La famille Bonivard (latin Bonivardi) est une famille noble de Savoie, issue de la bourgeoise de Chambéry, et ayant obtenu des charges importantes dans le comté, puis duché de Savoie, du XIIIe au XVIe siècle.
Histoire
La famille Bonivard, issue de la bourgeoisie de Chambéry, a accédé au rang de la noblesse durant les XIIIe siècle et XIVe siècle[1],[2]. L'historien Pierre Lafargue qui a travaillé notamment sur cette famille relève que « Des années 1230 aux années 1530, la famille Bonivard exprime avec une remarquable vitalité les enjeux politiques et sociaux de la fin du Moyen Âge savoyard »[3].
Le généalogiste Amédée de Foras indique que ses membres seraient de « simples marchands », à partir des notes de Samuel Guichenon (XVIIe siècle)[1]. Les Bonivard semblent toutefois avoir obtenu des biens féodaux au cours du XIIIe siècle (Foras)[1], notamment dans les alentours de Chambéry, ainsi qu'en Maurienne[3]. Foras conclut que « c'est probablement ainsi que la noblesse est venue dans cette famille »[1].
Jacques Bonivard (le même ?), secrétaire du comte Thomas, est accusé par la tradition d'être à l'origine de « la colère divine, [provoquant ainsi] la chute partielle du mont Granier en 1248 »[2],[5]. Sa réussite rapide à la cour de Savoie, ainsi que sa prétendue « cupidité », seraient à l'origine de ces rumeurs[2]. Une autre version précise qu'un Bonivard aurait chassé les moines du prieuré de Saint-Benoit, à Granier, et qu'il s'y serait installé[6].
Pierre Bonivard, pour les services rendus au comte de Savoie, obtient le prieuré d'Arbin[7], en 1289. L'année suivante, il est mentionné comme bourgeois de Chambéry, dans un acte où il se porte débiteur pour un homicide[ReG 1]. En 1309, Guillaume de Bonivard est mentionné comme frère de l'ordre de Saint-Antoine, dans une sentence arbitrale[ReG 2].
Les Bonivard obtiennent dès le début du XIVe siècle de nombreuses charges auprès du comte de Savoie[2]. Jean Bonivard est « clerc des dépenses de l'Hôtel en 1300-1303 »[8]. Cette position lui permet de devenir « châtelain de Tarentaise en 1312, puis du Châtelard-en-Bauges de 1326 à 1340 »[8]. Il achète à Humbert de La Salle, en 1321, sa maison de Chambéry, avant d'acquérir par la suite son manoir à Montcharvin[9]. Pierre Bonivard est mentionné comme châtelain, notamment de Pont-de-Beauvoisin, du Châtelard-en-Bauges et à Ugine, entre 1334 et 1368[8].
Cette famille est implantée dès cette période à Seyssel, où ses représentants obtiennent la châtellenie dans les années 1350[3],[10]. Il s'agit notamment d'un certain Aymon, chevalier, châtelain au cours des deux périodes suivantes : 1357 à 1363, puis de 1384 à 1389, remplacer par son frère, François, pour la période de 1368 à 1378[8],[11]. Aymon est l'un des quinze premiers chevaliers de l'Ordre du Collier, lors de sa création par Amédée VI de Savoie, en 1364[1],[8]. Il obtient la charge de la châtellenie des Allinges, entre 1363 et 1380, et de vicaire de Turin[8], l'office équivalent du châtelain pour cette ville[11]. Son testament de 1373 permet de découvrir que le comte de Savoie lui doit des créances pour ses anciens offices de Saint-Jean de Maurienne et de Seyssel[11].
François Bonivard occupe les charges de capitaine des fortifications et châtelain de Tarentaise, ainsi que maître de l'Hôtel du comte de Savoie, entre 1375 et 1383[12].
