoyarde
15 mars 1402-22 septembre 1456 (également receveur pour les périodes du 15 mars 1402 au 15 mars 1404, du 21 janvier 1422 au 21 janvier 1423, du 21 janvier 1431 au 21 janvier 1432, du 21 janvier 1441 au 21 janvier 1442, du 21 janvier 1450 au 21 janvier 1451) : Pierre Bonivard ;
14 mai 1465-21 janvier 1475 (également receveur pour la période du 21 janvier 1466 au 21 janvier 1467) : Nicod de Menthon, seigneur de Montrottier ;
21 mai 1475-22 janvier 1492 (également receveur pour les périodes du 21 mai 1475 au 21 janvier 1476, du 21 janvier 1486 au 21 janvier 1487) : Claude d'Avanchy ;
21 janvier 1492-21 janvier 1495 : Louis de Châtillon ;
21 janvier 1495-21 janvier 1498 (également receveur pour la période du 21 janvier 1497 au 21 janvier 1498) : Georges Durand ;
21 janvier 1498-21 janvier 1502 : Barthelemy de Montbel ;
1502-21 janvier 1515 (également receveur pour la période du 21 janvier 1504-21 janvier 1505) : Claude de Ballaison (Baleyson).
↑Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[27].
↑Qualité donnée à une personne en fonction de son rang social attribuée par les notaires, équivalent de sieur[27], Égrège« adj., masc, titre ou qualité qu'on donnait quelquefois dans les actes du quinzième siècle à un homme d'un grand savoir, et d'une grande probité ; il accompagnait ordinairement celui de noble, ou de magnifique. »[28].
↑Honorable est une qualité associé aux artisans qui ont réussi[27].
↑Laurent Perrillat, « Les apanages de Genevois au XVe siècle. Quelques résultats de recherches sur les institutions et les hommes », Etudes savoisiennes, no halshs-0102376, (lire en ligne).
↑Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève. Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe – XIVe siècle), coll. « Mémoires et documents », Annecy, Académie salésienne, 2003, 646 p., (ISBN2-901102-18-2), p. 297.
↑J.-F. Gonthier, « Funérailles de Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1659) », Revue savoisienne, vol. XI, no série II, , p. 249 (lire en ligne).
↑Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN978-2-85944-438-9), p. 237-257.
↑Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
↑Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
↑Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècles », p. 936-937, « Clermont ».
Laurent d'Agostino, Évelyne Chauvin Desfleurs, « Le Château de Regard à Clermont-en-Genevois : un renouvellement des connaissances par l'archéologie du bâti », Châtoscope. Représentations multiples des Châteaux de Haute-Savoie, catalogue d’exposition, Annecy, p. 52-57.
Laurent d'Agostino, Évelyne Chauvin Desfleurs, Château de Regard (Clermont-en-Genevois, Haute-Savoie), R.F.O. de prospection, HADES / DRAC Rhône-Alpes, SRA, 2011, 3 vol.
Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, , p. 3.4. La châtellenie de Sallanches (lire en ligne [PDF]).
Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Éditions Cabédita, , 193 p. (ISBN978-2-88295-117-5), p. 53-55.