Brouillards, d'une durée moyenne d'exécution de trois minutes environ[3], est de tempo « modéré », à .
La pièce, l'une « des plus admirables de la série[4] » selon Guy Sacre, donne le ton du deuxième livre de Préludes, celui d'une « maîtrise accrue, faite d'audaces et de nouveautés qui n'ont rien perdu de leur force aujourd'hui[5] ».
Le prélude présente une « écriture clairement bi-tonale superposant d'entrée de jeu ut et sol . La pièce semble se polariser cependant in fine plutôt sur le do, cependant qu'un motif fugitif et inquiétant surgit du « fog londonien » comme un personnage d'Edgar Poe, en do [6] ». Dans l'ensemble, la main droite joue sur les touches noires du piano, en rapides arpèges descendants, tandis que la main gauche se cantonne aux touches blanches[4].
Pour Alfred Cortot, le morceau est « une vapeur de sonorités, en suspens dans la superposition, à la seconde mineure, de tonalités qui se confondent, [et] prête un aspect irréel, presque fantômal, à la ligne mélodique qui tente de s'en dégager. Quelques brèves lueurs, rayons de phare sitôt happés par la brume, et dont le brusque évanouissement rend l'atmosphère plus équivoque et plus incertaine encore[7] ».
Pour Vladimir Jankélévitch, le prélude « laisse frissonner comme un voile les quintolets de triples croches et pousse la déréalisation de la matière jusqu'à la plus extrême limite de la ténuité[8] ».
Sacre relève la « beauté des mesures ultimes qui, comme si souvent chez Debussy, rentrent dans le silence originel[4] ». Pour Jankélévitch, dans cette fin du prélude, « un dernier filet de vapeur agonise, [...] dans les feuillages d'octobre[9] ».
Marguerite Long, Au piano avec Claude Debussy, Paris, Gérard Billaudot, , 169 p..
Guy Sacre, La musique de piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN2-221-05017-7).