La famille Bonivard s'éteint au cours du XVIe siècle[16]. Une branche cadette, installée à Vimines, dans la banlieue de Chambéry, part s'installer à Nice, vers le début du XVIIe siècle[16]. Elle semble disparaître, selon Foras, dans la famille Isnardi[16], de Nice.
Héraldique
Les armes de la famille Bonivard se blasonnent ainsi : D'or à la croix de sable, chargée de cinq coquilles d'argent[1],[17],[18].
Le comte de Foras indique que « on croit très généralement que les Bonivard ont pris ce blason, qui est celui des Grailly (…) en achetant le fief de ce nom au pays de Gex[1] ». Il s'étonne par ailleurs qu'aucune trace de l'ancien blason des Bonivard n'ait été retrouvé[1].
Jacques de Bonivard, secrétaire du comte Thomas Ier, prieur commendataire de Saint-André (avt. 1248), accusé, par la tradition, d'être responsable de l'écroulement du Mont Granier[5].
François Bonivard, capitaine des fortifications et châtelain de Tarentaise, maître de l'Hôtel du comte de Savoie (1375-1383)[12].
Jean de Bonivard († ), syndic de Chambéry (décembre 1354 au 22 juillet 1360)[3].
Aymon Bonivard est courrier (« ou corrier, sorte d'administrateur ») de la Terre commune de Maurienne (1350-1357, 1374-1393), en même temps qu'il fut châtelain de Seyssel, d'Allinges-Neuf-Thonon, puis au-delà vicaire de Turin en 1373[11]. La charge de courrier passe à ses fils et leurs descendants jusqu'en 1451, puis de 1454 à 1456 et de 1465 à 1504[11].
↑ abc et dPierre Lafargue, « Les Bonivard, des notables chambériens à la fin du Moyen Age », publié dans le Bulletin de la Société des Amis du Vieux Chambéry, n°41, 2002.
↑ a et bStéphane Gal, Histoires verticales. Les usages politiques et culturels de la montagne (XIVe – XVIIIe siècles), Champ Vallon, , 456 p. (ISBN979-1-02670-681-6, lire en ligne), p. 207-208.
↑Jean-Marie Jeudy, Les sentiers autour de Chambéry, Syndicat d'initiative de Chambéry, 1985.
↑ a et bArchivum heraldicum, Société Suisse d'Héraldique, Volumes 48 à 49, 1934, p. 103.
↑ a et bHenri Buathier, Histoire des communes de l'Ain : Le Haut-Bugey, Le Valromey, Le pays de Gex, vol. 4, Horvath, , 519 p. (ISBN978-2-7171-0315-1), p. 422-425.
↑Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, Chambéry, , p. 359.
↑Joseph Hubert Willems, H Lamant, J -Y Conan, Armorial français; ou Répertoire alphabétique de tous les blasons et notices des familles nobles, patriciennes et bourgeoises de France, 17 vols., G. Lelotte, 1964-1979.
↑Abbé Jean-François Gonthier (1847-1913), Les Châteaux et la chapelle des Allinges, Annecy, impr. de J. Niérat (Ancienne imprimerie Burdet), , 136 p. (lire en ligne).
Comte Amédée de Foras, continué par le comte F.-C. de Mareschal, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 1, Grenoble, Allier Frères, 1863-1910 (lire en ligne), p. 247-252, « Bonivard ».
Pierre Lafargue
« Bourgeois et crédit : les Bonivard et les ducs de Savoie (XIVe – XVe siècles) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, Crédit et Société : les sources, les techniques et les hommes : actes des 39e rencontres du Centre Européen d’Études bourguignonnes, Asti-Chambéry, septembre 1998, , p. 165-185.
« Entre ancrage et déracinement : les élites chambériennes et la fonction châtelaine (fin XIIIe – XVe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, Tome 1, De part et d’autre des Alpes. Les châtelains des princes à la fin du Moyen Âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, Publications de la Sorbonne, , 337 p. (ISBN978-2-85944-560-7, lire en ligne), p. 189-219.